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St-Hyacinthe: Olymel exige des baisses de salaires de 20%

Eric Smith, Domingo, Agosto 14, 2005 - 13:49

Arsenal-express

Le 22 juillet dernier, lors d'une rencontre avec les représentantEs syndicaux de son usine de transformation de porc de Saint-Hyacinthe, la compagnie Olymel menaçait de fermer l'usine à moins que les 450 employéEs acceptent des baisses de salaires de 20%. Les syndiquéEs ont jusqu'au 15 octobre pour se soumettre à l'ultimatum. Dans ce contexte, les travailleurs et travailleuses devraient se le dire: "À genoux, on ne peut que périr. Debout, il y a une chance de gain!"

Le 22 juillet dernier, lors d'une rencontre avec les représentantEs syndicaux de son usine de transformation de porc de Saint-Hyacinthe, la compagnie Olymel menaçait de fermer l'usine à moins que les 450 employéEs acceptent des baisses de salaires de 20% et qu'ils et elles renoncent à deux lettres d'entente qui lui confèrent l'exclusivité de certaines productions (le désossage des fesses de porcs, notamment). Les salariéEs ont jusqu'au 15 octobre pour se soumettre à l'ultimatum. Pourquoi cette menace de fermeture? Est-ce que les porcs capitalistes à la tête d'Olymel se sont pris de remords pour leurs semblables qui se font abattre sur la chaîne de production? Ce n'est pas exactement de cela qu'il s'agit...

À vrai dire, en mai dernier, Olymel avait déjà annoncé la fermeture de ses usines de Magog, Granby et Laval (537 emplois en tout), qui fut compensée en partie par la création de 171 emplois dans ses usines de Lévis, Trois-Rivières et Anjou. En principe, les activités cesseront donc le 9 septembre à Laval et le 14 octobre à Magog. À Granby, elles ont déjà cessé le 15 juillet.

Il faut dire que la fusion entre Olymel et Supraliment (qui produit les aliments Lafleur, entre autres) a accéléré considérablement ce mouvement de fermetures et de redéploiement des capacités de production. Olymel va ouvrir de nouveaux quarts de production dans quelques usines qui "bénéficieront" de la restructuration de la nouvelle méga-compagnie. Avant la fusion, Olymel comptait 8 000 employéEs; après coup, elle s'est retrouvée avec 4 000 salariéEs de plus.

Ceci dit, il n'y a pas que la fusion qui soit en cause. Déjà, en mai 2004, l'usine de porcs de Princeville fermait et on ouvrait un nouveau quart de soir à Saint-Simon, dans la région de Saint-Hyacinthe. 400 emplois furent alors perdus à Princeville, alors qu'un peu plus de 200 furent créés à Saint-Simon. Un an plus tard, l'usine de Saint-Simon mettait à pied ses employéEs et pour le moment, il n'y a pas encore de date de retour envisagée. CertainEs pensent que la décision des employéEs de Saint-Hyacinthe va avoir une incidence sur la décision de rouvrir, ou non, l'usine de Saint-Simon.

Plus du tiers de la production d'Olymel est destiné à l'exportation. Ses patrons se sont mis dans l'idée que l'entreprise devait se réorganiser pour devenir plus compétitive sur le marché mondial. La compagnie convoite en particulier le marché asiatique, qui se détourne de la consommation de volaille en raison de la grippe aviaire, et de la consommation de bœuf à cause de la maladie de la vache folle. Le Japon est déjà un important importateur de porc du Québec.

Pour arriver à la fusion entre Olymel et Supraliment, il a fallu un avis du Bureau de la concurrence du Canada, un organisme du gouvernement fédéral qui évalue si les fusions d'entreprise nuisent à la libre compétition sur le marché. La plupart des avis soumis au Bureau de la concurrence soutenaient que cette fusion était une bonne chose et que cela favoriserait la capacité concurrentielle du Canada sur le marché de la viande porcine au niveau mondial. Notamment, et c'est à mentionner, il y avait la Fédération du porc du Québec, qui regroupe les producteurs agricoles de ce secteur, qui donna son aval à la fusion. On aurait pu s'attendre à ce qu'elle s'y oppose parce que, dans les faits, Olymel pourrait avoir un gros mot à dire sur les prix fixés du porc d'abattage, étant donné sa situation quasi monopolistique dans ce domaine au Québec.

L'État québécois n'est pas étranger à la fusion des deux compagnies. Rappelons qu'Olymel est majoritairement propriété de la Coopérative fédérée du Québec qui, sur papier, appartient aux agriculteurs et agricultrices du Québec, mais aussi, depuis 2001, de la SOQUIA (une filiale de la Société générale de financement) et, depuis 2004, du Groupe Brochu (ex-propriétaire de Supraliment). En 2002, il y avait déjà eu une expérience de partenariat entre Olymel et Supraliment, qui étaient devenus propriétaires d'Aliments Prince. La SOQUIA, qui a pour mandat de renforcer l'industrie agroalimentaire québécoise, n'était pas étrangère à cette expérience. Cet organisme souhaite renforcer la capacité concurrentielle des industries agroalimentaires québécoises sur le plan international et ce, même si ça va à l'encontre des conditions des travailleurs et travailleuses de cette industrie.

