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DE GROUPACTION JUSQU’AU PARTI CONSERVATEUR

Anonyme, Miércoles, Enero 18, 2006 - 22:32

Bureau des Affaires Louches

Vice-président à la firme Groupaction pendant 5 ans, M. Jean Lambert est aujourd’hui candidat pour le Parti conservateur du Canada dans le comté de Shefford.

En analysant le témoignage qu’a livré M. Lambert à la commission Gomery, le Bureau des Affaires Louches a découvert que le candidat conservateur avait participer à élaboration de la stratégie de visibilité du gouvernement fédéral au Québec, frayé avec les principaux acteurs du scandale des commandites et pourrait même avoir trempé dans certaines combines visant à contourner la loi électorale.

ÉLECTIONS FÉDÉRALES DU 23 JANVIER 2006

DE GROUPACTION JUSQU’AU
PARTI CONSERVATEUR

Les candidats de la droite ne sont
pas au-dessus de tout soupçon

Par le Bureau des Affaires Louches *

Si les conservateurs vont vraisemblablement former le prochain gouvernement fédéral d’ici le 23 janvier prochain, ce n’est pas à cause que l’électorat canadien est soudainement en train de virer à droite, puisque le parti de M. Stephen Harper encore traînait de la patte dans les sondages lors du déclenchement des élections.

Ce n’est pas un duel classique entre la gauche et la droite auquel nous assistons ; c’est à une lutte à finir entre un parti libéral usé par douze années de règne et rongé par les scandales et un parti de droite qui promet de faire un grand ménage à Ottawa.

Les conservateurs de M. Harper peuvent donc se compter chanceux que la performance des libéraux fédéraux soit si peu enviable en matière d’éthique. À ce chapitre, il faut reconnaître que les conservateurs possèdent un réel avantage sur leurs concurrents libéraux. On ne connaît en effet aucun scandale sérieux émanant des rangs du nouveau Parti conservateur, ou même de son ancêtre, l’Alliance canadienne.

Mais, n’étant pas au commande des leviers du pouvoir de l’État fédéral depuis plus de dix ans, la droite conservatrice et leurs amis n’ont toutefois pas vraiment eu l’occasion non plus de s’en mettre plein les poches.

De l’avis du BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES, les questions qu’il faut se poser sont les suivantes : Et si les conservateurs de Harper avaient été à la place des libéraux, auraient-ils agi différemment ? Auraient-ils été capables de gérés les fonds publics avec intégrité, et de ne pas céder à l’attrayante tentation d’en faire profiter à leurs amis politiques ?

Et enfin, peut-être la plus importante de toutes les questions : Est-il vraiment nécessaire d’élire les conservateurs et de les voir à l’œuvre pour obtenir une réponse satisfaisante à ces questions ?

Peut-être pas.

Le B.A.L. croit qu’il serait injuste de juger le sens de l’éthique des conservateurs en essayant de prédire quelle sera leur future performance au pouvoir. Par contre, il serait tout à fait légitime d’essayer de se faire une idée de leur sens de l’éthique en nous basant sur les candidats qu’ils choisissent pour les représenter dans la présente élection.

Le B.A.L. se propose donc d’approfondir cette question épineuse en examinant la candidature d’un ancien cadre de la firme Groupaction qui se présente sous la bannière du Parti conservateur dans le comté fédéral de Shefford, dans les Cantons de l’Est.

Hé oui, vous avez bien lu ! De l’automne 1995 à janvier 2001, Jean Lambert a été vice-président de Groupaction Marketing Inc., la firme de communication qui se trouve précisément au cœur du scandale des commandites, qui représente sans doute l’une des pires affaires de corruption politique de toute l’histoire du Canada.

C’est sans doute ce qu’on appelle être au mauvais endroit, au même moment…

M. Lambert est l’auteur du fameux rapport que Groupaction avait vendu trois fois au gouvernement fédéral au prix de 500 000$ à chaque fois. (1) C’était l’affaire des « triplettes » de Groupaction, pour employer l’expression utilisée par l’auteur Jean Keable dans son livre « Le dossier noir des commandites », paru chez Lanctôt Éditeur, en 2004.

En 2002, M. Lambert, qui dit compter vingt-cinq années d’expérience dans l’industrie des communications et des relations-publiques, fondait sa propre agence, Parabellum Communication.

Les 7 et 8 avril 2005, M. Lambert témoignait à la commission d’enquête sur les commandites et les activités de publicité du gouvernement fédéral, présidée par le juge John Gomery. Et huit mois plus tard, le voilà converti en candidat conservateur dans une élection fédérale où la corruption fait figure de cheval de bataille pour l’opposition.

M. Lambert avait l’avantage d’être peu connu du public au moment de son passage devant la commission Gomery, ce qui fit en sorte que les médias ne virent pas l’intérêt de passer à la loupe son témoignage. Question de se donner une idée du rôle qu’il a pu jouer dans l’affaire des commandites, et des implications possibles que puisse avoir sa candidature auprès des conservateurs, le B.A.L. a entrepris d’analyser et de décortiqué le témoignage de M. Lambert.

Voici ce que ça donne.

Jean Lambert devant le juge Gomery

En raison des responsabilités importantes qu’il assuma à Groupaction durant plusieurs années, M. Lambert fut convoqué devant la commission Gomery, où il fut interrogé les 7 et 8 avril 2005.

Disons-le d’emblée : le témoignage de M. Jean Lambert à la commission Gomery donne l’impression d’être cousu de fil blanc.

Le témoignage qu’il a livré était truffé de trous de mémoire (des trous qui, à certaines occasions, avaient davantage l’apparence de gouffres), et les rares révélations qui en émergèrent furent souvent amorties par ses réponses fuyantes. Bref, M. Lambert fut le genre de témoin à qui il a fallut tirer les vers de nez.

De son témoignage, on retiendra notamment que M. Lambert a travaillé en étroite collaboration avec plusieurs des principaux acteurs du scandale des commandites, notamment M. Charles « Chuck » Guité, qui fut le directeur du programme des commandites au ministère des Travaux publics de 1997 à 1999, et évidemment M. Jean Brault, le président-fondateur de Groupaction. Rappelons que ces deux individus doivent aujourd’hui répondre de cinq chefs d’accusations criminelles de fraude contre le gouvernement du Canada et d’une accusation de complot en vue de commettre une fraude.

Son témoignage porte aussi croire que M. Lambert pourrait avoir joué dans l’élaboration des grandes lignes de la stratégie de visibilité du gouvernement fédéral mise sur pied à la suite du référendum sur la souveraineté de 1995, et qui adoptera éventuellement la forme du programme des commandites.

Plus grave encore, certaines notes de service rédigées par M. Lambert portent nettement à croire que celui-ci pourrait avoir été impliqué dans des combines visant à contourner la loi électorale fédérale.

Après avoir lu tout cela, il est étonnant, pour ne pas dire consternant, de constater que ce même individu porte désormais les couleurs du Parti conservateur du Canada qui fait actuellement campagne sur le thème de l’intégrité en politique.

On ne peut s’empêcher de se demander si M. Harper et ses disciples se sont seulement donner la peine d’aller sur le site internet de la commission Gomery pour prendre connaissance de l’intégralité du témoignage qu’a livré M. Lambert, un témoignage accessible au public en tout temps, et dans les deux langues à part de ça.

Embauche à Groupaction

Jean Lambert travailla à Olive Communication, une firme de Québec, avant d’être recruté par Jean Brault, le président-fondateur de Groupaction, à l’automne 1995. Dès son arrivée à Groupaction, M. Brault lui attribue le titre de vice-président Affaires gouvernementales et internationales de l’agence.

