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Kashechewan: un scandale révélateurAnonyme, Domingo, Octubre 30, 2005 - 14:01
Arsenal-express
"Des conditions de vie comparables au tiers-monde": c'est ce qu'ont titré les grands quotidiens ontariens en début de semaine lorsqu'à l'initiative d'un médecin, le voile a été levé sur la dure réalité que vivent les Cris de la réserve Kashechewan située près de la Baie James, dans le nord de l'Ontario. La situation désastreuse des nations autochtones révélée par ce nouveau scandale relève d'un statut d'infériorité et d'oppression systémique, qui caractérise l'ensemble de leurs rapports au capitalisme canadien. "Des conditions de vie comparables au tiers-monde": c'est ce qu'ont titré les grands quotidiens ontariens en début de semaine lorsqu'à l'initiative d'un médecin, le voile a été levé sur la dure réalité que vivent les Cris de la réserve Kashechewan située près de la Baie James, dans le nord de l'Ontario. En fait, il serait plus juste de dire qu'il s'agit non pas de conditions de vie "comparables au tiers-monde", mais de *conditions de vie du tiers-monde*, purement et simplement, tant la situation désastreuse des nations autochtones relève d'un statut d'infériorité et d'oppression systémique, qui caractérise l'ensemble de leurs rapports au capitalisme canadien. Depuis plusieurs années déjà, les quelque 1 900 autochtones vivant sur cette réserve sont aux prises avec un grave problème d'eau potable. Selon le Globe and Mail (26/10/2005), c'est l'emplacement de l'usine de traitement des eaux, construite il y a dix ans par le gouvernement fédéral, qui serait à l'origine du problème. Les tuyaux par lesquels on récupère l'eau de la Baie James ont été placés à moins de 135 mètres d'une lagune pour eaux usées: en conséquence, explique le quotidien torontois, "ces eaux vont directement dans le système de filtration". Que des ingénieurs et des fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes ait "planifié" une installation aussi précaire que celle-là dépasse l'entendement! Chose certaine, ces gens-là méritent les sanctions les plus sévères. Depuis deux ans, les résidantes et résidants de la réserve sont appeléEs à faire bouillir leur eau, celle-ci étant notamment infectée par la bactérie mortelle E. Coli. En outre, la quantité anormalement élevée de chlore ayant été ajoutée à l'eau pour la "décontaminer" a entraîné d'autres dommages qu'on pourrait qualifier de "collatéraux". Ainsi, selon le médecin qui a tiré la sonnette d'alarme, "plusieurs enfants sont infectés par la gale et l'impétigo [une infection bactérienne de la peau]". Quand des journalistes ont demandé au ministre fédéral des Affaires indiennes, Andy Scott, comment il se fait que rien n'ait été fait depuis qu'un rapport de l'Agence ontarienne des eaux a relevé le problème il y a plus de deux ans déjà, le ministre a tout bêtement répondu: "Mon gouvernement travaille à trouver une solution à ce problème grave, et ancien, mais malheureusement, nous avons été pris de vitesse par les événements du dernier week-end." (Presse Canadienne, 26/10/2005) Par événements du dernier week-end, le ministre fait référence au fait que l'affaire ait finalement été ébruitée. N'eut été cet "événement" fortuit, nul doute que l'affaire aurait continué à traîner, et traîner, et que la condition des victimes se serait empirée d'autant. Pendant plus de 24 heures, les autorités provinciales et fédérales se sont livrées à une querelle de juridiction ridicule, avant que le Premier ministre ontarien, Dalton McGuinty, décide enfin d'ordonner l'évacuation de plus de la moitié des résidantEs de la réserve (60%, plus exactement), devenuEs malades par l'eau contaminée. L'évacuation par voie aérienne a donc débuté mercredi midi vers les villes de Sudbury, Cochrane et Timmins, où les victimes recevront en principe les soins médicaux appropriés. La réserve de Kashechewan est située à 450 kilomètres au nord de Timmins, et aucune route ne la relie au reste du monde. Après que le gouvernement fédéral ait finalement reconnu sa responsabilité dans cette situation, une entente a été conclue jeudi soir avec les représentants désignés de la nation crie, qui prévoit la remise en état rapide du système de traitement des eaux et la construction d'une cinquantaine de maisons neuves annuellement, pour remplacer les quelque 450 maisons actuellement jugées insalubres. Cela prendra donc près de dix ans avant que le problème soit enfin "réglé"... En rapportant la nouvelle, la Presse canadienne a d'ailleurs commis ce qui ressemble à un lapsus assez significatif. La dépêche que l'agence a diffusée commençait en effet comme ceci: "un plan d'action sur 10 ans visant à régler au plus vite la situation dans la réserve de Kashechewan" (trouvez l'erreur...). Après avoir sérieusement considéré la possibilité de raser le village et de déplacer par la force les membres de la communauté qui y vivent, il semble que le gouvernement fédéral ait abandonné cette idée proprement "génocidaire" et qu'il va permettre à la population crie de continuer à occuper son territoire. Encore là, le fait même que cette hypothèse ait été ne serait-ce qu'envisagée par les autorités canadiennes en dit long sur l'état d'oppression que vivent les nations autochtones, dans ce pays qui aime tellement se vanter de sa "grande démocratie" et son "extraordinaire niveau de développement social" sur la scène internationale. En vérité, le scandale de Kashechewan est loin de constituer un cas isolé. De fait, le problème de la mauvaise qualité de l'eau potable touche en ce moment même les résidantEs d'une centaine d'autres villages autochtones à travers le Canada, dont une cinquantaine rien qu'en Ontario! Au-delà des querelles de juridiction entre le fédéral et les provinces, c'est le capitalisme canadien dans son ensemble qui est responsable de ce drame. Comme le souligne le Programme du PCR(co), "le Canada s'est construit dans la violence, l'exploitation et l'oppression des peuples autochtones". "Encore aujourd'hui, les autochtones vivent une situation extrêmement précaire. Leurs conditions d'existence les confinent à la pauvreté et à la misère. L'espérance de vie des autochtones est de huit ans inférieure à la moyenne canadienne; il meurt deux fois plus de nourrissons indiens que dans l'ensemble du territoire canadien; le taux de suicide chez les jeunes y est de sept fois supérieur à l'ensemble de la population." Tout cela crée une situation explosive, qui laisse entrevoir la possibilité d'une grande alliance entre les nations autochtones et le prolétariat révolutionnaire, dans le cadre d'un vaste mouvement de lutte et de guerre populaire contre la bourgeoisie impérialiste canadienne. Un peuple qui en domine un autre ne saurait être libre! _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 70, le 30 octobre 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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