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Hugo Chavez, le Venezuela et Washington

Anonyme, Martes, Febrero 28, 2006 - 20:27

De plus en plus le Venezuela sera dans la mire de l'actualité internationale avec ce projet de Whashington d'en finir avec la révolution bolivarienne. Ici un article qui résume bien la situation vécue et les enjeux politiques en cause.

de l'ami Salim, ce texte que vous pouvez retrouver sur le site

_http://www.voltairenet.org/article136127.html_
(http://www.voltairenet.org/article136127.html)

Le Venezuela dans la ligne de mire de Washington
par Salim Lamrani*
Depuis le début de l’année 2006, les attaques verbales des dirigeants
états-uniens contre le Venezuela ont redoublé. Le secrétaire états-unien à la
Défense, Donald Rumsfeld, a comparé le président Hugo Chàvez à Hitler, une insulte
qui n’est pas isolée et qui fait suite aux appels au meurtre prononcés
contre le président vénézuélien par Pat Roberston. Face au basculement à gauche de
l’Amérique latine, l’administration Bush semble bien décidée à empêcher une
réélection du dirigeant bolivarien. Il semble en effet aujourd’hui acquis
que la construction de la Zone de libre-échange des Amériques dont rêve la
Maison-Blanche ne pourra se construire que sur les cendres d’un contre-modèle
bolivarien qu’il devient urgent d’abattre.

