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Harry Potter et l'anti-capitalismeinternationaliste, Miércoles, Septiembre 21, 2005 - 13:20 Résistance 29, septembre 2005 • www.socialiste.qc.ca Harry Potter et l'anti-capitalisme Avec la parution du sixième livre dans la série Harry Potter, dont la popularité atteint des sommets inattendus, de plus en plus de gens s’achètent une copie, deviennent complètement mordus et se voient ensuite contraints à attendre deux ans avant la sortie du prochain et dernier chapitre de la série. L’intérêt pour le livre a grandi de façon exponentielle depuis la parution du premier tome en 1997, menant à la création d’une série de films ainsi qu’une panoplie de produits dérivés vendus à des prix ridicules. Cependant, même si le capitalisme de consommation a rejoint le phénomène Harry Potter, cela ne veut pas dire que les livres en soi font la promotion des valeurs capitalistes. En fait, le contraire semble être le cas. Les personnages principaux sont Harry, rendu orphelin par le terrible Seigneur Voldemort alors qu’il était bébé, Ron, le cadet d’une pauvre famille de neuf (9) et Hermione, une « Moldus »; (terme réservé pour les êtres humains qui ne sont pas des descendants de magiciens), née sorcière. Entre ces trois personnages, les enjeux traités par la série sont apparents. Premièrement et de façon plus importante, il existe une menace dans le monde qui est prêt à tout faire afin de prendre le pouvoir et de recruter des disciples: Le Seigneur Voldemort. Afin de réussir, Voldemort (ou Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, alias Vous-savez-qui) sème la haine et la méfiance dans la société, faisant la promotion de la discrimination et de l’ambition sans cœur. Les sorciers descendants des Moldus et les Moldus en général sont ceux qui sont les plus détestés par Voldemort et ses disciples (surnommés les «; Mangemort »), et sont souvent victimes de leurs crimes de haine les plus violents. Même si la famille de Ron est composée de sorciers « de sang pur » ils sont surnommés des « traîtres contre leur sang » car ils fréquentent les sorciers qui ne sont pas de sang pur et militent pour leur acceptation (ce qui est déjà chose courante dans le monde des sorciers). Ils font également la promotion de la conscience de classe, puisque la pauvreté dans laquelle se trouve Ron est toujours un enjeu dans l’intrigue et constitue une autre raison pour laquelle les « bons sorciers » sont tentés de se joindre au côté Obscur. Hermione est souvent l’objet de moqueries haineuses concernant son statut; elle est surnommée « sang de boue » par les Mangemort et leurs sympathisants et subit même la discrimination de la part de ses professeurs, qui sont surpris et étonnés de voir qu’elle est si intelligente pour une descendante des Moldus. (voir HP6 pp. 71; 176). Cependant, ces Mangemort forment une partie relativement minime de la population. La majorité du monde sorcier appuie le Ministère de la Magie, qui adopte une approche plutôt pragmatique face aux crimes haineux : il reconnaît leur existence et l’injustice qui en résulte mais n’intervient pas, ni pour les arrêter, ni pour éliminer leur source. Il existe par contre un groupe qui milite pour la sécurité de tous les sorciers et sorcières ainsi que de la société des Moldus, appelée l’Ordre du Phénix, dirigé par Albus Dumbledore, directeur de l’école où étudie Harry. C’est une organisation d’avant-garde qui combat activement les Mangemort et Voldemort tout en essayant de persuader le Ministère de suivre une stratégie plus raisonnable. L’Ordre ne regroupe pas uniquement des sorciers mais également des créatures magiques, incluant des loups-garous et des géants, qui subissent, en plus de la discrimination des Mangemort, celle du monde des sorciers au sens large. Nous retrouvons donc trois niveaux d’activité dans la série Harry Potter : les Mangemort, menés par Voldemort, le Ministère, mené par le Ministre de la Magie et l’Ordre du Phénix, mené par Dumbledore. Si les livres se contentaient de mentionner en passant que la discrimination est une chose injuste et présentaient l’Ordre comme un bon exemple contre le phénomène, ils ne seraient pas aussi dignes de mention. Mais ils renferment plutôt une dynamique très intéressante: l‘Ordre monte une rébellion contre le gouvernement qui ne fait pas assez et ne prend pas les moyens adéquats pour mettre fin au cercle vicieux de haine et de violence. La découverte de la résurrection de Voldemort a créé un climat de peur intense ayant mené le Ministère à adopter des lois dures contre ceux