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La question palestinienne

Anonyme, Sábado, Enero 21, 2006 - 20:15

La position américaine doit tenir compte d’une double contrainte, d’une part donner un minimum de satisfaction aux revendications nationaliste palestiniennes de façon à sauvegarder les rapports avec le monde arabe et défendre ses intérêts stratégiques liés au pétrole (approvisionnement, rente pétrolière), d’autre part ménager, soutenir l’allié indispensable qu’est Israël.

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Voici le texte d’introduction au débat présenté à Paris le 5 novembre 2005 par Bilan & Perspectives (France), une section du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire.

La question palestinienne

La région, qui entre la première et la seconde guerre mondiale portait le nom de Palestine, était, avant la première guerre mondiale une province de l’empire turc et cela depuis 1517. Vivaient alors dans cette région environ 700000 arabes et 85000 juifs. En fait, depuis longtemps, l’empire turc ne maintenait sa domination sur cette région que grâce au soutien de l’Angleterre et de la France qui en étaient sur le plan économique les maîtres véritables puisque ces deux puissances contrôlaient, de fait, les finances de l’État turc. Lors de la Première guerre mondiale, le sultan turc fit le mauvais choix en soutenant l’Allemagne et les impérialistes anglo-français en profitèrent pour se partager l’empire qu’ils avaient jusqu’à présent protégé.
L’Angleterre, qui contrôlait déjà l’Égypte, tenait à faire de même avec le Moyen-Orient, celui-ci étant sur les routes aussi bien terrestre que maritime (avec le canal de Suez ) de l’Inde. Autre motivation toute aussi importante, la Grande-Bretagne possédait la première flotte du monde et, depuis peu, le pétrole servait à la chauffe des navires. Si la guerre avait entraîné une pénurie de carburant, des prospections récentes avaient décelé l’existence de vastes champs pétroliers au Moyen-Orient et il n’était pas question pour l’Angleterre d’en laisser le contrôle politique et militaire à d’autres puissances concurrentes.
La France était déjà présente dans la région puisqu’elle était maîtresse du réseau de chemins de fer et des routes qui drainaient le commerce syrien vers Beyrouth et plusieurs ports de la méditerranée. De plus, les actionnaires français détenant 60 % de la dette ottomane, la France comptait se rembourser en nature en annexant certaines parties du territoire ottoman.
En octobre 1916, les Accords Sykes-Picot consacraient le Partage du Moyen-Orient, partage qui devait devenir effectif dès la fin de la guerre aux dépens des turcs, bien sûr, mais aussi des arabes à qui l’Angleterre avait promis l’indépendance face à l’oppression turque en échange de leur aide !
Quasiment en même temps que les dirigeants anglais menaient ces tractations, un des leurs, Lord Balfour faisait la promesse suivante au mouvement sioniste : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif ».
La guerre terminée, la Grande-Bretagne et la France se voyaient reconnaître par la Société des Nations le droit de « guider » les pays qu’elles convoitaient.

La main-mise des impérialistes a, de suite, bouleversé les sociétés et s’est traduite rapidement par une dégradation des conditions de vie de la population. Par exemple, en Irak, une des premières mesures des anglais qui avaient jeté leur dévolu sur les terres susceptibles de produire du coton, fut de transformer les anciens droits féodaux sur les terres en propriété capitaliste. D’un seul coup, des dizaines de milliers de fellahs se sont trouvés dépossédés des terres dont ils avaient l’usage depuis des temps immémoriaux. De la fin de la guerre à 1925 une série de révoltes a embrasé le Moyen-Orient, révoltes à la fois sociales et nationales.
En 1936, la Palestine a connu d’abord une grève générale de six mois, puis, par vagues successives, une véritable insurrection paysanne. Le mouvement revêtit une telle ampleur que la GB dut acheminer des troupes en renfort. C’est seulement fin 1938 que les Anglais parvinrent à écraser les derniers soubresauts de la crise.
Pendant cette même période, d’autres pays du MO se soulevaient, comme la Syrie et l’Irak. Il y avait là une formidable capacité d’extension susceptible de mettre fin à l’oppression coloniale. Seulement, le piège nationaliste a joué à plein, les nationalistes féodaux arabes ont pris la direction du mouvement pour le limiter à la question de l’indépendance et surtout de l’arrêt de l’immigration juive. Du coté juif, la direction sioniste offrit son aide à la répression britannique de façon à profiter de cette collaboration pour monter des milices armées qui allaient renforcer le mouvement d’expulsion des arabes des terres palestiniennes, mouvement déjà commencé avant ces évènements.

