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Ils m'ont frappé pendant 24 heuresléniniste-trotskyste, Sábado, Diciembre 17, 2005 - 11:56 Article fort intéressant de la journaliste israélienne Amira Hass qui illustre la brutalité de l'armée israélienne envers les Palestiniens. Ils m’ont frappé pendant 24 heures Amira Hass Dimanche matin, Taher Ouda, un détenu palestinien mineur d’âge, a quitté l’hôpital. Lundi soir, il a été libéré et a pu rentrer chez lui. Durant toute une journée, retenu par la police militaire, il n’a pas mangé, pas bu et n’a pas été autorisé à se rendre aux toilettes. D’après son témoignage, il n’aurait pas cessé de recevoir des coups. Taher Ouda après sa libération. Dimanche matin, 4 décembre, trois jours et demi après qu’il a été blessé et hospitalisé, les MP l’ont fait sortir de l’hôpital. Du côté de l’hôpital Schneider, on déclare qu’ « à la fin des soins donnés à l’hôpital, le jeune garçon a été libéré avec des instructions pour la suite des soins et seulement après que l’équipe médicale se soit assurée auprès de l’armée de défense d’Israël qu’il serait transféré dans un établissement à même de lui donner un traitement médical adapté ». Au cours des premiers jours d’arrestation, les enquêteurs envoyés par la police ou les services de la sécurité générale [Shabak] ont coutume d’interroger le détenu palestinien dans le but d’obtenir des aveux qui serviront de base à un acte d’accusation et à l’incrimination d’autres personnes. Mais lundi passé, 5 décembre, Taher Ouda a été libéré et ramené chez lui. Au milieu des embrassades, des baisers, des bénédictions et des nombreux visiteurs, il a raconté quel genre de « traitement médical adapté » il avait reçu au cours des deux jours qui ont suivi sa sortie de l’hôpital. On ne lui a pas officiellement signifié où il était ni par qui il était retenu. C’est pourquoi il parle indifféremment de « soldat » et de « policier » (alors même qu’il s’agit selon toute apparence d’un établissement des Services pénitentiaires). La Sécurité Générale et la police ont fait savoir à « Haaretz » n’avoir eu aucun contact ni aucun lien avec lui (autrement dit, elles n’étaient pas impliquées dans l’enquête). Il est apparu que c’est la police militaire qui était responsable de lui dès le premier jour et ce jusqu’à ce qu’elle l’ait placé sous la responsabilité des Services pénitentiaires, lundi 5 décembre avant midi. J’ai dit aux soldats que j’avais froid « Après le petit-déjeuner de dimanche (à l’hôpital) », a raconté Taher Ouda à « Haaretz » et à des militantes de « Machsom Watch », « j’ai regardé un film puis les soldats ont reçu un message. Ils m’ont fait sortir de l’hôpital. J’ai demandé quelle heure il était et ils m’ont dit qu’il était dix heures. Je ne portais que la blouse de l’hôpital et un manteau. Sans sous-vêtements ni pantalon. J’ai essayé d’expliquer aux soldats (ils ne parlaient pas l’arabe et Taher Ouda ne parle pas l’hébreu - A. H.) que je n’étais pas habillé et que j’avais froid mais ils n’y ont pas prêté attention. « J’ai demandé où on allait et le soldat m’a dit qu’il ne savait pas. Le tout en langage des signes. Les soldats poussaient le fauteuil roulant. Ma jambe blessée traînait par terre, devant moi. Un des soldats a essayé d’arranger mon pied (pour qu’il ne traîne pas par terre) mais il n’y est pas parvenu. Dans le sac que j’avais avec moi, il y avait des sous-vêtements qu’on m’avait envoyé de la maison, un téléphone portable que papa m’a donné, du chocolat et un cahier que papa m’a envoyé à l’hôpital et dans lequel il y a un lettre de ma sœur. Dans le cahier, j’ai aussi commencé à noter mes souvenirs de l’hôpital. « Ils m’ont fait entrer dans une voiture de l’armée. Il n’y avait pas la place pour s’étendre. Seulement des sièges. A côté du conducteur était assis un soldat et un deuxième soldat était assis à l’arrière. La voiture a fait beaucoup de haltes. A chaque fois, le conducteur descendait de voiture puis revenait. Mes mains étaient attachées en permanence, mais pas mes