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ETATS-UNIS : TOUTE UNE QUESTION D'IMAGES

Anonyme, Viernes, Agosto 19, 2005 - 12:24

Danielle Bleitrach

L'écart entre le mythe et la réalité
> Dans son livre The Sword and The Dollar - Imperialism, Revolution and the
> Arms Race, paru en 1989, le journaliste Michael Parenti écrivait ceci : "
> L'écart gigantesque entre ce que font les dirigeants des Etats-Unis dans
> le monde et ce que les habitants des Etats-Unis croient qu'ils font est
> une des grandes réussites de propagande de la mythologie politique

ETATS-UNIS : TOUTE UNE QUESTION D'IMAGES

> L'écart entre le mythe et la réalité
> Dans son livre The Sword and The Dollar - Imperialism, Revolution and the
> Arms Race, paru en 1989, le journaliste Michael Parenti écrivait ceci : "
> L'écart gigantesque entre ce que font les dirigeants des Etats-Unis dans
> le monde et ce que les habitants des Etats-Unis croient qu'ils font est
> une des grandes réussites de propagande de la mythologie politique
> dominante ". Le seul reproche que l'on pourrait faire à cette affirmation
> est le suivant : les habitants des Etats Unis ne sont pas les seuls. En
> effet, partout où s'exerce leur contrôle économique ou idéologique sur les
> moyens de communication - et à fortiori aux Etats-Unis même, mais pas
> uniquement - on observe le même phénomène : l'écart entre l'image de la
> politique des Etats-Unis et la réalité concrète de cette politique sur le
> terrain.
> Certes, cette image a été sérieusement écornée par l'histoire récente :
> d'abord à Miami, par " l'élection " rocambolesque d'un pseudo-président,
> ensuite par les attaques injustifiables et illégales contre l'Afghanistan
> puis l'Irak, puis par le pillage éhonté des musées irakiens, puis par les
> images de la prison d'Abou Ghraib et le scandale de la base de Guantanamo
> - pour ne citer que quelques exemples. Une telle accumulation oblige même
> les médias les plus sous influence à reconnaître une détérioration de
> cette image des Etats-Unis dans le monde. Mais pouvait-il en être
> autrement alors même que les opinions publiques, d'Est en Ouest et du Nord
> au Sud, avaient clairement exprimé leur opposition à la politique
> guerrière des Etats-Unis ? Alors, sous la pression d'un " trop c'est trop
> " populaire, et certainement avec l'assentiment de certaines forces
> politiques effrayées par ce nouvel aventurisme états-unien, une nouvelle
> fenêtre de critique s'est ouverte.
> Ainsi, on peut toujours dire que le gouvernement des Etats-Unis est "
> agressif, menteur et dangereux " sans trop provoquer de remous. Remarquez
> qu'on pouvait le dire encore mieux juste après leurs dernières
> interventions militaires, et que c'était même un peu dans l'air du temps.
> Mais humez l'air et sentez combien les choses ont déjà changé. Pourtant,
> ce sont les mêmes hommes au pouvoir, la même idéologie, les mêmes
> objectifs... Alors, quoi ? Rien de spécial en fait : c'est juste
> l'appareil de propagande, toujours intacte et toujours loyal, qui s'est
> doucement remis en marche, impatient à l'idée de pouvoir réparer cette
> image. Donald Rumsfeld qui, en d'autres temps et sous d'autres cieux
> aurait été traîné devant un tribunal pour crimes de guerre, peut aller et
> venir sur le sol français pour assister à un sommet de l'OTAN. Condoleezza
> Rice qui, en d'autres temps et sous d'autres cieux, lui aurait fait
> parvenir des oranges depuis la cellule d'à côté, est accueillie à Paris
> comme une princesse surdouée. Paul Wolfowitz qui, en d'autres temps et
> sous d'autres cieux se serait fait traîner dans la boue, est nommé
> Président de la Banque Mondiale. Etc. Si les crimes contre l'humanité sont
> imprescriptibles, si les crimes de guerre sont très longs à prescrire, on
> constate que les crimes commis par les Etats-Unis ont une durée de vie
> proche d'un produit frais dans un rayon de supermarché. D'ailleurs, dire
> qu'une fenêtre de critique ait été ouverte serait exagéré car il faut bien
> reconnaître que cette fenêtre n'aura été en réalité qu'entrouverte. Dans
> la liste des éléments à charge, il aurait fallu pouvoir rajouter aussi :
> l'utilisation d'armes interdites, le bombardement sans discernement des
> populations civiles, le rasage des villes irakiennes de Nadjaf et Fallouja
> et autres crimes sans cesse répétées, ici ou là, et passées sous silence
> par des médias plus que complaisants.
