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Petit malaise au comité électoral de Gilles Duceppe

Anonyme, Miércoles, Enero 18, 2006 - 22:26

Bureau des Affaires Louches

Au Jour 1 de la présente campagne électorale fédérale, le Bloc québécois est plongé dans l’embarras : La Presse révélait la présence de M. Jean-Yves Pantaloni à une réunion du comité électoral de Gilles Duceppe. Organisateur politique chevronné, qui fut actif tant chez les conservateurs de Mulroney qu’auprès du Parti québécois, M. Pantaloni avait été trouvé coupable dans une affaire de trafic d’influence et d’extorsion, en 1998.

ÉLECTIONS FÉDÉRALES DU 23 JANVIER 2006

Petit malaise au comité électoral de Gilles Duceppe

Par le Bureau des Affaires Louches *

Pour la quatrième fois en moins de dix ans, l’électorat canadien est appelé aux urnes. À la différence des scrutins fédéraux précédents, les élections du 23 janvier 2006 portent cette fois-ci principalement sur le thème de l’intégrité en politique.

Voila qui va de soi. Après tout, les trois partis d’opposition ont décidé de faire chuter le gouvernement libéral minoritaire de M. Paul Martin Jr, le 28 novembre dernier, sur une question d’intégrité, justement.

L’opposition entend ainsi capitaliser sur la malhonnêteté légendaire des libéraux fédéraux dans la foulée du premier rapport du juge John Gomery relativement au scandale des commandites.

Mais discourir sur la nécessité de restaurer l’intégrité en politique est une chose. Livrer la marchandise en est une autre.

Dans ce premier article d’une série de trois, le BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES se penche sur un petit malaise qui a marqué le début de la campagne du Bloc québécois.

Mauvais départ pour le Bloc québécois

On peut dire que la campagne électorale du Bloc québécois a commencé sur un bien mauvais pied.

En effet, le BQ s’est retrouvé dans l’embarras dès le Jour 1 du déclenchement de la campagne électorale lorsque le journaliste Denis Lessard, de La Presse, révéla que M. Jean-Yves Pantaloni, un vétéran de l’organisation politique qui a déjà été trouvé coupable de fraude, avait assisté à une réunion du comité électoral du chef du Bloc, M. Gilles Duceppe, le 27 novembre dernier. (1)

Voilà qui tombe plutôt mal pour une formation politique qui a décidé de faire campagne en exploitant au maximum la grogne populaire découlant du gigantesque scandale des commandites.

Or, s’il y a bien un parti fédéral qui a été épargné par les scandales, c’est bien le Bloc québécois. Contrairement aux autres partis politiques fédéraux, le Bloc n’est nullement intéressé à former un gouvernement à Ottawa. Le seul et unique objectif de la campagne du BQ, c’est d’être majoritaire au Québec.

Mais s’il n’est pas intéressé à exercer le pouvoir à Ottawa, il n’en demeure pas moins que le Bloc devient comme tous les autres partis en période électorale : il met les bouchées doubles pour « faire sortir le vote ». Et, à l’instar des autres partis, le succès ou l’échec de sa performance repose en bonne partie sur le travail de terrain que mènent ses organisateurs politiques.

Généralement peu connus du grand public, les organisateurs politiques sont souvent ceux qui font la différence entre la victoire et la défaite d’un candidat dans un comté. De toute évidence, M. Jean-Yves Pantaloni appartient à cette catégorie. Ainsi, à l’occasion de la présente campagne, M. Pantaloni s’apprêtait à participer à l’effort de guerre électoral pour le compte du Bloc… jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par son passé de fraudeur.

Qui est donc ce M. Pantaloni ? Pourquoi sa simple présence à une réunion du comité électoral de M. Duceppe a-t-elle causée tant d’émoi au Bloc ? Le BUREAU DES AFFAIRES LOUCHES répond à ces questions.

Le parcours déroutant d’un junkie de la politique

Déjà, en 1993, on disait de lui qu’il avait participé à une trentaine d’élections municipales, provinciales, fédérales, scolaires et autres. Alors âgé de seulement de 16 ans, Jean-Yves Pantaloni a débuté sa carrière d’organisateur politique lors des élections provinciales de 1970. Il avait alors « collé des timbres » et « fait sortir le vote » pour le compte du député de Lafontaine, M. Marcel Léger, qui deviendra plus tard ministre de l’Environnement et du Tourisme dans le gouvernement de René Lévesque. (2)

En 1978, M. Pantaloni et son équipe travaille à faire élire avec succès M. Maurice Vanier à la mairie de Pointe-aux-Trembles. M. Pantaloni deviendra par la suite secrétaire, puis chef de cabinet du maire Vanier. Son rôle principal est d’agir à titre de conseiller juridique pour l’administration municipale.