pieds. « Nous sommes arrivés dans un grand espace où j’ai vu des voitures de patrouille et des bureaux. J’ai aussi vu des soldats menottés. J’ai demandé quelle heure il était et on m’a dit qu’il était deux heures. Je suis resté assis dans l’auto pendant à peu près une demi-heure puis on m’en a fait sortir. Un des soldats qui me gardait déjà à l’hôpital et qui portait une kippa, m’a serré la main et m’a dit au revoir. Il m’a regardé dans les yeux et j’ai vu qu’il avait des larmes dans les yeux. « On m’a conduit dans une camionnette qui était garée là. On m’a fait me tenir debout à l’intérieur, sur mes deux jambes, même celle qui est blessée. Ils m’ont attaché les mains à la poignée intérieure, au-dessus de la vitre. J’ai plié ma jambe saine et la jambe blessée que je ne pouvais pas plier, je l’ai étendue vers l’avant. J’avais la tête et le (haut du) dos courbé en permanence parce que j’étais plus haut que la poignée. « Quelqu’un est arrivé. J’ai distingué deux feuilles sur la chemise de son uniforme. La porte latérale s’est ouverte et est restée ouverte. Il tenait un dossier. En le montrant, il m’a dit "signe". J’ai refusé. Il m’a giflé. Il n’a rien demandé, seulement exigé que je signe. Il s’en allait puis revenait sans cesse. Et chaque fois, il exigeait que je signe. Moi, je refusais. Il m’a giflé, donné un coup de pied dans ma jambe saine et est parti, puis il est revenu après un certain temps, a de nouveau exigé que je signe, j’ai de nouveau refusé et il m’a frappé. « Comme ça jusqu’au soir, quand ils m’ont fait sortir de la voiture. Je me dis qu’il devait être aux alentours de dix heures. Pendant toutes ces heures, je n’avais pas mangé, pas bu et on ne m’a pas permis d’aller aux toilettes. J’ai seulement reçu des coups. Le soir, ils sont venus, ils m’ont détaché les pieds mais je suis resté menotté. Ils m’ont conduit, à pied, à la prison qui se trouvait là. Ils ont recommencé à exiger que je signe "pour être libéré" et j’ai refusé. Ils ne m’ont pas lu ce qui était écrit, c’était en hébreu. Ils m’ont introduit dans une pièce où il y avait deux lits superposés. J’ai demandé à manger, le soldat m’a apporté une nourriture non identifiable et je n’ai pas mangé. J’ai demandé à pouvoir aller aux toilettes. Ils m’ont permis d’y aller mais ils ne m’ont pas aidé alors que c’était difficile pour moi. Ils m’ont seulement crié dessus. « Je voulais dormir et je me suis couché sur un des lits. La porte s’est ouverte et un soldat m’a ordonné de me lever. Un autre soldat est venu, il m’a détaché une main, je ne sais plus laquelle, mais les menottes restaient attachées à l’autre main. Il tenait un porte-documents et il a exigé que je signe. J’ai refusé. Il l’a exigé trois fois et j’ai refusé trois fois. Alors il m’a fait me lever. Il m’a ordonné de tendre les mains latéralement et il m’a fait écarter les jambes en donnant des coups de pied à ma jambe saine. Je n’avais sur moi que la chemise de l’hôpital et un manteau. Il m’a giflé plusieurs fois. Ensuite il m’a remis les menottes et je me suis couché pour dormir. Ils m’ont apporté un grand manteau avec un capuchon pour me couvrir (apparemment un sac de couchage, A. H.). » « Le matin (lundi 5 décembre), le même soldat qui m’avait apporté à manger la veille au soir, est entré dans la cellule. Cette fois, il m’apportait de l’eau, une tomate et quelques piments doux. J’ai mangé. Un autre soldat m’a conduit jusqu’à la voiture qui m’avait transporté depuis l’hôpital. Je l’ai reconnue au conducteur. J’avais les mains attachées. Dans l’auto, on m’a aussi attaché les pieds. Avant de démarrer, ils m’ont mis un bandeau sur les yeux. On a roulé une heure et demie, deux heures. J’ai perçu qu’on entrait dans un tunnel. Une fois, le conducteur a coupé le moteur et a commencé à parler avec quelqu’un qui était dehors. En cours de route, ma jambe (blessée) n’arrêtait pas d’être ballottée. Après, ils m’ont enlevé le bandeau des yeux. » Maman me manquait « Nous sommes arrivés à un endroit dont je me suis dit que c’était une