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Le lent suicide de l’OccidentAnonyme, Domingo, Marzo 12, 2006 - 15:41 L’occident apparaît tout à coup dépourvu de ses meilleures vertus, construites siècle après siècle, occupé à reproduire ses propres défauts et à copier les défauts d’autrui, comme le sont l’autoritarisme et la persécution préventive d’innocents. Des vertus comme la tolérance et l’autocritique ne firent jamais partie de sa faiblesse comme on le prétend maintenant, sinon le contraire : pour eux fut possible quelque sorte de progrès, éthique et matériel. La plus grande espérance et le plus grand danger pour l’Occident sont dans son propre cœur. Ceux qui n’ont pas de « Rage » ni « d’Orgueil » pour aucune race ni pour aucune culture sentent la nostalgie pour les temps disparus qui jamais ne furent bons mais, non plus, jamais aussi mauvais. Actuellement, quelques célébrités du XX è siècle, démontrant une irréversible décadence sénile, se sont consacrées à divulguer la fameuse idéologie sur « le choc des civilisations » - qui est déjà banale par elle-même – commençant leurs raisonnements par des conclusions, au meilleur style de la théologie classique. Comme l’est l’affirmation, aprioristes et appartenant au XIX è siècle, à savoir que ‘’la culture occidentale est supérieure à toutes les autres’’. Et que, comme si ce fut peu, de la répéter. A partir de cette Supériorité Occidentale, la fameuse journaliste italienne Oriana Fallaci, écrivit récemment de brillantes choses comme : ‘’Si dans certains pays les femmes sont assez stupides qu’elles acceptent de porter le chador, et même le voile, avec le grillage à la hauteur des yeux, tant pis pour elles. (…) Et si leurs maris sont assez idiots pour ne pas boire ni vin ni bière, idem’’. Sapristi! Voilà de la rigueur intellectuelle. ‘’ Quel dégoût – continua-t-elle d’écrire, premièrement dans le Corriente della Sera et, par la suite, dans son best-seller ‘’ La rage et l’orgueil ‘’, se référant aux africains qui avaient uriné sur une place publique -. Ils ont la pisse longue ces fils d’Allah! Race d’hypocrites ‘’. Quoiqu’ils fussent absolument innocents, quoique dans leur rang aucun n’avait l’idée de détruire la Tour de Pise ou la Tour de Giotto, aucun qui voulut m’obliger à porter le chador, aucun qui voulut me brûler sur le bûcher de l’Inquisition, leur présence m’inquiétait. Cela me donnait de la fadeur’’. Résumons : quoique ces noirs fussent absolument innocents, leur présence lui procurait une égale fadeur. Pour Fallaci, ce n’est pas du racisme, c’est « rage froide, lucide et rationnelle ». Et, comme si c’était peu, une observation géniale pour se référer aux immigrants en général : ‘’ De plus, il y a autre chose que je ne comprends pas. Si réellement ils sont si pauvres, qui leur donne l’argent nécessaire pour le voyage en avion ou en bateau qui les amène en Italie ? Ne serait-ce pas, du moins en partie, Osama ben Laden ? ‘’. Pauvre Galilée, pauvre Camus, pauvre Simone de Beauvoir, pauvre Michel Foucault. En passant, rappelons que, quoique cette dame écrive sans comprendre – elle l’a dit elle-même – ces paroles passèrent à un livre qui fut vendu à un demi million d’exemplaires, auquel il ne manque pas de raisons ni de lieux communs tel le « je suis athée grâce à Dieu ». Ni curiosités historiques de ce style : « comment peut-on avaler la polygamie et le principe que les femmes ne doivent pas se laisser photographier? Parce que cela est aussi dans le Coran », ce qui signifie qu’au VII è siècle les Arabes étaient très avancés en optique. Ni sa dose répétée d’humour, comme peuvent l’être ses arguments de poids : ‘’ Et, de plus, nous l’admettons : nos cathédrales ne sont-elles pas plus belles que les mosquées et les synagogues, oui ou non? Elles sont plus belles que les églises protestantes ‘’. Comme le dit Atilio, elles ont tout le Brillant de Brigitte Bardot. Il ne manquait plus que nous nous emmêlions à savoir qu’est-ce qui est le plus beau, la Tour de Pise ou le Taj Mahal. Et, de nouveau, la tolérance européenne : ‘’je te dis que, précisément parce que c’est défini depuis plusieurs siècles et de façon très précise, notre identité culturelle ne peut supporter une vague migratrice composée de personnes qui, d’une façon ou d’une autre, veulent changer notre système de vie, nos valeurs. Je te dis qu’entre nous il n’y a pas de place pour les muezzins, pour les minarets, pour les faux abstinents, pour ces