Lors du référendum sur la souveraineté du Québec de 1980, on retrouve M. Pantaloni dans le rôle d’organisateur politique pour le Comité du OUI dans le comté de Lafontaine.

Puis, de 1982 à 1986, M. Pantaloni se retrouve au cabinet du président du conseil exécutif de la ville de Montréal, M. Yvon Lamarre, à l’époque de l’administration du maire Jean Drapeau. Il joue aussi le rôle d’organisateur politique pour le compte du Parti civique.

Entre-temps, en 1983, M. Pantaloni plaide coupable à une accusation de pratique illégale de la profession d’avocat. Il est alors condamné à payer une amende de 200$. En 1979 et 1980, M. Pantaloni, qui avait obtenu une licence en droit mais n’avait pas fait son Barreau, s’était malgré tout fait passé illégalement pour un avocat. Il se faisait alors appeler « maître », après s’être fait faire une carte d’affaires laissant croire qu’il était avocat. M. Pantaloni était même allé jusqu’à représenter des clients en cour.

Toujours dans la première moitié des années ’80, M. Pantaloni a aussi négocié des ententes entre les élus de Pointe-aux-Trembles et ceux de Saint-Léonard qui permettront à ces derniers de prendre le contrôle de la commission scolaire Jérôme-Le-Royer (rebaptisée commission scolaire de la Pointe-de-l’Île depuis 2000). C’est d’ailleurs à cette même époque qu’un obscur comptable de Saint-Léonard accédera à la présidence de ladite commission scolaire. Son nom est… Alfonso Gagliano !

Ensuite, lors des élections provinciales de 1985, de 1989 et de 1994, M. Pantaloni fut l’un des principaux responsables de la campagne de l’ex-député péquiste André Boulerice (qui a récemment quitté la vie politique, en septembre 2005, quelques jours après avoir rencontré des journalistes de Zone Libre qui enquêtaient sur ses liens avec une entreprise contrôlée par un éminent membre des Hell’s Angels du Québec). (3)

À l’instar de plusieurs péquistes désillusionnés, M. Pantaloni s’impliquera également auprès du défunt Parti progressiste-conservateur alors dirigé par l’infâme Brian Mulroney. Ce qui n’empêcha nullement M. Pantaloni de continuer à se dépeindre comme un authentique militant souverainiste.

« Moi, je suis indépendantiste et je n’ai jamais changé d’idée! », soutient-il le plus sérieusement du monde plusieurs années plus tard. Le fervent organisateur politique justifiera sa collusion avec les conservateurs de Mulroney en disant qu’il n’avait fait que suivre « le mot d’ordre de René Lévesque » à l’époque du « beau risque ».

Lors des élections fédérales de septembre 1984, M. Pantaloni a plus particulièrement soutenu la candidature d’une nouvelle venue en politique, la jeune avocate Carole Jacques, qui, à la surprise générale, réussira à défaire la ministre libérale Céline Hervieux-Payette dans la circonscription de Mercier, basé dans l’est de Montréal.

Fait particulier, Mme Jacques a un lien de parenté, via sa mère, avec la célèbre famille criminelle québécoise surnommée le « clan Provençal ».

Aux élections fédérales suivantes de 1988, M. Pantaloni monte en grade en devenant l’organisateur principal de la députée Jacques, et le responsable de la levée de fonds pour le Parti progressiste-conservateur dans le comté de Mercier. À cette occasion, Mme Jacques fut alors réélue haut la main, avec 18 000 votes de plus que son adversaire libéral.

L’année suivante, M. Pantaloni devient coordonnateur de la campagne du Parti pour le Renouveau de Laval (PRL) qui sera battu par le Parti du Ralliement Officiel du maire Gilles Vaillancourt lors des élections municipales de 1989. À la même époque, il devient l’un des cofondateurs du Parti municipal de Montréal de l’ancien ministre libéral Jérôme Choquette.

De 1990 à 1992, M. Pantaloni exerce la fonction de commissaire à la Commission de l'immigration et du statut des réfugiés, une institution qui est réputé être un nid de patronage et de corruption de la pire espèce.