Durant les premiers mois consécutifs à son embauche, la rémunération de M. Lambert était assumée conjointement par Groupaction et Lafleur Communication, une autre firme qui a empoché plusieurs millions$, gracieuseté du programme des commandites. Par la suite, Groupaction se mis à assumer en totalité son salaire, qui oscillait entre 80-85 000$ par année et qui incluait notamment une allocation de voiture. (2)

Lors de son témoignage, M. Lambert déclara que son embauche était due au fait que Groupaction avait besoin de quelqu’un pour s’occuper des contrats de publicité avec le gouvernement fédéral. « C’est effectivement la raison principale pour laquelle M. Brault m’avait recruté », confiait M. Lambert. (3)

Or, fait étonnant, M. Lambert admet lui-même qu’il était plutôt novice en la matière. « J’avais véritablement pas d’expérience à travailler avec des mandats ou des comptes gouvernementaux, des comptes d’entreprises ou de sociétés publiques, non », confesse-t-il.

Pourtant, selon ses propres dires, M. Lambert n’était définitivement pas un minus au sein de Groupaction. Il avait même entre dix et vingt employés travaillant sous ses ordres. Quand le procureur Bernard Roy lui demande de décrire la nature de ses responsabilités dans la firme, M. Lambert répond qu’il était « un peu le chef d’orchestre » en ce qui a trait aux comptes gouvernementaux de Groupaction.

Voici comment d’ailleurs M. Lambert décrit son rôle dans Groupaction : « …j’étais ultimement responsable de toute l’administration du compte. J’étais responsable de tous les services reliés à ce compte-là, c’est-à-dire de coordonner l’ensemble des équipes de travail sur ce compte-là. On parle d’équipe de création, de médias, et puis, en même temps j’étais, si vous voulez, la personne davantage responsable de la planification stratégique sur ce compte-là. »(4)

M. Brault avait retenu les services de M. Lambert afin qu’il remplisse le rôle de stratège politique pour le compte de la firme. En effet, en réponse à une question de Me Bernard Roy, procureur de la commission Gomery, M. Lambert était d’accord pour reconnaître qu’il mettait de l’avant « une pensée politique à l’intérieur de Groupaction » et que M. Brault avait fait appel à lui comme ressource pour partager le fruit de ses réflexions « sur la meilleure façon avec laquelle le gouvernement fédéral pouvait justement accentuer sa présence » au Québec. (5)

Étrangement, tout au long de son témoignage, celui qui compare son rôle à celui d’un « chef d’orchestre » tentera de minimiser son implication dans les dossiers de commandites qui firent la fortune de Groupaction. M. Lambert, qui se décrit comme un « généraliste » qui touche un peu à tout, répétera avec insistance que son rôle à l’égard des contrats de commandites fut « marginal » et même « très, très, très effacé ».

Ainsi, M. Lambert soutient que son implication dans Groupaction se situait beaucoup plus au niveau des contrats de publicité. Toutefois, lorsqu’il fut contre-interrogé par l’avocat du Groupe Polygone/Expour, Me Guy Bélanger, M. Lambert dû reconnaître que la publicité et les commandites sont deux facettes « différentes, mais complémentaires » dans le domaine des communications. Ce qui revient donc à dire que l’un ne va pas sans l’autre. (6)
Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16792.

Si M. Lambert n’a peut-être pas été impliqué de fond en comble dans les contrats de commandites de Groupaction, il n’en demeure pas moins que sa prétention à l’effet que son rôle fut des plus « marginal » apparaît difficilement vraisemblable. D’ailleurs, M. Lambert fut lui-même contraint de reconnaître que ses fonctions à Groupaction l’obligeaient à « avoir une bonne connaissance générale », tant en publicité qu’en commandites.

Qui s’assemble se ressemble ?

Il y a plusieurs autres éléments du témoignage de M. Lambert qui suggère que celui-ci était peut-être plus impliqué dans les dossiers de commandites de Groupaction qu’il ne voudrait le laisser croire.

Tout d‘abord, parce que M. Lambert côtoya plusieurs des personnages qui jouèrent un rôle de premier plan dans l’affaire des commandites, et qui, pour la plupart, feront l’objet de critiques de la part du juge Gomery dans son premier rapport visant à identifier les responsables du scandale.

De M. Guité, M. Lambert dira qu’il le connaissait depuis l’époque d’Olive Communication. Lorsqu’il atterrit à Groupaction, M. Lambert se mit à fréquenter plus assidûment M. Guité. « Je l’ai rencontré probablement à plus d’une occasion à Ottawa », confie-t-il. « Je l’ai rencontré à de nombreuses reprises à Montréal. »(7)

M. Lambert avoua également qu’il échangea « beaucoup de correspondance » avec M. Guité. « J’avais à entretenir des conversations téléphoniques avec lui, échanger des fax, des télécopies et ainsi de suite. » (8)

M. Lambert n’était d’ailleurs pas sans ignoré le poids qu’avait M. Guité auprès des instances les plus élevées de l’appareil gouvernemental canadien. « Ce qui m’est apparu assez évident, au fil du temps, au fil des années, c’est que M. Guité entretenait une relation très, très, très étroite avec le Bureau du premier ministre et le bureau de M. Gagliano », affirme-t-il. (9)

Et comment perçoit-il le controversé personnage ? « Si je peux me permettre l’expression, c’est l’homme qui faisait avancer les choses. », dit M. Lambert au sujet de M. Guité. « C’est une personne qui réglait les dossiers et c’est une personne qui est très, très, très efficace dans son travail. » En fait, M. Lambert n’a que des bons mots à dire au sujet de « Chuck » : « C’est une personne qui a tout le temps été très courtoise, très affable, très généreuse de son temps avec moi. » Etc. (10)

Chose certaine, M. Allan Cutler, l’ancien fonctionnaire fédéral qui avait été persécuté par M. Guité et qui est aujourd’hui candidat pour le Parti conservateur, ne peut certainement pas en dire autant !

Notons que M. Lambert se fait tout aussi généreux dans ses éloges lorsque vient le temps de parler de son ancien patron, M. Brault, qui fut dénoncé par le juge Gomery dans son rapport pour avoir « tenté d’acheter une influence politique pour permettre à Groupaction d’obtenir davantage de juteux contrats de commandites. »

« M. Brault était un très bon patron », affirme sans détour M. Lambert. « Il était très généreux envers ses employés. C’est un homme de famille. C’est une personne très affable, très généreuse, à l’écoute de ses employés. » (11)

M. Jacques Corriveau, un autre personnage qui joua un rôle central dans les combines associées au programme des commandites, comptait aussi parmi les fréquentations de M. Lambert. Celui-ci a admis qu’il était au courant que M. Corriveau figurait parmi les amis intimes de celui qui était alors le premier ministre du Canada, M. Jean Chrétien.

« On voyait M. Corriveau assez souvent », se rappelle M. Lambert. « M. Corriveau, grand fédéraliste qu’il est, jouait un rôle très actif. (…) Je l’ai vu à plusieurs reprises là au bureau chez Groupaction. Je l’ai rencontré quand même à de nombreuses reprises. » (12)

Et, encore une fois, M. Lambert se fait très flatteur quand vient le temps d’offrir son opinion du personnage. « Il faut savoir que M. Corriveau est un homme fort distingué, une personne très élégante, qui a une belle personnalité et une bonne conversation, une belle culture, et puis, c’est facile de trouver M. Corriveau intéressant. »(13)

Une admiration que ne semble toutefois pas partager le juge Gomery. « M. Corriveau était l'acteur central d’un dispositif bien huilé de pots-de-vin qui lui avait permis de s’enrichir personnellement et de donner de l'argent et des avantages au PLC-Q », écrit le magistrat dans son rapport. Lors de son témoignage, M. Corriveau avait d’ailleurs reconnu avoir payé trois employés de la permanence de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada (PLC) avec l’argent du programme des commandites, duquel il reçut 7 millions$ pour très peu de travail effectué.

