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Des airs de Mai 1968... à plus d'un égard

Anonyme, Domingo, Marzo 19, 2006 - 19:25

Arsenal-express

Depuis quelques jours, des images spectaculaires nous parviennent de Paris et d'ailleurs en France, où se déroule un large mouvement populaire contre l'introduction du contrat dit de "première embauche" -- le CPE. Manifestations monstres (plus d'un million de personnes sont descendues dans la rue, hier à Paris, et dans pas moins de 160 villes à travers le pays), combats de rue, cocktails Molotov, gaz lacrymogènes, et même l'occupation de la mythique Sorbonne: tout cela n'est pas sans rappeler les fameux événements de Mai 1968 et aussi, dans une certaine mesure, la puissante révolte de la jeunesse prolétarienne des banlieues qui a secoué la société bourgeoise française il y a à peine quelques mois, en octobre et novembre derniers.

Alors qu'en novembre, c'est le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy qui était sur la sellette, cette fois-ci, c'est le Premier ministre Dominique de Villepin qui doit subir les foudres des masses populaires. La révolte de l'automne 2005 avait éclaté, on s'en souviendra, en réaction à la mort brutale de deux jeunes de la municipalité de Clichy-sous-Bois, électrocutés après avoir tenté d'échapper à un contrôle de police. Comme ministre de l'Intérieur, Sarkozy avait été appelé à défendre l'intégrité de la police et à rétablir "la loi et l'ordre" de l'État français dans les banlieues, ce qu'il avait fait sans hésitation aucune. Moins spontané, le mouvement actuel est né suite à l'introduction, par le gouvernement français, du contrat première embauche, qui vise à faciliter le licenciement des jeunes de moins de 26 ans.

En écrivant qu'il s'agit d'un mouvement "moins spontané", nous n'insinuons aucunement que le mouvement actuel soit "meilleur" ou mieux organisé que celui qui a déferlé l'automne dernier. Organisé, le mouvement actuel l'est plus, certes, mais "plus" ne veut pas nécessairement dire "mieux"; il faut bien voir que cette fois-ci, le mouvement reste largement dirigé et encadré par la gauche traditionnelle et ses innombrables ramifications: syndicats, partis, associations, organisations étudiantes, etc.

Déjà, les porte-parole du mouvement ont entrepris de se dissocier des actions plus militantes qui ont semblé leur échapper, évoquant -- comme on le fait systématiquement en France dès lors où des actions plus confrontantes ont lieu -- la présence de "casseurs" et "d'éléments provocateurs" (il ne viendrait jamais à l'esprit de ces adeptes des thèses conspirationnistes que des gens puissent légitimement exprimer leur colère en s'attaquant aux symboles de l'État, sans qu'il s'agisse pour autant du résultat d'une "manipulation"). C'est du moins ce qu'on a entendu de la bouche des responsables de l'Union nationale des étudiants de France (l'UNEF), qui est l'équivalent français de nos tristement célèbres FECQ et FEUQ et qui est dirigée par des militantes et militants du Parti socialiste autour desquels gravitent la légion des trotskistes de France. Cela aussi, autant que les batailles à coups de pavés, évoque des relents de Mai 1968...

La révolte de la jeunesse, des étudiantEs et du prolétariat français contre ces fameux CPE est pourtant pleinement justifiée. Cette nouvelle mesure mise en place par le gouvernement Chirac-de Villepin vise essentiellement à accentuer la précarité de l'emploi et à intensifier l'exploitation du travail, non seulement pour les jeunes, mais pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses.

Le prétexte invoqué par le gouvernement pour justifier son projet (officiellement, il s'agit de favoriser l'embauche des jeunes au sein des entreprises) n'est qu'un... prétexte, justement. De fait, la déréglementation, l'augmentation de la précarité, et l'allégement des charges sociales imposées aux entreprises n'ont jamais participé à "créer" quelque emploi que ce soit.

Dans le cadre du capitalisme, ce que les gouvernements entendent par "création d'emplois" est déterminé, en dernière analyse, par les exigences de la rentabilisation du capital -- ni plus, ni moins. Le patron de telle ou telle entreprise embauchera, au besoin, s'il a par exemple un contrat à remplir; après quoi, il licenciera, purement et simplement. Les règlements qui limitent son "droit de mise à pied", s'il en est, ne l'empêcheront jamais d'embaucher lorsqu'il a besoin de main-d'œuvre supplémentaire -- sinon il courrait le risque de se disqualifier totalement dans la guerre économique qui l'oppose à ses concurrents.

Au mieux, un projet comme celui du contrat première embauche ne peut avoir pour effet que de transférer ou déplacer la création d'emplois (si ça se trouve) vers telle ou telle autre catégorie de travailleurs. En l'espèce, l'effet net de l'introduction du CPE serait à peu près nul sur le nombre total d'emplois occupés, bien qu'il serait considérable, vraisemblablement, en terme de pression exercée à la baisse sur l'ensemble des coûts de la main-d'œuvre et les conditions de travail générales du prolétariat français.

Après avoir misé, dans un premier temps, sur l'essoufflement d'un mouvement dont il ne croyait pas qu'il allait s'étendre aussi largement, le gouvernement français pourrait être contraint, dans les prochains jours, d'opérer un certain recul, s'il veut éviter que les partis de la gauche officielle en profitent trop impunément.

Pour les étudiantEs, les jeunes et les travailleurs et travailleuses à la base qui refusent de se plier encore plus aux diktats et aux quatre volontés des capitalistes, se pose encore une fois toute la question de l'organisation, et surtout de la direction d'un mouvement qui pour l'instant, se propose de rester dans les limites du cadre autorisé par la bourgeoisie. Le mot d'ordre stratégique que nous défendons ici même au Canada -- que le prolétariat dirige! (a fortiori les catégories les plus exploitées en son sein) -- trouverait certes sa pertinence ces jours-ci dans les rues de Paris et des autres cités françaises.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 90, le 19 mars 2006.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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