>
> Un système d'information hyper-sélectif
> Certains, par affinité idéologique avec les auteurs du crime, par
> complicité plus ou moins directe, par servilité ou par une simple
> communauté d'intérêts, trouvent un confort à partager, et à tenter de
> faire partager, une vision du monde qui coïncide avec les intérêts de leur
> allié. D'autres affichent une certaine volonté d'agir mais se réfugient
> derrière leur impuissance devant la suprématie militaire et économique
> incontestée des Etats-Unis d'Amérique et préconisent dans la foulée une
> certaine discrétion diplomatique pour pouvoir mieux faire avancer les
> choses en coulisse. Les deux partagent une complicité pour
> non-dénonciation. Bien sûr, il y a aussi ceux qui, à l'instar des
> états-uniens eux-mêmes, ne sont même pas au courant de cette réalité, et
> on peut remercier les médias commerciaux pour ce travail de
> non-information au quotidien.
> Car autant le public sera soûlé par des images d'un raz-de-marée en Asie
> du Sud, autant les résultats de bombardements massifs états-uniens lui
> sera épargné. Autant les invasions de l'Irak et de l'Afghanistan seront
> présentée comme un coup de colère du pouvoir états-unien - censément rendu
> agressif par les attentats du 11 septembre 2001 - autant l'invasion
> froidement calculée du Panama en 1989 sera minimisée. Autant le traitement
> des prisonniers à Abou Ghraib sera présenté comme une dérive
> (compréhensible, n'est-ce pas ?) dans la lutte contre un ennemi cruel et
> invisible, autant l'existence des camps de concentration et des chambres
> de torture états-uniens au Vietnam dans les années 70 sera oubliée. Autant
> la décapitation d'un otage en Irak sera présentée comme la marque infâme
> d'un ennemi sans scrupules, autant la décapitation d'un jeune sandiniste
> au Nicaragua par une armée mercenaire états-unienne dans les années 80
> n'aura jamais eu lieu...
> Autant le génocide des Khmers rouges au Cambodge sera dénoncé dans tous
> les forums et médias planétaires, autant celui du Timor Oriental par
> l'Indonésie à la même époque avec le soutien indéfectible des Etats-Unis
> fera péniblement l'objet de quelques entrefilets relégués dans les pages
> intérieures.
> Autant l'intervention militaire en Afghanistan par l'armée soviétique, à
> la demande du gouvernement afghan de l'époque, sera présentée comme une
> ingérence inacceptable, autant l'invasion des Etats-Unis contre ce même
> pays sera présentée comme une libération. Autant les combattants
> islamistes afghans, contre les soviétiques, seront présentés comme des "
> combattants de la liberté " (et la création d'Al Qaeda par les Etats-Unis
> comme une " simple erreur de calcul "), autant les instituteurs "
> communistes " afghans - écartelés sur la place publique par ces mêmes "
> combattants de la liberté " pour avoir osé enseigner à des fillettes -
> sera ignorée.
> Autant la liste des " pays terroristes " dressée chaque année par le
> Département d'Etat des Etats-Unis sera servilement reprise par les médias,
> autant le fait que les Etats-Unis sont le seul pays occidental à avoir été
> condamné par la Cour de Justice Internationale pour terrorisme (contre le
> Nicaragua en 1986 ) sera joyeusement jeté par dessus bord. Autant les
> accusations de terrorisme portées par les Etats-Unis contre Cuba seront
> colportées, autant les milliers d'agressions - attentats et autres - menés
> par les Etats-Unis contre Cuba seront tus.