Olymel n'en est pas à sa première restructuration dans le secteur de l'industrie agroalimentaire. Elle l'a déjà fait dans le domaine de la volaille avec les entreprises Flamingo. En pratique, il n'y a plus que deux usines de ce groupe qui font encore de l'abattage de poulets de gril, alors qu'il y en avait beaucoup plus dans les années 1980. La filiale de la Coop fédérée s'était portée acquéreur de la compagnie Tyson Canada et avait opéré une restructuration de la production de poulets de gril assez dommageable pour la région de Joliette.

Pendant longtemps, les employéEs de Flamingo Joliette ont accepté d'être dociles et n'ont pas été trop gourmands. De la fin des années 1980 jusqu'en 1997, la capacité d'abattage de volailles en une journée a plus que quadruplé, passant de 5 000 à environ 22 000 unités. Le nombre d'employéEs, s'il s'est accru quelque peu, n'a évidemment pas quadruplé, ni même doublé... Malgré cet énorme gain de productivité, les employéEs de Joliette se sont faits dire en 1998 que leur usine allait fermer, à moins qu'ils et elles acceptent des baisses de conditions de travail assez incroyables. Ils et elles se sont alors tenues debout et ont profité de la solidarité des employéEs de l'abattoir de Berthier, mais n'ont pu résister au rouleau compresseur du capitalisme sans cœur.

Il est surprenant que les employéEs des abattoirs n'aient pas opposé une forte résistance face à la fusion entre les deux entités. Même qu'un responsable syndical des Salaisons Brochu à Lévis, Gilles Demers, s'est montré favorable à la fusion, espérant que les employéEs de son usine qui gagnaient, en moyenne, des salaires de 14$/heure puissent rattraper celles et ceux des usines d'Olymel.

Les employéEs des autres usines appartenant à Olymel ont vu aussi ce que la compagnie avait fait à l'usine de Princeville. Ils et elles ne se sont pas trop aventurés à critiquer et à revendiquer. Il se peut que la compagnie ait servi le discours qu'elle allait conquérir le marché asiatique et que cela ait quelque peu endormi les syndiquéEs. Dans les faits, si les employéEs qui gagnent des salaires plus importantEs ne ripostent pas, la compagnie va arriver à ses fins et faire baisser les salaires de tout le monde à 14$/heure, voire moins. Les fusions des grands groupes capitalistes entraînent toujours le nivellement des conditions de travail vers le bas, et non vers le haut.

Alors maintenant, comment développer la riposte? D'un point de vue strictement syndical, l'idéal serait de mettre sur pied un vaste front commun de tous les employéEs des usines Olymel. Or, la rivalité entre la CSN et les TUAC a toujours nui considérablement à cette possibilité. Les grandes centrales syndicales se préoccupent généralement plus de recruter de nouveaux membres et n'agissent que si elles voient que les travailleurs et travailleuses à la base grognent fort. Elles vont mettre plus de temps à se préparer pour le prochain maraudage qu'à organiser la lutte pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses. Elles se moquent bien des concepts comme ceux de la "lutte classe contre classe" et préfèrent d'emblée ceux de la "concertation" et du "partenariat" avec les boss.

Quant à eux, avec les gouvernements qu'on a, il n'y a rien de bon à attendre de leur part. Ces escrocs sont responsables de la situation désastreuse qu'on connaît dans l'industrie porcine. Pour les gouvernements, la restructuration du secteur du porc représente une bonne nouvelle. Les mises à pied sont une bonne chose, parce que nos usines québécoises et canadiennes vont devenir plus concurrentielles. C'est sûr que si on va leur demander de l'aide, ils vont nous faire de beaux sourires et nous dire qu'ils vont nous aider mais, en réalité, ils ne feront rien pour empêcher les reculs.

Pour ce qui est des producteurs et productrices, il y a peut-être une minorité qui ont des sympathies pour les travailleurs et travailleuses, mais les autres pensent plus aux exportations et à leur propre portefeuille. Il n'y a pas grand chose à retirer en allant leur demander de faire pression sur la compagnie pour qu'elle garde les usines dans le milieu. De toute manière, quand on demande aux intervenantEs du milieu de se mêler de la sauvegarde des emplois, ça se retourne tout le temps contre les employéEs.

La seule chose qu'on peut faire, c'est de sortir du cadre traditionnel fixé par la loi et les gouvernements. Ceux-ci ne sont pas du côté des travailleurs et travailleuses. Pourquoi devrait-on les respecter? Il faut bouger et développer une action révolutionnaire de masse. Les responsables syndicaux, s'ils sont honnêtes, devront suivre l'initiative des masses: ce ne sont pas eux, actuellement, qui vont la susciter.

Cette compagnie pourrie, Olymel, détruit beaucoup trop de vies de travailleurs et travailleurs. Il faut lui infliger une défaite pour qu'elle comprenne qu'on ne joue pas comme ça avec la vie des autres. Il faut qu'elle apprenne à respecter les travailleurs et travailleuses, et non les traiter comme du bétail. En fait, que les travailleurs et travailleurs luttent ou non, les capitalistes se comporteront toujours en prédateurs parce que, pour eux, c'est une question de profit, et donc de survie. Les travailleurs et travailleuses devraient se le dire: "À genoux, on ne peut que périr. Debout, il y a une chance de gain!"

- De notre correspondant

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Article paru dans Arsenal-express, nº 59, le 14 août 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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