emmerdants médiévaux, pour ces chadors dégueulasses. Et si nous l’avions, nous ne la leur donnerions pas’’, Pour tout simplement en finir par cet avertissement à son éditeur : ‘’Je t’avertis, ne me demandes jamais rien de plus. Et encore moins de participer à de vaines polémiques. Ce que j’avais à dire, je l’ai dit. Me l’ont ordonné la rage et l’orgueil’’. Ce qui nous était évident depuis le commencent et, de fait, nous nie un des fondements de la démocratie et de la tolérance, depuis la Grèce antique : la polémique et le droit à la réplique – la compétence des arguments au lieu des insultes. Mais, comme je ne possède pas un nom aussi réputé que celui de Fallaci – gagné à bon droit, nous n’en avons pas à en douter - , je ne puis être d’accord avec les insultes. Comme je suis natif d’un pays sous-développé et ni même réputé comme Maradona, je n’ai d’autre remède que de recourir à l’antique coutume d’utiliser des arguments. Voyons. Seule, l’expression « culture occidentale » est si équivoque comme peut l’être celle de « culture orientale » ou de « culture islamique », parce que chacune d’elle est composée d’un ensemble diversifié et souvent contradictoire des « autres cultures ». Il suffit de penser qu’à l’intérieur de « culture occidentale » rentrent des pays aussi distincts que Cuba et les États-Unis, mais aussi d’irréconciliables périodes historiques à l’intérieure d’une même région géographique, comme peut l’être la petite Europe et là encore plus petite Allemagne où marchèrent Goethe et Adolf Hitler, Bach et les skins heads. D’autre part, nous n’oublions pas qu’Hitler et le Klu-Klux-Klan aussi ( au nom du Christ et de la race Blanche ), que Staline au nom de la ( Raison et de l’athéisme ), que Pinochet ( au nom de la Démocratie et de la Liberté ) et que Mussolini ( en son propre nom ) furent des produits typiques, récents et représentatifs de l’auto proclamée « culture occidentale ». Quoi de plus occidental que la démocratie et les camps de concentration ? Quoi de plus occidental que la déclaration des Droits Humains et les dictatures en Espagne et en Amérique Latine, sanglantes et dégénérées jusqu’aux limites de l’imagination ? Quoi de plus occidental que le christianisme qui guérit, sauva et assassina grâce au Saint Office ? Quoi de plus occidental que les académies militaires modernes ou les plus antiques monastères où l’on enseignait, avec un sadisme raffiné, de la part du pape Innocent IV, et se fondant sur le Droit Romain, l’art de la torture ? Ou tout ceci fut-il apporté du Moyen-Orient par Marco Polo ? Qui a-t-il de plus occidental que la bombe atomique et les millions de morts et de disparus sous les régimes fascistes, communistes et, même, « démocratiques » ? Quoi de plus occidental que les invasions militaires et la suppression de peuples entiers, dans ce que l’on appelle les « bombardements préventifs » ? Tout cela est la partie obscure de l’Occident, et rien ne nous garantit que nous soyons à l’abri de cela, seulement parce que nous n’arrivons pas à nous comprendre avec nos voisins, lesquels sont là depuis plus de 1 400 ans, avec l’unique différence que maintenant le monde s’est globalisé ( l’Occident l’a globalisé ), et eux possèdent la principale source d’énergie qui fait mouvoir l’économie du monde – au moins pour le moment – en plus de la haine et de la rancœur d’Oriana Fallaci. Mais n’oublions pas que l’Inquisition espagnole, plus étatique que les autres, débuta par un sentiment hostile envers les Maures et les juifs, et n’a pas été arrêtée avec le Progrès et le Salut de l’Espagne, mais avec la mort sur le bûcher de milliers d’êtres humains. Cependant, l’Occident aussi représente la Démocratie, la Liberté, les Droits Humains et la lutte pour les Droits de la femme. A tout le moins, la tentative de les obtenir, et ce, du mieux que l’humanité a réussi jusqu’à maintenant. Et quel a été depuis toujours la base de ces quatre piliers, sinon la tolérance ? Fallaci veut nous faire croire que la « culture occidentale » est un produit unique et pur, sans participation de l’autre. Mais si quelque chose caractérise l’Occident, précisément, cela a été tout le contraire : nous sommes le résultat d’innombrables cultures, commençant par la culture hébraïque ( pour ne pas parler d’Aménophis IV ) et continuant par presque toutes les autres : par les chaldéens, par les grecs, par les chinois, par les hindous, par les africains du nord et par le reste des