> Autant le président du Venezuela régulièrement élu par huit fois et ayant
> remporté haut la main un référendum sera qualifié de " populiste " ou "
> dictateur " par les médias, autant le président des Etats-Unis élu
> bizarrement par deux fois ne se verra attribuer aucune étiquette
> particulière. Autant les médias commerciaux ouvertement putschistes du
> Venezuela seront défendus par les défenseurs de la liberté de la presse
> estampillés " liberté occidentale ", autant ces mêmes défenseurs
> ignoreront les déboires des journalistes indépendants au Venezuela pendant
> le coup d'état éphémère d'avril 2002. Coup d'état que par ailleurs ils
> applaudiront, de concert avec le Département d'Etat des Etats-Unis.
> C'est ainsi que l'entité la plus puissante, agressive et violente des
> temps modernes arrive encore aujourd'hui à se faire passer pour un symbole
> de " liberté " et de " démocratie ". Une image qui serait impossible sans
> une complaisance totale de la part des principaux systèmes d'information
> occidentaux.
> La mainmise sur l'information globale par les pays développés est telle,
> et leur information si superficielle et biaisée (dans les cas
> exceptionnels où elle existe) que toute tentative de tirer des analyses
> sérieuses et fiables des événements mondiaux est vouée à l'échec. Sans un
> travail ardu de recherche indépendante, sans une multiplication de ses
> propres expériences, l'étendue du désastre est difficile à évaluer. Même
> les esprits les plus " contestataires " se laisseront tôt ou tard berner
> par une machine si bien rodée qu'elle finit par se faire oublier.
>
> Où sont passées les (autres) ONG ?
> " La CIA contrôle tous ceux qui ont une importance dans les principaux
> médias. "
> William Colby, ancien directeur de la CIA
>
> Une telle duperie permanente sur la marche du monde ne saurait perdurer
> sans un système d'information fermé, à sens unique, tournant en vase clos
> et vassalisé. La première tâche de ce système d'information sera de se
> garantir un minimum de crédibilité au risque d'être identifié par la
> population comme ce qu'il devenu, ou a toujours été, à savoir un simple
> outil de propagande.
> Plusieurs facteurs sont nécessaires. Le premier est d'assurer une certaine
> diversité des titres de presse, qui sera aussitôt confondue comme
> l'expression d'un pluralisme. Le deuxième est d'entretenir le mythe d'une
> presse libre qui serait indépendante des intérêts économiques et
> politiques de ses propriétaires. La troisième enfin est de parer à toute
> critique en instaurant des idées énoncées comme des vérités divines. C'est
> ainsi que, par un joli renversement, Reporters Sans Frontières assène son
> leitmotiv préféré : la liberté de la presse est le meilleur garant de la
> démocratie. Du néolibéralisme appliqué à l'information et qui évite de se
> demander si, a contrario, une démocratisation de la presse ne serait pas
> le meilleur garant de sa liberté... Alors même que le plus médiatisé
> défenseur d'une " certaine " liberté de la presse, Robert Ménard, patron
> de Reporters Sans Frontières, l'avoue lui-même sans ambages : " nous avons
> décidé de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse en Bosnie ou au
> Gabon et les ambiguïtés des médias algériens ou tunisiens... mais de ne
> pas nous occuper des dérives françaises ". Mais c'était en 2001, et il
> n'est pas dit que de tels aveux soient répétés aujourd'hui.
> Toujours prompte à critiquer les atteintes à la liberté de la presse pour
> peu qu'elles aient eu lieu ailleurs que chez ses bailleurs de fonds, cette
> organisation représente un pièce maîtresse dans un modèle de communication
> presque parfait : RSF s'annonce comme une organisation de défense de la
> liberté de la presse " partout dans le monde " tout en admettant ne pas
> critiquer ses bailleurs de fonds. En retour, ceux-ci - les gouvernements
> occidentaux et les groupes de presse - mettent RSF en avant en lui offrant
> un espace médiatique sans précédent pour une ONG de ce type. RSF gagne
> ainsi une renommée et une crédibilité. C'est ainsi que la scène de la
> défense de la liberté de la presse se trouve monopolisée par une
> organisation qui a déjà clairement annoncé sa non-objectivité en la
> matière. Pour faire un parallèle, imaginons un organisme de défense des
> consommateurs qui serait financé par les multinationales de
> l'agroalimentaire. Ou un syndicat de travailleurs financé par le patronat.
