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Katrina a révélé la pourriture du système

Eric Smith, Lunes, Septiembre 12, 2005 - 09:19

Arsenal-express

La terrible catastrophe générée par le passage de l'ouragan Katrina dans le sud-est des États-Unis a fait ressortir clairement l'ensemble des inégalités qui marquent le pays impérialiste le plus puissant de la planète, et le caractère profondément oppressif du système social qui y domine.

Derrière le masque d'un pays extraordinairement "prospère" qui assure, nous dit-on, le bien-être de tous ses citoyens et citoyennes (c'est du moins le message que nous ressassent sans cesse les idéologues de la bourgeoisie, et que reprennent parfois certains courants "de gauche" qui prétendent qu'il n'y a "ni prolétariat, ni exploitation" dans ce pays), se cache en fait une division extrêmement profonde entre ceux et celles qui possèdent tout, et les millions d'autres qui "ne sont rien", pour reprendre les paroles si juste de L'Internationale, aux yeux d'un système bâti sur mesure pour assurer la domination des premiers.

Une division de classe, certes, mais qui prend encore aujourd'hui la forme d'une division raciale évidente, malgré les progrès apparents réalisés par le mouvement des droits civils au cours des 30 ou 40 dernières années. Comme on peut le voir en continu depuis dix jours, les sinistréEs de l'ouragan Katrina sont très majoritairement pauvres, et majoritairement noirEs. Le député de la Louisiane, William Jefferson, n'a fait que constater une évidence quand il a déclaré que "si ces gens n'avaient pas été noirs et pauvres, ils n'auraient pas été laissés à La Nouvelle-Orléans pour commencer" (La Presse, 03/09/2005).

Non pas qu'il eut été possible de stopper la tempête: celle-ci était bien sûr inévitable -- dans la mesure, du moins, où on ne puisse l'associer directement au phénomène général du réchauffement de la planète (une hypothèse que certains ont émise, mais qui reste à vérifier). Mais comme l'ont souligné avec raison nos camarades du Parti communiste révolutionnaire des États-Unis (le RCP,USA) dans la déclaration qu'ils ont émise au lendemain de la catastrophe, "le chaos, la douleur et la mort qui en ont résulté étaient quant à eux parfaitement évitables".

L'abandon de centaines de milliers de pauvres, totalement démuniEs, alors que la tempête était prévisible et prévue, de fait, depuis déjà des jours, n'avait rien d'une quelconque "fatalité". La désorganisation, l'anarchie et la honteuse répression qui ont caractérisé jusqu'ici (et continuent à caractériser) l'organisation des secours, n'avaient rien d'un "acte de Dieu" -- sauf le fait qu'elle a été dirigée par des gens qui se croient investis d'une "mission divine" et qui n'hésitent parfois même pas à se présenter comme les "représentants de Dieu sur terre".

Et ces gens, qui se réclament d'une idéologie qui en principe, se préoccupe de la vie humaine et du malheur d'autrui, ont osé ordonner aux troupes qu'ils commandent de "tirer pour tuer", comme l'ont fait les flics de cet autre illuminé qu'est Tony Blair il y a quelques semaines au Royaume-Uni, contre les sinistréEs les plus désespéréEs, contraintEs de voler quelque nourriture pour survivre.

Il faut lire et relire cette déclaration de la gouverneure de l'État de la Louisiane, Kathleen Blanco (du Parti démocrate!), évoquant le déploiement de 30 000 membres de la Garde nationale: "Ces troupes sont entraînées au combat. Elles disposent de fusils d'assaut M-16 chargés. Ces hommes-là savent tirer et tuer et j'attends d'eux qu'ils le fassent!" (Reuters, 02/09/2005) Heureusement qu'ils sont là pour réaliser une mission humanitaire, sinon on se demande bien ce qui les aurait empêché de bombarder des quartiers entiers...

Le fait est que les militaires, les membres de la Garde nationale et plus généralement, les représentantEs de l'administration publique ont traité la grande majorité des victimes, à quelques exceptions près, comme s'ils avaient affaire à des "combattants ennemis", sans aucune trace d'humanité: comportements autoritaires, refus de donner quelque explication que ce soit, interdiction imposée aux victimes de s'organiser et d'agir selon leur propre volonté (notamment, pour ce qui est de choisir une destination d'accueil, qui sera sans doute pour la plupart d'entre elles l'endroit où elles devront refaire leur vie, ce qui n'est quand même pas rien)...

