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Élections municipales: les opportunistes font la fileAnonyme, Domingo, Octubre 2, 2005 - 14:50
Arsenal-express
La campagne en vue des élections municipales qui auront lieu le 6 novembre prochain est ouverte depuis maintenant une semaine et déjà, des milliers de candidats et de candidates ont annoncé qu'ils allaient être sur les rangs. Notables locaux de faible envergure; ex-politiciens discrédités sur la scène fédérale ou provinciale, qui essaient de prolonger une carrière agonisante; opportunistes de toutes les couleurs qui souhaitent profiter de l'assiette au beurre ou utiliser cette expérience comme tremplin pour une carrière politique à plus haut niveau: on aura droit à tout cela, et même pire, au cours des cinq prochaines semaines. La campagne en vue des élections qui auront lieu dans plus d'un millier de municipalités québécoises le 6 novembre prochain est ouverte depuis maintenant une semaine et déjà, des milliers de candidats et de candidates ont annoncé qu'ils allaient être sur les rangs. Notables locaux de faible envergure; ex-politiciens discrédités sur la scène fédérale ou provinciale, qui essaient de prolonger une carrière agonisante; opportunistes de toutes les couleurs qui souhaitent profiter de l'assiette au beurre ou utiliser cette expérience comme tremplin pour une carrière politique à plus haut niveau: on aura droit à tout cela, et même pire, au cours des cinq prochaines semaines. Dans les villes assez grandes pour que le nombre le justifie, les candidatEs et leurs "partis" ont accroché leurs affiches aussi laides qu'insignifiantes, à un point tel qu'il n'y a pratiquement plus moyen de tourner un coin de rue sans risquer de s'y écorcher un œil. Rien qu'à Montréal, pas moins de 105 postes sont à combler, allant des "conseillers de ville" jusqu'au maire, en passant par les "maires d'arrondissement". Bref, il y en a pour tout le monde, ou presque... Pour la grande bourgeoisie qui domine la société québécoise, les élections municipales ne représentent pas, à proprement parler, un énorme enjeu. Les municipalités constituent certes un rouage important du pouvoir bourgeois: elles assurent la gestion de certaines infrastructures (transport, voirie, égouts...) et établissent certaines conditions qui favorisent l'activité économique des capitalistes (permis, réglementation...). Parfois, elles ont un rôle à jouer dans le maintien de la "paix sociale" et le contrôle des masses populaires (gestion du service de police, de l'aide de première ligne et des œuvres caritatives...). Mais au niveau politique, les éluEs municipales et municipaux sont appeléEs à prendre bien peu de décisions susceptibles de déterminer, orienter ou soutenir l'évolution du capitalisme vers telle ou telle direction, selon tel ou tel intérêt. Ceci explique sans doute pourquoi on retrouve des situations carrément loufoques, mais qui en disent long sur la nature de la démocratie bourgeoise, dont on nous dit pourtant qu'elle constitue le moyen idéal pour que la population choisisse comment elle souhaite voir la société être orientée: les "divergences idéologiques fondamentales", qui divisent supposément les grands partis bourgeois, disparaissent comme par enchantement lorsqu'il s'agit des élections municipales. Ainsi, dans l'arrondissement Ville-Marie à Montréal, les candidats du parti du maire sortant Gérald Tremblay ont reçu l'appui à la fois de l'ex-chef du PQ Bernard Landry, de l'aspirante à sa succession Pauline Marois (celle-là même qui a osé lui montrer la porte de sortie!) et du député libéral Jacques Chagnon. S'il n'est pas rare de voir des transfuges passer d'un côté à l'autre du parquet à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des communes (comme on l'a vu au printemps dernier avec le coup fumant réalisé par Paul Martin et sa nouvelle recrue Belinda Stronach), au niveau municipal, ce phénomène est quasiment endémique. Toujours à Montréal, au moins neuf candidatEs du parti de Gérald Tremblay ont en effet déjà siégé comme représentantEs du parti Vision Montréal de l'ancien maire Bourque. Dans son édition du 28 septembre, le quotidien La Presse rapportait même que plusieurs candidatEs du parti Vision Montréal *sont également membres en règle de celui de Gérald Tremblay*! Parmi ces visages à deux faces, le quotidien mentionnait le cas de la candidate à la mairie de l'arrondissement Montréal-Nord, Élaine Bissonnette. Membre de Vision Montréal depuis plus de quatre ans déjà, celle-ci a néanmoins tenté, sans succès, d'être candidate pour l'Équipe Tremblay, dont elle a acheté sa carte de membre. "Nos professeurs nous disaient qu'il fallait toujours être membre du parti au pouvoir parce que l'on a l'information de première ligne", a-t-elle tenu à expliquer -- sans préciser toutefois de quels "professeurs" il s'agit (peut-être est-elle passée elle aussi par l'École nationale de l'humour?). En désespoir de cause, elle est donc retournée voir Pierre Bourque, qui l'a recueillie, dit-il, étant donné "la qualité de cette femme-là" (sic). Un autre cas tout aussi édifiant est celui de la candidate de Vision Montréal dans l'arrondissement Anjou, Claire Manset, qui est devenue membre du parti de Gérald Tremblay en signant le bulletin de candidature de son propre adversaire: "Je n'étais pas dans mon assiette et j'ai confondu les partis", a-t-elle expliqué à La Presse, pour tenter de se justifier... Si ça peut la rassurer, disons qu'elle n'est certainement pas la seule à "confondre les partis": ce phénomène n'est que normal, étant donné leurs profondes similitudes. Si les partis municipaux sont encore plus interchangeables que leurs grands frères provinciaux et fédéraux, en raison du peu d'enjeux fondamentaux qui caractérisent la politique