...comme dans "zapping" ou encore, "j'pus capable de garder les yeux ouverts". Telle fut la réaction de la plupart d'entre nous qui avons regardé le premier débat des chefs présenté jeudi soir, dans le cadre de l'actuelle campagne électorale fédérale.

Depuis le déclenchement des élections il y a trois semaines, les partis qui participent au cirque électoral ont ressorti leurs pancartes et l'essentiel des discours et promesses qu'ils nous ont déjà livrés il y a 18 mois, tout cela pour un résultat qui s'avèrera vraisemblablement le même, à peu de choses près: un gouvernement minoritaire libéral soutenu par le Nouveau parti démocratique ou sinon, un autre gouvernement minoritaire, conservateur celui-là, qui se maintiendra au pouvoir en gouvernant "au centre", i.e. dans la continuité de la vieille politique bourgeoise canadienne, avec l'appui du... Bloc québécois!

Ceux qui pensaient que le débat des chefs allait être l'occasion d'un débat de fond sur les grandes questions qui traversent la société canadienne ont dû être bien déçus... Il faut dire que la formule choisie d'un commun accord par les quatre partis et le consortium des télédiffuseurs - aucun échange entre les candidats, qui se contentent de répondre aux questions d'un "public" trié sur le volet - est faite sur mesure pour la langue de bois et la répétition des éternelles phrases creuses conçues pour faire la manchette du clip de 30 secondes qui ouvrira le journal télévisé de fin de soirée. Chacun s'est donc défendu de ses propres incohérences, de ses "mauvais coups", voire de ses pratiques corrompues, en accusant l'autre d'avoir fait pareil: c'est là un jeu auquel il leur est assez facile de se prêter, dans la mesure où ils ont tous, en effet, quelque chose à se reprocher...

Le seul moment de vérité de toute la soirée est probablement survenu quand une femme a demandé aux quatre protagonistes de s'engager sur l'honneur à respecter leurs promesses électorales, ce qu'aucun n'a daigné faire - pas même Jack Layton ni Gilles Duceppe, eux qui n'avaient pourtant rien à perdre puisqu'ils n'ont aucune chance de prendre le pouvoir!

Cet impair en aura sûrement convaincu encore plus, parmi ceux et celles qui hésitaient encore, que tout ce cirque est inutile et qu'il vaut bien mieux, comme le proposent d'ailleurs les maoïstes du PCR(co), boycotter ces élections bidon!