cultures qui, aujourd’hui, sont uniformément qualifiées d’islamiques. Jusqu’à ce qu’il y a peu, il n’était pas nécessaire de rappeler que, lorsqu’en Europe – dans toute l’Europe – l’Église chrétienne , au nom de l’Amour, persécutait, torturait et brûlait vif ceux qui différaient d’opinion avec les autorités ecclésiastiques ou commettaient le péché de se dédier à quelque type de recherche (ou simplement parce qu’elles étaient des femmes seules, c’est-à-dire des sorcières); dans le monde islamique se répandaient les arts et les sciences, non seulement leur propre culture, mais aussi celle des chinois, des hindous, celle des juifs et des grecs. Et cela non plus ne veut pas dire que volaient les papillons et que jouaient les violons n’importe où. Entre Bagdad et Cordoba la distance était, alors, quasi astronomique. Mais Oriana Fallaci non seulement nie la composition diverse et contradictoire de n’importa laquelle des cultures en question, mais, de fait, elle se nie à reconnaître la partie orientale comme une culture de plus : ‘’Cela me dégoûte de parler de deux cultures’’, écrit-elle. Par la suite, elle conclue avec une incroyable démonstration d’ignorance historique : ‘’Les mettre sur le même plan comme si elles fussent deux réalités parallèles, de poids égaux et d’égales mesures. Parce que derrière notre civilisation sont Homère, Socrate, Platon, Aristote et Fidias, entre plusieurs. C’est l’antique Grèce avec son Panthéon et sa découverte de la Démocratie. C’est l’antique Rome avec sa grandeur, ses lois et sa conception de la Loi. Avec sa sculpture, sa littérature et son architecture. Ses palais et ses amphithéâtres, ses aqueducs, ses ponts et ses chaussées ‘’. Sera-t-il nécessaire de rappeler à Fallaci qu’entre tout cela et nous est l’antique Empire Islamique sans lequel tout eut été brûlé – je parle des livres et des personnes, non du Colisé – grâce à des siècles de terrorisme ecclésiastique bien européen et bien occidental ? Et de la grandeur de Rome et de sa ‘’conception de la Loi’’ dont nous parlions l’autre jour, parce qu’ici, oui, il nous faut du blanc et du noir pour nous souvenir. Aussi laissons de côté la littérature et l’architecture islamique, qui n’ont rien à envier à la Rome de Fallaci, comme toute personne moyennement cultivée sait. Voyons voir. Et en dernier ? ‘’ Et en dernier – écrivit Fallaci – c’est la science. Une science qui a découvert plusieurs maladies et les soignent. Je continue d’être vivante, jusqu’à maintenant, grâce à notre science, non celle de Mahomet. Une science qui a changé la face de cette planète avec l’électricité, la radio, le téléphone, la télévision…Alors, posons maintenant la question fatale : et derrière l’autre culture, qu’est-ce qu’il y a ? Réponse fatale : derrière notre science sont les égyptiens, les chaldéens, les hindous, les grecs, les chinois, les arabes, les juifs et les africains. Peut-être Fallaci croit-elle que tout a surgit par génération spontanée durant les cinquante dernières années ? Il faudrait rappeler à cette dame que Pythagore prit sa philosophie d’Égypte et de Chaldée (Irak) – même sa fameuse formule mathématique, que non seulement nous utilisons en architecture, mais aussi dans la théorie de la Relativité d’Einstein – de même que fit un autre savant et mathématicien appelé Tales de Mileto. Les deux voyagèrent au Moyen-Orient avec l’esprit plus ouvert que ne le fit Fallaci. La méthode hypothético-déductive – base de l’épistémologie scientifique – prend ses origines des prêtres égyptiens ( à commencer par Klimovski, s’il vous plaît ); le zéro et l’extraction des racines carrées, ainsi que d’innombrables découvertes mathématiques et astronomiques, que nous enseignons aujourd’hui dans les lycées, naquirent en Inde et en Irak; l’alphabet nous vient des phéniciens (anciens libanais) et probablement la première forme de globalisation qu’a connue le monde. Le zéro ne fut pas inventé par les arabes mais par les hindous, mais ce sont ces premiers qui l’amenèrent en Occident. Pour couronner le tout, le très avancé Empire Romain, non seulement ne connaissait pas le zéro – sans lequel il serait impossible d’imaginer les mathématiques modernes et les voyages dans l’espace – mais possédait un système de calcul et d’estimation ennuyeux qui perdura jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Jusqu’au commencement de la Renaissance, il y avait encore certains hommes d’affaires qui utilisaient ce