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Retour sur la violence faite aux femmesYvesBleuler, Jueves, Octubre 27, 2005 - 22:46
Yves Bleuler
Retour sur la violence faite aux femmes PREMIER BLOC: La violence Je suis généralement contre toutes les formes de violence. Je soutiens les campagnes contre la violence par principe. Je crois, cependant, qu'il ne suffit pas de dénoncer. Il faut comprendre le mieux possible à quoi l'on s'attaque pour avoir des chances raisonnables de viser les bonnes cibles et d'obtenir des résultats constructifs. Je parle de la violence en général, parce qu'il y a bien des formes de violence qui ont des causes parfois très différentes. La violence raciste n'est pas la violence entre les groupes de motards. Elles n'ont pas les mêmes causes et méritent des solutions spécifiques parfois très différentes. Confondre les violences les unes avec les autres, c'est parfois occulter un type de violence au profit d'un autre type alors que chacune mériterait notre attention. DEUXIÈME BLOC: La violence faite aux femmes. La violence faite aux femmes mérite toute notre attention parce qu'elle est spécifique et, dans ces conditions, elle a une implication propre. Par exemple, lorsqu'une femme est victime de violence conjugale ou de harcèlement au travail, elle est victime d'une forme de violence spécifique. Je dis spécifique parce que c'est une violence qui frappe les femmes en tant que femmes. Aussi, en plus d'être blessée physiquement et psychologiquement par la violence en tant que personne, la victime est atteinte à un autre niveau. L'agression a une implication culturelle délétère. En plus de frapper, c'est comme si l'agresseur passait un message profondément sexiste : Tu es une femme, subordonne-toi! Mais toutes les femmes victimes de violence ne le sont pas nécessairement de manière aussi spécifique. Une femme tuée dans un règlement de compte entre trafiquants de drogue est certainement victime de violence. Mais est-elle victime de "violence faites aux femmes"? Une femme tuée sur la route par un chauffeur ivre est certainement victime d'une négligence criminelle. Est-elle pour autant victime d'une forme de violence sexiste? Je ne le crois pas! C'est pourtant ce que prétendent certains de nos camarades. Lorsque je leur demande de s'expliquer, ils n'ont finalement rien à me répondre. Leur raisonnement se limite à peu près à ceci : Les femmes sont opprimées par la société patriarcale. Lorsqu'elles sont victimes de violence et que l'acteur est de sexe masculin, c'est nécessairement une violence sexiste, y compris les règlements de compte crapuleux, les conducteurs ivres et les incendies criminels. Je sais pas vous, mais moi je trouve pas ça fort comme raisonnement. S'ensuit inévitablement une évocation de la fantasmagorie des années cinquante, comme si le fait que des femmes étaient vraiment victimes de violences sexistes impliquait que toutes les femmes victime de violence l'étaient pour des raisons sexistes. En toute rigueur, je crois plutôt que nous devrions réserver l'expression, "violence faite aux femmes" à des formes de violence qui comportent une composante sexiste : violence conjugale sexiste, harcèlement au travail sexiste, discrimination ou atteinte à l'image de la femme sexiste dans n'importe quel autre contexte. Et Lorsque nous conduisons une campagne contre la violence faite aux femmes, c'est sur les particularités de cette violence que nous devrions nous centrer. TROISIÈME BLOC: Des femmes victimes de violence Comme êtres humains les femmes sont victimes de bien des formes de violence qui méritent aussi notre attention et qui doivent être comprises dans leur contexte propre. Par exemple, la conduite en état d'ébriété fait bien des victimes chez les femmes. Ces derniers sont toutefois victimes au même titre que tous les malheureux qui se trouvent sur le chemin des conducteurs criminels. Nous somme aujourd'hui conscient de ce phénomène. Nous avons criminalisé la conduite en état d'ivresse pour cette raison et de nombreuses mesures d'éducation publique et d'intervention draconienne ont suivi. Il existe d'autres phénomènes du même genre qui sont moins connus et qui pourtant font presque autant de victimes. L'hygiène mentale en est un. Chaque année, plus de personnes meurent en rapport avec des problèmes d'hygiène mentale que d'accident de la route. Ce sont les hommes qui sont les principaux vecteurs de ces décès mais ils ne sont pas les seuls. Lorsqu'elles souffrent de problèmes mentaux, les femmes font plus rapidement appel à de l'aide que les hommes. Même lorsqu'elles font des actes autodestructeurs les femmes le font de manière transitive pour obtenir de l'aide. En contrepartie, les hommes apparaissent bien plus handicapés. La représentation qu'ils ont de leur rôle "viril" ne les incite pas à demander de l'aide. Ils sont moins souvent dans la parole et bien plus dans les actes. Lorsqu'ils se suicident, ce n'est pas un appel à l'aide. Ils ne manquent d'ailleurs pas leur coup. Combles de malheur, les femmes et les hommes qui se suicident amènent parfois leurs enfants dans la mort avec eux. Les infanticides se distribuent à peu près également entre les mères et les pères. Les mères ont tendance à tuer les enfants plus jeunes ( - de 6 ans). Les pères tuent les enfants plus vieux (6 ans et +). Les pères ont aussi tendance à tuer leurs conjointes. Les mères essaient aussi de tuer leurs conjoints, mais y parviennent moins souvent. Le nombre de décès associés à des problèmes d'ordre mentaux dépasse de loin les morts associées à des crimes sexistes. Et nous avons de bonnes raisons de croire que d'autres formes de violences ne conduisant pas à la mort reposent également sur des problèmes d'ordre mental. Ce phénomène mériterait toute notre attention et pourtant presque personne n'en parle. Pire, bien des camarades confondent ces problèmes avec le problème de la "violence faite aux femmes". Comme si le fait qu'une femme soit la victime d'un schizophrène ou d'un homme en dépression psychotique en faisait automatiquement un crime sexiste. En se prêtant à une pareille confusion, on occulte le problème de l'hygiène mentale. Cette confusion ne sert pas la cause des femmes. Premièrement, même si l'on parvenait à effacer le sexisme, les hommes en dépression psychotiques continueraient à brutaliser et à tuer les personnes de leur entourage. Ça ne ferait donc pas moins de victimes de ce côté. Deuxièmement, bien des femmes présentent les mêmes problèmes et mériteraient aussi d'avoir des soins qui ne leur sont pas actuellement accessibles. Face à la maladie mentale, les hommes et les femmes sont pratiquement sur le même pieds et doivent faire cause commune. QUATRIÈME BLOC: La confusion. Pourquoi assimile-t-on des problèmes d'hygiène mentale des problèmes de sécurité publique ou des problèmes de négligences criminelles à des manifestations de criminalité sexiste? Je crois que nous somme ébloui par un paradigme explicatif que nous cherchons à généraliser à toutes les situations qui si apparentent. |
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