Dans un article paru le 2 septembre dans l'hebdomadaire Army Times, le commandant de la Garde nationale pour l'État de la Louisiane expliquait ainsi la nature de l'opération en cours à La Nouvelle-Orléans: "This place is going to look like Little Somalia. We're going to go out and take this city back. This will be a combat operation to get this city under control." [TRADUCTION: "Ce qui va se passer va ressembler à plus petite échelle à ce qui s'est passé en Somalie. Nous allons nous déployer et reprendre le contrôle de la ville. Ce sera une véritable opération de combat."]

Comme l'ont écrit nos camarades du RCP,USA dans l'édition spéciale du journal Revolution qu'ils ont publiée le week-end dernier (05/09/2005): "De quelle sorte de gouvernement s'agit-il, qui place les gens dans une situation inhumaine, pour ensuite menacer de les tuer de sang froid, à la pointe du fusil, simplement parce qu'ils essaient de s'en sortir du mieux qu'ils le peuvent? On a affaire à un gouvernement -- et à un système -- pour qui les profits et le maintien des rapports de production capitalistes passent au-dessus des gens, un gouvernement qui se préoccupe d'abord et avant tout de maintenir son contrôle social sur les masses."

Le bilan de toute cette opération reste à faire, et ce n'est certainement pas "l'enquête" bidon que George W. Bush "supervisera personnellement" qui fera la lumière; mais il semble déjà assez clair que pour bien des victimes, parmi les plus pauvres, l'intervention des autorités n'aura contribué qu'à aggraver leurs malheurs et leur situation, au lieu de les aider.

L'inertie, l'incompétence et le mépris de la vie humaine affichés par l'administration Bush et les autorités publiques ont déclenché un véritable torrent de colère parmi la population aux États-Unis et ailleurs, et nul doute que les insultes que les Dick Cheney et consorts ont récoltées jusqu'à maintenant sont pleinement méritées. Ce vent de protestation n'emportera vraisemblablement pas le régime de Bush, malheureusement, mais il a au moins le mérite de montrer que tout n'est pas perdu et que le système de domination mis en place par la grande bourgeoisie impérialiste aux États-Unis peut être ébranlé, et qu'il n'est peut-être pas aussi puissant qu'il y paraît au premier abord.

Le passage de l'ouragan Katrina et les dommages humains et matériels extraordinaires qu'il a entraînés, en raison du cafouillage et de l'absence de toute planification de la part des autorités, nous permet aussi d'imaginer, par la négative, ce que pourrait représenter le fait de vivre dans une société différente -- une société socialiste, dirigée par le prolétariat -- dans laquelle les masses seraient considérées comme le bien le plus précieux et surtout, dans laquelle elles seraient appelées à un jouer un rôle décisif dans l'organisation sociale. Une telle société, dans laquelle les valeurs profondes de solidarité et d'entraide qu'on peut déceler en ce moment même auraient le dessus sur la mentalité individualiste à tout crin qui caractérise le capitalisme, pourrait faire les choses autrement, tant en termes de préparation que de réparation, lorsqu'un désastre naturel se produit.

Dans un commentaire publié dans les pages du journal Revolution, le porte-parole national du RCP,USA, Carl Dix, a écrit ces quelques mots, que nous souhaitons reprendre et partager avec nos lecteurs et lectrices: "George Bush a déclaré que ce serait 'tolérance zéro' contre ceux et celles qui commettent des actes illégaux. N'est-il pas temps qu'on applique une politique de tolérance zéro à l'endroit d'un système qui n'a jamais été foutu et ne sera jamais foutu de mettre fin à l'oppression des NoirEs? Ou contre un système qui menace de recourir à la violence institutionnalisée contre les gens qui tentent simplement de s'organiser pour échapper à la mort et aux épidémies? L'ouragan Katrina nous a permis de voir de quel bois se chauffent nos dirigeants et le système qu'ils défendent. Tant et aussi longtemps qu'on laissera le pouvoir aux mains de ces capitalistes exploiteurs, on connaîtra d'autres épisodes de souffrance comme celui qui se déroule actuellement à La Nouvelle-Orléans et dans le Mississipi. Il est plus que temps de se débarrasser des chaînes de l'oppression et de se joindre au mouvement qui émancipera l'humanité entière!"

[Le journal Revolution et les déclarations du RCP,USA sont disponibles en anglais et en espagnol sur http://revcom.us]

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Article paru dans Arsenal-express, nº 63, le 11 septembre 2005.

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