système, se refusant à le changer pour les nombres arabes, à cause de préjugés raciaux et religieux, ce qui provoquait toutes sortes d’erreurs de calcul et de litiges sociaux. D’autre part, mentionnons que la naissance de l’Ère Moderne tira son origine au contact de la culture européenne – à la suite de longs siècles de répressions religieuses – contre la culture islamique en premier, et, par la suite, contre la culture grecque. Ou quelqu’un pensa que la rationalité scolastique fut la conséquence des tortures qui se pratiquaient dans les saints cachots ? Au début du XII è siècle, l’anglais Adelardo de Bath entreprit un long voyage d’étude au sud de l’Europe, en Syrie et en Palestine. A son retour, Adelardo introduisit dans l’Angleterre sous-développée un paradigme qui, encore aujourd’hui, est soutenu par des scientifiques renommés comme Stephen Hawking : Dieu avait créé la Nature de façon qu’elle pouvait être étudiée et expliquée sans Son intervention ( j’ai ici l’autre pilier des sciences, nié historiquement par l’église romaine ). Adelardo reprocha même aux penseurs de son époque de s’être laissés éblouir par le prestige des autorités – commençant par le grec Aristote, bien sûr. Pour eux, il présenta la consigne « raison contre autorité », et se fit nommer lui-même « moderne ». J’ai appris de mes maîtres arabes à prendre la raison comme guide – écrivit-il - mais vous vous fiez seulement à ce que disent les autorités. Un compatriote de Fallaci, Gerardo de Cremona, introduisit en Europe les écrits de l’astronome et mathématicien ‘’irakien’’ Al Jwarizmi, inventeur de l’algèbre, des algorithmes, du calcul arabe et décimal; il avait traduit Ptolémée en arabe – puisque même la théorie astronomique d’un grec officiel comme lui ne se trouvait pas dans l’Europe chrétienne -, des dizaines de traités médicinaux, comme ceux de Ibn Sina et l’irakien Al-Razi, auteur du premier traité scientifique sur la variole et la rougeole, ce qui aujourd’hui serait l’objet de quelque type de persécution. Nous pourrions continuer d’énumérer des exemples comme ceux-ci, que la journaliste italienne ignore, mais nous nous occuperons de cela dans un livre et, pour le moment, ce n’est pas ce qui m’importe le plus. Ce qui aujourd’hui est en jeu n’est pas seulement de protéger l’Occident contre les terroristes d’ici et d’ailleurs, mais – et surtout peut-être – c’est qu’il est crucial de le protéger de nous-mêmes. Il suffirait de reproduire certaines de nos monstrueuses inventions pour tout perdre ce qu’on a obtenu jusqu’à maintenant en matière de Droits Humains. Commençant par le respect à la diversité. Et il est hautement probable que cela arrive dans les dix prochaines années si nous ne réagissons pas à temps. La semence est là et il ne nous manque seulement que d’y jeter un peu d’eau. J’ai écouté des dizaines de fois l’expression suivante : ‘’ la seule chose de bon qu’a fait Hitler, c’est de tuer tous ces juifs ‘’. Ni plus ni moins. Je ne l’ai entendue d’aucune bouche musulmane – peut-être parce que je vis dans un pays où pratiquement ils n’existent pas – ni même de descendants d’arabes. Je l’ai entendu de créoles neutres ou de descendants d’européens. Dans toutes ces occasions, il m’a suffit de raisonner de la façon suivante, pour faire taire mon interlocuteur occasionnel : ‘’ Quel est votre nom ? Gutierréz, Pauletti, Wilson, Marceau…Alors, monsieur, vous n’êtes pas Allemand, et encore moins de pure race arienne. Ce que je veux dire c’est que bien avant qu’Hitler en eut terminé avec les Juifs, il eut commencé par tuer leurs grands-parents et tous ceux qui auraient eu un profil et une couleur de peau semblable à la leur ‘’. C’est ce même risque que nous courons présentement : si nous nous consacrons à persécuter les arabes ou les musulmans, non seulement nous serons en train de démontrer que nous n’avons rien apprit, mais que, bientôt, nous finirons par persécuter leurs semblables : les bédouins, les africains du nord, les gitans, les espagnols du sud, les juifs d’Espagne, les Juifs Latino-Américain , les américains du centre, les mexicains du sud, les mormons du nord, les hawaïens, les chinois, les hindous, and so on. Il n’y a pas si longtemps, un autre italien, Umberto Eco, résuma ainsi un savant avertissement : ‘’ Nous sommes une civilisation plurale parce que nous permettons que dans nos pays s’érigent des mosquées, et nous ne pouvons pas renoncer à cela parce qu’à Kaboul on emprisonne