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L'Afrique se mobilise contre le paternalisme . 4e édition du forum des peuplesPascale Brunet ..., Viernes, Julio 22, 2005 - 14:33
Pascale Brunet et Guillaume Bernard
Forum des peuples, 4e édition Il y a une quelques jours, le G8 se réunissait à Edimbourg, en Ecosse, pour discuter de l'avenir et du développement de l'Afrique. Pour être honnêtes, du village de Cogniba au Mali où nous nous trouvons depuis un mois pour un projet de coopération internationale, l'issue des discussions ne nous est à peine parvenue. A travers les branches, nous avons appris que le sommet du G8 avait été perturbé par les attentats de Londres, que l'aide publique au développement de l'Afrique avait été augmentée et que certains pays africains ont vu une partie de leur dette publique annulée. Les nombreux spécialistes en économie du développement et autres universitaires brillants seront assurément plus outillés que nous pour analyser les effets bénéfiques ou néfastes de ces mesures et en discuter le fond , d'ailleurs, ils l'ont sans doute déjà fait. Mais, ne serait-ce que dans sa forme, cette rencontre du G8 nous parait complètement aberrante. Le G8 nous a habitué à tenir ses discussions à l'insu des populations, à huis clos. Cette fois-ci, les chefs de gouvernement ou d'Etat des sept pays les plus industrialisés et de la Russie se ajoutent à l'affront en discutant de l'avenir de l'Afrique sans même daigner inviter les représentants des différents peuples africains. Comment peut-on discuter de l'avenir de tout un continent sans que l'ombre d'un effort ne soit fait pour que les nations et peuples concernés prennent part aux échanges? N'est-ce pas du paternalisme à outrance, voire du néo-colonialisme, que les huit pays les plus riches de la planète s'arrogent le droit et la légitimité de décider pour les Africains ce qui serait bon pour eux ? Apparemment, nous ne sommes pas les seuls à dénoncer le paternalisme inconcevable, odieux et criminel du G8 envers l'Afrique. Du 6 au 9 juillet dernier, nous avons eu la chance de participer au contre-sommet africain du G8, soit la 4e édition du Forum des peuples à Fana, deuxième ville cotonnière du Mali. Le défi de tenir un tel forum en région rurale, afin de se rapprocher de ceux et celles que trop souvent on ne veut pas entendre, a été relevé non sans quelques difficultés, mais avec brio! Avec plus d'un millier de Maliens, de Sénégalais, de Burkinabés, de Béninois, de Togolais, de Congolais, d'Ivoiriens, de Centrafricains, de Nigériens, de Français, de Belges, de Canadiens et de Québécois, nous avons dénoncé avec force l'altruisme fantoche des leaders politiques du G8. Ce forum panafricain avait non seulement pour but de dénoncer, mais aussi de construire des alternatives pour un monde où les politiques néo-libérales n'ont pas leur place. Pendant quatre jours, les problèmes de l'Afrique et du Mali ont été abordés de front en français et en bambara - une des langues nationales du Mali - d'une manière très lucide et autocritique : introduction des OGM dans l'agriculture, souveraineté alimentaire, dette publique, privatisation des services publics, corruption, etc. Nous avons fait le plein de rencontres enrichissantes, d'idées, de solutions, mais aussi fait face à des polémiques et de frustrations. Seule ombre au tableau, la faible participation des femmes comme conférencières et intervenantes ainsi que le peu d'ateliers qui leur étaient consacrés. Sur la quarantaine d'ateliers qui ont eut lieu, un seul portait sur une problématique spécifique aux femme et ce malgré la forte présence des femmes en tant que participantes. Cela dit, nous sommes sortis de ces quatre jours d'échanges motivés et enthousiastes : les peuples africains se prennent en main, malgré le criant déficit démocratique qui les affecte et qu'ils perçoivent avec discernement. L'Afrique que nous avons côtoyé, les Africains et Africaines que nous avons rencontrés, non seulement lors du Forum des peuples, mais aussi dans nos familles maliennes, à Cogniba, à Baguineda, à Bamako ne sont pas du tout à l'image de l'Afrique « vision mondiale ». : l'Afrique victimisée et misérabiliste qui se lamente sur son propre sort cherchant la pitié de l'occident. Au contraire, nous avons vu des hommes, des femmes et des enfants qui, malgré leur extrême pauvreté matérielle et leur lutte quotidienne pour la survie, continuent à croire en leurs forces et au développement de leurs communautés tout en restant conscients de leurs faiblesses et de leurs limites. Ils sont les héritiers de traditions et d'une hospitalité à en faire rougir de gêne l'étranger (ceux qui ont goûté à la chaleur de l'accueil africain sauront de quoi nous parlons) et ils savent mieux que quiconque ce qui est bon pour eux. Loin de nous l'idée d'idéaliser l'Afrique (ce serait tout aussi malhonnête), ses traditions lui ont aussi légué d'imposants problèmes. Mais il appartient aux Africains, aux Africaines et à eux seuls de décider de leur avenir. La victimisation de l'Afrique est un leurre insidieux, car les peuples africains ont besoin qu'on appuie leurs initiatives pour qu'ils puissent retrouver la dignité à laquelle ils ont droit et qu'on leur a enlevé.
site officiel du forum des peuples
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