J'ai connu récemment la théorie primitiviste. Devant tant de pureté, de retour à mon état natuel, j'ai été submergé. Je suis faberglassé. Mais malheurement, j'ai rencontré dans mon chemin des méchantEs anarcho-communistes qui m'ont posé des questions. Voici ce que j'en déduis.
Primitivistes de tous les pays, UNISSEZ-VOUS !
« Nous avons pris un mauvais tournant monstrueux avec la culture symbolique et la division du travail ; nous avons quitté un lieu d'enchantement, de compréhension et de totalité pour atteindre l'absence que nous trouvons aujourd'hui au coeur de la doctrine du progrès. Vide, et de plus en plus vide, la logique de la domestication, avec ses exigences de totale domination, nous montre aujourd'hui la ruine d'une civilisation qui ruine le reste... », John Zerzan.
L'anarcho-primitivisme s'appuie sur un rejet radical de la civilisation industrielle, celle ci étant considérée comme la source principale des différentes formes d'aliénation qui pèsent sur la liberté humaine. Les anarcho-primitivistes pensent en effet que la division du travail, le progrès et l'essor technologique, la naissance des villes, le surplus économique, l'agriculture, ainsi que l'essor démographique - tous ces éléments qui forment la base des sociétés industrielles - ont entraîné le développement de structures hiérarchiques et oppressives, ce qui a constitué un terreau favorable au développement de l'Etat. Les anarcho-primitivistes prônent alors l'avènement d'une société qui s'inspirerait des sociétés pré-industrielles, en arguant que les sociétés primitives étaient des exemples convaincants de sociétés anarchistes. Le principaux engagements des anarcho-primitivistes sont les suivants :
• Critique de la culture symbolique.
• Rejet de la domestication de l'environnement (agriculture et élevage)
• Rejet du pouvoir patriarcal vu comme conséquence de la domestication.
• Critique de la division du travail et de la spécialisation des tâches.
• Rejet de la science moderne et mécaniste.
• Critique de la technologie.
• Rejet de la production et de l'industrialisation.
• Rejet de la société de masse.
• Défense de la révolution comme moyen de changement social.
• Critique du langage.
Il est bien beau de se contenter d’une théorie où l’apanage réside dans de farouches discussions entre amiEs dans des espaces géographiques et/ou virtuels tels que le salon, la cuisine, le bar ou internet. Ce qui intéresse nécessairement tout révolutionnaire est la mise en pratique d’une quelconque théorie. On a rien sans rien. On peut reconnaître aux primitivistes une certaine qualité à prolonger le débat, aussi futile soit-il. Mais une question persiste : comment appliquer le primitivisme, ici et maintenant ? Il est facile de constater que les tendances rouges et noires au sein de l’anarchisme s’organisent effectivement de manière vérifiable : sur les lieux de travail, à propos de l’immigration, dans le mouvement étudiant, etc. Les primitivistes que l’on connaît font des jardins (mais communiquent par internet). Ils et elles savent que le retour à l’état primitif ne peut s’organiser collectivement : donc, ils et elles ne peuvent qu’attendre un renversement naturel de l’ordre. Un cataclysme. Un météor. Un geste de la Nature, sûrement provoqué par l’hyperactivité de l’espèce humaine, qui alors exterminera une grande partie de la civilisation, donc de l’humanité au grand complet. Parce qu’il faut préciser que des penseurs-euses primitivistes affirmaient qu’il était nécessaire de voir périr un nombre exponentiel d’êtres humains pour que nous puissions revenir à l’état primitif. Le primitivisme passe par la destruction total de ce qui conditionne nos vies. Alors voilà : puisqu’une théorie, n’importe laquelle, doit s’appuyer sur la pratique, prenons un exemple concret d’une situation récente.