L’hostilité des États-Unis envers le gouvernement du président Hugo Chàvez
prend une tournure de plus en plus inquiétante. Dans un document récent, le
Pentagone a qualifié la « résurgence des mouvements autoritaires et populistes
dans certains pays, comme le Venezuela [de] source d’instabilité politique et
économique ». Cette déclaration est d’autant plus préoccupante que le
département de la Défense ne cite quasiment jamais de pays dans son étude
stratégique (Quarterly Defense Review), publiée tous les quatre ans et qui se limite à
des tendances générales [1].
Quelques jours auparavant, le secrétaire à la Défense états-unien, M. Donald
Rumsfeld, avait comparé M. Hugo Chávez à Hitler devant le National Press
Club de Washington. « Au Venezuela, on a Chávez qui a beaucoup d’argent du
pétrole. Il a été élu légalement tout comme Adolf Hitler. Puis il a consolidé son
pouvoir et maintenant, il travaille avec Fidel Castro, M. Morales et d’autres
», a-t-il souligné [2]. « Nous avons vu certains leaders populistes attirer
les masses populaires dans ces pays. Et des élections ont lieu comme celle d’
Evo Morales en Bolivie, qui sont clairement préoccupantes », a-t-il conclu
[3].
La réponse vénézuelienne ne s’est pas faite attendre. Le vice-président de
la République, M. José Vicente Rangel, a fermement condamné les propos
agressifs de M. Rumsfeld : « Nous ne sommes pas disposés à accepter passivement que
le gouvernement national […] soit agressé impunément par des personnes
totalement disqualifiées du point de vue politique, moral et éthique, comme la
bande qui accompagne le "Hitler nord-américain" George Bush » [4].
De son côté, le directeur des services de renseignements, M. John
Negroponte, a accusé le Venezuela de « lancer une politique étrangère militante en
Amérique latine qui inclut la livraison de pétrole brut à prix bas pour gagner
des alliés ». Dans le même temps, il a stigmatisé la chaîne internationale de
télévision Telesur, dont le but est de rompre l’hégémonie de CNN sur le
continent. Il a affirmé, devant une commission du Sénat, que « le Venezuela est le
principal défi à la sécurité hémisphérique », et que la priorité de
Washington est d’empêcher à tout prix la réélection de M. Chávez en décembre 2006.
Enfin, il a menacé la Bolivie qui « continue à envoyer des signaux ambivalents
sur ses intentions » [5].
« La politique étrangère militante » évoquée par M. Negroponte fait
référence à la coopération solidaire mise en place par le Venezuela, qui permet à de
nombreuses nations pauvres de la région d’acquérir du combustible à des
tarifs préférentiels. M. Keith Mitchell, Premier ministre de la Grenade, a signé
un accord de coopération énergétique avec le président Chávez qui prévoit la
livraison de 1 000 barils de pétrole par jour à 50% du prix du marché. Le
Venezuela a également envoyé un groupe de militaires et d’ingénieurs civils à La
Grenade pour réparer les écoles endommagées par les divers ouragans. Le
modèle d’intégration préconisé par l’Alternative bolivarienne pour les Amériques
(ALBA), complètement opposé à l’ultralibéralisme ravageur de la Zone de
libre-échange pour les Amériques (ZLEA), a fortement irrité la Maison-Blanche [6].
Face aux menaces explicites lancées par l’administration Bush, le Venezuela
a décidé de renforcer sa défense en acquerrant des avions militaires
espagnols. Cependant, Washington a interdit au gouvernement de M. José Luis Rodríguez
Zapatero de fournir des avions militaires dotés de technologie états-unienne
à la République bolivarienne, car la vente, d’un montant total de deux
milliards de dollars, pourrait « contribuer à la déstabilisation de l’Amérique
latine », selon M. Sean McCormack, porte parole du département d’État [7].
Également sollicité à ce sujet, le Brésil a rejeté la demande étasunienne,
affirmant qu’il procèderait à la vente de 20 avions au Venezuela [8].
Selon Washington, la vente d’armes au Venezuela risquerait de déstabiliser
la région. M. McCormack explique que les « inquiétudes se centrent sur ce que
nous considérons être une militarisation exagérée au Venezuela » [9]. Or, l’
entreprise états-unienne Lockheed Martin vient de livrer plusieurs avions de
chasse F16 au Chili, et prévoit d’en fournir huit autres dans le courant de l’
année 2006. Le Chili dispose désormais de la flotte aérienne la plus moderne
d’Amérique latine, sans que cela pose un quelconque problème à l’
administration Bush, uniquement obsédée par les réformes progressistes entreprises par
Caracas [10].
En plus de l’importante acquisition d’armements indispensables à la défense
de la nation (100 000 fusils et 15 hélicoptères achetés à la Russie), le
président Chávez a décidé de créer une armée d’un million de volontaires pour
