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Hiroshima et Nagasaki, le plus terrible acte de terrorisme de l’histoireAnonyme, Martes, Agosto 2, 2005 - 23:38 (Analyses)
Granma International
LE soleil brillait et le ciel était bleu ce 6 août 1945 lorsque Miyiko Matsubara, une fillette de 12 ans, commençait son travail avec plus de 200 petites camarades de son lycée d’Hiroshima, au Japon: elles démolissaient des maisons, entre rires et bavardages, pour faire des coupe-feu. Il était 8h 15 du matin. La Havane, Cuba, 2 Août 2005 -------------------------------------------------------------------------------- Hiroshima et Nagasaki, le plus terrible acte de terrorisme de l’histoire PAR ROSE ANA DUEÑAS ET RAISA PAGES, de Granma international LE soleil brillait et le ciel était bleu ce 6 août 1945 lorsque Miyiko Matsubara, une fillette de 12 ans, commençait son travail avec plus de 200 petites camarades de son lycée d’Hiroshima, au Japon: elles démolissaient des maisons, entre rires et bavardages, pour faire des coupe-feu. Il était 8h 15 du matin. «Soudain, ma meilleure amie, Tayiko, a crié: 'J’ai entendu le bruit d’un B-29!' J’ai pensé que ce n’était pas possible car l’alarme n’avait pas sonné, et j’ai regardé en l’air... alors j’ai vu un corps lumineux tomber de l’arrière d’un avion... J’ai entendu un rugissement assourdissant, indescriptible.» «Quand je me suis réveillée, la matinée claire et ensoleillée était devenue la nuit. J’étais plongée dans un brouillard épais et poussiéreux. Takiko, qui se trouvait à côté de moi, avait tout simplement disparu... Je n’avais sur moi que mes sous-vêtements blancs, maintenant souillés. Le blanc m’avait sauvé de la mort... Je me suis rendu compte que j’avais le visage, les mains et les jambes brûlées et enflées.» Des milliers de personnes étaient prisonnières sous les immeubles en ruines. Il y avait des morts et des mourants partout: ceux-ci rampaient, essayant de s’éloigner des incendies qui les cernaient. Leurs yeux pendaient des orbites et leurs cheveux se dressaient sur leur tête. D’autres marchaient les bras levés, appelant leur mère et réclamant désespérément: «De l’eau! De l’eau!» C’était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un avion de la Force aérienne nord-américaine venait de larguer une bombe atomique sur Hiroshima, ville de 350 000 habitants, en majorité des civils. L’onde expansive de l’explosion rasa tous les édifices sur une zone de 2,5 kilomètres autour du point d’impact. La plupart des gens furent écrasés par les immeubles ou brûlés vifs par la tempête de feu qui suivit. Environ 100 000 personnes moururent instantanément, dont 8 000 enfants des deux sexes qui, comme Miyoko, avaient été mobilisés pour construire des coupe-feu. Trois jours plus tard, le 9 août, les Etats-Unis laissaient tomber une autre bombe atomique sur la ville de Nagasaki, précisément au-dessus de la zone la plus peuplée, tuant sur le coup 74 000 personnes et en blessant 75 000 autres. Beaucoup agonisèrent durant des jours et des semaines, pratiquement sans soins médicaux, leurs chairs infestées de vermine, tuées par les radiations ou les brûlures. Plus de 60 000 succombèrent les mois suivants, et 70 000 autres avant 1950. Il se produisait beaucoup de morts lentes, dues au cancer. Environ 65% des personnes mortes le jour du bombardement d’Hiroshima étaient des vieillards, des femmes et des enfants. A Nagasaki moururent 10 000 des deux millions de Coréens qui vivaient à cette époque au Japon, travaillant en général comme ouvriers esclaves. Environ 40% des morts des deux villes ne furent jamais retrouvés. Ils furent convertis en cendres ou entraînés dans la mer lorsqu’ils se précipitèrent dans les rivières en quête d’eau. Pourquoi le gouvernement des Etats-Unis causa-t-il tant de souffrances? Le prétexte officiel —encore défendu aujourd’hui par certains— fut un mensonge: les bombardements accélèreraient soi-disant la reddition du Japon, mettraient fin à la guerre et épargneraient des vies. En réalité, le Japon avait déjà exprimé son désir de se retirer de la guerre et les Etats-Unis le savaient mais l’ignorèrent. Le chef de l’état-major de l’époque, l’amiral William D. Lela, le reconnut: «L’efficacité du blocus maritime et des bombardements aux armes conventionnelles avaient déjà vaincu les Japonais, qui étaient prêts à se rendre. J’eus l’impression que les scientifiques et d’autres tenaient à tester cette arme en raison de la grande quantité d’argent qui avait été investie dans ce projet. Truman le savait, de même que les autres personnes impliquées». Curieusement, des personnalités du