Que pensent les primitivistes de l’ouragan Katrina ? S’agit-il d’un événement souhaitable, que l’on souhaiterait généraliser à l’échelle de la planète ? L’ouragan a détruit une bonne partie de la Nouvelle-Orléans, une métropole industrialisée capitaliste et membre (sic) de la civilisation. Les rues de la ville ont été recouvertes d’eaux générées par un événement naturel, cataclysmique. Un événement qui, il faut le rappeler, à supposément jeter la population dans le chaos, le désordre total. En proie à la Nature, la population devait s’adapter au vécu chaotique, qui en ce sens, est porteur du message primitiviste : c’est une étape, certes minime, vers la destruction de la civilisation. Mais admettons une chose : et si un tel cataclysme mondial se produisait ? On a pu constater l’ampleur d’une telle tragédie ; mort, désolation, maladies, puanteur ont été quelques facteurs inhérents à la catastrophe. Malheureusement pour les primitivistes, ce sont l’État et ses institutions qui ont ramenés l’ordre dominant (et ainsi sauvés en contrepartie d’une mort certaine de nombreux-ses individus). Auquel cas cette catastrophe mondial arriverait, il faut supposer que la réaction de l’État serait nulle. Il serait détruit, ainsi que toute forme de représentation de celui-ci. L’ampleur serait irréversible. Alors que feraient les survivantEs ET les primitivistes ? Est-ce que les primitivistes s’excluent de la mort générale et donc supposent qu’ils et elles survivent pour devenir réellement des primitivistes pratiquantEs ? Ce qui suggère alors qu’ils et elles se considèrent dès maintenant comme avant-gardistes. Si ils et elles considèrent la mort comme une option probable, alors les survivantEs de l’humanité, retournéEs à l’état primitif supposé (car de toute façon, il est impossible de retourner à l’état primitif – le grognement – sans un processus d’inversement) devront composer avec la misère ambiante : le déchet des villes, la présence de celles-ci, la pollution, la maladie, etc...bref une Nouvelle-Orléans mondiale !
Pourtant, quelle a été l’action primitiviste lors de la catastrophe en Louisianne ? Le langage a-t-il été détruit dans les rues ? Est-ce que piller est un acte primitif dans une telle situation où bien faut-il dénoncer la dépendance des gens face aux restes de la civilisation ? Faut-il tout laisser pourrir, même les corps ? Ou sinon, faut-il les enlever ? Oui, mais par quels moyens, si les primitivistes se refusent d’utiliser des moyens technologiques conséquents ? Comment vivre dans pareille situation ?
Ce qu’il faut constater, c’est que la misère du primitivisme, c’est qu’il est impossible à appliquer. Le langage, c’est de la merde. Comment le sortir de nos vies ? D’aucune façon. On ne peut qu’envisager la catastrophe cataclysmique qui nous replongerait quasi automatiquement dans un environnement primitif, mais encore là, il faudrait composer avec les déchets de l’ancienne civilisation. Et encore là, rien n’empêchera les survivantEs de reproduire l’organisation du vieux monde. Que faire ?
Les primitivistes doivent capitaliser sur les catastrophes. Un ouragan qui arrive ? Vite : les camarades de la région doivent demeurer dans les zones les plus sinistrées pour pratiquer le retour à l’état primitif. Ils et elles doivent être là pour se balader, libres, et grogner d’une quelconque manière. Sans se soucier des événements incommodants comme la réaction de la collectivité. Quand l’armée et la police viendront, quand la civilisation se remanifestera, alors il n’y aura pas d’autres choix que de revenir au sein de celle-ci pour l’attaquer de plein front. Et justement, encore là, la critique nous pousse à affirmer que le primitivisme est invivable partiellement. Il ne peut qu’être total. C’est pour cette raison que tant que l’humanité ne grognera pas, le primitivisme ne sera pas. Je persiste à penser qu’il est impératif que les primitivistes doivent prôner l’exemple, maintenant ! Il nous faut autre chose que la critique permanente et bien souvent déconnectée : il nous faut la tester. Pareil pour le postgauchisme d’ailleurs. Et à grande échelle ce serait mieux. Primitivistes, unissez-vous !