À l’automne 1992, alors qu’il était toujours organisateur pour les conservateurs, M. Pantaloni devient le directeur de la campagne du NON dans le comté de Sainte-Marie/Saint-Jacques à l’occasion du référendum sur l’Accord de Charlottetown, qui avait pourtant négocié le premier ministre Mulroney.

Fraude, corruption et extorsion

C’est en février 1993 que le monde de Jean-Yves Pantaloni commence à basculer. Les journaux révèlent alors que lui, et la députée Carole Jacques, font l’objet d’une enquête de la GRC depuis mai 1991 relativement à une affaire de trafic d’influence. Le duo était soupçonné d’avoir sollicité des sommes d’argent auprès de six compagnies différentes dont les bureaux se retrouvent dans le comté de Mercier.

En juillet 1993, M. Pantaloni est inculpé de huit chefs d’accusations criminels, dont quatre accusations de complot qui le visent conjointement, lui et la députée Jacques. M. Pantaloni est aussi accusé d’avoir « accompli quelque chose en vue d’aider » Mme Jacques à commettre quatre actes criminels différents, à savoir deux fraudes contre le gouvernement fédéral ainsi que deux trafics d’influence.

Lorsque Mme Kim Campbell succéda à M. Mulroney à la tête des conservateurs, Mme Jacques fut exclue du caucus du parti. Celle-ci décida malgré tout de tenter sa chance aux élections fédérales d’octobre 1993 comme candidate indépendante, sans toutefois réussir à se faire réélire.

Par ailleurs, notons que ce n’est pas là la seule affaire louche à laquelle Mme Jacques fut associée du temps où elle était députée à Ottawa. Ainsi, en mai 1994, le quotidien the Gazette révélait que le nom de l’ex-députée conservatrice était apparue sur des mandats de perquisition qu’avait exécutée la GRC dans le cadre d’une enquête sur une affaire de corruption, qui touchait cette fois-ci la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). (4)

Soupçonné d’être la tête dirigeante du réseau de corruption, l’agent de probation Pari Montanaro, qui était aussi conseiller municipal à Saint-Léonard, demandait de l’argent à des prisonniers ou à leur famille en échange d’une amélioration des conditions de détention ou d’une accélération du traitement de leur dossier par la CNLC.

En ce qui concerne Mme Jacques, la GRC avait découvert qu’elle avait référé à M. Montanaro le dossier d’un narcotrafiquant de haut calibre proche de la Mafia sicilienne, M. Raynald Desjardins, qui était alors en attente de procès pour l’importation de 740 kilos de cocaïne au Canada. Mme Jacques, qui, ironiquement, se recyclera plus tard dans le droit carcéral, ne sera jamais formellement accusée dans cette ténébreuse affaire. (5)

Il faudra attendre jusqu’en mai 1997 avant que ne débute le procès conjoint de M. Pantaloni et de Mme Jacques. Durant l’audition de la preuve, l’entrepreneur Alexander Rack, de Windsor (Ontario), racontera qu’en février 1991, M. Pantaloni avait exigé de lui 50 000$ pour l’aider à décrocher un prêt de 400 000$ auprès de la Banque fédérale de développement. (6)

Au cours de son témoignage au procès, M. Rack déclara que M. Pantaloni lui avait raconté qu’il était coûteux de maintenir une organisation politique, que les élections coûtaient chères aussi et que le « travail » de la députée Jacques n’était « pas gratuit ».

Ensuite, ce sera au tour de M. Marc Paquin, président de l’entreprise Les Industries de lavage Dentex Inc, d’offrir son témoignage. M. Paquin déclara que Mme Jacques et M. Pantaloni avaient tous deux exigé de lui, en avril 1991, la somme de 40 000$ en échange de leur assistance pour l’aider à obtenir un prêt de 798 000$ du gouvernement fédéral dans le cadre du Projet de relance industrielle de l’Est de Montréal (PRIEM). (7)

Dans les deux cas, les sommes exigées par M. Pantaloni correspondaient précisément à 5% de la valeur du prêt demandé. Notons qu’aucun des deux hommes d’affaires n’a versé l’argent demandé.

