Lettre adressée à la journaliste Louise Lemieux du Soleil, suite à son reportage de la fête nationale cubaine du 26 juillet

Louise Lemieux, journaliste
journal Le Soleil
Québec

Madame,
Suite à votre article de ce matin, concernant notre activité de solidarité avec Cuba, tenue hier à Place d'Youville, voici quelques réflexions:
La photo est très bien, et représentative du groupe et du matériel faisant la promotion de nos idées sur la question cubaine. On ne peut malheureusement pas en dire autant du gros titre et du contenu. LE COURAGE D'UN PEUPLE BAILLONNÉ, n'a absoluement rien à voir avec nos convictions profondes quant à l'analyse de la réalité concrète de ce peuple. Bien sûr, vous avez le loisir d'émettre vos opinions personnelles à travers vos écrits, mais, c'est d'y aller un peu fort que d'inscrire ce gros titre sous notre photo, comme si notre mission se résumait à faire la promotion du courage des cubains face à l'opression d'un méchant dictateur.

Pourtant, vous savez bien que notre opinion est tout autre. S'il y a un peuple, dans toute l'Amérique, et je ne parle pas de quelques dizaines d'individus mercenaires, je dis bien, un peuple qui ne souffre pas de baillon, c'est bien celui de Cuba. Ils en ont vu d'autres, ces cubains, vous savez; ils se sont d'abord débarrassés, au prix de leur sang, de l'opresseur espagnol, ensuite, est venu le tour des nouveaux colonialistes américains, qui depuis 45 ans, avec toute une panoplie de mesures économiques, inhumaines et génocides, allant jusqu'à cautionner le terrorisme à partir de leur territoire, contre ce peuple pacifique et innofensif. Pensez-vous vraiment que ces mêmes cubains accepteraient d'être BAILLONNÉ par un quelconque régime ou dictateur? Il ne faudrait quand même pas prendre ces 11,000,000 d'habitants pour une gagne de moutons, ce serait faire fi de toute leur Histoire.

Comme je disais plus haut; vous avez droit à vos idées, mais malheureusement votre reportage ressemble un peu à la majorité de ceux de beaucoup de vos confrères, de par son contenu manquant d'objectivité.
Ce qui est pire encore, c'est quand le manque d'objectivité se transforme en désinformation tout court.
Vous dites: VRAI, ADMETTENT LES MEMBRES DE L'ASSOCIATION, IL N'Y A PAS DE DÉMOCRATIE À CUBA.....
Madame Lemieux, ou vous n'avez rien compris, ou vous faites preuve de mauvaise foi. Je pensais qu'après avoir passé plusieurs minutes au téléphone avec vous, vous saisireriez l'essence même de notre mission vis-à-vis Cuba: Faire la promotion des valeurs véhiculées par la société cubaine. Croyez-vous vraiment que nous sommes assez fou pour appuyer, défendre et faire la promotion d'un pays ou la démocratie serait inexistante ? Et, encore plus fou pour........l'admettre ?

Voyez-vous, la démocratie à Cuba, par rapport à nos pays, est réelle, ne vous en déplaise. Ça ne se résume pas en allant voter tous les 4 ans, comme ici. Je n'élaborerai pas davantage sur ce point; ce courriel deviendrait trop aride, déjà qu'il doit prendre beaucoup de votre temps. Mais, concernant seulement le cas des élections, puisque c'est à peu près le seul thème que nous connaissons ici, par rapport à la démocratie, disons ceci: TOUT le monde peut se présenter candidat aux élections à Cuba(même les dissidents mercenaires) pas besoin d'être membre du parti communiste, seulement avoir un collègue pour te proposer. Défendu de dépenser un seul peso pour la campagne électorale; un curiculum du candidat affiché dans un endroit public suffit. Je vous épargne la suite....mais il existe un livre écrit par un non-cubain à l'intention des autres pays, qui aborde le sujet dans ses moindres détails et qui contraste du tout au tout en regard du procédé réellement démocratique par rapport à nos propres élections.

Encore une fois, vos lecteurs n'auront pas eu droit à l'heure juste sur Cuba, et, plus encore, seront fait une opinion biaisée quant à notre mission de solidarité, qu'est de faire connaitre la réalité cubaine, en toute humilité et objectivité possible.

Michael Walsh
Association Québécoise des AmiEs de Cuba
Le 27 juillet 2005