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Les propagandistesAnonyme, Jueves, Septiembre 1, 2005 - 09:12 (Analyses) Les propagandistes. Il y a, dans toutes sortes d’arènes médiatico-politiques - en France surtout - une « intelligentsia » fondamentalement anti-arabe et anti-musulmane, qui a toute latitude de monopoliser la parole et dont les prises de positions imposent une lecture biaisée de l’horrifiante réalité au Moyen-Orient et en Afghanistan. Son influence - qui s’étend par cercles concentriques, parfois bien au-delà de l’Hexagone - pèse d’un poids décisif dans l’orientation de l’opinion et les décisions politiques. Ainsi, quelques propagandistes, sans problèmes de conscience ni considération humaine, quand il s’agit de déformer les faits dans le sens de leurs objectifs, peuvent - au détriment d’une réflexion équilibrée - donner une vision tronquée et mensongère, dicter une manière de voir et d’exclure à « l’israélienne », instruire des procès contre ceux qui défendent des thèses opposées. Ils sont bien connus du public. En France, ils sont de toutes les tribunes culturelles et politiques. Ils s’appellent, notamment, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann. (1) Ils ne sont, a priori, ni de droite ni de gauche. Ils sont centrés sur leur cause : la défense d’Israël et l’éradication de ceux qu’ils qualifient « d’antisémites ». Ils s’émeuvent quand il y a des victimes en Israël mais se refusent à toute compassion quand les victimes sont arabes. (2) Et, lorsque leur parti pris communautariste est mis en question, ils se prévalent du poids de la Shoah, invoquent la « judéophobie», ce qui met automatiquement leurs contradicteurs dans la position de coupables. Or, il n’y a pas dans nos sociétés, de « haine du juif » comme ils l’affirment à cor et à cris. « Il est plus que temps de le dire, à haute et intelligible voix : de toute l’histoire juive (…) il n’y a jamais eu d’époque aussi dénuée d’antisémitisme que la nôtre. Jamais les juifs n’ont connu période plus favorable que la période actuelle. » Ran Ha Cohen ne pouvait mieux dire !(3) Par contre, ce qui est palpable, réel et difficile à tolérer, c’est la haine et la méfiance à l’égard des Arabes et des musulmans. Haine et méfiance qui s’expriment à toute occasion. Comme lors de la visite à Paris du Premier ministre Ariel Sharon, où celui-ci a pu déclarer publiquement sans susciter de réaction : « Ma mère m'a donné un conseil, qui fut un phare tout au long de ma vie. Ma mère me disait (…) ne crois absolument pas les Arabes". Effectivement, j'ai suivi ce conseil tout au long de ma vie active. » (4) Propos raciste s’il en est, de surcroit prononcé dans un pays qui proclame lutter contre le racisme et les discriminations raciales. Imaginez quelle tempête aurait provoqué un chef d’Etat arabe, et a fortiori européen, qui se serait permis de déclarer que sa mère « lui avait toujours conseillé de ne jamais croire les juifs» ! N’y a-t-il pas dans une démocratie – du moins telle qu’on nous la chante - un code moral, une éthique, des exigences de probité et d’intégrité auxquels aucune situation politique, n’autorise à déroger ? La guerre d’Israël contre les Palestiniens dure depuis plus d’un demi-siècle. Si Israël respectait la légalité, se retirait des territoires qu’il colonise, se soumettait aux résolutions de l’ONU, il serait possible d’instaurer la paix rapidement. Or, Israël veut gagner du temps et du terrain, par la continuation de la guerre. Dès 2000 – moment où Israël a considérablement durci sa politique de coercition - il y a eu une large prise de conscience de l’opinion sur le caractère brutal de sa politique d’apartheid. Ici, nos propagandistes inféodés à Israël ont immédiatement senti le danger et organisé la contre-attaque. Ne pouvant argumenter sur le plan du droit, ils ont tout de suite cherché à sauver les meubles, et à masquer des décennies de crimes et de tromperies historiques et politiques, en pointant du doigt le port du voile, l’Islam, le « fanatisme arabe », donnant ainsi corps et vie à la théorie du prétendu « choc de civilisations », chère à Tel Aviv et Washington. Théorie, qui ne sert qu’à justifier des guerres impitoyables dont l’Etat d’Israël est le premier bénéficiaire. Tandis que, lavés du sang arabe qu’ils ont sur les