les propagandistes chrétiens (…). Nous croyons que notre culture est mature parce qu’elle sait tolérer la diversité et que sont barbares les membres de notre culture qui ne la tolèrent pas ‘’. Comme disaient Freud et Jung, ce que personne ne désirerait commettre est objet de prohibition; et comme l’a dit Boudrilard, on établit des droits lorsqu’on les a perdus. Les terroristes islamiques ont obtenu ce qu’ils désiraient, doublement. L’Occident apparaît bien vite dépourvu de ses meilleures vertus, construites siècle après siècle, occupé maintenant à reproduire ses propres défauts et à copier les défauts d’autrui, comme le sont l’autoritarisme et la persécution préventive d’innocents. Si longtemps imposant sa culture à d’autres régions de la planète pour, maintenant, se faire imposer une morale qui, dans ses meilleurs moments, ne fut jamais la sienne. Des vertus comme la tolérance et l’autocritique jamais ne firent partie de leur faiblesse, comme on le prétend, mais tout au contraire : pour eux fut possible quelque type de progrès, éthique et matériel. La Démocratie et la Science ne se développèrent jamais à partir du culte narcissique de la culture propre mais de l’opposition critique à partir de la même. Et en cela, jusqu’il y a peu de temps, furent occupés non seulement les « intellectuels maudits » mais beaucoup de groupes d’action et de résistance sociale, comme le furent les bourgeois du XVIII è siècle, les syndicats du XX è, le journalisme inquisiteur jusqu’à hier, substitué aujourd’hui par la propagande, en ces misérables temps que sont les nôtres. Même la prompte destruction de la privacité est un autre symptôme de cette colonisation morale. Seulement, au lieu du contrôle religieux, nous serons contrôlés par la Sécurité Militaire. Le Grand Frère, qui écoute tout et qui voit tout, en finira par nous imposer des masques semblables à ceux que nous voyons en Orient, et avec l’unique objet de ne pas être reconnus lorsque nous marchons dans la rue ou lorsque nous faisons l’amour. La lutte n’est pas – ni ne doit être – entre orientaux et occidentaux; la lutte est entre l’intolérance et l’imposition, entre la diversité et l’uniformisation, entre le respect pour l’autre et son mépris ou annihilation. Des Écrits comme ‘’ La rage et l’orgueil ‘’ d’Oriana Fallaci ne sont pas une défense de la culture occidentale mais une attaque astucieuse, un pamphlet insultant contre le meilleur de l’Occident. La preuve en est qu’il suffirait de changer le mot Orient pour celui d’Occident, et certaines des localisations géographiques, afin de reconnaître un fanatisme taliban. Ceux d’entre-nous qui, n’ont pas de Rage ni d’Orgueil pour aucune race ni culture, nous sentons de la nostalgie pour ces temps disparus, qui jamais ne furent bons mais, non plus, jamais aussi mauvais. Il y a quelques années, j’étais aux États-Unis et là je vis une belle murale à l’édifice des Nations Unies à New York, si je me souviens bien, où apparaissaient représentés des hommes et des femmes de différentes races et religions – je crois que la composition était basée sur une pyramide un peu arbitraire, mais cela maintenant n’a rien à voir. Plus bas, en lettres dorées, on pouvait lire une sentence que Confucius enseignait en Chine et que répétèrent durant des siècles des hommes et des femmes de tout l’Orient, jusqu’à se construire en un principe occidental : ‘’ Do unto others as you would have them do unto you ‘’ (Fais aux autres comme tu souhaites que les autres te fassent). En anglais, cela sonne musical, et même ceux qui ne connaissent pas cet idiome pressentent que cela réfère à une certaine réciprocité entre les uns et les autres. Je ne comprends pas pourquoi il nous faudrait rayer ce commandement de nos murailles, fondement de toute démocratie et de tout état de droit, fondement des meilleurs rêves d’Occident, seulement parce que les autres l’ont, tout-à-coup, oublié. Ou l’ont changé pour un antique principe biblique que déjà le Christ s’est chargé d’abolir : ‘’ œil pour œil et dent pour dent ‘’. Ce qui dans l’actualité est une inversion de la maxime confucéenne en quelque chose comme : ‘’ Fais aux autres tout ce qu’ils t’ont fait à toi ‘’ – la connue histoire sans fin. Jorge Majfud Traduit de l’espagnol par : Note d'un bénévole CMAQ : voici la 1ère source trouvée pour la version originale espagnole : http://www.voltairenet.org/article125889.html
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