M. Lambert a aussi admis ses liens d’amitié avec M. Alain Renaud. C’est d’ailleurs lui qui, à la demande de M. Brault, négocia le contrat de travail de M. Renaud, qui deviendra l’« ouvreur de porte » de Groupaction. Impliqué tant auprès des libéraux fédéraux que ceux du Québec, M. Renaud fut payé plus d’un million$ en honoraires et en remboursement de dépenses, de 1996 à 2000, pour entretenir des bons rapports avec les libéraux et payé la traite aux ministres et aux hauts fonctionnaires. (14)

« Oui, je le voyais souvent », déclara M. Lambert au sujet de M. Renaud. Fait surprenant, M. Lambert révéla que sa relation avec M. Renaud avait même survécu à son départ de Groupaction. « C’est encore quelqu’un que je côtoie aujourd’hui », dévoila M. Lambert. (15)

Enfin, M. Lambert ne cacha pas non plus avoir frayé avec MM. Benoît Corbeil et de Michel Béliveau, qui occupèrent tous deux le poste directeur général de l’aile québécoise du PLC à l’époque où le programme des commandites battait son plein. « Oui, j’ai rencontré MM. Corbeil et Béliveau à différentes reprises, (…) dans les événements majeurs, les repas, les tournois de golf du premier ministre, par exemple, peut-être dans les tournois de M. Gagliano… » (16)

Par ailleurs, notons que MM. Béliveau, Corbeil, Corriveau et Renaud figurent parmi les dix individus que le premier ministre Paul Martin a décidé de « bannir à vie » du Parti libéral du Canada après le dépôt du premier rapport du juge Gomery, le 1er novembre 2005.

Bien entendu, on ne peut pas conclure avec certitude que M. Lambert trempait dans les magouilles du programme des commandites du simple fait qu’il côtoyait certains des principales « vedettes » du scandale. Comme nous le verrons ci-bas, M. Lambert a aussi eut son mot à dire en ce qui concerne l’élaboration de la stratégie de visibilité du gouvernement fédéral qui prendra éventuellement la forme du programme des commandites.

M. Lambert était-il un des cerveaux
derrière le programme des commandites ?

Alors que le programme des commandites était encore à l’étape de la conception, M. Lambert participa à une réunion au Club Saint-Denis, un repaire notoire de libéraux, en compagnie de MM. Jean Brault, « Chuck » Guité, Jacques Corriveau et Marcel Giner, vers la fin de 1996, ou au début de 1997 (la date exacte n’a pas été précisée lors de l’interrogatoire).

(Précisons que M. Giner fut le « sondeur-maison » du PLC au Québec pendant quinze ans jusqu’en 1993, année où sa firme, Infras Inc., fut engagée par le premier ministre Jean Chrétien.)

« Je me souviens qu’on avait discuté », se rappelle M. Lambert. « J’avais présenté un document, des réflexions que j’avais couchées sur papier relativement à des stratégies de communications. »
M. Lambert avait alors fait part de ses réflexions concernant les « stratégies de communication post-référendaires, plan de visibilité pour le gouvernement du Canada de façon générale ».(17)

C’est donc ici qu’intervient la fameuse « pensée politique » de M. Lambert à laquelle nous avions fait allusion précédemment, et qui, rappelons-le, constituait l’un des motifs de son embauche à Groupaction par M. Brault.

Les thèmes discutés et le rôle éventuel des personnages présents dans l’affaire des commandites portent à croire que cette réunion pourrait avoir été d’une importance cruciale dans la suite des choses. Ce qui soulève une question des plus épineuses : M. Lambert aurait-il été un des cerveaux qui a participé à la conception du scandaleux programme des commandites ?

Ce n’est d’ailleurs pas la seule occasion où M. Lambert a pu partager sa précieuse « pensée politique » avec des ténors du Parti libéral du Canada afin de solutionner les problèmes de visibilité du gouvernement fédéral au Québec.

En effet, le 1er février 1997, M. Lambert offrait une présentation orale devant la commission électorale du PLC, en compagnie de MM. Renaud et Brault. « M. Gagliano était assis en face de moi à l’autre extrémité de la salle », raconte M. Lambert. « Je me souviens qu’il y avait M. Pelletier qui était assis sur la droite. Il me semble que M. Giner était là aussi. Je me souviens qu’immédiatement à ma gauche ou à peu près, il y avait Mme Céline Hervieux-Payette également. » (18)

Laissons M. Lambert décrire dans ses propres mots la nature de son intervention :

« Ça avait été plus ou moins bien, si je me souviens bien de la présentation (…) J’imagine que j’en avais peut-être utilisé des forts à ce moment-là en décriant certaines stratégies ou des modes de communication ou du manque de stratégie, si je me souviens bien, à ce moment-là concernant le message du gouvernement du Canada, du gouvernement fédéral, au Québec en particulier. »

« J’avais probablement très maladroitement essayé de faire le point que le gouvernement du Canada avait un territoire psychologique de communication à regagner au Québec, qu’il l’avait laissé depuis des années et des années à leurs adversaires politiques, et puis, qu’il y avait une façon de le faire, et puis, je proposais certaines avenues de le faire. Mais je n’irais pas plus loin que ça. Puis le langage que j’avais utilisé avait peut-être été un petit peu fort et avait peut-être froissé certains ego. J’en prends le blâme. » (19)

Reconquérir le « territoire psychologique de communication » au Québec ? Voilà qui correspond au plan de match mis de l’avant par le gouvernement Chrétien dans les mois qui suivront les résultats du référendum sur la souveraineté de 1995. De toute évidence, M. Lambert fut un chaud partisan de la campagne de propagande pro-fédéraliste qui consista à inonder l’environnement visuel des québécois avec le mot symbole « CANADA ».

En bout de ligne, le PLC retint les services d’un employé de Groupaction pour la campagne publicitaire du PLC à l’occasion des élections fédérales qui eurent lieu quelques mois plus tard.

En contre-interrogatoire, l’avocat de l’ex-ministre Alfonso Gagliano, Me Pierre Fournier, est revenu sur cet épisode particulier. Me Fournier demanda à M. Lambert de lui dire si sa prestation avait pour but d’influencer un éventuel gouvernement libéral. Réponse de M. Lambert : « Était dans le but d’influencer les gens qui étaient là pour confier la planification, la participation à la campagne électorale, à l’agence que je représentais, oui. » (20)

Me Fournier demanda ensuite à M. Lambert s’il avait mit l’accent sur ce que le Parti libéral devait faire pour se réélire et non pas sur ce que devait faire le gouvernement canadien. Voici alors la réponse de M. Lambert : « Peut-être. J’avais pas—j’ai de la difficulté à faire la distinction, finalement, entre les deux. » (21)

Me Fournier lui demande alors s’il voit un lien entre « l’occupation du territoire psychologique au Québec par le gouvernement du Canada » et la future campagne électorale du PLC. M. Lambert offre alors l’explication suivante : « Ultimement, oui, parce que si on parvient à communiquer de façon plus efficace et de rallier des gens du Québec autour de la cause fédérale, mais à quelque part, ça fait, en soi, la promotion du Parti libéral aussi. »(22)

Me Fournier tente alors de résumer la « pensée politique » du témoin Lambert de la façon suivante : « Que si on rallie les Québécois à la cause fédéraliste, au fond, on les rallie à la cause du Parti libéral ; c’est ça que vous dites ? » Et M. Lambert abonde effectivement dans le même sens : « Dans un univers qui est plutôt scindé en deux, comme on le connaît à l’heure actuelle au niveau fédéral, mais ça changé récemment. Disons qu’on votait soit pour le Parti libéral ou on votait soit pour une vision fédéraliste ou on votait pour le Bloc Québécois dans une vision indépendantiste, qui est très respectable de part et d’autres. »

Ainsi, avant de devenir candidat conservateur, M. Lambert avait adhéré à l’idée fortement questionnable que le PLC se confondait avec la cause fédéraliste. Ce qui revient à dire que le PLC, qui était alors au sommet de son arrogance, était en droit d’exercer un monopole quasi-absolu sur le discours de promotion de l’unité nationale canadienne au Québec.