Dans son jugement de 35 pages, le juge Henri-Rosaire Desbiens de la cour du Québec s’est notamment attardé aux circonstances plutôt particulières qui entourèrent la rencontre des deux accusés avec M. Paquin. « Pourquoi cette rencontre clandestine en dehors de son bureau de comté ? », écrit le juge Desbiens. « Et pourquoi l’urgence ? Paquin descend de l’avion à Dorval et se rend directement, un dimanche, à la Cage aux sports qui se trouve tout près de chez lui et sur son chemin pour s’y rendre, sans même passer chez lui. » (8)

Le juge Desbiens nota également certaines contradictions dans les témoignages rendus par les accusés lors du procès. Ainsi, durant son témoignage, M. Pantaloni avait déclaré que Mme Jacques n’avait rien demandé à M. Paquin lors de leur première rencontre, alors qu’il avait plutôt affirmé dans sa déclaration à la police : « Nous avons demandé s’il pouvait nous aider pour le congrès » (du Parti progressiste-conservateur, à Toronto).

La version de la défense fut donc rejetée du revers de la main par le juge Desbiens, qui écrivit à ce sujet : « Je ne peux absolument pas croire leurs témoignages qui, analysés en regard de toute la preuve, ne sont pas crédibles. Je ne vois pas qui pourrait croire leur histoire. Leurs témoignages ne sont pas raisonnablement crédibles. J’affirme donc que je ne les crois pas. »

Le 23 janvier 1998, le juge Desbiens déclarera donc les deux accusés coupables. « La preuve établie qu’ils ont agi ensemble, qu’ils étaient connivence et qu’ils ont agi dans la clandestinité », lit-on dans le jugement.

En ce qui concerne M. Pantaloni, le juge conclua que ce dernier avait pris part à deux complots criminels avec la députée Jacques, et qu’il avait de plus porté son assistance à celle-ci en vue de l’aider à exercer du trafic d’influence. Quant aux quatre autres chefs d’accusation, le tribunal prononça un arrêt des procédures conditionnel.

Compte tenu du fait qu’« il y a eu complot, préméditation et préparation », le juge Desbiens les condamna à purger chacun une peine totalisant 60 jours de prison et à payer une amende totalisant 11 000$.

Le verdict de culpabilité sera ensuite confirmé par la Cour d’appel du Québec, qui allégera toutefois la sentence des deux magouilleurs à une peine de deux ans moins un jour « à purger dans la collectivité » assortie de 100 heures de travaux communautaires.

La condamnation du duo fut même porté en appel devant la Cour suprême du Canada, qui elle refusa de l’entendre, mettant ainsi définitivement fin à cette longue saga judiciaire, en janvier 2002.

En bout de ligne, ni l’ex-députée Jacques, ni son organisateur Pantaloni n’auront passé une seule journée dans une cellule de prison. Ainsi va la justice au pays des commandites…

Cachez ce Pantaloni que
Duceppe ne saurait voir!

Tel un chewing gum tenace qui refuse de décoller de la semelle d’un soulier, M. Pantaloni semble incapable d’envisager de recommencer une nouvelle vie loin de la politique. Ainsi, même après sa condamnation, en 1998, M. Pantaloni continua à offrir ses services d’organisateur aux différentes composantes politiques du mouvement souverainiste québécois, chez qui il ne semble pas avoir eu de difficultés à trouver preneur.

Encore tout récemment, on apprenait de la bouche de M. Pierre-Luc Paquette, un des hommes de confiance de M. Duceppe, que M. Pantaloni avait collaboré à la campagne de M. André Boisclair lors de la récente course à la chefferie du Parti québécois.

De plus, M. Paquette a aussi révélé que M. Pantaloni travaille présentement à la campagne du successeur de M. Boulerice dans le comté de Sainte-Marie/Saint-Jacques, M. Martin Lemay, un ancien conseiller municipal du parti Vision Montréal.

Dans ce contexte, quoi de plus normal que de voir cet organisateur politique aguerri aboutir au sein du comité électoral du Bloc ? Or, le moment ne pouvait être plus mal choisi, car le Bloc entend bien faire campagne sur le thème de l’intégrité en politique. Et ce n’est évidemment pas avec un tel personnage dans ses rangs que le Bloc pourra faire honneur au slogan qu’il avait mis de l’avant durant les élections de juin 2004, « un parti propre au Québec »…

Contacté par le quotidien La Presse, qui voulait en savoir plus sur les motifs de sa présence à la réunion du dimanche 27 novembre 2005 du comité électoral de M. Duceppe, M. Pantaloni semblait à court d’explications. « J’étais là par erreur, je n’avais pas d’affaires là », déclara-t-il sur un ton repentant.