prison. Ils ont pris mon sac. Ils m’ont fait entrer dans une toute petite cellule. Je ne pouvais pas m’y tenir debout, seulement m’y coucher en me courbant sinon je ne pouvais pas étendre mes jambes. Quelqu’un est venu et a exigé que je signe. Je ne pouvais pas voir qui c’était parce que j’étais couché avec ma tête posée sur mes bras. J’avais peur que ma jambe ne guérisse pas et maman me manquait. « J’ai refusé de signer, même quand ils m’ont dit que c’était seulement signer pour le fait qu’ils m’avaient pris mon téléphone portable. Après environ deux heures - je l’évalue comme ça - ils m’ont fait sortir de cette cellule étroite. J’ai demandé qu’ils m’aident à porter mon sac mais ils ont refusé. Ils m’ont envoyé dans une cellule normale, seul. Je n’ai pas pleuré. Je tremblais seulement de froid. Quand on est monté depuis la cellule d’isolement, quelqu’un (parmi les détenus) m’a mis en garde contre les "oiseaux" - ceux qui vous délient la langue. « A nouveau un soldat est entré. Je ne le connaissais pas et il m’a dit de signer. J’ai de nouveau refusé. Je me suis couché sur le lit. Le soldat m’a attaché les mains au lit, au-dessus de la tête puis il m’a attaché les pieds au lit. Il a commencé à me frapper du plat de la main. Après vingt ou trente coups, il m’a donné un coup de poing au diaphragme. J’ai senti que je voulais vomir. Il m’a encore donné un coup de poing et cette fois, j’ai vomi. Il a détaché du lit mes pieds et mes mains mais qui restaient liés et il m’a jeté du papier de toilette pour essuyer le vomi. « Ils ont fait entré quelqu’un, un Palestinien, qui était pieds et mains liés. Il m’a demandé pourquoi on m’avait arrêté. Je lui ai dit qu’il n’y avait rien contre moi et que si je n’étais pas libéré cette nuit-là, je le serais le lendemain, au matin. Il m’a dit avoir tué un colon et qu’il était condamné à 15 ans et il m’a dit de ne pas avoir peur de lui, qu’il n’était pas un collabo. Mais je sentais bien que c’était un collabo. Je lui ai dit que je n’avais pas peur (de lui dire ce que j’avais fait) mais que je n’avais rien fait et que je serais libéré : si pas aujourd’hui, demain. Il m’a demandé comment je pouvais en être aussi sûr. Après un moment, un soldat est venu le faire sortir. « C’était déjà le soir. J’étais terriblement fatigué et je me suis couché pour dormir. Quelqu’un est entré habillé comme un médecin. J’ai demandé quelle heure il était et il m’a dit qu’il était six heures. Il m’a dit de me préparer parce qu’on allait m’emmener au tribunal. Alors ils m’ont libéré des entraves métalliques pour les remplacer par des liens en plastique. Un détenu qui circulait là m’a donné - après une discussion avec les soldats - un pantalon de training, une chemise et des sandales. J’étais pieds nus depuis ma sortie de l’hôpital. Il m’a aussi donné une béquille. Par les autres détenus, j’ai appris que j’étais à Ramle. Mais deux minutes plus tard, on m’a repris la béquille. « Ils m’ont introduit dans une voiture, ils m’ont fait asseoir derrière le conducteur et ma jambe blessée, je l’étendais devant moi. Un policier s’est assis à côté de moi et pour avoir de la place, il a repoussé ma jambe blessée. Ils ont essayé de m’attacher un sac poubelle sur les yeux et comme ils n’y arrivaient pas, ils m’ont couvert la tête avec le sac poubelle. Mes mains étaient attachées très serré. Le soldat qui conduisait se retournait régulièrement pour me gifler et exiger de moi que je baisse la tête. A un moment où il se retournait pour me frapper, j’ai senti qu’il tamponnait ou qu’il raclait une autre voiture, apparemment un camion. Après ça, il a trouvé le temps de me gifler. Je pense que le trajet a duré deux heures environ. Je transpirais beaucoup et j’étouffais presque avec ce sac en plastique sur la tête. Ma jambe me faisait très mal et les hanches aussi, qui étaient serrées dans une ceinture. Je pensais que nous allions au tribunal et quand ils m’ont fait descendre de la voiture de patrouille de la police, tout à coup j’ai vu que j’étais au barrage de Hawara. » Son