La seconde guerre mondiale et la création de l’État d’Israël

L’éclatement de la Seconde Guerre mondiale allait donner le signal d’un nouveau retournement de la politique anglaise à l’égard des juifs. Les visées de l’impérialisme allemand menaçaient les routes de communication anglaises en Égypte et en Irak. Les Britanniques avaient toutes les raisons de craindre que l’opinion publique arabe, qui avait, elle, toutes les raisons d’être anti-britanniques, se tourne vers l’Allemagne. Alors, l’Angleterre n’hésita à redorer son blason sur le dos des juifs, soumettant leur immigration en Palestine à une limitation draconienne.

Au lendemain de la guerre, l’impérialisme anglais et l’impérialisme américain, qui prenait de plus en plus son relais dans la région, s’orientèrent vers le partage de la Palestine et la création d’un État d’Israël.
Au moment du vote par l’ONU du plan de partage de la Palestine en novembre 1947, les Juifs étaient 630000 et les Palestiniens 1300000. Alors qu’ils n’avaient que 8% des terres, le plan de partage attribue 55% du territoire aux israéliens et divise l’État palestinien en trois zones distinctes.
Ce plan de partage entraîne la première guerre israélo-arabe de laquelle les Palestiniens sortiront défaits et consacre l’extension considérable du territoire d’Israël.
Cette guerre aura aussi entraîné un exode de masse des palestiniens vers Gaza, la Cisjordanie et Beyrouth.

La guerre de 1967, guerre préventive d’Israël contre l’Égypte qui était armée par l’URSS entraînera un nouvel exode presque aussi important de la population palestinienne et une nouvelle extension de ses territoires par Israël : annexion de la Cisjordanie et de Gaza, du Sinaï, de Jérusalem-est et occupation du Golan.

Septembre 1970, alors que l’OLP et les différentes autres organisations palestiniennes, règnent en maître en Jordanie, le roi Hussein, par crainte de se voir dessaisit de son pouvoir, lance, à titre préventif, l’offensive contre la résistance palestinienne et l’écrase avec le soutien de fait des autres pays arabes. Un nouvel exode des palestiniens s’en suivra, nombreux étant ceux qui iront se réfugier au Liban.
Après la guerre israélo-arabe de 1973, les États arabes reconnurent l’OLP comme « seul représentant du peuple palestinien ».

Quelques années après le « Septembre noir » palestinien, une épreuve analogue devait se reproduire au Liban quand, tout comme en Jordanie, la droite libanaise déclencha une guerre civile préventive, prenant pour cible les milices palestiniennes et celles de la gauche libanaise. La droite libanaise fut appuyée en 1976 par la Syrie.

Rapidement, quelques autres dates significatives :
Fin 1989 : Apparition du Hamas en concurrence avec l’OLP
Septembre 93 : Accord de reconnaissance mutuelle OLP-Israël, signé par Arafat et Rabin ; accords de Washington sur la « Déclaration de principes sur l’autonomie des territoires occupés ».
Avril 2003 : Signature de la Feuille de route censée amener la paix et résoudre ainsi la question palestinienne.
Si « Septembre noir » et la guerre du Liban ont, entre autres, mis en évidence le peu d’intérêt que peuvent montrer les régimes arabes envers la cause palestinienne, il n’en reste pas moins que l’opinion arabe, sous l’influence du nationalisme et des mouvements islamistes est très sensible sur ce sujet. Les gouvernements arabes sont donc contraints d’en tenir compte et le font savoir aux USA qui se retrouvent ainsi sous la double pression arabe et israélienne.

La position ambiguë de l’impérialisme américain sur la question palestinienne.