De là à dire que le Parti libéral se confond avec l’État canadien, il n’y a qu’un pas, que plusieurs libéraux sans scrupules franchiront allègrement. Ce raisonnement pour le moins tordu servira de justification morale pour les abus à venir et ouvrira éventuellement la porte grande ouverte aux détournements massifs de fonds publics provenant du programme des commandites.

Appels d’offres truqués

Dès son embauche à Groupaction, M. Lambert fut personnellement impliqué dans un contrat de publicité pour un dossier qui deviendra fort controversé. « D’entrée de jeu, le premier mandat sur lequel j’ai été impliqué a été celui de Justice Canada, notamment sur le compte de la Loi sur les armes à feu », déclare M. Lambert.

Fait intéressant, certaines des accusations criminelles qui pendent au-dessus de la tête de MM. Brault et Guité depuis mai 2004 sont directement reliées au dossier du registre des armes à feu. En effet, le duo est accusé d’avoir comploté en vue de frauder le gouvernement du Canada en élaborant un contrat-bidon de 330 000$ en relation avec le controversé programme d’enregistrement des armes à feu.

Il ne sera pas possible d’en apprendre plus puisque dès que M. Lambert effleura le dossier du registre des armes à feu, le procureur Bernard Roy prévint le témoin qu’il ne souhaitait pas l’entendre davantage à ce sujet. « Ça fait l’objet d’un engagement de la commission de ne pas creuser ces dossiers-là », précisa le procureur. En fait, le mandat du juge Gomery se limitait strictement à examiner les activités de publicité et de commandites du gouvernement fédéral. Point à la ligne.

M. Lambert a aussi confirmé son rôle dans la préparation de demandes de Groupaction en réponse à des appels d’offres pour des contrats de publicité du gouvernement fédéral, notamment pour Pêches et Océans Canada, la Garde côtière, et Travaux publics. En plus de remplir la paperasse, M. Lambert prenait aussi part à des ‘pitch’ (NDLR : dans le jargon de l’industrie, un ‘pitch’ correspond au baratin que servent les vendeurs de publicité à leurs clients), notamment devant des comités de sélection qui étaient présidés par le « très affable » « Chuck » Guité.

De toute évidence, de par la nature des responsabilités qu’il exerçait à Groupaction, M. Lambert pouvait difficilement ignorer que les règles d’attribution des contrats de publicité et de commandites étaient systématiquement bafouées, comme le dénoncera plus tard la vérificatrice générale du Canada, Mme Sheila Fraser.

M. Lambert affirme avoir ressenti ses premiers doutes à ce sujet au cours d’une conversation avec M. Brault concernant un appel d’offres émis par le ministère de Travaux publics pour AOR Media, l’agence de placement média du gouvernement du Canada. Lorsque M. Lambert lui demanda si Groupaction allait soumissionner à cet appel d’offres, M. Brault lui répondit : « Ah, non, non, non, ce n’est pas la peine. Ça s’en va chez Boulay ça. » (23)

M. Brault faisait ici référence au président de la firme Groupe Everest, M. Claude Boulay, qui profita également des largesses du programme des commandites. « Il y avait une lumière qui s’était allumée à ce moment-là », dit M. Lambert à propos de la remarque de M. Brault. Cependant, M. Lambert s’empresse de tempérer la portée de son affirmation, en ajoutant presque aussitôt : « Mais, encore là, je ne pouvais pas tirer de conclusion de ça aujourd’hui ».

Pour M. Lambert, c’est un « cumul d’événements » qui l’amenèrent à soupçonner que quelque chose ne tournait pas rond dans le processus d’appel d’offres de contrats de Travaux publics. « J’ai compris que nous obtenions peut-être à l’occasion, de l’information privilégiée par rapport à ce que voulait ou ce que recherchait ou ce à quoi allait être sensible le ministère client lors de la présentation éventuelle. »(24)

M. Lambert précisa ensuite qu’il s’agissait d’« information qui était pas nécessairement disponible, de mémoire, dans les documents d’appels d’offres qui nous étaient soumis. » « Je comprenais à ce moment-là que c’était de l’information qui provenait du ministère des Travaux publics », continua M. Lambert. « Je devine que ces commentaires-là étaient issus de conversations entre M. Brault et M. Guité », conclut-il. (25)

Invité à expliquer pourquoi il tirait une telle conclusion, M. Lambert répondit : « je me souviens que M. Brault m’a dit à une occasion ou deux : « Écoute, j’ai parlé à Chuck, et puis, il faut faire attention lorsqu’on prépare notre document ou à la présentation (…) » « C’était des commentaires du genre : « Bon, ben, la dernière agence, y avait pas été content pour telle raison, et puis, ce serait le genre de chose à laquelle vous devriez faire attention dans votre présentation. »

Excessivement prudent dans ses affirmations, M. Lambert préféra toutefois évoquer une « apparence » de favoritisme plutôt que de parler ouvertement de collusion entre son employeur et le directeur du programme des commandites.

Plus tard, M. Lambert raconta avoir été témoin d’une conversation entre MM. Guité et Brault, au cours de laquelle ce dernier demanda au directeur du programme des commandites d’augmenter la valeur de contrats de publicité de Travaux publics.

« Je ne pourrais pas vous dire quelle était la nature de ces contrats-là », déclara M. Lambert. « Mais il y en avait un certain nombre. M. Brault les avait étalés sur son bureau, les avait brièvement analysés et (…) était entré en communication téléphonique avec M. Guité alors que j’étais toujours dans le bureau et (…) en cours de conversation avait demandé ou suggéré à M. Guité qu’il faudrait majorer certains de ces contrats-là de tant de dollars, un autre de tant de dollars et un autre de tant de dollars. » (26)

Soulignons que les majorations que demandait M. Brault ne portaient pas sur des sommes d’argent dérisoires. « C’était des montants qui pouvaient varier de, je ne sais pas, 50, 74, 100 000$, de mémoire », affirme M. Lambert. Qu’a-t-il pensé de tout ça ? « Bien, je trouvais ça étonnant qu’on puisse de façon aussi facile tout simplement requérir des fonds supplémentaires pour des contrats qui avaient une description de service, (…) qui avaient un montant qui avait été adjugé et qui avait été identifié bien avant. » (27)

« …effectuer le paiement de façon invisible… »

Les révélations les plus compromettantes pour M. Jean Lambert proviennent sans contredit de certaines notes de service signées de sa main et adressées à M. Brault. Certaines d’entre elles suggèrent en effet que M. Lambert pourrait ne pas avoir qu’été un simple témoin passif et impuissant des petites combines que son patron M. Brault manigançait avec son grand ami « Chuck » Guité.