On sait que tout cela n’est que pacotille.
''Il est facile de constater que les tendances rouges et noires au sein de l’anarchisme s’organisent effectivement de manière vérifiable : sur les lieux de travail, à propos de l’immigration, dans le mouvement étudiant, etc.''
Ces fameux anarchocommunistes toujours prêtEs à appuyer toutes les luttes réformistes (syndicales, d'immigration, dans la mouvance réfo asséiste du mouvement étudiant...) sans changer le système de fond en comble non plus que les modes de vie collectifs et qui ne font que participer à la réforme-aménagement du capitalisme sont d'une cohérence plus que douteuse. Alors les leçons de Moi surpuissant c'est vraiment n'importe quoi.
Quant à nous qu'on qualifie de postgauchistes, ce texte ne répond nullement. Nous transformons déjà radicalement nos vies en créant nos autonomies et notre communisation en attendant rien des États et du capitalisme en le déjouant par la vie commune, le squat, par la réappropriation, par le partage de la nourriture au-delà des forces du marché et contre celles-ci, par le partage commun de tout de nos vêtements jusqu'aux outils techniques, en construisant les bases de la diffusion et de l'éducation autonomes... Et nous communisons toujours de plus en plus et notre force se compose au-delà des pouvoirs hiérarchiques et contre ceux-ci. Les insurrections communes n'en seront que les plus fabuleux prolongements. Je vous renvoie entre autres à ce texte-phare qui s'intitule Appel : http://1libertaire.free.fr/Appel01.html
Alors que ces réfos anarchocommunistes ne font que des luttes pour demander à Papa-l'État d'intervenir en notre faveur en évitant les expulsions, en finançant l'éducation institutionnelle hiérarchique ainsi qu'en demandant des augmentations de salaire et de droits aux capitalistes, toujours donc restant prisonniers-prisonnières de la logique étatique et capitaliste.
Alors la cohérence de ces anarchocommunistes entre autres plateformistes, c'est le réformisme et jamais la communisation donc aussi le communisme. Aussi bien dire qu'elle est nulle ou pire au service de la restructuration du capitalisme, des États...
'' Celui qui se refuse de rentrer dans le jeu risque de se tenir pour meilleur que les autres et de faire jouer à sa critique de la société le rôle d'une simple idéologie aux services de ses intérêts personnels ''
'' Les distances que l'on prend par rapport aux rouages du système représentent un luxe qui n'est possible que comme produit du système lui-même ''
La distance critique et politique s'instaure grâce au temps sauvé par l'organisation autonome et communisatrice que nous voulons possible pour tout le monde.
de quel "nous" parle t-on ici Calvaire? Tu es plutôt seul seul seul dans ta lutte, mis à part quelques étudiantEs et/ou activistes brûléEs par les manifestations sans queue ni tête qui ne produisent que des arrêtéEs. Tu tires à boulet rouge sur tout ce qui bouge et ne pense pas comme toi, et en fait tu te comportes comme un bourgeois. Une journée tu es mielleux et l'autre tu es fielleux, mais toujours tu t'avères frileux sans ton PC nerveux qui opére comme un épieu.
Ce texte sur les soi-disantes vertus du primisivisme militant me rappelle l'une de mes récentes méditations, que sans fausse modestie je vous recommets illico ci-dessous, chers moines. N'ajustez pas votre moulin à prières.
Déjà, la gauche "anachronique" et "dinosaurienne" et "dépassée" est passablement marginale en Amérique du Nord, le "ventre du dragon", et faudrait faire table rase de tout et recommencer à zéro, peu importe le nombre de gens qui suivraient? Comme si les quelques gens qui prônent cela n'instaureraient (très hypothétiquement parlant) pas comme alternative un fragile château de sable extrêmement vulnérable à la réaction? Quoi, faudrait dire fuck à TOUT le sang versé et à tout le travail humain bien intentionné qui ont été investis pour se sortir de la jungle et vivre plus vieux que 40 ans, ou pour contruire autre chose que le statut quo actuel?