gouvernement reconnurent ceci seulement un an plus tard. Tout comme une étude de la Section des opérations du Département de la guerre (révélé au milieu de 1946), l’Enquête de bombardement stratégique des Etats-Unis indiquait que «certainement, avant le 31 décembre 1945 et très probablement avant le 1er novembre 1945 (la date d’une invasion planifiée) le Japon se serait rendu, même si la Russie n’était pas entrée dans la guerre et si aucune invasion n’avait été planifiée ni envisagée». Auparavant, les Etats-unis avaient bombardé presque toutes les autres villes du Japon, y compris Tokyo. Le 9 mars de cette même année, 300 bombardiers nord-américains larguèrent du pétrole sur cette dernière et ensuite plus de 1 600 bombes au napalm. Plus de 100 000 habitants périrent brûlés. (Les forces alliées avaient bombardé de cette même manière Dresde, en Allemagne —une cible non militaire— un mois plus tôt). Un rapport datant de cette époque réalisé par l’Enquête de bombardement stratégique des Etats-Unis avait conclu que «probablement davantage de personnes étaient mortes en six heures dans l’incendie de Tokyo qu’à n’importe quel moment de l’histoire de l’Homme». David Kruidenier fut le pilote d’avions B-29 qui attaquèrent le Japon en 1945. Il reconnut ceci: «Nous avions bombardé au feu les plus grandes villes pour tuer le plus possible de civils, et Hiroshima était la plus grande à n’avoir pas encore été attaquée.» 31HIROSHIMAF2 Ils ont fait avec une seule bombe ce qui nécessitait autrefois des centaines d’avions et des milliers de tonnes d’explosifs. Apparemment la bombe atomique a été essayée sur des cibles vivantes pour démontrer la supériorité écrasante des Etats-Unis. Ils possédaient non seulement la bombe de plutonium, mais ils étaient disposés à la lancer. Ils étaient prêts à tuer en masse des centaines de milliers de civils. Contre qui était dirigé ce message d’intimidation, de terrorisme ? Au reste du monde, mais particulièrement à l’Union soviétique. Les alliés s’étaient mis d’accord à la conférence de Yalta pour que l’URSS attaque le Japon trois mois après la reddition de l’Allemagne. Staline avait annoncé que les forces soviétiques seraient prêtes à temps pour cette attaque, c’est-à-dire le 8 août. Mais les Etats-Unis en réalité ne désiraient pas que l’URSS entre en guerre contre le Japon. La bombe a été lancée sur Hiroshima le 6 août. L’impérialisme nord-américain ne faisait pas la guerre simplement pour vaincre les nazis allemands et les impérialistes japonais. Ils avaient aussi pour but de contrôler l’Europe et même la Chine. L’URSS avait déjà fait ce dont les Etats-Unis avaient besoin : elle avait défait l’Allemagne avec le sang de millions de paysans et de travailleurs russes, qui sont morts en défendant leur patrie et les succès de leur Révolution. Les Etats-Unis n’avaient plus besoin de l’URSS comme allié. Peu après la reddition du Japon, le 14 août, le président Truman a arrêté tous les envois, jusqu’aux médicaments, à l’URSS, son allié dans la guerre. Vers octobre Truman essayait déjà de rassembler le peuple des Etats-Unis pour une confrontation avec l’URSS - «la menace communiste». «On ne peut pas parvenir à un accord avec les forces du mal... les bombes atomiques qui sont tombées sur Hiroshima et Nagasaki sont un avertissement», déclarait-il. Les populations civiles d’Hiroshima et de Nagasaki n’ont pas été tuées pour mettre fin à la Seconde guerre mondiale, mais pour commencer la Guerre froide. Ce qu’on a appelé le «Siècle nord-américain» avait débuté. Aussitôt après les bombardements, les Yanquis ont commencé à mentir sur ce qu’ils avaient commis. Le jour même du bombardement de Nagasaki, le 9 août, le président Harry Truman a déclaré : «Le monde doit remarquer que la première bombe atomique a été lancée à Hiroshima, une base militaire. Nous voulions ainsi éviter lors de cette première attaque – dans la mesure du possible – les morts de civils». TRAVESTIR L’HISTOIRE Le terme «terrorisme» a été détourné de son sens par les grands médias. Si un Irakien, fatigué de voir comment meurent les enfants dans son pays, s’attache des explosifs à la ceinture et les fait éclater au passage d’un convoi militaire nord-américain en Irak, c’est un acte de terrorisme. Mais si un soldat des Etats-Unis tire des missiles sur la population civile de ce pays ce n’est plus du terrorisme mais une action militaire défensive contre les insurgés. On a manipulé la presse concernant les actions barbares contre Hiroshima et Nagasaki. Jusqu’en 1960, le gouvernement étasunien a interdit la publication des photographies des ravages dus aux bombardements. Le