Au cours de son interrogatoire, le procureur Bernard Roy attira l’attention de M. Lambert sur une note de service qu’il a transmis à M. Brault, le 3 juin 1996. En voici un extrait éloquent :

« Toujours sur le sujet de monsieur le ministre Gagliano, j’ai reçu une invitation accompagnée de quatre billets à 150$ chacun pour le tournoi de golf du ministre le 27 juin prochain. Je me propose d’envoyer une lettre de regrettable refus en raison d’un engagement incontournable, sauf sur avis contraire de ta part. Si tu décidais de participer à ce tournoi, il faudra prévoir à effectuer le paiement de façon invisible à cause de notre engagement avec Élections Canada. »(28)

Invité à expliquer pourquoi le paiement devait être effectué sous une forme « invisible », M. Lambert offrit la réponse suivante : « Je n’ai pas de mémoire précise par rapport à ça. Ce que je peux en conclure c’est que nous avions évalué la possibilité de faire le ‘pitch’ ou d’aller en soumission pour le compte d’Élections Canada. Tout travail avec Élections Canada empêche quelconque agence, quiconque de faire du travail de nature politique, de participer à des événements de levée de fonds, d’être actif politiquement. »

Selon M. Lambert, Groupaction avait assisté à une rencontre d’information, mais n’avait pas offert de ‘pitch’ pour le contrat d’Élections Canada « Je pense qu’on était allé voir, puis finalement, on s’était retiré. On n’avait pas participé », affirme M. Lambert.

Puis, en contre-interrogatoire, l’avocat du PLC, Me Doug Mitchell, demanda à M. Lambert ce qu’est un « paiement invisible ». Réponse de M. Lambert : « Qui n’est pas évident, qui n’apparaît pas. » Me Mitchell lui suggéra alors que cela consiste à créer de fausses factures, mais M. Lambert ne lui laissa pas le temps de terminer sa question, et déclara : « Bien, j’imagine pour ne pas laisser de trace-là, pour pas que ça puisse être retracé. J’imagine que c’est ça le commentaire que je voulais dire à ce moment-là. » (29)

« Donc, s’il fallait supporter un parti politique, il fallait que ça se fasse de façon invisible ? », demanda Me Mitchell. « Voilà », répondit tout simplement M. Lambert.

Voilà !

Nous avons là un document potentiellement incriminant pour M. Lambert. En effet, M. Lambert suggère clairement à son patron de contourner la loi électorale. D’ailleurs, ce n’est pas la seule fois où M. Lambert prodigua de tels conseils à M. Brault.

Le 13 juin 1996, soit dix jours plus tard, M. Lambert adresse à M. Brault une autre note de service tout aussi suspecte. Cette fois-ci, il est question d’un déjeuner-bénéfice qui doit se tenir au profit du ministre libéral Martin Cauchon, le 17 juin suivant. « Malgré les appels répétés à la comptabilité et auprès de Josée afin de déterminer si la contribution de 500$ pour cet événement a été réglée, il m’est impossible de confirmer quoi que ce soit », lit-on. (30)

« Sais-tu si cela a été payé, où sont les billets??? », écrit ensuite M. Lambert à M. Brault, avant de conclure sur un ton mystérieux : « Rappel : il ne faudrait pas que ceci ait été réglé par GAM (NDLR : GAM = GroupAction Marketing) pour les raisons que tu connais. »

« Pour les raisons que tu connais. » On reconnaît ici le langage volontairement énigmatique qui est typique aux conspirateurs de tout acabit qui ont prit l’habitude de parler à mots couverts.

Le procureur Bernard Roy demanda alors à M. Lambert si sa note de service faisait encore une fois référence au ‘pitch’ que Groupaction songe à faire à Élections Canada. Réponse de M. Lambert : « Je ne pourrais pas vous dire. Je n’ai pas de mémoire de cet… », dit-il avant d’être interrompu par Me Roy, qui passa ensuite à autre chose.

Puis, ME Roy questionna M. Lambert sur le contrat de publicité qu’avait décroché Groupaction pour le compte de la Société des Alcools du Québec (SAQ) vers le milieu des années ‘90. À un certain moment donné, le contrat avec la SAQ, qui était antérieur à l’embauche de M. Lambert au sein de la firme, était devenu menacé.

M. Lambert confirma qu’il était bien au courant du fait que M. Brault avait eu recours à une opération de financement illégal de la caisse électorale du Parti québécois pour tenter de sauver la part du gâteau de Groupaction dans cette affaire. « Je me souviens de conversations où M. Brault avait mentionné, à quelques occasions, qu’il avait dû payer 50 000$ pour faire une contribution de 50 000$ au Parti québécois pour consolider la décision (…) du comité de sélection »(31)

(Cette contribution était à contravention avec la Loi électorale québécoise qui interdit aux entreprises de verser des donations aux partis politiques. Groupaction avait alors contourné la loi en versant la somme de 50 000$ en diverses tranches via des particuliers, soit des employés de M. Brault. Le contrat de la SAQ a malgré tout échappé à Groupaction. Lorsque l’affaire éclata, au printemps 2005, le PQ décida de rembourser les sommes versées par les employés de Groupaction.)

Une autre note de service de M. Lambert, toujours adressée à M. Brault mais cette fois-ci datée du 24 avril 1996, porte cette fois-ci sur un événement intitulé « Soirée hommage à Jacques Parizeau ».

On peut notamment y lire que M. Lambert a écrit : « Suite à mon dernier mémo à ce sujet, ma suggestion serait de refiler les 12 billets de cette table à des ‘collaborateurs’ de Groupaction du côté du PQ. Il serait très inconfortable pour nous d’assister à cet événement et puisque ce montant de 720$ est déductible du solde que Groupaction doit encore contribuer (27 000$), il n’est donc pas perdu et servira à des gens qui l’apprécieront certainement. » (32)

Le document identifie les députés péquistes Jean-Claude Saint-André et André Boulerice comme étant les bénéficiaires présumés de la douzaine de billets. Questionné sur le sens à donner à un tel mémo, M. Lambert n’avait que ceci à répondre : « Malheureusement, je ne peux pas vous éclairer du tout. Ça ne me—c’est moi qui l’aie écrit, mais je ne m’en souviens pas du tout, du tout, du tout, d’aucune façon. Je ne me souviens pas de ça. »

C’est à ce moment-là que le juge Gomery apostropha le témoin Lambert pour lui faire-part de son scepticisme : « Mais, monsieur Lambert, excusez-moi, mais comment ça se fait que vous n’ayez aucun souvenir d’une telle chose. C’est difficile à comprendre honnêtement. Vous êtes un homme d’affaires, un homme intelligent. (…) Il me semble que c’est un mémo qui exige une explication. C’est vous qui l’avez écrit. Comment ça se fait que vous n’ayez aucun souvenir, d’aucune façon, que vous affirmez si solidement que vous n’avez aucun souvenir ? Comment ça se fait que vous n’avez aucun souvenir de cela? »(33)

« Je comprends parfaitement votre étonnement (…) Monsieur le commissaire », répondit alors M. Lambert. « Mais comme je vous dis, ça c’est arrivé le 24 avril. Ça c’est quelques mois après que je sois arrivé là-bas. J’étais en mode exécution, je pourrais vous dire, et puis, je ne sais pas de qui j’aurais pu prendre des instructions de cette nature-là. Je ne le sais pas. Je regrette, mais je n’ai pas souvenance de ça. J’aimerais m’en souvenir, mais je ne m’en souviens pas tout simplement. »

Mais le juge Gomery ne lâche pas prise. Il relance le témoin Lambert, en lui disant : « Vous avez toujours les mêmes sentiments aujourd’hui qu’à l’époque, je suppose. Pourquoi serait-il si « inconfortable pour nous d’assister à cet événement »? Commencez avec cela. Vous avez exprimé une opinion. Normalement, on n’oublie pas des opinions. Les opinions sont là. »

M. Lambert tenta alors d’avancer un début d’explication : « …j’avais été engagé pour travailler sur des documents ou des comptes ou des mandats du gouvernement fédéral, que mon attention a davantage porté du côté d’Ottawa et c’est là que j’avais consacré, moi, personnellement, au compte de Groupaction mes énergies et mes efforts. » (34)

Me Bernard Roy suggéra alors que la participation de Groupaction à la soirée péquiste aurait pu mettre en péril les efforts de la firme de M. Brault qui, à l’époque, cherchait à se rapprocher du gouvernement fédéral. « Ça pourrait être une explication », se contenta de répondre M. Lambert avant de se lancer dans une comparaison avec les cabinets d’avocats qui peuvent parfois être associés à certains partis politiques.