oncle est venu le chercher : deux heures plus tôt, le bureau de coordination avait averti la famille pour qu’elle vienne chercher Taher Ouda, 14 ans, au barrage. Le porte-parole de l’armée de défense d’Israël dément Le porte-parole de l’armée de défense d’Israël a fait savoir que « le 4 décembre, aux heures de midi, le détenu devait passer sous l’autorité des services pénitentiaires. Son transfert aux services pénitentiaires ayant été retardé, une équipe de MP et le détenu ont fait la route jusqu’à la base de la police militaire à Tel Hashomer. Aux alentours de sept heures du soir, la décision a été prise par les Services pénitentiaires de ne recevoir le détenu que le lendemain matin. Conformément à cela, le prisonnier a été détenu dans une cellule d’arrêt séparée, au sein de la base de la police militaire. « A son entrée en cellule, il fallait passer par une procédure de dépôt des effets. C’est pourquoi un soldat parlant l’arabe a expliqué au détenu qu’il devait signer le document confirmant que son téléphone portable était mis en dépôt. Le détenu a refusé de signer le formulaire de dépôt. Jusqu’à son entrée en cellule, le détenu n’avait que les mains liées. En aucun cas le détenu n’a été attaché à un véhicule. A son entrée en cellule, ses menottes lui ont été retirées. La présence du détenu sur la base de la police militaire a été suivie de près par le commandant de la base, un officier ayant le grade de commandant, qui a veillé à ce qu’il soit traité avec humanité et conformément aux ordres. Soulignons encore que le détenu n’a pas été frappé ni attaché à un véhicule. « Le matin du 5 décembre 2005, le détenu a été transféré dans l’établissement des Services pénitentiaires de Ramle par une équipe de la police militaire. Le soir du même jour, vers sept heures, une directive a été reçue de la part de la Police d’Israël Région militaire de Samarie, donnant ordre de libérer le détenu sur le champ. « Une équipe composée de trois membres de la police militaire a été chargée du transfert depuis l’établissement des Services pénitentiaires jusqu’au barrage de Hawara. Le détenu a été transféré depuis l’établissement des Services pénitentiaires, avec un sac en plastic noué sur les yeux. Pendant le trajet, il ne s’est produit aucun événement anormal et les affirmations portant sur de la violence exercée contre lui sont dépourvues de tout fondement. La patrouille de la police militaire n’est pas entrée en collision avec un autre véhicule. Le trajet a duré une heure environ et à la fin, le détenu a été remis à un officier délégué par l’administration civile, qui attendait sur place. » Néanmoins, le porte-parole de l’armée de défense d’Israël a fait savoir à « Haaretz » qu’il s’agissait d’un premier examen et que l’examen de cette affaire se poursuivait. Les Services pénitentiaires font savoir que « le détenu est arrivé à l’hôpital central des Services pénitentiaires le 5 décembre à 11h35 et que son admission a été approuvée (en raison de sa blessure) par l’officier médecin chef des Services pénitentiaires. Le détenu a été libéré le même jour par les Services pénitentiaires, à 18h10 et emmené par la police militaire. Le détenu a passé ces heures dans une chambre pour malade et isolé, puisqu’il s’agissait d’un mineur d’âge. » L’avocat de « l’Association des Médecins pour les Droits de l’Homme », Maher Talhami, qui a rencontré deux fois Taher Ouda et qui a recueilli sa déclaration, dit que d’après son expérience, des coups donnés à des détenus palestiniens mineurs au moment d’essayer d’en obtenir des aveux, sont la routine. C’est ce que dit également l’avocat Khaled Kouzmar, qui représente des mineurs auprès des tribunaux militaires, pour « Defence the Children International ». Ce qu’il y a d’exceptionnel cette fois, disent les deux avocats, c’est que Taher Ouda se soit obstiné à ne pas signer, qu’il ait été tôt libéré et qu’il a été capable de raconter son arrestation peu de jours après les événements. |
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