municipale, il n'en reste pas moins que pour une certaine catégorie de bourgeois, celle-ci demeure un lieu privilégié pour faire valoir leurs intérêts -- au sens le plus étroit de la chose. C'est le cas, notamment, de tous ces entrepreneurs, consultants, grands bureaux d'avocats, firmes d'ingénieurs ou d'architectes, et promoteurs immobiliers du même acabit, qui bénéficient de la manne des contrats distribués par l'administration municipale. Une enquête publiée ce week-end par le quotidien The Gazette révèle ainsi que les propriétaires et dirigeants d'au moins 302 entreprises ont contribué au financement du parti du maire Tremblay au cours des quatre dernières années. Parmi elles, pas moins de 284 firmes ont par la suite obtenu des contrats ou réalisé des transactions immobilières avec la municipalité! Bon an mal an, la Ville de Montréal attribue des contrats pour une valeur totalisant près de 260 millions de dollars, pour des services allant du pavage jusqu'au déneigement des rues, en passant par des conseils juridiques. En vertu de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, elle-même inspirée par la fameuse Loi régissant le financement des partis politiques adoptée en 1977 par le gouvernement Lévesque, les entreprises -- tout comme les syndicats -- n'ont pas le droit de contribuer directement au financement des partis politiques, afin, nous dit-on, d'éviter tout trafic d'influence. Mais comme on l'a vu lors des audiences tenues par la commission Gomery, il n'y a rien de plus simple, pour une entreprise, que de contourner ces dispositions, en y allant de "dons individuels" de dirigeants ou d'employés, quitte à rembourser ceux-ci discrètement. C'est la méthode qu'avait utilisée Jean Brault, alors propriétaire de la firme Groupaction, pour contribuer au financement du Parti québécois alors au pouvoir, dont il souhaitait obtenir des contrats: Brault lui-même, et 16 de ses employés, avaient chacun versé au PQ la somme maximale autorisée par la loi (3 000$) -- ce que la trésorière nationale du PQ avait accepté en toute connaissance de cause. Le maire de l'arrondissement Mercier/Hochelaga-Maisonneuve, Ivon Le Duc, qui sait de quoi il parle puisqu'il fut conseiller pendant neuf ans pour Vision Montréal avant de passer à l'Équipe Tremblay, a candidement confirmé à The Gazette que le fait, pour les partis politiques municipaux, de solliciter systématiquement les contributions des firmes susceptibles d'obtenir des contrats fait partie d'un "système établi de longue date". Selon lui, "à chaque fois que quelqu'un verse une contribution de plus de 500$... cette personne reçoit quelque chose en échange". On aura beau adopter toutes les mesures qu'on voudra qui "garantiront", sur papier, "l'impartialité" du processus électoral, le capitalisme restera toujours le capitalisme, et les élections ne seront jamais autre chose qu'un mécanisme servant à donner l'illusion aux masses populaires qu'elles ont un mot à dire sur la direction de la société -- alors que dans les faits, celle-ci est dominée et contrôlée à 100% par les capitalistes. Comme le dit crûment un des entrepreneurs ayant été interviewés par The Gazette, il est utopique de penser qu'on pourra changer ce système simplement en "démocratisant" le processus électoral: "Tant et aussi longtemps que l'argent [lire: la recherche du profit maximum par les capitalistes] mènera le monde, alors le système évoluera en fonction de cet impératif." Cela n'empêche pourtant pas les réformistes, qui font profession "d'améliorer le système de l'intérieur", de se lancer dans l'arène électorale municipale, pour y mousser et faire revivre leurs fumeuses "alternatives politiques". Pendant longtemps à Montréal, on a ainsi eu droit au "Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal" (le RCM), qui a exercé le pouvoir sans jamais changer quoi que ce soit au visage capitaliste de la métropole, présidant même à la gentrification des quartiers populaires. "L'aile gauche" de ce parti s'en est dissociée, à un certain moment, pour créer une nouvelle formation (une alternative de plus!) qui s'est appelée la "Coalition démocratique de Montréal". L'un de ses porte-parole, Marvin Rotrand, fait désormais partie de l'Équipe Tremblay, tout comme cet ancien dirigeant du RCM et ex-militant du mouvement communautaire, André Lavallée. À un moment donné, un autre ancien membre de la dite "Coalition", Pierre Goyer, s'est même retrouvé aux côtés de Pierre Bourque, chez Vision Montréal! Bref, la vie politique municipale semble tout à fait propice à l'éclosion des pires formes d'opportunisme. Ce n'est pas sans raison que de nombreux et nombreuses prolétaires refusent de participer à ce cirque. Selon une étude publiée par le gouvernement du Québec, le taux de participation aux élections municipales a oscillé de 49% à 56% entre 1996 et 2002. Cette année, on peut s'attendre encore une fois à ce que le taux de participation diminue, malgré les incantations de la ministre Nathalie Normandeau, qui aimerait bien que ce soit l'inverse qui se produise. Les travailleurs et les travailleuses savent qu'ils et elles n'ont rien à gagner à se laisser séduire par les discours populistes des uns et des autres. Nous nous abstiendrons donc de participer à cette mascarade, le 6 novembre. Et d'ici là, rien n'interdit de commencer à passer le balai là où il le faut, en détruisant quelques pancartes et en laissant savoir aux politiciens corrompus et opportunistes qu'ils ne sont pas les bienvenus, quand ceux-ci oseront se trouver sur notre chemin. L'État est un rouage de notre exploitation, à tous les niveaux! _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 66, le 5 octobre 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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