> Quant aux " prédateurs de la liberté de la presse " dénoncés sur le site
> de RSF, on ne trouve aucune nom de magnat de la presse occidentale.
> Le lecteur aura remarqué à quel point RSF est devenue l'interlocutrice
> incontournable et quasi-institutionnelle sur toutes les questions qui
> touchent à la liberté de la presse.... surtout dans le tiers-monde. Son
> rôle est tel que cette organisation est désormais subventionnée par la
> National Endowment for Democracy, une organisation façade de la CIA. et
> les néo-conservateurs les plus agressifs de l'administration Bush lui
> trouvent une certaine utilité et la citent en exemple... Au moment où le
> droit international est foulé aux pieds, où la torture est devenue une
> pratique institutionnalisée par ceux-là mêmes qui se proclament " bons ",
> son omniprésence dans les médias par des campagnes corporatistes est tel
> que l'on peut désormais se poser légitimement la question suivante " quel
> rôle joue exactement RSF et où sont donc passées les autres ONG ? ".
> Une machine à débiter une pensée médiocre
> " Nous sommes bombardés d'informations, mais à y regarder de plus près, la
> plupart sont traitées avec la même grammaire, les mêmes angles, les mêmes
> sources, le tout évoluant autour d'institutions et de sujets que la
> plupart des téléspectateurs admettent, selon toutes les enquêtes, ne pas
> comprendre "
> Robert McChesney, préface de Danny Schechter,
> The More You Watch, The Less You Know, Seven Stories, 1997, p.43
>
> Au cours du mois de mars 2005, toutes les grandes chaînes de télévision
> françaises ont consacré, pendant plusieurs jours de suite, une bonne
> partie de leurs journaux d'informations à diffuser des images du pays sous
> la neige. On y voyait des reportages interminables sur des routes
> enneigées et des véhicules bloqués sur le bas-côté. Le téléspectateur non
> averti aura donc appris deux choses au cours de ces glorieux faits d'armes
> du journalisme français moderne : en hiver il neige et sur la neige ça
> glisse. Pendant ce temps, dans le reste du monde...
> Véritable machine à débiter la médiocrité, ce système de communication
> monté en vase clos, où juges et parties se congratulent mutuellement dans
> les coulisses et parlent la plupart du temps pour ne rien dire, aboutit à
> des résultats spectaculaires. Le Président George W. Bush, au lendemain
> des attentats du 11 septembre 2001, pouvait ainsi se permettre de poser
> une question aux allures faussement naïves : " pourquoi nous haïssent-ils
> ? " pour mieux y répondre dans la même foulée " ils haïssent nos libertés
> ". Encore un raisonnement fermé : nous sommes bons, pourtant ils nous
> haïssent, c'est donc qu'ils haïssent notre bonté. Le bon peuple y trouve
> une certaine logique et y croit, et c'est là l'essentiel. Mais qui sont
> ces " ils " qui sont censés haïr la liberté et la bonté des Etats-Unis ?
> D'ailleurs, haïssent-ils les Etats-Unis ou, plus prosaïquement, la
> politique des Etats-Unis ?
> Un autre résultat spectaculaire est celui de pouvoir présenter comme un "
> accident de parcours " ou une " exception à la règle " une politique qui
> s'est pourtant exercée avec constance et application à travers toute
> l'histoire moderne. Les données, les références et les sources ne manquent
> pas. Ce n'est donc pas l'information qui manque mais sa diffusion.
> Le 11 septembre 2001 : une date à retenir... ou pas ?
> Depuis 2001, la journée du 11 Septembre est désormais associée aux
> attaques terroristes contre les tours jumelles à New York. Cet événement
> écrase de tout son poids médiatique un autre 11 septembre, celui de 1973
> et de l'écrasement par la CIA de la démocratie Chilienne. Dans les
> semaines et les mois qui ont suivi ces attentats, pratiquement toutes les
> analyses les ont présentés comme l'événement déclencheur d'une nouvelle
> politique états-unienne et, comme idée sous-jacente, que cette politique
> serait assez " justifiée " en tant que " réaction de défense " devant
> l'horreur subie. Mais l'analyse est courte, beaucoup trop courte, pour
> être satisfaisante.