C ‘est une erreur de penser que le retrait de Gaza représente un acte de bonne volonté de Sharon vis à vis des palestiniens ou de la communauté internationale, cette décision n’est pas non plus dictée par une difficulté à contrôler ce territoire du fait du problème démographique posé, un million deux cent mille palestiniens pour huit mille israéliens, ce qui induit un engagement imposant de forces et donc des dépenses onéreuses. Ce qui, avant tout à déterminé cet évènement est à rechercher à l’intérieur du projet de paix américain concernant cette région.

De Bush père à Bush fils, en passant par les deux mandats de l’administration Clinton, les dirigeants américains ont toujours pensé que résoudre la question palestinienne était supprimer la principale source d’opposition à leur pénétration au Moyen-Orient. Ce n’est pas un hasard, si, après la guerre du Golfe en 1991, suite à laquelle une série d’alliances a été passée dans le cadre de l’exploitation du pétrole, on a recommencé à parler de deux peuples et de deux États en terre de Palestine. Avant l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak le gouvernement de Washington a, de nouveau, reposé ce problème pour calmer les impatiences des gouvernements arabes mais surtout de leurs populations qui étaient exaspérées par l’attitude d’Israël et de son allié américain. Le projet de l’État palestinien n’a cessé d’apparaître et de disparaître en fonction des exigences géo-politiques américaines. De 2001 à aujourd’hui la situation a évolué. Les objectifs des américains en ce qui concerne leur stratégie dans le domaine pétrolier en Afghanistan et en Irak ont été mis en échec. La croissance du terrorisme, l’isolement de plus en plus évident des américains dans la région, la crise économique et la dépendance préoccupante sur le plan énergétique a amené le gouvernement Bush à accélérer les rythmes. Cette fois, il l’a fait avec détermination en menaçant l’administration Sharon de réduire drastiquement son aide si celle-ci ne commençait pas à montrer sa compréhension, non pas envers la cause palestinienne mais envers les demandes de plus en plus pressantes des États-Unis. Bush a fait comprendre au faucon Sharon que les marges de résistance aux demandes américaines s’étaient resserrées et que quelques concessions aux palestiniens devaient être réalisées. Le chef du Likoud a du obtempérer, il a préféré se heurter à une forte opposition dans son propre parti plutôt qu’à son allié de toujours. Mais, s’il s’est plié, en partie, à la demande américaine, Sharon a su en tirer le maximum d’avantages. Il a confirmé qu’il n’était en aucun cas envisageable de revenir, comme le demandent les résolutions 242, 338 de l’ONU ainsi que les Accords de Camp David et l’Oslo ou le tracé politique de la Road Map, aux frontières de 1967. De façon unilatérale il a tracé les frontières de l’État d’Israël en construisant le mur autour de la Cisjordanie. Enfin, il a clairement délimité au profit d’Israël une zone géographique dans laquelle sont inclues les terres les plus fertiles que les colons sont certains de pouvoir continuer à cultiver, zone dans laquelle les Israéliens assurent par ailleurs le contrôle des eaux. Ainsi, Sharon, en libérant une bande de terre insignifiante, satisfait le gouvernement américain, redore son image auprès de la communauté internationale, contente la fraction de la bourgeoisie palestinienne qui soutient Abu Mazen et conforte sa position du point de vue économique et stratégique sur la Cisjordanie, région qui représente l’épine dorsale de l’économie agricole israélienne, riche en eau elle permet à l’État sioniste non seulement d’être autosuffisant mais aussi d’exporter en Europe denrées alimentaires et fruits exotiques.

En satisfaisant la demande américaine, le gouvernement Sharon pourrait envisager d’autres contre-parties, une demande accrue d’aide militaire de la part des USA, par exemple, et pourquoi pas, si la situation en Irak se stabilise, la réouverture de l’oléoduc qui partant de la zone kurde arrivait sur la côte méditerranéenne palestinienne, oléoduc fermé en 1948 lors de la naissance de l’État d’Israël.

