Résistance 27, mai 2005 • www.socialiste.qc.ca

Crise du Parti libéral fédéral

L'alternative est dans la rue!

Le scandale des commandites dévoile une méthode corrompue de financement du Parti libéral avant tout au Québec, où les Libéraux avaient perdu leur base suite au coup constitutionnel de 1982. Des millions de dollars ont été dirigés vers des entreprises de publicité liées de près aux Libéraux, en récompense de très peu de travail.

Mais le pire est que le travail que ces entreprises ont fait représente une tentative d’acheter l’appui de la population du Québec pour le fédéralisme canadien à coup de publicité.

Et c’est à travers ces entreprises de publicité que l’argent provenant des commandites a atteint les Libéraux de Charest, pour financer sa campagne électorale de 1998. Ce lien entre Charest et le scandale n’est qu’une autre raison pour laquelle il se trouve avec un taux de désapprobation de 71 en ce moment.

Mais le témoignage du patron d’agence de publicité montréalais Jean Brault a révélé aussi l’implication du Parti Québécois, qui a reçu des paiements importants, tout comme le PLQ, en violation de la loi électorale au Québec. Son entreprise, Groupaction, a fait des paiements illégaux et déguisés au PQ pour consolider un contrat de publicité avec la Société des alcools, une agence du gouvernement du Québec. Personne n’échappe à la peur d’être éclaboussé par ce scandale de corruption.

L’intégration de la politique et des affaires dans une société capitaliste, peu importe le parti, est bien en évidence, ainsi que la corruption de la"démocratie" capitaliste. Quand l’argent permet de gagner des campagnes électorales, les opinions des riches sont toujours plus importantes que celles des pauvres. Ce ne sont pas les gens qui travaillent au salaire minimum, les sans-emploi ou les étudiantEs qui peuvent influencer la vie politique par leurs contributions financières. On a besoin d’un changement fondamental pour exercer un vrai pouvoir, pour bénéficier d’une démocratie sociale.

Par conséquent, les prochaines élections fédérales ne seront pas un modèle de démocratie non plus. Le cynisme politique est plus profond que jamais, et le taux d’abstention pourrait être très élevé. Et il y aura des milliers de gens ordinaires qui voudront punir les voleurs et les corrompus, mais qui n’auront pas de véritable choix quand ils se présenteront aux urnes.

Les conservateurs de Stephen Harper sont non seulement contre l’égalité du mariage pour les gais et lesbiennes et très divisé sur le libre choix de l’avortement pour les femmes, mais leur positions sur les impôts, les services sociaux, et la politique étrangère sont trop à droite pour la majorité de la population québécoise ou canadienne. Mais plusieurs voteront pour Harper uniquement pour punir les Libéraux – ce qui ressemble à la montée de l’ADQ dans les sondages au Québec. Et le Bloc semble avoir atteint les limites de sa capacité d’influencer la balance du pouvoir.

La seule alternative de gauche au niveau fédéral est toujours le NPD. Mais en plus du fait que le NDP ne démontre aucune capacité de faire campagne au Québec dans le respect de l’autodétermination, l’orientation du leader Jack Layton et de son caucus parlementaire est de soutenir le gouvernement minoritaire des Libéraux pour en arracher des réformes.

Mais les acquis les plus importants qu’on a gagnés des Libéraux au fédéral par le passé ne sont pas le résultat d’un soutien de la gauche mais de confrontations avec les mouvements sociaux. C’était un mouvement de masse qui a empêché ce gouvernement de s’engager dans la guerre en Irak et de participer dans la "guerre des étoiles" du bouclier antimissile de Bush.

Donc la vraie alternative est dans la rue. Il faut profiter de cette occasion de colère sans solution électorale pour se mobiliser autour des grandes questions du jour: réinvestissement dans les programmes et services sociaux et dans l’assurance emploi; opposition concrète à l’occupation de l’Irak en accueillant les soldats américains qui refusent d’y aller; adoption d’un vrai plan pour réduire la consommation d’énergie et les gaz à effet de serre; et restitution de libertés civiles en cessant le profilage racial et en éliminant les certificats de sécurité. Car la crise actuelle des Libéraux est le résultat non seulement du scandale des commandites, mais d’une impasse politique beaucoup plus profonde.

Et on ne devrait pas attendre une élection pour se mobiliser sur ces enjeux. Au contraire, la faiblesse d’un gouvernement minoritaire empêtré dans les scandales nous fournit une opportunité à ne pas manquer dès maintenant.

Chantal Sundaram

Résistance 27, mai 2005 • www.socialiste.qc.ca