Puis, le juge Gomery revint ensuite sur la question de cette obscure tranche de 27 000$ que Groupaction « devait » alors verser au PQ. « Un autre choix de mots, et ce sont vos mots ; ce n’est pas les miens », dit le magistrat. « Mais vous avez dit que Groupaction « doit encore contribuer ». J’ai toujours pensé que les contributions étaient volontaires ; n’est-ce pas ? Une contribution normalement c’est volontaire, surtout une contribution politique ? »

« Bien sûr », répondit M. Lambert. « Alors, comment ça se fait que quelqu’un « doit encore contribuer »? », demanda alors le juge Gomery. « Est-ce que c’est en vertu d’une promesse ou d’un engagement quelconque ou est-ce qu’il y avait une obligation réciproque ou quelque chose ? Lorsqu’on parle de « doit », le mot « doit » est fort ? » « Oui », répondit laconiquement M. Lambert.
« Est-ce que ça ne réveille pas votre mémoire? », s’essaya de nouveau Gomery en désespoir de cause. « Hélas, non, Monsieur le Commissaire », dit M. Lambert. « Hélas, non. J’aimerais et—écoutez, je me souviens de ce que je me souviens. Ce dont je ne me souviens pas, hélas, je ne m’en souviens pas. » « C’est très dur », laissa tomber le juge Gomery sur un ton que l’on devine sarcastique. « Une faculté qui oublie », ajouta-t-il. (35)

Chose certaine, on ne constate aucun inconfort de la part de M. Lambert et de ses collègues de Groupaction à s’afficher en compagnie des libéraux fédéraux lors d’événements bénéfice pour le parti. Ainsi, M. Lambert n’a pas hésité à reconnaître qu’il participa « à de nombreuses reprises » à des activités de financement du Parti libéral du Canada, tels des dîners bénéfice et des tournois de golf. (36)

M. Lambert savait que Groupaction contribuait financièrement au PLC. « J’ai vu des chèques de Groupaction, des chèques faits à l’ordre du Parti libéral du Canada », déclare-t-il. M. Lambert s’est également rappelé d’une contribution de 100 000$ que Groupaction avait versé au PLC en 1998 pour obtenir le contrat d’une campagne de publicité d’envergure nationale appelée « Info Citoyen » (aussi connue sous le nom de « Un Canada branché »). (37)

M. Lambert, qui avait eu à présenter le plan média pour ladite campagne, rapporte les propos que lui avait alors tenu son patron : « En fait, M. Brault, ce qu’il avait dit, puis je reprends quasiment verbatim, c’est : « Je m’attendais à avoir un plus. Je m’attendais à ce que le budget soit plus grand que ça et puis ça m’a coûté un autre 100 000$ au Parti à matin puis je comptais sur ses revenus-là. » » (…)« Je pense que M. Brault s’attendait à un budget d’environ 1M$ puis, de mémoire, c’était environ 630 quelques mille dollars », conclua M. Lambert. (38)

Ce dernier a également reconnut que les donations de Groupaction au PLC combinée au travail en coulisse de son ami Alain Renaud contribuèrent à la prospérité phénoménale que connut la firme de communication dans l’obtention de contrats avec le gouvernement fédéral.

M. Lambert ne nie pas qu’il savait que le mandat de M. Renaud était de promouvoir les intérêts de Groupaction à l’intérieur du PLC. « La démonstration était faite par l’acte. Il était impliqué—lorsqu’il y avait des cocktails ou des tournois de golf, M. Renaud était très actif. Il entretenait des conversations et des relations avec les élus. » (39)

Il ne nie pas non plus que M. Renaud a eu une influence positive sur l’obtention de contrats du gouvernement fédéral par Groupaction. « Je dirais probablement dans l’ensemble des contrats qui ont été confiés à Groupaction du gouvernement fédéral, le rôle de M. Renaud était de voir à ce que tout baignait dans l’huile, si vous voulez, tant au niveau politique qu’au niveau administratif », déclare M. Lambert. (40)

Par contre, M. Lambert se fait soudainement avare de détails lorsque le procureur Bernard Roy chercha à savoir quel était le lien qui existait entre les intérêts de Groupaction et l’implication politique de M. Lambert. Encore plus invraisemblable est le fait que M. Lambert prétende tout ignorer du fait que M. Renaud, qu’il décrit pourtant comme un ami qu’il voyait souvent, siégeait sur la commission des finances du Parti libéral du Québec, de 1996 à 1999.

En 1997, ou en 1998 (il n’est pas sûr de la date lui-même), M. Lambert demanda à M. Brault de ne plus s’occuper des contrats de publicité avec le gouvernement fédéral. Il s’est donc vu réaffecté à d’autres dossiers de Groupaction du côté du secteur privé.

M. Lambert explique d’abord sa décision en disant : « j’étais plus ou moins confortable avec des choses que je voyais sans pouvoir tirer de conclusions nettes et précises par rapport à ça ». (41) « J’avais un inconfort vis-à-vis ce qui pouvait se passer, le rapprochement qu’il pouvait y avoir entre l’administratif et le politique », poursuit M. Lambert. « Je vous dirais que je voyais peut-être une certaine proximité » entre l’administratif et le politique.

Cette explication n’est toutefois pas le seul motif que donna M. Lambert au sujet de sa ré-affectation au sein de Groupaction. « Je m’apercevais aussi que les dossiers du gouvernement, c’est pas nécessairement quelque chose qui m’attiraient énormément », dit-il. (42)

Un authentique dénonciateur
ou un vulgaire imposteur ?

Trois semaines après le dépôt du rapport Gomery, les conservateurs réussissaient tout un coup d’éclat en recrutant M. Allan Cutler, le premier fonctionnaire fédéral à avoir sonner l’alarme sur les commandites, afin qu’il représente les couleurs du parti de M. Harper dans la circonscription d’Ottawa-Sud.

Témoin d’irrégularités à la division responsable des contrats de publicité de Travaux publics dès 1994, M. Cutler avait entrepris de noter les anomalies qu’il constatait dans un journal de bord à partir de février 1995. Un an plus tard, M. Cutler perdait son emploi après avoir refusé de signer un contrat de publicité qui, selon lui, n’avait pas été octroyé en conformité avec les règles d’attribution. C’est d’ailleurs nul autre que « Chuck » Guité qui décida d’écarter M. Cutler de son département.

Lorsqu’il sortira de l’ombre à l’occasion des travaux de la commission Gomery, M. Cutler sera alors considéré comme un authentique héros populaire par l’opinion publique canadienne. Pour cette raison, il ne fait aucun doute que le prestige dont joui l’ex-fonctionnaire dénonciateur rejaillira assurément sur les conservateurs de M. Harper.