« Ils voulaient mon avis sur la sortie du vote dans une élection en hiver », a expliqué M. Pantaloni, qui travaille à la ville de Montréal depuis 1982. « Je n’ai pas de poste dans l’organisation, je suis un bénévole, je ne suis pas payé. Je ne peux pas occuper de poste, être dans un cabinet politique, même si j’ai payé ma dette à la société », a-t-il précisé. « Je ne devais pas être à cette réunion, il y a quelqu’un qui a commis une erreur. Je ne croyais pas qu’il s’agissait d’une réunion du comité électoral. M. Duceppe ne savait pas que j'étais là… »

Comprenant que c’est l’image de marque de son parti qui en dépend, M. Duceppe fut rapide à réagir à la controverse. « Il n’est pas dans l’organisation », a-t-il insisté lors d’une conférence de presse tenue trois jours plus tard, le 30 novembre. « Il n’est pas dans le comité électoral. J’ai été surpris de le voir et dès dimanche après-midi, j’ai demandé qu’il ne soit plus présent à aucune des assemblées. Il n’a jamais travaillé pour moi, il ne fait pas parti du comité électoral. Il n’a pas d'affaire là ; il n’y sera pas ni de près, ni de loin. »

MM. Pantaloni et Duceppe s’entendent donc sur un point : le monsieur n’avait pas d’affaire là. Et pourtant, il y était. Ces explications opaques ont de quoi laisser plutôt perplexe. M. Pantaloni ne s’est tout de même pas retrouvé là par une bête erreur de téléportation ! Il a forcément fallut qu’il soit invité par une personne membre de l’organisation bloquiste qui souhaitait le voir impliqué dans la campagne.

Mais donc qui a eu l’idée saugrenue d’inviter Jean-Yves Pantaloni à assister à cette réunion du comité électoral bloquiste ?

« Je ne le sais pas », a commencé par répondre M. Duceppe. « J’enquête sur ça pour voir. Ce n’était pas moi personnellement, c’est une personne qui était présente à ce comité électoral-là qui avait pris sur elle-même de l’inviter. C'est une erreur et dès dimanche, je suis sorti de cette réunion et j’ai dit: ‘on prend des mesures, je ne veux pas qu’il soit là’. »

Faites ce que je dis…
…pas ce que je fais

Plus tard durant la journée du 30 novembre, M. Duceppe a précisé que c’était « un militant de bonne foi » qui était responsable de la présence de l’organisateur indésirable. Le chef bloquiste refusa toutefois d’en dire davantage et refusa de dévoiler l’identité de ce mystérieux militant. « C’est un militant de la base qui n’est ni un de mes adjoints, ni quelqu’un qui a un poste d’élu au Bloc », a indiqué M. Duceppe. (9)

Bien entendu, les libéraux fédéraux ne se sont pas fait prier pour faire les gorges chaudes de cette affaire. Ainsi, le 30 novembre 2005, l’aile québécoise du Parti libéral du Canada (PLC) diffusait un communiqué de presse, intitulé sarcastiquement « Invité par erreur ?!? », dans lequel il est allégué que M. Pantaloni « gravite maintenant dans la garde rapprochée de Gilles Duceppe ». (10)

M. Denis Coderre, ex-ministre fédéral et député du comté de Bourassa, fut d’ailleurs le premier politicien libéral qui chercha à embarrasser publiquement le Bloc avec cette histoire. « Il est ironique que ceux qui salissent des réputations depuis des mois s’associent maintenant avec cet organisateur du Parti Conservateur, du Parti Québécois et maintenant du Bloc condamné pour ces graves actes répréhensibles », lança M. Coderre

(À peine quelques semaines plus tôt, M. Coderre avait d’ailleurs menacé le Bloc et son chef de poursuite pour libelle diffamatoire après que ceux-ci eurent distribué un dépliant électoral, intitulé « Scandale des commandites : La route de l’argent », dans lequel figurait la photo du député du comté de Bourassa).

Dans un tel contexte, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que M. Coderre s’en donne à cœur joie en tournant en dérision l’ignorance auto-proclamée du chef bloquiste relativement à la présence de M. Pantaloni. « M. Duceppe espère-t-il sérieusement nous faire croire qu’il n’est pas au courant de qui assiste aux réunions du comité électoral du parti dont il est le chef et auxquelles lui-même assiste ? », affirma le candidat libéral. (11)

Pour le PLC, M. Duceppe n’a donc d’autre choix que de révéler l’identité de ce « militant de bonne foi » qui est à l’origine de la présence M. Pantaloni à cette réunion. Ce qui était peine perdue.