Pour la bourgeoisie palestinienne représentée par Abu Mazen, qui va de renoncement en renoncement, le retrait israélien de Gaza ressemble fort à une victoire à la Pyrrhus. Si le gouvernement palestinien n’a obtenu que peu de chose par rapport à ses demandes, cela peut apparaître comme un succès comparé aux échecs de l’administration d’Arafat. Pour la frange bourgeoise, plus radicale du Hamas et du Jihad il s’agit là d’une trahison, d’une énième défaite. Ces mouvements peuvent se permettre de tenir une telle position du fait qu’ils ne sont pas à la gestion des affaires. Il fut un temps où le mouvement palestinien radical a montré qu’il pouvait fort bien accepter des compromis, voir des compromissions, quand, par exemple, il était passé de son affirmation selon laquelle la destruction de l’État d’Israël était la condition nécessaire à la reconquête de toute la Palestine, à une position bien plus « raisonnable », reconnaissant les frontières de 1947 pour Israël, acceptant de renoncer à une partie du territoire cisjordanien, à la condition d’être reconnu officiellement comme force représentative du mouvement palestinien au même titre que l’OLP.

Pour le prolétariat palestinien, cette situation nouvelle ne change rien. Mis à part l’illusion qu’il peut entretenir d’avoir fait un premier pas vers la construction d’un futur État palestinien – qui s’il aboutit sous une forme ou sous une autre ne pourra être qu’un État bourgeois- ses conditions ne changeront pas ; pour avoir un travail précaire et sous-payé, il lui faudra toujours franchir la frontière et se rendre dans des usines israéliennes. La même situation se retrouve pour le paysan palestinien, ses champs privés de la quantité d’eau suffisante continueront à ne pas produire le minimum nécessaire pour survivre.

La position américaine doit tenir compte d’une double contrainte, d’une part donner un minimum de satisfaction aux revendications nationaliste palestiniennes de façon à sauvegarder les rapports avec le monde arabe et défendre ses intérêts stratégiques liés au pétrole (approvisionnement, rente pétrolière), d’autre part ménager, soutenir l’allié indispensable qu’est Israël.

Le seul moyen de salut pour le prolétariat palestinien ainsi que pour celui des pays du Moyen-Orient et d’Israël serait de se réapproprier ses armes de classe que sont l’anti-impérialisme et l’anti-nationalisme lesquelles sont nécessaires, indispensables pour lutter contre le capitalisme sous quelque forme qu’il se présente. Les prolétaires des deux camps doivent retrouver ensemble la voie de la lutte de classe. C’est seulement lorsque les exploités palestiniens auront balayé les nationalistes et les religieux de toutes obédiences qui agissent au nom de leur classe dominante et que leurs frères de classe israéliens auront fait de même que la guerre, les discriminations et l’exploitation feront des grands pas en arrière. Une telle hypothèse actuellement résonne comme un vœu pieu, pourtant elle constitue la seule issue réaliste à l’affrontement sans fin entre les deux peuples, affrontement dont la finalité n’est autre que le maintien au pouvoir des classes dominantes respectives. Il n’y a pas d’autre solution. Il est vrai qu’il manque dans les conditions actuelles une stratégie qui impliquerait l’ensemble du prolétariat de la région mais il faut qu’une fraction de celui-ci prenne l’initiative de la lutte sur son terrain de classe. Surtout chez les Palestiniens, mais aussi chez les Israéliens, on note des tendances à résister à leur incorporation dans les machines étatiques opposées mais en fin de compte, il est impossible de trouver, dans les limites de ce conflit, étudié isolément, une transformation de ces tendances en mouvement social capable de sortir de l’impasse de deux nationalismes qui se renforcent mutuellement. Ou plutôt, une telle transformation est liée à la généralisation des luttes prolétariennes au Moyen-Orient, et de façon vitale, en Occident. Devant cette réalité, il n’y a rien de plus impératif que d’affirmer la nécessité de voir émerger, en Palestine comme dans tout le Moyen-Orient bien sûr, mais partout dans le monde, des noyaux communistes s’opposant aux perspectives nationalistes et faussement anti-impérialistes.

Groupe Internationaliste Ouvrier, section canadienne du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire

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