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Secteur public: un dénouement prévisible

Anonyme, Sábado, Diciembre 17, 2005 - 23:24

Arsenal-express

Dans un geste que ses prédécesseurs ne se sont jamais gênés d'utiliser mais qui demeure toujours tout autant méprisable, le gouvernement libéral de Jean Charest a mis sa menace à exécution et utilisé la procédure du bâillon pour décréter les conventions collectives des quelque 500 000 salariéEs du secteur public québécois - à l'exception notable des flics et des médecins, qui sont les seuls à ne pas être visés par la loi spéciale adoptée par les Libéraux!

Les nouvelles conventions prévoient des augmentations de salaires totalisant un maigre 8% sur six ans: les salaires resteront gelés pour les deux premières années et augmenteront ensuite de 2% annuellement. Avec un taux d'inflation à la hausse qui atteint déjà les 2,3% au Québec en ce moment, il est facile de mesurer l'importante perte de pouvoir d'achat que subiront les employéEs de l'État. En outre, le "règlement" imposé par le gouvernement Charest frappera encore plus durement les bas salariéEs, comme les concierges dans les écoles et les préposéEs aux bénéficiaires en milieu hospitalier, dans la mesure où 2% d'un salaire annuel de 25 000$ ou 30 000$ n'a bien sûr pas la même signification que lorsqu'il s'agit des emplois les mieux rémunérés. Cela, même le chef de l'ADQ Mario Dumont, qui n'est pourtant pas particulièrement reconnu pour son biais pro-syndical (!), n'a pu s'empêcher de le noter, en rappelant que c'eût été la moindre des choses que le pouvoir d'achat des syndiquÉes du secteur public soit protégé.

Tel n'est toutefois pas l'opinion des membres de ce gouvernement exceptionnellement incompétent qui dirige actuellement l'État québécois. Le Premier ministre Charest et la ministre responsable des négociations, Monique Jérôme-Forget, avaient annoncé dès le départ leur refus de négocier au-delà du cadre financier rigide qu'ils avaient établi. Le dénouement de toute l'histoire était donc hautement prévisible, d'autant plus que les dirigeantes et dirigeants du mouvement syndical n'ont rien fait - c'est le moins qu'on puisse dire - pour qu'il en aille autrement.

Les Henri Massé, Claudette Carbonneau et Réjean Parent peuvent bien pousser les hauts cris et promettre qu'ils "ne lâcheront pas ce gouvernement-là" (dixit Massé), le fait demeure que ces forts en gueule n'ont rien fait et qu'ils ont même joué le rôle de sapeurs-pompiers, quand le gouvernement était dans les câbles et qu'une large mobilisation syndicale et populaire était envisageable.

À la même période de l'année, il y a exactement deux ans, des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs s'étaient mobiliséEs, à travers une série d'actions qui commençaient à menacer sérieusement la paix sociale et l'ordre public, contre la série de lois iniques que le gouvernement Charest s'apprêtait à adopter, dont celle qui venait modifier les dispositions du Code du travail visant à favoriser la sous-traitance. Dès les premières semaines de l'année 2004, les grandes centrales syndicales avaient entrepris de consulter leurs membres sur une proposition visant à déclencher une grève générale "public-privé" contre l'ensemble des politiques de ce gouvernement, dont l'impopularité atteignait un niveau jamais vu dans l'histoire récente du Québec. Mais il a suffi que le gouvernement convoque les leaders syndicaux à une grand-messe à la sauce péquiste, à l'automne, pour que tout ce beau monde refasse le pari de la "négociation de bonne foi" et reporte aux calendes grecques toute possibilité de grève.

Plus récemment, au printemps dernier, alors qu'il était déjà évident que rien ne bougerait aux tables de négociation, les centrales syndicales ont refusé de se joindre au mouvement de grève étudiante contre les coupures imposées par le gouvernement Charest dans le régime des prêts et bourses - le président de la FTQ, Henri Massé, allant même jusqu'à condamner la grève. Il est d'ailleurs abusif de prétendre, comme l'a fait cette semaine l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (l'ASSÉ) dans un communiqué qu'elle a émis pour dénoncer la loi spéciale, que les syndicats avaient alors "appuyé le mouvement étudiant": le chef de la plus importante centrale, on l'a vu, s'en était carrément dissocié, tandis que ceux de la CSN et de la CSQ avaient outrageusement soutenu leurs amiEs péquistes des grandes fédérations étudiantes FECQ et FEUQ, ceux-là même qui ont éventuellement trahi le mouvement.

Le sentiment qui dominait jeudi soir, alors que l'Assemblée nationale s'apprêtait à adopter la loi spéciale, était qu'on allait "s'en souvenir" et que le PLQ allait en "payer le prix" dans deux ans, lors des prochaines élections. Mais y a-t-il quelqu'un qui puisse sérieusement prétendre que la situation sera différente si le Parti québécois l'emporte, et croire que ce parti va réparer l'affront fait aux employéEs de l'État? Ce parti bourgeois, qui a pour principal objectif de réaliser la grande "union nationale" de tousTES les QuébécoisES, sera alors bien trop occupé à réunir les "conditions gagnantes" en vue d'un éventuel référendum sur la souveraineté, pour remettre en question un arrangement qui de fait, satisfait les intérêts de la grande bourgeoisie québécoise.

Questionné par des journalistes, le porte-parole du PQ, Sylvain Simard, a d'ailleurs refusé de s'engager en ce sens, expliquant que "ce serait absolument irresponsable d'annoncer aujourd'hui que nous allons rouvrir les conventions collectives" (La Presse, 16/12/2005).

Ce qui est irresponsable et franchement inacceptable, disons-le, c'est de voir le mouvement syndical et la gauche officielle québécoise coucher avec le PQ et faire reporter la défense des intérêts des travailleuses et des travailleurs sur les épaules d'un parti qui n'a pourtant jamais hésité à les trahir.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 75, le 18 décembre 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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