Puis, deux semaines après l’annonce de la candidature de M. Cutler, le journal La Voix de l’Est révélait que le site internet du Parti conservateur avait désigné M. Jean Lambert pour être candidat dans le comté de Shefford. Or, le nom de M. Lambert disparaissait mystérieusement du site quelques heures après qu’un journaliste eut interrogé la responsable des communications du parti, Mme Isabelle Fontaine. « La candidature n'est pas confirmée. C'est une erreur », affirma alors Mme Fontaine. (43)

Dans un entretien au quotidien the Globe and Mail, M. Jean Lambert confirmait qu’il convoitait effectivement la nomination conservatrice dans Shefford. « Je crois que le prochain parti qui dirigera ce pays durant la prochaine décennie, durant les prochains siècles d’ailleurs, est le Parti conservateur », déclarait M. Lambert lui qui, neuf ans plus tôt, estimait pourtant que le Parti libéral du Canada et la cause de l’unité nationale ne faisait qu’un. (44)

Si l’on se fie sur sa performance à la commission Gomery, on peut difficilement dire de M. Lambert qu’il est un autre Allan Cutler. Or, dès que sa candidature fut confirmée, le réseau d’information CanWest News Service n’hésita pourtant pas à présenter M. Lambert comme un autre « whistleblower »—expression anglophone désignant celui qui vend la mèche ou encore celui qui tire sur la sonnette d’alarme. (45)

En effet, M. Lambert prétend aujourd’hui qu’il a été l’un des premiers à dénoncer l’affaire des commandites à des journalistes.

Ce qui constitue une grande primeur, en quelque sorte, puisque c’est la première fois que M. Lambert revendique un tel rôle dans le scandale des commandites. Mais pourquoi a-t-il donc gardé le silence sur son rôle de dénonciateur durant toutes ces années ? Et pourquoi n’a-t-il pas dit un traître mot de ceci durant son témoignage à la commission Gomery ?

Pourtant, M. Lambert avait tout intérêt à le dire. Car, s’il l’avait dit, il aurait vraisemblablement été accueilli en héros. Comme M. Cutler.

Maintenant, M. Lambert prétend à qui veut l’entendre qu’il a claqué la porte de Groupaction, en janvier 2001, en raison de sérieux problèmes qu’il constata dans l’administration du programme des commandites. Encore-là, il s’agit d’une nouveauté : jamais M. Lambert n’a mentionné les raisons de son départ de la firme de M. Brault à quelque moment que ce soit durant la journée et demie que dura son témoignage devant le juge Gomery.

Et pourtant, l’ex-vice-président de Groupaction se dit aujourd’hui « fier » du rôle qu’il prétend avoir joué en exposant les magouilles du programme des commandites. Or, habituellement, quand quelqu’un ressent de la « fierté », il n’en fait pas un secret bien gardé.

Aux journalistes de CanWest, M. Lambert affirma avoir collaboré dès le début avec les enquêteurs de la GRC. Au reporter Marc Verrault de la Société Radio-Canada, M. Lambert déclara avoir parlé à des journalistes, en 2000, pour dénoncer une situation qui lui paraissait « inacceptable » à l’époque. « Inacceptable » ? Voilà une expression que n’a jamais utilisé M. Lambert lors de son témoignage devant le juge Gomery. (46)

« J’ai fait mon devoir de citoyen bien avant qu’on entende parler de ce qui est devenu le scandale des commandites et des activités publicitaires », surenchéri même M. Lambert.

Fait pour le moins inusité, le journaliste Joël-Denis Bellavance de La Presse s’est porté à la rescousse du candidat conservateur en confirmant les dires de M. Lambert selon lesquels il fut « une source précieuse » pour un petit groupe de journaliste qui enquêtait alors sur le programme des commandites.

(L’intervention de M. Bellavance soulève une autre question : le journaliste a-t-il contrevenu à son code de déontologie qui lui interdit de faire preuve de parti pris politique dans l’exercice de ses fonctions ? Que penserais le Conseil de presse du Québec de cette affaire ?)

M. Lambert est crédible lorsqu’il prétend qu’il aurait préféré taire sa collaboration avec les membres de la presse écrite—en admettant qu’elle aurait réellement existée. Il affirme d’ailleurs que c’est l’« opportunisme » du Bloc québécois qui l’a incité à révéler au grand jour son rôle de dénonciateur.

« Le Bloc québécois dit que c'est grâce à lui que c'est sorti », lança M. Lambert devant un parterre de journalistes. « C'est faux. Si le scandale des commandites est sorti, c'est qu'il y a eu des gens comme moi pour dénoncer ce qui se passait »

Or, il n’y a rien de nouveau dans le fait que le Bloc revendique le crédit d’avoir révélé le scandale des commandites. Le chef du Bloc, M. Gilles Duceppe, avait déjà fait de telles déclarations, notamment en 2004, et M. Lambert n’avait rien trouvé à redire.

Même si on ne demandait qu’à croire que M. Lambert dit la vérité, il n’en demeure pas moins qu’il y a plus d’une chose qui cloche dans son histoire.

Si, comme il l’a répété lors de son témoignage devant le juge Gomery, son rôle avait été aussi « marginal » et « effacé » dans les contrats de commandites de Groupaction qu’il le prétend, alors qu’est-ce que M. Lambert pouvait avoir de si intéressant à raconter à la presse et à la police ?

En fait, à force de comparer les déclarations qu’il a faites à titre de témoin devant la commission Gomery, et celles qu’il a faites aux médias en tant que candidat conservateur, on en vient à se demander si toutes ces paroles proviennent du même Jean Lambert tellement le contraste est foudroyant.

Mais il y a plus. Voici ce que M. Lambert déclarait tout récemment à la presse, en décrivant ce qu’il a ressenti en réalisant l’existence d’irrégularités au sein de Groupaction :

« Quand je me suis aperçu de ce qui se passait, je suis passé par toutes les émotions. Au début c'est la surprise. Puis l'incrédulité, l'impuissance, l'inquiétude, la peur. Ce qui est difficile, c'est de savoir quoi faire comme citoyen, comme personne honnête. » (47)

Encore une fois, soulignons qu’a aucun moment durant son témoignage à la commission Gomery M. Lambert n’a employé le mot « peur », ni évoqué la gamme d’émotions différentes qu’il prétend avoir ressenties.

Et pourtant, M. Lambert en rajoute. Il va jusqu’à dire qu’il a craint pour sa sécurité et celle de sa famille lorsqu’il quitta Groupaction, en 2001. Vraiment ? Et qui au juste suscitait de telles craintes chez M. Lambert ? M. Guité, dont il a vanté la « courtoisie » et la « générosité » ? Son ancien patron, M. Brault, qu’il décrivit comme un être « très affable » ? Ou M. Corriveau, qu’il qualifia d’« homme fort distingué » ? À moins que ça ne soit son ami Alain Renaud, qu’il fréquente encore aujourd’hui ?

Lorsque les journalistes lui ont demandé de préciser ses propos, M. Lambert répondit : « Quand vous dénoncez de puissantes organisations... » Mais il ne termina même pas sa phrase. Le candidat conservateur n’a pas voulut dire de quelle organisation il était question, ni dire s’il avait fait l’objet de menaces, ou s’il avait tout simplement été victime d’une imagination trop fertile…

Autrement dit, M. Lambert demande tout simplement à l’électorat de le croire sur parole, sans qu’il ait à faire l’effort d’apporter un minimum de preuve pour valider ses affirmations qui, à première vue, semblent pour le moins énormes. Voilà qui est beaucoup demandé à un électorat de plus en plus cynique et désabusé.

Questionné sur les fameuses « triplettes » de Groupaction, notre fier « dénonciateur » s’empresse pourtant de se réfugier derrière la loi du silence, en invoquant le fait que cette affaire est maintenant devant les tribunaux (en référence au procès Brault-Guité). « Je dois m’abstenir de tout commentaire, là, comme je vous dis, qui pourrait nuire à l’enquête et aux individus », plaide M. Lambert.

