Lors de la réunion du conseil municipal qui a eu lieu lundi dernier, le conseiller Guy Daigle a déposé un avis de motion visant à modifier le Règlement sur la paix, l'ordre et la sécurité publique afin de prévoir que "nul ne peut incommoder ou insulter un policier". L'histoire ne dit pas, toutefois, si la serveuse du Dunkin' Donuts ou du Tim Hortons que essuiera les insultes d'un flic frustré de ne pas avoir obtenu son beigne assez rapidement pourra désormais bénéficier, elle aussi, du droit de leur coller une contravention.

Lors de la réunion du conseil municipal qui a eu lieu lundi dernier, le conseiller Guy Daigle a déposé un avis de motion visant à modifier le Règlement sur la paix, l'ordre et la sécurité publique afin de prévoir que "nul ne peut incommoder ou insulter un policier". La proposition sera soumise au vote lors de la prochaine réunion du conseil, prévue pour le 5 décembre; si elle est adoptée, le nouvelle mesure entrera en vigueur cinq jours plus tard, i.e. juste à temps pour la période des Fêtes. Dès lors, quiconque osera "insulter" verbalement un flic (le projet ne précise pas si le règlement s'appliquera seulement dans l'exercice de leurs fonctions, ou en toutes circonstances) encourra une amende de 30$, plus les frais.

D'après un reportage paru dans le quotidien Le Nouvelliste, cette mesure serait justifiée étant donné que plus tôt cette année, un automobiliste ayant été intercepté pour une infraction au Code de la sécurité routière aurait fait preuve d'arrogance, "n'hésitant pas à invectiver le policier" qui l'avait interpellé. On parle bien sûr ici uniquement d'insultes verbales, puisque le Code criminel prévoit déjà la possibilité pour les flics de porter des accusations d'entrave, lorsqu'ils sont empêchés d'agir dans l'exercice de leurs fonctions.

Suite à ce fâcheux incident (!), le directeur de la Sécurité publique, Francis Gobeil, a cru bon demander à la municipalité de "resserrer la réglementation". Tout ça à cause *d'un cas* où un automobiliste a avoué avoir été "désagréable" avec un flic! Le même Gobeil a eu le culot d'admettre au Nouvelliste que "les policiers ne sont pas souvent la cible d'insultes graves lorsqu'ils émettent des constats d'infraction".

Mais s'ils sont incapables de tolérer occasionnellement quelques insultes, les pauvres flics de Trois-Rivières -- qui disposent autrement de tous les pouvoirs -- feraient peut-être mieux de changer de métier, non? Certains pourraient envisager de se recycler comme gardiens de moutons: ils seraient alors certains de ne pas se faire invectiver. D'autres pourraient profiter de la levée du moratoire sur la construction de méga-porcheries pour se lancer dans ce domaine: ils s'y retrouveraient certes en compagnie plus agréable que celle de tous ces "suspects" et ces "contrevenants" qui osent leur dire leur façon de penser.

L'histoire ne dit pas, toutefois, si la serveuse du Dunkin' Donuts ou du Tim Hortons que essuiera les insultes d'un flic frustré de ne pas avoir obtenu son beigne assez rapidement pourra bénéficier elle aussi du droit de leur coller une contravention.

À Francis Gobeil, et à tous ceux à qui le chapeau (ou le képi) fait, il nous fait donc plaisir d'offrir ce florilège: p'tite nature; pleutre; couard; nuisance; grossier personnage; défenseur des riches et d'un ordre social injuste; et bien sûr (allez-y, tous et toutes en chœur!): *sale coch'!*

Une petite question, en terminant: est-ce que ce sera 30$ par insulte? Ou bien pourra-t-on bénéficier d'un tarif de groupe (voire, d'un forfait annuel)?

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Article paru dans Arsenal-express, nº 72, le 27 novembre 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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