faire face à une éventuelle invasion militaire du pays par les troupes
états-uniennes. Le gouvernement bolivarien a choisi de suivre l’exemple cubain en
matière de préparation à la défense. « Pourquoi les Américains ont envahi la
moitié du monde et n’ont jamais envahi Cuba ? A Cuba, c’est tout le peuple qui
est entraîné à défendre minutieusement le territoire et la Révolution cubaine
», a noté M. Chávez [11].
Les États-Unis ont également entrepris un travail d’espionnage et de
subversion interne par le biais de leur ambassade à Caracas, afin de déstabiliser le
pays de plus en plus conquis par les avancées sociales mises en place par le
gouvernement. « Certains officiers de bas rang fournissaient des
informations au Pentagone », a informé le vice-président vénézuelien. Un attaché
militaire états-unien, M. John Correa, qui avait pris contact avec lesdits
officiers, dans le but de conspirer contre les autorités, a été expulsé du pays [12].
Quant aux militaires vénézueliens, ils ont été mis en examen pour
collaboration avec une puissance étrangère [13].
En guise de représailles, Washington a déclaré Mme Jenny Figueredo Frías,
chef du cabinet de l’ambassadeur vénézuelien Bernardo Alvarez à Washington,
persona non grata, tout en admettant qu’il s’agissait d’une mesure arbitraire.
« Cette décision est une réponse à la décision […] du gouvernement
vénézuelien d’expulser le commandant John Correa, l’attaché naval de l’ambassade des
États-Unis à Caracas », a affirmé le porte-parole du département d’État [14].
M. Tony Blair, fidèle et inconditionnel serviteur de l’administration Bush,
a fait montre de toute sa subordination envers Washington, lors d’une session
hebdomadaire du Parlement britannique. Le député travailliste Colin Burgon
interpella le Premier ministre : « Je suis sûr que vous partagez la
satisfaction de nombreux députés travaillistes face au virage à gauche enregistré en
Amérique latine [avec l’arrivée au pouvoir de] gouvernements qui luttent pour
les intérêts de la majorité, et non pas pour ceux d’une minorité ». Puis, l’
interrogeant, il continua : « Mais vous seriez d’accord qu’il serait très
mauvais pour tous si nous permettions que nos politiques envers ces pays,
particulièrement des nations comme le Venezuela, soient définies par l’agenda
réactionnaire républicain du gouvernement états-unien » [15]. De manière
surprenante, M. Blair répondit : « Jusqu’à un certain point », tentant de justifier
son propos en affirmant qu’il était « important que le gouvernement du
Venezuela comprenne que s’il veut être respecté par la communauté internationale, il
doit respecter les règles de la communauté internationale ». Évidemment, par
« communauté internationale », il faut entendre ici « les États-Unis », dont
les « règles » sont à appliquer sans discussion. Pour le Premier ministre
britannique, la souveraineté de l’Angleterre s’arrête là où commencent les
intérêts états-uniens [16].
Les inquiétudes de Washington se centrent actuellement sur M. Hugo Chávez,
car il symbolise le renouveau politique en Amérique latine, en destinant les
ressources nationales aux couches populaires les plus défavorisées. Le
gouvernement vénézuelien vient d’approuver une impressionnante hausse des salaires
des fonctionnaires qui va de +34% à +61,8% selon les secteurs, ce qui équivaut
à une augmentation moyenne de 47%. Il a également revu à la hausse de 15% le
salaire minimum des employés du secteur privé. Depuis 2000, le salaire
minimum au Venezuela a été augmenté chaque année de 20% à 30%. Les revenus tirés
de la croissance économique, qui s’est élevée à 9,4% en 2005, ont ainsi
largement profité à l’ensemble de la population [17].
En guise de comparaison, en France, cinquième puissance mondiale, dont le
modèle social est tant vanté, le salaire des fonctionnaires a seulement été
valorisé à hauteur de 1% en 2005. Quant aux salaires dans le secteur privé, ils
ont enregistré une hausse de à 0,6% en termes réels (hausse de 2,8% moins
2,2% d’inflation). Le « socialisme du XXI° siècle », prôné par le président
Chávez, n’est pas prêt d’être appliqué en France, où le gouvernement mène une
politique antisociale impitoyable depuis 2002 [18].
De même, un milliard de bolivars a été alloué à la mission « Barrio Adentro
III », système de couverture médicale universelle et gratuite créé par le
gouvernement. Cette somme permettra d’acquérir 30 932 équipements de santé
(ambulances, appareils à bronchoscopie, etc.…). Les fonds en provenance des
excédents pétroliers sont ainsi directement investis dans le secteur social [19].
Le système unique de santé mis en place au Venezuela grâce, entre autres, à l
’aide de 15 000 médecins cubains, a permis la réalisation de 163 millions de
