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Le procès Shamir: devant le tribunal de Nanterre, un plaidoyer pour l’antisémitismeasterix, Domingo, Octubre 2, 2005 - 03:34
Michel Derczansky
Devant le tribunal de Nanterre, un avocat d'extrême droite explique les "Protocoles des Sages de Sion" et cite Marx pour justifier l'antisémitisme Quand un avocat d'extrême droite, ancien candidat du Front national et négationniste avéré, cite Karl Marx pour défendre des écrits antisémites. ------ Extrait de L’Arche n°570 (octobre 2005) Numéro spécimen sur demande à i...@arche-mag.com Reproduction autorisée sur internet avec les mentions ci-dessus ------ Le mardi 6 septembre 2005 comparaissaient, devant la 14e chambre du Tribunal de grande instance de Nanterre, la maison d’édition Al Qalam et son gérant, Abdelila Cherifi Alaoui, pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion. Al Qalam est le diffuseur en France du livre d’Israël Adam Shamir L’autre visage d’Israël. La LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), partie civile, était représentée par Me Marc Lévy. Les éditions Al Qalam étaient représentées par Me Éric Delcroix – ancien candidat du Front national, et défenseur habituel des négationnistes dont il partage ouvertement les thèses. Ce mélange de radicalités se traduisit dans la salle du tribunal et aux alentours, où les gardes du corps et les militants d’extrême droite côtoyaient les militants d’extrême gauche. Sur le fond de l’affaire, les propos incriminés sont dénués d’ambiguïté. Ainsi, selon le livre, la domination des Juifs sur le monde ne serait pas qu’un rêve que les Juifs caresseraient en secret. Ce serait un objectif fondamental poursuivi intentionnellement par les Juifs. Dans les termes d’Israël Shamir: «Maintenant il semble que les Juifs (en tant que groupe distinct des non-Juifs) soient unis par une volonté commune, un objectif unique et un sentiment de puissance. L’intoxication par le pouvoir et l’unité a amené ces gens cauteleux à laisser tomber le masque, à renoncer aux faux-semblants. La nouvelle ouverture nous fournit un aperçu sans précédent de l’âme des Juifs et de leurs supporters Mammonites.» Ainsi, les Juifs parviendraient à mettre en œuvre leur programme, à annihiler les autres systèmes de valeurs, à convertir le monde à leurs valeurs et à piller le reste de l’humanité. Voici comment Israël Shamir décrit la chose: «Dans le domaine de la pensée, la tendance brahmane des Juifs devrait être rendue visible et contestée. Le Brahmane n’est pas un ennemi mais sa tendance traditionnelle à la domination devrait être combattue par une meilleure visibilité et il devrait avoir à rendre des comptes. (…) L’emprise judéo-mammonite a éliminé les forces vives de l’Amérique et les a guidés vers le dépérissement. (…) L’appauvrissement des indigènes n’est que le revers de la médaille de l’enrichissement des communautés juives.» Après avoir rappelé le contexte de cette affaire et lu les passages les plus significatifs du livre, le président du tribunal s’adresse à M. Cherifi Alaoui et lui demande si le livre publié par lui ne peut pas faire basculer dans un passage à l’acte des personnes qui, lisant ces propos, voudraient se libérer de cette prétendue domination juive. La réponse de l’accusé est à la fois brève et significative du sens qu’il attribue à la notion de responsabilité et de liberté: «Si je ne partage pas tout ce que pense l’auteur du livre, pour autant nous sommes je crois dans un pays libre, où toutes les idées peut être exprimées. Les propos du livre ne mettent pas en cause les Juifs mais ceux qui adhérent à la volonté de domination du monde.» Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense, Me Delcroix, a recours à une stratégie utilisée notamment en matière de diffamation: «l’exception de vérité», consistant à tenter de démontrer que ce qui est dénoncé comme une diffamation est bel est bien avéré. On comprend aisément qu’en ce qui concerne l’incitation à la haine raciale, plaider l’exception de vérité c’est ouvrir une brèche béante qui ferait que le racisme soit tolérable, puisque ce qui le sous-tend serait avéré, incontestable, vérifié… Me Éric Delcroix convoque successivement à la barre Karl Marx et l’écrivain juif Édouard Valdman, afin de nous convaincre que «la chasse à l’argent» est effectivement un «paradigme» induit du judaïsme. La citation d’Édouard Valdman est extraite de son contexte par l’avocat, qui suppose à l’écrivain des opinions contraires à celles qu’il exprime réellement. Mais sa citation de Karl Marx (La question juive) est exacte: «Quel est le fond du judaïsme? Le besoin pratique, l’utilité personnelle. Quel est le culte profane du juif? Le trafic. Quel est son dieu profane? L’argent. Eh bien, en s’émancipant du trafic et de l’argent, par conséquent du judaïsme réel et pratique, l’époque actuelle s’émanciperait elle-même (…) La conscience religieuse du juif s’évanouirait.» L’antisémitisme de Marx devient donc la référence grâce à laquelle un avocat notoirement affilié à l’extrême droite entend légitimer un discours antisémite contemporain. En ce qui concerne l’aspiration des Juifs à dominer le monde, et la véracité des Protocoles des Sages de Sion, Me Delcroix souligne qu’Israël Shamir «s’interroge sur le sens, la valeur et la portée des célèbres Protocoles des Sages de Sion, dans lequel [sic] il voit, tout comme Soljenitsyne, un roman prophétique décrivant un siècle à l’avance ce qu’allait devenir l’Occident, à l’instar du fameux 1984 de George Orwell». Et Me Delcroix de poursuivre: «Le propos de Monsieur Shamir n’implique évidemment pas les Juifs du fait de leur religion, mais du fait qu’ils adhérent trop souvent, sous leur seule responsabilité individuelle, à des “idées |
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