« Il faut tourner la page sur ces événements scandaleux », ajouta-t-il.

Voyez-vous ça ! Et ça sort directement de la bouche d’un candidat du Parti conservateur !

Pourtant, faut-il rappeler que si ce n’avait été de ce scandale, il n’y aurait pas eu d’élections, le gouvernement libéral serait encore au pouvoir, le Parti conservateur serait encore dans l’opposition et M. Lambert n’aurait pas eu l’opportunité de tenter sa chance en politique en présentant sa candidature dans Shefford.

En tout cas, pour un type qui essaie de se faire passer pour un farouche « dénonciateur », on a déjà vu mieux…

Cependant, après avoir examiné son témoignage à la commission d’enquête du juge Gomery, on comprend peut-être mieux pourquoi M. Lambert a tout intérêt à en dire le moins possible sur le scandale des commandites. Après tout, le candidat conservateur n’a pas toujours donné l’impression d’être au-dessus de tout soupçon dans cette affaire, en particulier lorsque le procureur Bernard Roy s’est mis à ressortir de vieilles notes de service au contenu plutôt embarrassant…

Le sénateur Pierre-Claude Nolin, qui est l’actuel directeur de la campagne des conservateurs au Québec, s’est évidemment porté à la défense du candidat de son parti dans Shefford. « Les gens vont comprendre rapidement que monsieur Lambert s'est extrait de lui-même de chez Groupaction justement parce que il n'aimait pas ce qu'il voyait », affirmait avec assurance M. Nolin.

Voilà un mensonge tellement gros qu’il entre directement en contradiction avec le propre témoignage que M. Lambert a offert devant la commission Gomery !

En effet, de son propre aveu, en 1997 ou en 1998, M. Lambert avait déjà été témoin de suffisamment d’irrégularités pour demander à son patron de ne plus être en charge des contrats du gouvernement fédéral. Mais cela ne l’empêcha nullement de continuer à oeuvrer au sein de Groupaction jusqu’au début de l’année 2001. Bref, le départ de M. Lambert ne s’est pas du tout déroulé de la façon que l’explique M. Nolin.

(Par une curieuse coïncidence, de septembre 1984 à janvier 1986, M. Nolin avait lui-même été le chef de cabinet de M. Roch Lasalle, à l’époque où ce dernier était ministre à Travaux publics dans le gouvernement Mulroney. Le nom de M. Lasalle avait d’ailleurs été associé à une multitude de scandales de corruption et de patronage qui avait contribué à le pousser à démissionner, en février 1987.)

Ainsi, il apparaît donc clair que le Parti conservateur du Canada a prit un risque politique inconsidéré en permettant à M. Jean Lambert de le représenter dans la présente élection fédérale.

Surtout que M. Lambert va encore se retrouver sous les feux des projecteurs pour son rôle, aussi « effacé » soit-il, dans le scandale des commandites puisqu’il doit témoigner pour la couronne lors du procès à venir de MM. Brault et Guité, qui doit se tenir au palais de justice de Montréal à partir du 1er mai 2006.

Et maintenant, les conservateurs demandent à l’électorat de Shefford partager eux aussi ce risque.

Notons d’ailleurs que M. Lambert ne semblait pas avoir été le premier choix des conservateurs dans le comté de Shefford. En effet, dans sa revue de l’année, le journaliste-humoriste Jean-René Duffort révélait que le parti de M. Harper avait approché la chanteuse Nathalie Simard pour qu’elle soit la candidate des conservateurs dans cette circonscription. (48)

Si cela n’avait pas été Jean Lambert, alors cela aurait été Nathalie Simard, l’ancienne vedette de la chanson pop qui est devenue une héroïne populaire depuis qu’elle a entrepris de dénoncer les abus sexuels dont elle a été victime aux mains de son agent, M. Guy Cloutier.

Oui, Mme Simard est une figure populaire. Mais de là à en faire une politicienne du Parti conservateur…

Accepter la candidature de Jean Lambert après avoir courtisé celle de Nathalie Simard n’a pas été la seule idée étrange qui traversé l’esprit des conservateurs au cours de cette campagne. En effet, le parti de M. Harper a aussi recruté l’ancien chef du Parti de la loi naturelle au Québec, M. Allen Mackenzie ! (49)

À l’époque où il militait pour le Parti de la loi naturelle, M. Mackenzie avait entre autres prôné l’embauche de 7000 experts en « vol yogique » afin de « répandre l’harmonie dans nos consciences collectives ». (Peut-être est-ce d’ailleurs grâce à lui que le Parti conservateur s’est mis à « planer » dans les sondages…)

Bref, le Parti conservateur au Québec, c’est un peu n’importe quoi.

N’importe qui, n’importe quoi pour arriver au pouvoir.

Et c’est précisément là qu’ils rejoignent les libéraux fédéraux de Paul Martin.

S’ils sont prêts à accueillir un Jean Lambert et un Allen Mackenzie dans leurs rangs, alors les conservateurs sont probablement prêts à faire n’importe quoi avec n’importe qui pour gagner. Comme les libéraux…

Après le 23 janvier 2006, il ne restera plus qu’à voir pendant combien de temps les conservateurs seront-ils capables d’éviter les scandales qui ternirent durablement la réputation de leurs prédécesseurs libéraux à Ottawa.

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Pour contacter le B.A.L. : bure...@yahoo.ca

* Le Bureau des Affaires Louches (BAL) est un organisme indépendant et non-partisan
qui a pour mission d’informer la population sur la corruption politique au Canada.
Conscient qu’il peut publier des choses parfois dures à avaler, le B.A.L. se fait un devoir de toujours citer scrupuleusement ses sources pour démontrer aux sceptiques qu’il n’invente rien.

Sources :

(1) La Presse, « Le PQ se défend d'avoir réclamé des contributions à Groupaction », par Denis Lessard, 7 avril 2005.
(2) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16662.
(3) Op. cit., p.16658.
(4) Op. cit., p.16659.
(5) Op. cit., p.16692.
(6) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16792.
(7) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16681.
(8) Op. cit., p.16680.
(9) Op. cit., p.16682.
(10) Op. cit., p.16682.
(11) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16803.
(12) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16696 & p.16697.
(13) Op. cit., p.16736 & p.16737.
(14) Op. cit., p. 16741.
(15) Op. cit., p. 16744.
(16) Op. cit., p. 16728.
(17) Op. cit., p.16689.
(18) Op. cit., p.16733.
(19) Op. cit., p.16734.
(20) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16785.
(21) Op. cit., p.16787.
(22) Op. cit., p.16789.
(23) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16671.
(24) Op. cit., p.16673.
(25) Op. cit., p.16674.
(26) Op. cit., p.16701.
(27) Op. cit., p.16701 et 16702.
(28) Op. cit., p.16709.
(29) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16801 et 16802.
(30) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16711.
(31) Op. cit., p.16713.
(32) Op. cit., p.16714.
(33) Op. cit., p.16715 et 16716.
(34) Op. cit., p.16717.
(35) Op. cit., p.16720.
(36) Op. cit., p.16706.
(37) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16750.
(38) Transcription de la Commission Gomery, journée du 7 avril 2005, p.16731.
(39) Op. cit., p.16743.
(40) Op. cit., p.16741.
(41) Transcription de la Commission Gomery, journée du 8 avril 2005, p.16752.
(42) Op. cit., p.16753.
(43) La Voix de l’Est, « Jean Lambert se sent des affinités avec le PC », par Frédérick Duchesneau, 6 décembre 2005.
(44) Globe and Mail, “Former Groupaction VP may run for Tories



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