> D'abord parce qu'une telle idée occulte une vérité factuelle historique :
> les Etats-Unis n'ont jamais cessé d'intervenir, militairement,
> politiquement, économiquement, partout où ils le jugeaient nécessaire.
> Ensuite parce que la politique actuellement suivie par les Etats-Unis a
> été tracée dans les grandes lignes bien avant les attentats du 11
> septembre. Et enfin parce que l'équipe chargée d'appliquer cette politique
> fut choisie et nommée bien avant ces attentats. Et les membres de cette
> équipe (Otto Reich, John Negroponte, Elliot Abrams, Roger Noriega, Colin
> Powell, John Bolton, Condoleezza Rice, Dick Cheney, Donald Rumsfeld...)
> ont tous un point en commun : leurs actions sombres dans le passé sur
> d'autres continents, et particulièrement en Amérique latine, encore et
> toujours sous la protection bienveillante des médias occidentaux aveugles,
> sourds et muets. Les attentats du 11 septembre n'ont pas modifié la
> politique des Etats-Unis, ils ont simplement servi de prétexte à
> l'extension de cette politique à l'ensemble de la planète et à fournir une
> mince justification morale - celle d'un pays blessé qui serait en droit de
> réagir. En réalité, la politique des Etats-Unis après les attentats du 11
> septembre était déjà à l'ouvre bien avant cette date.
> Histoire made in USA : un mensonge chasse l'autre
> Après l'effondrement de l'Union Soviétique, un concept très en vogue fut
> celui de la " Fin de l'Histoire " de Francis Fukuyama et le " Choc des
> Civilisations " de Samuel Huntington, deux intellectuels états-uniens
> proches du Pentagone. Le concept de Fukuyama fut étayé dans une série
> d'articles publiés dans les années 90 et repris dans un livre dont voici
> un extrait : " Les événements continueraient donc de se succéder après une
> éventuelle fin de l'histoire, mais la maîtrise de ces principes
> fondamentaux serait désormais acquise et ne réserverait plus de surprises
> au sens où tout ajout à leur propos ne saurait être qu'assez marginal. "
> Comme toujours dans ces opérations d'intellectuels médiatisés, le plus
> important réside dans l'impression générale qui est distillée. Un message
> qui se ramènera à une seule phrase, une seule idée - de préférence pas
> trop compliquée - ou même mieux : juste une vague impression. Une fois
> débarrassé de tous ces oripeaux pseudos-intellectuels et ramené à sa
> substantifique moelle, le message est tout simplement ceci : " Nous avons
> gagné. Tout critique pouvant contribuer à améliorer le système est la
> bienvenue, mais toute résistance est inutile. Non seulement inutile, mais
> contre-historique ". Mais cela fait déjà trois phrases et c'est encore
> trop. Le vrai message est celui-ci : " Puisqu'elle n'a plus de raison
> d'être, toute résistance est inutile et même hérétique ". Spécialistes
> dans la production de pensées simplistes, les intellectuels
> néo-conservateurs et leurs amis nous auront donc gratifiés de concepts
> tels que : " la Fin de l'Histoire ", " le Choc des Civilisations ", " Le
> Bien contre le Mal ". Le tout est naturellement propice à la
> neutralisation de toute pensée critique. De plus, il permet une
> radicalisation des rapports sous couvert de défendre des valeurs
> essentielles. Puisque ce sont des valeurs essentielles qui sont en train
> d'être défendues, quoi de plus naturel que de recourir, le cas échéant, à
> des mesures " exceptionnelles " ? Le problème est qu'un rapide examen de
> l'histoire moderne montre que les analyses avancées (officiellement) par
> les gouvernants états-uniens se sont révélées fausses dans pratiquement
> tous les cas, et que le caractère " exceptionnel " de leurs réactions
> n'est en réalité qu'une vieille habitude bien ancrée : les Etats-Unis
> n'ont jamais cessé d'intervenir militairement dans une partie du monde ou
> une autre. Quant aux justifications et excuses invoquées, qu'en reste-t-il
> aujourd'hui ? Qu'est devenu la " théorie des dominos " en Indochine ?