À mon très personnel avis, un tel programme sent un peu la diversion militante. Surtout s'il s'accompagne d'une démission citoyenne relativement à des dossiers plus mainstream, moins radicaux. La complémentarité et la collaboration avec les vieux-jeu sont exclues?
Allons les amiEs, laissons tomber les dégénérés progressistes vieux-jeu, civilisés et domestiqués des villes et villages, et isolons-nous (pour toujours?) dans notre bulle dans l'fond des bois, dans un squat ou au fond d'un rang creux, pis combattons Herr System en réinventant le monde à coups de sage auto-gestion démocratique antipatriarcale, de bouffe vegan, de "permaculture" bio et de beaux potagers en forme de mandalas... voire de tree-hugging, de beaux gros pétards d'herbe à joie, de tams-tams jams jusqu'à s'en faire péter les jointures (ça peut quand même induire une transe plaisante...), de rebirths, de pétrissages de chakras, de "dream-catchers", de dévorage de placenta, de tampons bio sans chlore à la mousse de quenouilles, d'hymnes à la pleine lune, etc. Je dois avouer avoir déjà eu le goût de tout envoyer promener et de vivre un peu comme ça y'a plusieurs années, ayant d'ailleurs goûté à quelques trippants "Rainbow Gatherings" dans l'bois.
Mais un jour funeste, une compagnie ou un gouvernement crève notre bulle pour tout raser ou pour nous chasser dans l'indifférence générale, et on se retrouve alors dans une société pire encore qu'avant qu'on s'en isole -- et c'est pas nos "bonnes vibrations dans le grand cosmos de Gaïa la déesse Terre" qui auront fait une grande différence. Deux dossiers du genre : l'expropriation et la démolition de la petite communauté de Guindonville (1) à Val-David, un dossier traité en profondeur à l'époque dans le mensuel Le Couac, en avez-vous réentendu parler depuis? Avez-vous jamais entendu parler de l'ex-communauté de Sombrio Beach (2) en Colombie-Britannique, épisode semblable à celui de Guindonville?
Bref, je pense qu'il faut pas trop couper les liens et les ponts avec le reste de la société ni avec le politique plus traditionnel. Prôner cela pour tous et toutes et en faire plus qu'une expérience utile, enrichissante, trippante et/ou instructive, qu'un laboratoire ou qu'un mode de vie alternatif marginal me semble être un beau trip d'occidentaux n'ayant guère manqué de confort, de sécurité et d'alternatives dans leur vie. Et à la fin du trip, à quand la prochaine ère Reagan (comme à la fin des années 70)?
Pour faire une vraie critique fondamentale des primitivistes, faudrait encore les connaître et ne pas les confondre avec les hippies. Ouais pour une véritable critique... mais qui attaque vraiment sa cible et non en reste à ses préjugés.
Je suis très loin d'être seul ne t'en déplaise. Partout à travers le monde les gens s'organisent sur des bases autonomes et commmunisent, des Piqueteros d'Argentine jusqu'aux squatteurs autonomes d'Europe jusqu'aux espaces de communisation d'ici... Et le nous n'est pas un regroupement formel de personnes mais un nous de position, tu n'as qu'à lire entre autres l'Appel pour le comprendre. Pas grand chose avec une position bourgeoise, c'est plutôt les anrchocommunistes qui continuent à vivre en achetant, dans leurs petits apparts en individualistes protégeant comme une propriété privée qui me semblent bourgeois. Alors que l'autonomie et le communisme répondent entre autres aux attaques bourgeoises et se construisent de manière parfois comme une offensive contre leur monde.
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