consultations, c’est-à-dire 8 consultations par habitant. La mission «
Barrio Adentro I » a sauvé la vie à 31 186 personnes, grâce à la création de 1 012
centres de soins dans les zones les plus pauvres, auxquels s’ajouteront 2
359 autres centres du même type. La mission « Barrio Adentro II » a créé 100
centres de diagnostic intégral (CDI) capables de fournir une attention médicale
complète, et 500 autres sont en construction à travers le pays. Enfin, avec
la « Mission Miracle » mise en place par Cuba, plus de 176 000 Vénézueliens
ayant perdu la vue, suite à un problème de cataracte, ont été opérés
gratuitement par les professionnels de l’Île [20].
Quant au chômage, il n’a cessé de baisser passant de 13,2% en juin 2005 à
11,4% en décembre 2005. La politique effective du gouvernement a permis à 367
119 personnes de trouver un emploi [21].
L’Unesco a tenu à souligner les spectaculaires réussites sociales de la
Révolution bolivarienne en octroyant à M. Hugo Chávez le Prix international José
Martí. Cette distinction récompense les efforts du président en faveur de l’
unité et de l’intégration des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, ainsi
que la préservation de leurs identités, traditions et cultures [22]. En effet,
le Venezuela fournit du pétrole à des tarifs préférentiels à ses voisins du
continent, mais également à certaines zones nord-américaines tels que le
Vermont, Maine ou Rhode Island. Les habitants de ces régions, délaissés par l’
administration Bush, pourront ainsi acheter du combustible à des tarifs
subventionnés à hauteur de 40% par la filiale pétrolière vénézuelienne Citgo. « Cela
signifiera des économies de plusieurs millions de dollars », a remarqué Mme
Erin Campbell, porte-parole du Vermont [23].
De son côté, le 6 février 2006, le gouvernement Bush a rendu public son
projet de budget pour l’année 2007, qui inclut une forte hausse des enveloppes
allouées à la Défense, à la Sécurité intérieure et aux Affaires étrangères. Le
budget de la Défense bat tous les records avec un montant de 439,3 milliards
de dollars, soit une augmentation de 6,9% par rapport à l’année précédente.
Dans le même temps, les budgets de la Santé, de la Justice et de l’Éducation,
entre autres, subissent une baisse drastique. Par exemple, 141 programmes
sociaux vont être réduits ou stoppés. Une réduction de 65 milliards de dollars
est prévue sur le programme Medicare qui concerne l’attention médicale aux
personnes âgées et handicapées. De même, les couvertures retraites sont
fortement affectées. Entre Caracas et Washington, deux modèles de société,
diamétralement antinomiques, s’affrontent. D’un côté, le bien-être du citoyen est
placé au centre du projet national, tandis que de l’autre, la satisfaction du
complexe militaro-industriel reste la priorité absolue [24]..
Ainsi, pendant que le gouvernement Bush est prêt à tout pour empêcher une
nouvelle victoire électorale de M. Hugo Chávez le 3 décembre 2006, le Venezuela
continue d’entreprendre des réformes destinées à améliorer le niveau de vie
de sa population. Son prestige sur le reste du continent est proportionnel au
déclin de l’influence états-unienne. La raison est simple : alors que le
Venezuela a alloué 28 milliards de dollars d’aide extérieure à ses voisins en
sept ans – une moyenne annuelle de 3,6 milliard de dollars –, les États-Unis
ont prévu une diminution massive de leur apport pour l’année 2007, avec une
baisse de 28,5% de l’aide au développent pour l’Amérique latine et les
Caraïbes, une baisse de 10% pour l’aide médicale, et une réduction de 11% de son
financement de l’Organisation des États Américains (OEA). Là encore, deux
messages s’opposent : Caracas octroie 3,6 milliards de dollars d’aide annuelle à l’
Amérique latine, et Washington prévoit de diminuer leur soutien économique de
1, 2 milliards de dollars [25].
Le gouvernement bolivarien défie avec succès la doctrine néo-libérale,
insoutenable d’un point de vue politique, économique et social, ce qui explique le
courroux de la Maison-Blanche. Malgré les diverses agressions et menaces
émanant du Nord, le président Chávez a fait montre de son ouverture envers
Washington : « S’ils font preuve de bonne volonté, nous répondrons de la même
manière. Tout peut s’améliorer […] à condition qu’ils respectent notre
souveraineté, qu’ils respectent nos décisions ». Mais, il est peu probable que la
raison et le dialogue priment au sein de la belliqueuse administration Bush [26].
Salim Lamrani
Chercheur français à l’université Denis-Diderot (Paris VII), spécialiste des
relations entre Cuba et les Etats-Unis. Dernier ouvrage publié : Washington
contre Cuba : un demi-siècle de terrorisme et l’affaire des Cinq, Le Temps de
s Cerises éd.



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