mains, Barak, Peres, Sharon, ont été successivement présentés comme « des hommes de paix », les jeunes Arabes qui brûlent le drapeau israélien pour protester contre les tueries de Palestiniens et parce qu’ils croient au droit de leurs peuples à décider de leur destin, sont eux, désignés à la vindicte. Il n’est bien sûr pas question pour cette intelligentsia d’établir un lien entre les actes de vengeance d’humiliés - qu’elle appelle « terroristes » - et la violence des armées étatiques qui les poussent aux extrêmes. En novembre 1967, lors d’une conférence de presse, le Général de Gaulle prenait acte de l’occupation armée israélienne de territoires arabes et prévoyait en substance : « Cette occupation provoquera une réaction de résistance naturelle que les forces d’occupation ne parviendront pas à juguler et qu’ils qualifieront de terrorisme ». C’était il y a 38 ans. Faut-il vraiment s’étonner que des jeunes gens, jetés au désespoir par l’enfer et les souffrances générées par ces guerres injustes, finissent par se faire exploser ? N’est-ce pas ce que les propagandistes, payés pour jeter de l’huile sur le feu, ont insidieusement cherché ? Ce ne sont ni les « antisémites » imaginaires, ni les « terroristes » musulmans, qui « menacent les juifs ». Ce sont les armées de Sharon, Bush, Blair, qui terrorisent et ensanglantent la terre entière. Le jour où, partout dans le monde, les propagandistes inféodés à Israël cesseront de dénaturer la vérité et de qualifier de « terrorisme » toute forme de résistance à l’oppression coloniale, le jour où Israël ne disposera plus ni du soutien de Washington, ni de la bienveillance des états et des médias occidentaux, et qu’il aura l’humilité de reconnaître ses torts vis-à-vis des Palestiniens, ce jour là, il n’y aura plus de raisons pour les Arabes, les musulmans, ni pour quiconque, de se révolter. Mais jusque là, hélas, le monde va continuer de vivre dans la violence et la peine. Jusqu’à quel point ces jusqu’au-boutistes en parfait accord avec la politique sioniste n’ont-ils pas contribué, par leurs thèses partisanes, à manipuler l’opinion en faveur d’une idéologie contraire aux lois internationales, et à favoriser des guerres illégales qui ont conduit au cauchemar auquel nous sommes présentement confrontés ? Pourtant, le fait qu’Israël se soit défini comme « Etat juif » ne devrait pas conduire automatiquement les Français nés dans des familles juives, à se sentir solidaires de sa politique. Pas plus que les Français nés dans des familles chrétiennes ne se sont crus obligés de soutenir des dictateurs catholiques en Argentine, au Chili, etc. « Juif » n’est pas une race, n’est pas une ethnie, n’est pas une nationalité (en dehors d’Israël). Cela se rapporte à une religion. A la sphère privée. Un citoyen suisse ou français de confession juive n’est en rien différent, aux yeux des non-juifs, d’un citoyen suisse ou français, de confession catholique, protestante ou musulmane. Qui a intérêt à orchestrer des campagnes de mise au ban de la société de tel ou tel contradicteur, sous prétexte « d’outrance anti-juive », de « négationnisme », de « révisionnisme ?» Mais d’abord, qui sont les négationnistes par excellence ? Ceux qui défendent le droit des Palestiniens à exister sur leur terre ou ceux qui leur nient un droit de retour, (5) qui nient la politique meurtrière d’apartheid et d’épuration ethnique d’Israël, et qui font l’impasse sur les persécutions et les assassinats qui endeuillent chaque jour des familles en Palestine, en Afghanistan, en Irak ?(6) Ce n’est un secret pour personne. L’épouvantail de « l’antisémitisme » et le rappel incessant de l’Holocauste servent à jeter le voile sur les crimes perpétrés par un Etat qui s’est construit sur des biens volés et l’épuration ethnique des Palestiniens, commencée en 1948, toujours en cours. Leur sort terrifiant nous touche en permanence. Innocenter un Etat qui pratique la discrimination raciale, qui ne connaît que la force des armes et la brutalité, qui contrevient à toutes les lois humanitaires, qui refuse de se conformer aux principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ce n’est pas une posture acceptable. Les médias qui ont fait le renom et les succès d’édition de ces soit disant « philosophes » ont joué avec le feu. On est en droit