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L'histoire de la Ligue de défense ouvrière

Anonyme, Lunes, Noviembre 14, 2005 - 01:22

PCR-CO

Depuis quelques années, on a pu constater une remontée de la répression politique contre les militantes et militants sociaux et politiques. La forte poussée du mouvement anti-mondialisation a suscité des craintes au niveau des bourgeoisies impérialistes, qui ont répondu par l'emploi de leur bras répressif policier et judiciaire. De plus, la montée de la droite radicale aux États-Unis et ailleurs dans le monde ainsi que les attentats du 11 septembre 2001 sont aussi des explications du climat de répression politique. Ceci dit, dans les années 1990, certains pays impérialistes avaient déjà engagé une répression contre les mouvements de contestation interne.

Dans ce contexte, comment le mouvement de défense des droits à l'expression politique dissidente doit-il se positionner? Comment doit-il s'organiser? Il y a peut-être lieu de regarder ce qui s'est passé historiquement. Ainsi, l'expérience du Secours rouge international (MOPR, selon l'acronyme russe) des années de l'entre-deux guerres (de 1922 à 1939) est instructive pour nous. En particulier, il est intéressant de se pencher sur celle de sa section canadienne, la Ligue de défense ouvrière ou, en anglais, la Canadian Labor Defense League (CLDL).

Contexte de la naissance de la Ligue de défense ouvrière

Le Secours rouge international est créé en 1922. Le 4e congrès de l'Internationale communiste lance l'appel dans sa résolution sur l'aide aux victimes de la répression capitaliste, à la mise en place dans chaque pays d'une organisation de secours fédérée dans un regroupement international. Il était clair que les bourgeoisies des différents pays impérialistes craignaient le développement de révolutions socialistes dans leurs pays respectifs. L'exemple de la révolution d'Octobre 1917 a été suivi, entre autres, en Allemagne et en Hongrie où on voit l'apparition de soviets en 1919. Ces expériences ne durèrent pas longtemps et furent durement réprimées. En Allemagne, des dirigeantEs de la révolution, notamment Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, furent assassinéEs sauvagement par les autorités de ce pays.

Au Canada, il y eut une grande grève générale en 1919. Du mois de mai au mois de juin, il y eut des débrayages dans plusieurs grandes villes (Calgary, Lethbridge, Edmonton, Regina, Saskatoon, Prince Albert, Brandon, Fort William, Port Arthur, Amherst, Sydney, Toronto et Vancouver). Ce fut dans la ville de Winnipeg que le mouvement a pris le plus d'ampleur. La ville fut occupée par les travailleurs et travailleuses. C'était pratiquement les ouvriers, ouvrières et employéEs municipaux qui organisèrent la vie de la ville. Le gouvernement canadien n'accepta pas cette situation et la répression fut très sauvage.

Le 17 juin, la Gendarmerie royale du Canada tenta un coup de force pour briser le mouvement de grève. Des leaders de la grève comme le secrétaire du Conseil des métiers de la métallurgie, R. B. Russell, le révérend William Ivens qui était l'éditeur du Strike Bulletin (Bulletin de grève), des officiers du Conseil du travail et des métiers de Winnipeg, ainsi que des militants socialistes et des travailleurs immigrants originaires des pays de l'Europe de l'Est furent arrêtés. La police ne prit pas de gants blancs. Des portes de domiciles ont été défoncées violemment et les meubles et bureaux ont été renversés et saccagés. Le révérend Ivens fut arrêté de nuit devant les yeux de ses enfants en pleurs. La même journée, des raids ont été effectués au Temple du travail, dans les bureaux du Western Labour News et au Temple ukrainien du travail, qui étaient vus comme les quartiers généraux de la subversion par les forces policières.

Les autorités refusèrent que les prisonniers soient relâchés sous caution. Des protestations de l'ensemble du mouvement ouvrier canadien fusèrent et les prisonniers furent finalement remis en liberté, le 20 juin. Pour contre-attaquer et protester contre ces arrestations abusives, les grévistes de Winnipeg décidèrent de tenir une marche silencieuse le samedi 21 juin. Il semble que cela fut trop subversif pour le major de la police montée qui émit un avis d'émeute et avertit les participantEs que la marche se ferait à leurs propres risques. La manifestation n'avait même pas encore débuté et c'était encore le matin.

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