secrétaire d’Etat d’alors, Christian Herter, a écrit une lettre à John McCone, directeur de la Commission de l’énergie atomique pour exprimer ses «graves réserves concernant la divulgation de ces photos parce que nous sommes préoccupés par leur impact politique, spécialement au Japon, et parce que nous ne sommes pas prêts à faire cadeau aux communistes d’une arme de propagande qu’ils utiliseraient contre nous dans le monde entier». Au Japon, pendant l’occupation par les Etats-Unis qui a duré de la fin de la guerre jusqu’en 1952, les officiers yanquis ont adopté un code de presse qui censurait les reportages japonais et les publications scientifiques contenant des informations sur les bombardements. Les autorités d’occupation ont confisqué les journaux personnels, les poèmes, les photos, les films, expositions médicales, les portes-objet de microscope, et les archives des médecins sur le traitement des radiations. Environ 32 000 articles ont été concernés. Les médecins japonais devaient effectuer les autopsies en secret et faire circuler les résultats de main en main, sous la menace de poursuites. A cause de cet environnement politique hostile, les survivants ont été privés de toute période de deuil légitime après ce traumatisme massif, et ils ont du réprimer leurs souffrances en silence et dans l’isolement. Les hibakusha (survivants) sont restés mutilés physiquement, psychologiquement, et mis à l’écart par le reste de la société japonaise. Il leur a été difficile, pour eux et leurs enfants, de se marier parce que beaucoup craignaient les effets génétiques des radiations. Les actions terroristes de toute nature sont condamnables, mais au-delà de la condamnation, il est indispensable de comprendre les raisons qui expliquent la multiplication de ces actes. L’intellectuel Atilio Boron a mis en garde sur «le piège» tendu par les «intellectuels bien-pensants» pour reprendre l’heureuse expression d’Alfonso Sastre : ils nous invitent à réprouver de telles monstruosités mais sans se poser de questions sur leurs causes, fermant ainsi toute discussion sur l’autre terrorisme, celui qui surgit et qui se consolide à partir d’Hiroshima et de Nagasaki comme une politique d’Etat, mise en place par Washington avec le soutien moral et politique des gouvernements capitalistes avancés. Et appliquée par Washington avec l’aval politique des gouvernements du capitalisme avancé. Les idéologues de l’ordre naturalisent et rendent invisible le terrorisme institutionnalisé, affirme Boron, ajoutant que par le biais de cette alchimie idéologique celui-ci devient une «lutte contre le terrorisme», tandis que le terrorisme de l’adversaire, une fois brisée sa relation directe avec le premier, devient la sinistre expression de quelques cerveaux malins lâchés à travers le monde. Le président des Etats-Unis a illustré récemment la manière dont se produit cette alchimie idéologique en affirmant cyniquement que «le type d’individus qui font sauter des métros et des autobus ne sont pas des gens avec lesquels on puisse négocier ou qu’on puisse calmer». Il ajoutait que quiconque tue des innocents est terroriste. Que furent alors ceux qui ordonnèrent de lancer des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki? Les milliers d’enfants et de personnes qui moururent dans ces actes de terreurs n’étaient-ils pas des innocents? Qu’étaient donc les quatre millions de Vietnamiens massacrés alors qu’ils luttaient pour leur indépendance? Que sont les Irakiens envahis, occupés, torturés et assassinés? Qu’étaient les 73 Cubains morts dans un avion saboté en plein vol et dont l’auteur trouve protection aux Etats-Unis? L’impérialisme ne cherche pas les causes de la violence, mais multiplie celle-ci par de nouveaux actes de terreur. Les principes éthiques et moraux sont les mêmes pour tous. Quelle éthique Harry Truman appliqua-t-il lorsqu’il terrifia le monde en lançant les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki? Le monde souffre encore des conséquences de cet acte horrible. La version officielle des Etats-Unis sur ces effroyables attaques doit être pulvérisée. Le monde n’a plus été le même après Hiroshima et Nagasaki. La vérité sur les pires actes de terrorisme de l’histoire ne peut être ignorée. C’est seulement en transformant les systèmes économiques et sociaux qui engendrent la violence que nous lutterons contre la racine de la violence qui domine le monde actuel. ............................................................................................................................................
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