de leur demander des comptes ! De quel magistère moral peuvent bien se prévaloir les Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Bernard-Henri Lévy, Bernard Kouchner, André Glucksmann, pour décider de ce qui peut être dit et pas dit et, plus grave, ostraciser tous ceux qui refusent de voir le monde à travers leurs lunettes partisanes ? Quelle qualification ont-ils pour s’attribuer le pouvoir de juger et de condamner ? La liberté d’expression ne peut-elle donc s’exercer qu’en Israël ou des intellectuels, tel Ilan Pappe, Gilad Atzmon et Israël Shamir, peuvent, sans se brider, dénoncer sévèrement la politique inique de leur pays? Quand vous demandez à ceux qui, ces vingt-cinq dernières années, ont été victimes de cabales : « Qui était à l’origine des calomnies qui vous ont détruit, mis au ban de la société ? », les personnages constamment cités comme s’étant particulièrement acharnés à les diffamer publiquement et à les détruire, sont : André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut. Comment lutter contre leurs manipulations, rétablir un semblant de vérité ? Ceux qui - comme l’humoriste Dieudonné ou l’intellectuel Tariq Ramadan - ont osé le tenter, l’ont chèrement payé. (7) Néanmoins, même si leur emprise sur l’opinion a pu retarder une indispensable prise de conscience, ils n’ont pas pu totalement empêcher les gens de s’émanciper, de penser par eux-mêmes, ni de se tourner vers les médias alternatifs. (8) Le récent sondage, qui a révélé qu’une majorité d’Européens C’est pourquoi, il ne faut pas avoir peur de dire que les sketches de l’humoriste Dieudonné, les aphorismes décapants d’un Alain Soral, l’argumentation d’intellectuels comme Tariq Ramadan, la pensée complexe de sociologues comme Edgar Morin, l’information de journalistes intègres comme Charles Enderlin (9) et Alain Ménargues,(10) toutes ces voix que l’on veut faire taire, sont des voix irremplaçables ! Des voix qu’ils convient de protéger vigoureusement, car elles peuvent contribuer à contrebalancer quelque peu le discours partisan d’intellectuels au service d’une idéologie raciste et à rétablir un certain équilibre des points de vues exprimés. Nous devons avoir présent à l’esprit que la bataille pour rendre justice aux opprimés en Palestine et en Irak se joue d’abord ici, chez nous : sans une forte pression de l’opinion internationale sur Israël et les Etats-Unis, il n’y a pas d’espoir que ces peuples puissent jamais obtenir réparation et reconnaissance de leurs droits. Soutenir ces guerres porteuses de malheurs revient à étouffer le cri de tous les peuples qui en sont les victimes. Cela nous ne pouvons pas humainement et moralement l’accepter. Ceux qui sont engagés dans ce combat, avec bonté, avec compassion, avec amour, doivent savoir qu’ils ne sont pas nombreux. Et que, s’élever contre les propagandistes qui brandissent l’anathème de « l’antisémitisme » et du « négationnisme », pour prendre publiquement la défense de ceux qui sont injustement vilipendés, est une urgence. (1) Désignés « nouveaux philosophes » par Laure Adler : « Ce qui a permis de vendre des livres, qui était le but de l’opération » avouait cyniquement Françoise Verny ; qualifiés par la suite de « nouveaux chiens de garde » (Serge Halimi), de « philosophes à la pensée nulle » (Gilles Deleuze), de « nouveaux imposteurs », de « nouveaux réactionnaires », etc, ils n’en ont pas moins abusé de la bonne foi de générations de lecteurs. **Silvia Cattori - de nationalité Suisse et de langue maternelle italienne – a fait des études de journalisme à l’Université de Fribourg, avant s’expatrier et d’évoluer dans le monde des fonctionnaires internationaux et de la diplomatie. Elle se consacrait depuis quelques années à des activités littéraires quand, en 2002, lors de l’effroyable opération israélienne « Boucliers de protection », elle a décidé d’aller en Palestine. Choquée par ce qu’elle y à découvert, elle se consacre depuis, à attirer l’attention du monde sur la gravité des violations commises par l’Etat d’Israël contre une population sans défense. Nota bene. Cet article est en Copyleft. Tout site, ou forum, qui entend le diffuser et le mettre en ligne, doit d'abord en demander l'autorisation à son auteur : silv...@yahoo.it
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