> Qu'est devenue l'Armée Rouge et son incroyable surarmement ? Où s'est
> évaporée l'armée Sandiniste du Nicaragua (fort de 20.000 hommes) qui
> menaçait la sécurité des Etats-Unis et qui n'était " qu'à deux jours de
> marche du Texas " (Ronald Reagan) ? Où sont les armes de destruction
> massive en Irak ?
> Personne, dans les grands médias, n'a encore osé ramener l'histoire
> récente de l'administration Bush à cette simple et aveuglante vérité :
> deux pays - l'Afghanistan et l'Irak - ont été détruits sous le prétexte
> d'un attentat pour lequel l'un n'en était pas le commanditaire et l'autre
> n'avait strictement rien à voir... Et c'était déjà vrai pour les guerres
> de basse intensité en Amérique centrale contre une supposée " menace
> soviétique ".
> Ainsi, à chaque époque correspond une invention médiatique assenée à
> longueur de journaux pour mieux être oubliée et remplacée par une
> nouvelle. Sous différentes formes, elles propagent toutes la même idée de
> fond : l'état le plus puissant de tous les temps est " menacé " par des
> forces qui ne partagent pas nos valeurs. Le ridicule de la menace, sa
> réalité plus ou moins avérée, ne sera pas mis en doute. Quant aux valeurs
> en question, elles vont de soi, alors pourquoi en parler ?
> Mondialisation de l'agression et globalisation des résistances
> " Tout comme les Indiens étaient qualifiés de sauvages pour justifier leur
> exploitation, ceux qui luttaient pour une réforme sociale étaient
> qualifiés de communistes pour justifier leur persécution "
> Gleijeses, Politics and Culture in Guatemala, Michigan, 1988, p.392
>
> Bien entendu, cette qualité historique de l'agressivité des Etats-Unis
> n'est pas passée inaperçue au yeux de certains peuples, notamment les
> populations victimes de cette politique. Devant le confort douillet de ses
> certitudes distillées au quotidien, l'opinion publique occidentale ne
> reçoit que des échos déformés d'une résistance qui s'organise. Un
> président est élu au Venezuela et décide de reprendre le contrôle des
> richesses de son pays ? Le voilà aussitôt affublé de qualificatifs
> péjoratifs. Il augmente le prix du pétrole ? Les hauts-fonctionnaires
> états-uniens parlent de mesures " agressives " à leur encontre. Comme si
> les Etats-Unis se seraient laissés dicter par d'autres le prix de leur
> pétrole...
> Pour tous ceux-là, une grande variété de qualificatifs est prévue :
> populistes, dictateurs (parfois " en puissance "), etc... Mais qu'importe
> le terme, puisque leur véritable point commun est celui de ne pas courber
> l'échine devant l'autoproclamé maître du monde. Un maître du monde
> militairement puissant, donc dangereux, mais économiquement au bord du
> gouffre et qui ne maîtrise plus en réalité qu'un dernier domaine. Un
> domaine qui est son terrain de prédilection, et grâce auquel il réussit
> encore à entretenir l'illusion : le contrôle des moyens de communication.
> Dans cette levée des résistances des peuples du Sud, et particulièrement
> sur le continent américain, le jeu qui s'est engagé est exceptionnellement
> riche et complexe. Nourris de toutes leurs expériences passées - des
> batailles perdues, des victoires éphémères, des résistances qui perdurent
> malgré tout jusqu'à devenir symboles - tous ces peuples apportent à leur
> manière les pièces qu'ils ont récupérées sur les champs de bataille. Dans
> ces contrées lointaines et mystérieuses ignorées par nos médias, et qui ne
> sont pourtant que les foyers de tous ces autres " nous ", les esprits, les
> mains et les cours s'activent pour reconstruire un avenir de la planète
> qui ne repasserait pas par la case " départ ". Alors, si vous entendez
> quelques rumeurs, si vous percevez quelques mouvements, ne vous laissez
> pas encore une fois duper par le système de propagande qui vous entoure.
> Dites-vous que c'est simplement l'Histoire qui redémarre.
>
>

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