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TLC et Équateur: ça passe où ça casse

zingaro, Jueves, Noviembre 17, 2005 - 13:15

Zingaro

Compte-rendu des mobilisations contre le libre-échange

La tentative étasunienne de conclure des traités de libre-échange avec certains pays andins, notamment avec la Colombie, l’Équateur et le Pérou, entre maintenant dans son dernier droit. L’échec définitif semble t’il de la ZLÉA à Mar del Plata ne fait que confirmer la position du géant nord-américain face aux négociations commerciales bilatérales avec les autres pays américains. Le slogan de la CLAC, « La ZLÉA n’est pas morte, elle a fait des petits » ne pourrait être mieux choisi. Les 2 prochaines semaines seront, du moins dans le cas équatorien, déterminantes. Étant le premier pays ayant abandonné la monnaie nationale, le sucre, pour le dollar américain (rapidement suivi par la El Salvador), l’Équateur semble fin prêt pour devenir un véritable valet de Norte-America. Et pourtant, l’engrenage ne fonctionne pas si bien. Plusieurs milliers d’autochtones ont commencé à arriver à Quito, bien décidé à renverser le Président, Alfredo Palacio, dans le cas d’une signature de l’accord. Ces militants et militants sont rejoints par les mouvements sociaux de la capitale : le mouvement écologiste, quelques partis communistes ou gauchisant, les travailleurs informels de la capitale, pour la plupart d’origines autochtones et par différents collectifs étudiants des universités publiques, certains libertaires. Renverser un Président est non seulement du déjà-vu mais aussi insuffisant. En effet, peu après la dollarisation, le président de l’époque fut détrôné mais cela n’empêcha pas ses multiples successeurs de continuer dans la même veine. De même, la chute de Lucio Gutierez en avril dernier, un président porté au pouvoir grâce à une alliance avec le mouvement autochtone, ne changea strictement rien dans le rapport de force du mouvement populaire avec les élites et les partis politiques. Un coup d’état est-il possible cette fois aussi? Le mouvement autochtone, coordonné par la CONAIE (la coordination nationale des nations indigènes de l’Équateur), est capable de renverser le gouvernement et il le sait sans doute. Le golpe contre le président Jamil Mahuad en 2000, effectué grâce à une étrange et infructueuse alliance avec les militaires a sans doute permis au mouvement de comprendre sa puissance mais aussi que, une fois un président délogé, rien n’est terminé, tout est à construire. Avec une opinion publique massivement opposé au TLC (Tratado de Libre-Comercio) mais des députés massivement contrôlés par les élites, la décision finale se fera dans la rue. En fait, non, la décision finale se fera sans doute dans les casernes. En effet, ce sont les militaires qui ont le dernier mot pour ce genre de décision. Si, suite à des mobilisations massives, l’armée décide de retirer son appui au gouvernement, le sort en est jeté. Et Hugo Chavez, lui-même issu des rangs militaires de son pays, qui, pour jeter de l’huile sur le feu, annonce que les pays en négociation doivent choisir entre une Amérique Latine bolivarienne et le projet de Bush…
Alors que les négociations se déroulent dans l’édifice de la Banque Centrale Équatorienne, une coquille vide suite à la dollarisation et à la libéralisation des banques privées, les manifestations alternent entre le Palais gouvernemental et le lieu des négociations. Bien que le pays n’ait pas une grande histoire de répression comparativement à ses voisins colombiens et péruviens, les manifestations se font sous haute surveillance, avec plusieurs centaines de policiers en tenue de camouflage et équipement anti-émeute, le tout appuyé de blindés, juste au cas. Hier, le 16 novembre, près de 500 autochtones ont été repoussés du palais législatif à renfort de gaz lacrymogène. Les prochains jours seront déterminants et les milliers d’autochtones, les principaux perdants dans le cas du libre-échange, en route des 4 coins du pays et leurs mashikuna, camarades, de la Colombie et du Pérou qui marchent et roulent jusqu’à Quito le savent sans doute.

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