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le voile se déchireAnonyme, Domingo, Diciembre 11, 2005 - 04:34 (Analyses)
La Guerre de la Liberté
Pour la seconde fois cette année, la jeunesse vient de laisser éclater sa révolte contre la société. Hier collèges et lycées étaient occupés, aujourd’hui les banlieues se rebellent. En exprimant spontanément sa colère sur tout le territoire, la jeunesse des banlieues est sortie de l’ombre. Bannis, surveillés, haïs, ces jeunes ont fait de leur existence même une question politique. Ceci ne leur est pas pardonné. Dans une guerre de classe qui ne dit plus son nom, l’ordre républicain avise désormais que le simple fait de vouloir vivre en dehors de la misère imposée doit être tenu pour un délit de droit commun. Excepté quelques penseurs dépressifs de la réaction, qui ose pourtant contester le désastre global des banlieues ? Cela doit néanmoins rester la pâture ordinaire des sociologues et experts en tout genre, sans que rien ne soit engagé pour les besoins de la colère. La révolte de ces jeunes constitue un scandale aux yeux de ceux pour qui seule la violence produite par le traitement moderne de la vieille question sociale est en définitive acceptable. Un soulèvement privé de perspectives politiques aura peut-être tort dans la forme, il aura toujours raison dans le fond. Crainte passée, la réaction déroule comme à l’accoutumée son catalogue d’explications ahurissantes approuvées par la police : les maffieux, les barbus, la polygamie, le rap, le racisme anti-blanc... D’autres se plaindront que l’on n’ait pas vu se réaliser ici, l’art ou la philosophie; autant chercher une jacquerie qui aurait tranché la tête d’un roi. Dans son désir irrépressible d’égalité, de reconnaissance et de liberté, cette jeunesse, à l’image des lycéens, a fait preuve d’une vitalité que ce monde vieilli et fatigué refoule partout ailleurs. L’événement déconcerte ainsi nombre d’idéologues en faisant éclater le discours Les banlieues ne sont pas cette contrée sise aux confins d’un limes imaginaire où les hordes modernes guetteraient patiemment l’effondrement de l’Empire, elles sont de notre monde, elles en concentrent les contradictions essentielles. Depuis la chute du Parti Communiste et de sa gestion municipale, elles sont au cœur d’un problème politique majeur que les différents pouvoirs traitent par la manipulation, l’abandon au chaos, et la surveillance policière. Du Le jeu des apparences se dissipe |
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