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Le Bloc québécois soutient l'impérialisme canadien en HaïtiAnonyme, Domingo, Diciembre 25, 2005 - 11:33 (Analyses | Imperialism)
Arsenal-express
Dans un article récemment publié par l'hebdomadaire Haïti Progrès (vol. 23, n° 39, 7-13 décembre 2005), le militant anti-impérialiste montréalais Yves Engler(1) a levé le voile sur la position honteuse du Bloc québécois, qui soutient totalement la politique actuelle du gouvernement libéral de Paul Martin en Haïti. Comme on le sait, le Canada a joué un rôle crucial dans toute l'opération ayant mené au renversement du gouvernement légitime dirigé par Jean-Bertrand Aristide le 29 février 2004. Le président élu haïtien a alors été littéralement kidnappé par des militaires états-uniens et déporté hors du pays, pour la simple raison que l'impérialisme US n'arrivait plus à contrôler cet homme qui affichait de plus en plus ouvertement sa volonté d'indépendance par rapport à la superpuissance hégémonique. Étant donné que les militaires états-uniens avaient déjà fort à faire en Irak et en Afghanistan (notamment), l'impérialisme US a alors décidé de "sous-traiter" l'occupation illégale de ce pays souverain à une "coalition" mise sur pied sous les auspices des Nations unies, dans laquelle les militaires et policiers canadiens ont été appelés à jouer un rôle clé. Le gouvernement Martin, qui se targue d'appliquer une politique étrangère différente de celle de George W. Bush, a accepté avec enthousiasme d'accomplir le sale boulot que celui-ci lui a demandé, d'autant plus qu'il y a vu une bonne occasion de faire valoir les intérêts particuliers des capitalistes canadiens, qui rêvent de conquérir Haïti et d'exploiter ses richesses et sa main-d'œuvre à bon marché. Le ministre des Affaires étrangères Pierre Pettigrew ainsi que le conseiller spécial nommé par Paul Martin pour s'occuper des "affaires haïtiennes", Denis Coderre, se sont fait aller la couette et le cul, respectivement, pour mettre en place un régime aux ordres en Haïti et écraser toute forme d'opposition contre l'occupation. C'est dans ce contexte que lors d'une récente réunion du Comité permanent des affaires étrangères, le député bloquiste et ex(?)-trotskiste Pierre Paquette a invectivé la député néo-démocrate Alexa McDonough parce que celle-ci a osé parler du *renversement* du président Aristide. Paquette l'a carrément prise à partie, exigeant qu'elle utilise plutôt le mot *départ* pour qualifier le kidnapping et la déportation du chef d'État! Ce triste individu, qui n'a jamais hésité par le passé à dénoncer les "falsifications historiques staliniennes", n'hésite désormais plus à se prêter à des falsifications historiques... impérialistes. Comme le souligne Yves Engler, la position du Bloc rejoint celle de Pierre Pettigrew et de George W. Bush lui-même, qui ont toujours tenté de faire passer ce coup d'État soigneusement planifié par l'impérialisme US pour un "départ volontaire". Les pays du Marché commun des Caraïbes (CARICOM) et ceux de l'Union africaine, qui refusent toujours de reconnaître le gouvernement fantoche mis en place par les occupants, n'ont quant à eux jamais hésité à parler de "renversement" pour qualifier ce qui s'est tramé et passé le 29 février 2004. En soutenant ainsi la politique canadienne en Haïti, le Bloc québécois se fait le complice du régime de terreur qui règne actuellement dans ce pays. Les troupes d'occupation n'hésitent pas à massacrer la population civile, tandis qu'on ne voit pas l'ombre de l'"État de droit" promis par les occupants: selon l'organisme Justice et paix, au moins 700 prisonnières et prisonniers politiques croupissent actuellement dans les geôles haïtiennes, incluant le père Gérard Jean-Juste - un proche d'Aristide détenu sans procès ni accusation depuis déjà plusieurs mois. Celui-ci (Jean-Juste) a d'ailleurs tenté sans succès de participer aux "élections", que le régime fantoche est supposé organiser mais qu'il n'en finit plus de reporter. Son bulletin de candidature a été rejeté par le "conseil électoral", parce que la loi haïtienne exigerait que le candidat le dépose en personne... Évidemment, cela s'avère plutôt difficile pour quelqu'un qu'on maintient en prison! Cette anecdote en dit long sur la qualité des "élections" désormais prévues pour la mi-janvier. Yves Engler n'hésite pas à mettre en relation la position honteuse du Bloc avec celle des organisations dites "non-gouvernementales" (cette appellation constitue un véritable non-sens, dans la mesure où ces groupes dépendent à 99,9% du financement de l'État), qui ont refusé de dénoncer le coup d'État et qui travaillent en ce moment même à établir et consolider le pouvoir d'occupation en Haïti. Compte tenu des liens historiques entre le Québec et Haïti, l'Agence canadienne de développement international (l'ACDI, qu'il conviendrait de rebaptiser "Agence canadienne de développement IMPÉRIALISTE") a choisi de financer et d'utiliser une kyrielle d'ONG québécoises, qui défendent désormais la politique impérialiste canadienne en Haïti, comme c'est le cas du groupe montréalais "Alternatives". L'auteur et militant mentionne également le rôle joué par la FTQ, qui a bloqué une résolution proposée par des syndicats du Canada anglais au congrès du CTC tenu en juin 2005, qui critiquait le rôle joué par le Canada en Haïti. Il faudrait rajouter à cette liste le nom de la dirigeante du nouveau parti Option citoyenne, Françoise David, qui revient tout juste elle aussi d'un voyage en Haïti (toutes dépenses payées, vraisemblablement), où elle est allée aider à structurer les forces opposées à Aristide et qui soutiennent le régime de facto actuel. Yves Engler pose la question: pourquoi le Bloc et la "gauche" québécoise se sont-ils ainsi alignés sur la position canadienne? Il soulève l'hypothèse suivante: se peut-il que cela ait quelque chose à voir avec le fait que de nombreuses compagnies québécoises ont des intérêts dans ce pays? Ce que Yves Engler soulève, en fait, c'est toute la question du développement du capitalisme au Québec, de l'intégration de la bourgeoisie nationale québécoise dans le cadre de l'impérialisme canadien et du rôle désormais pleinement réactionnaire joué par le mouvement nationaliste et l'État québécois dans ce processus. Impérialisme canadien (et québécois), hors d'Haïti! (1) Yves Engler est ce militant qui a été arrêté le 1er décembre, après qu'il eût interrompu le Premier ministre Paul Martin lors d'une conférence que celui-ci donnait à Montréal, en criant: "En ce moment, les Haïtiens meurent!" Ce geste hautement dangereux (!) lui a valu de passer quatre jours en prison; il a été remis en liberté, en attente de procès, moyennant une caution de 5 000$ et une interdiction de s'approcher "de tout politicien fédéral ou provincial". En période électorale, aussi bien dire qu'il est condamné à rester chez lui; même qu'il ferait mieux de ne pas ouvrir la porte quand on sonnera... _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 76, le 25 décembre 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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