Ironiquement, si M. Duceppe refuse de donner le nom de celui qui invita M. Pantaloni à la réunion du BQ, il est pourtant souvent le premier à demander des noms lorsque ce sont ses rivaux politiques qui se retrouvent dans l’embarras.

Ainsi, suite au dépôt du premier rapport de la commission Gomery, le 1er novembre 2005, M. Duceppe exigeait du premier ministre Paul Martin qu’il rende public les noms de ceux qui reçurent de l’argent sale provenant du programme des commandites.

Puis, lorsque éclata la controverse entourant une des premières publicités électorales du Parti libéral du Canada, dans laquelle le concept de la Ligue nationale d’improvisation fut copieusement plagié, M. Duceppe était encore une fois le premier à réclamer des noms !

Quand il fut révélé que le concepteur de ladite publicité, M. Marc-André Rivard, était un ancien directeur créatif de la firme Groupaction, et qu’il siégeait sur un comité publicitaire du PLC composé d’une vingtaine de personnes qui ne tiennent pas particulièrement à être identifiées sur la place publique, la curiosité de M. Duceppe n’en fut que plus aiguisée. (12)

« J’aimerais que les libéraux nous disent qui donc forme ce comité », s’est alors exclamé M. Duceppe. « Qui siège sur ce comité, qui sont-ils? D’où viennent-ils? Quels liens ont-ils? » Voilà autant de questions auxquelles le chef bloquiste exige une réponse. Conscient qu’il est peu vraisemblable qu’il obtienne satisfaction, le chef bloquiste ajouta : « Quand on ne veut pas dévoiler les noms de ceux qui sont là, il y a certainement un malaise. » (13)

M. Duceppe semble certainement très bien placé pour le savoir, lui qui, à peine deux semaines plus tôt, refusait obstinément de donner le nom du militant du Bloc qui avait invité M. Pantaloni à siéger à la rencontre de son propre comité électoral.

Enfin, dans l’affaire des fuites entourant l’annonce du ministre libéral Ralph Goodale relativement aux fiducies de revenu, M. Duceppe était une fois de plus en train de demander des noms lorsqu’il fut révélé qu’une réunion avait lieu au bureau de M. Goodale avec des investisseurs financiers dans les heures précédent l’annonce du ministre, le 23 novembre 2005.

« Moi, j’aimerais savoir le nom des courtiers qui étaient présents à cette rencontre avec Ralph Goodale le 23 au matin », déclara M. Duceppe. « Et Paul Martin doit exiger que Ralph Goodale nous donne ces noms. » (14)

Dis-donc, Gilles, comment ça se fait qu’il n’y a que toi qui a le droit d’exiger des noms ?

Pourquoi tu ne donnerais pas l’exemple avant de demander aux autres de faire ce que tu as toi-même refusé de faire ?

Réponse suggérée du Bureau des Affaires Louches : parce dans tous les partis, y compris de toute évidence dans le Bloc, il existe des choses et des gens dont on préfère taire l’existence.

C’est aussi simple que ça.

D’ailleurs, si M. Pantaloni a vraisemblablement été banni des réunions du comité électoral de M. Duceppe, il y a fort à parier que le militant de « bonne foi » qui avait eu l’idée de l’inviter aura réussit à lui trouver un rôle plus discret pour cet « indispensable » organisateur politique.

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Pour contacter le B.A.L. : bure...@yahoo.ca

* Le Bureau des Affaires Louches (BAL) est un organisme indépendant et non-partisan
qui a pour mission d’informer la population sur la corruption politique au Canada.
Conscient qu’il peut publier des choses parfois dures à avaler, le B.A.L. se fait un devoir de toujours citer scrupuleusement ses sources pour démontrer aux sceptiques qu’il n’invente rien.

Sources :

(1) La Presse, « J’étais là par erreur—Un ex-fraudeur au comité électoral de Duceppe », par Denis Lessard, 30 novembre 2005.
(2) La Presse, « Soupçonné par la GRC, Jean-Yves Pantaloni est un maniaque de l’organisation politique », par André Pratte, 6 février 1993.
(3) La Presse, « Parti québécois—Un député a appuyé une entreprise liée aux Hells Angels », par Presse Canadienne, 7 octobre 2005.
(4) The Gazette, “Former MP named again in RCMP search warrant



Asunto: 
Hourra pour les Affaires Louches!
Autor: 
patc
Fecha: 
Jue, 2006-01-19 13:32

Longue vie au Bureau des Affaires Louches!


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