et celles qui sont accusés d’être des Mangemort. L’emprisonnement sans procès devint chose commune et plusieurs innocents furent envoyés à Azkaban, la prison pour sorciers. Quand l’Ordre a dénoncé ces tactiques, le Ministère a retiré Dumbledore de son poste dans le « sénat »(appelé «Wizengamot »); éliminant ainsi la voix de dissidence de ses rangs. En raison de cela, l’Ordre finit par non seulement militer contre Voldemort et sa tentative de prendre le pouvoir, elle se retrouve également séparée du Ministère, de façon à préserver une perspective critique face à celui-ci. La grande allégorie que nous avons soulevée jusqu’ici demeure la suivante: 1) Les Mangemort et Voldemort sont ambitieux et ont la soif de pouvoir et ne se soucient pas de ceux et celles dont les vies sont détruites par leur quête pour la gloire. Ils sont les capitalistes qui vont piller leur pays et ceux des autres pour le pétrole et la richesse, sans se soucier de combien de vies sont gâchées en chemin. 2) Le gouvernement est en collusion avec les Mangemort/le monde des affaires et leur permet même de continuer leurs activités sans opposition. Quand il devient impossible d’ignorer la destruction qui en résulte, le gouvernement adopte une mauvaise stratégie en se tournant contre ses propres citoyens et en adoptant des lois qui font plus mal au peuple que poser obstacle aux activités destructrices des capitalistes. 3) L’Ordre du Phénix est constitué d’activistes qui continuent à lutter même quand il ne semble rester aucun espoir de bâtir la résistance contre la haine, la destruction et l’avidité créée par les Mangemort et également contre le gouvernement qui se protège et protège le statu quo en refusant de cibler les Mangemort d’une manière directe. En outre, l’auteure JK Rowling a elle-même fait allusion à la critique sociale qui se retrouve dans ses livres.[1] La plus intéressante de ces allusions est une phrase qui donne espoir à l’avenir de la résistance : « Voldemort lui-même a créé son pire ennemi, tout comme les tyrans qui le font partout! Avez-vous une idée de comment les tyrans ont peur des gens qu’ils oppriment? Ils réalisent tous qu’un jour, parmi les victimes, il est assuré d’y en avoir un ou une qui se lèvera contre eux et qui contre-attaquera! » [2] Il est possible qu’il y ait et il devrait certainement y avoir plus de critiques littéraires marxistes de cette série; ce n’est pas une Bible anti-capitaliste, et le livre en soi ne plaide pas en faveur d’une révolution quelconque. L’activisme basé sur le sexe par exemple est manifestement absent de l’histoire, bien que la communauté des adeptes de la série aient repris cet enjeu autour duquel ils ont fait un travail intéressant. Le travail d’Hermione sur l’esclavage des lutins domestiques a également été traité comme une sorte de blague dans les livres et leur désir d’être opprimé a toujours été problématique, et ce, peut-être de façon intentionnelle. Par conséquent, il est possible de voir cette série comme étant une indication des tendances actuelles, où l’activisme devient de plus en plus commun et moins discipliné. Cependant, ces lacunes ne diminuent en rien et même provoquent la réflexion concernant le message véhiculé aux lecteurs par la série Harry Potter : résistez contre vos oppresseurs et faites le avec ou sans l’aide de votre gouvernement. Organisez-vous d’une manière non discriminatoire et travaillez avec des gens qui sont marginalisés par le courant de pensée principal dans la société. Meredith Warren, Montréal [1] Voir http://www.Moldusnet.com/jkrinterview.shtml pour les pensées de JK Rowling sur le sujet, notamment : ´ Je n’ai jamais pensé ´ il est temps pour un livre Harry Potter, post-11 septembre ª, non. Mais ce que Voldemort fait, dans un sens, constitue du terrorisme et cela était clair dans ma tête avant les événements du 11 septembre…mais il y a des parallèles évidemment. Je crois qu’un des moments où j’ai eu conscience des parallèles fut en écrivant sur l’arrestation de Stan Shunpike (arrêté sans cause et emprisonné), vous savez ? J’avais toujours planifié que ces genres de choses se produiraient, mais ils créent des résonances importantes considérant le fait que je crois et de nombreuses personnes croient qu’il y eut des cas de persécution de gens qui ne méritaient pas d’être persécutés, alors que nous tentions de trouver des gens qui ont commis des atrocités … Il y avait des parallèles étonnants ª — JK Rowling, 16 juillet 2005, Edimbourg. Résistance 29, septembre 2005 • www.socialiste.qc.ca |
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