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Il y a un colon dans chaque IsraélienRosenfeld, Martes, Julio 19, 2005 - 09:57 Un article de la brillante journaliste israélienne Amira Hass qui démontre que la politique de colonisation a toujours bénéficié de l'appui conscient ou inconscient d'une bonne partie de la population israélienne. Il y a un colon dans chaque Israélien Amira Hass Les colons sont le produit d’une politique israélienne qui a bénéficié d’un soutien sans cesse croissant du public Juif-Israélien, particulièrement depuis que Menachem Begin et Ariel Sharon ont fait des colonies une entreprise de masse après 1977. On les critique parce qu’ils envoient leurs enfants aux barrages militaires, parce qu’ils frappent ou maudissent les soldats, pour avoir retiré les rubans bleus et blancs des voitures (et parfois des antennes), pour l’occupation d’une maison palestinienne à Muasi et pour avoir lapidé un enfant palestinien. Le gamin morveux du quartier, qui croit qu’on lui doit tout, se lâche d’un seul coup, et les voisins perdent patience. Mais le gosse est gâté parce tous les voisins l’ont gâté, et il est persuadé que tout lui est dû parce que pendant des années, tous les voisins ont prouvé par leurs actions que c’est ainsi. Ca a commencé avec la tolérance, montrée par tous les gouvernements israéliens et par les institutions officielles, vis-à-vis du comportement des colons avec les Palestiniens. Ca a culminé avec l’indulgence d’Yitzhak Rabin en 1994, quand, au lieu d’évacuer les colons fondamentalistes d’Hébron après l’horreur générale suscitée par le massacre commis par Baruch Goldstein, il a imposé un interminable couvre-feu sur la ville palestinienne d’Hébron. Il a ainsi donné le feu vert à des crimes de persécution et d’expulsion incessants, bien avant le lynchage de Muasi. Ce sont les gouvernements israéliens qui, depuis 1967, ont tracé la politique de colonisation des nouveaux territoires, depuis l’annexion à Jérusalem de quelque 70 kilomètres carrés de Cisjordanie, via l’annexion des avant-postes Nahal, qui devinrent des villes par la suite. Des colons messianiques obligèrent les gouvernements Mapaï et travaillistes à approuver l’emplacement qu’ils avaient choisi pour leurs colonies, et les gouvernements furent heureux d’être obligés. La différence, c’est que les colons messianiques mirent aussi l’appétit israélien pour le foncier sous autorité divine, au lieu de se baser seulement sur les doctrines sécuritaires. Les colons sont le produit d’une politique israélienne qui a bénéficié d’un soutien sans cesse croissant du public Juif-Israélien, particulièrement depuis que Menachem Begin et Ariel Sharon ont fait des colonies une entreprise de masse après 1977. Et pendant toute la période d’Oslo, même sous Rabin et Ehud Barak, ça a continué d’être une entreprise de masse. Le compensation généreuse payée aux 8.000 colons de la bande de Gaza n’a pas déclanché de protestations massives en Israël. Après tout, des milliers d’Israéliens savent que les Juifs ont expulsé des Juifs (pas seulement des Palestiniens) depuis longtemps : Les familles qui ne remboursent pas leur crédit immobilier sont emmenées de chez elles par des bons Juifs, agents de l’Etat. Des dizaines de milliers d’Israéliens savent que les gouvernements israéliens successifs ont envoyé leurs parents en mission nationale pour établir des cités pionnières dans des zones éloignées [en Israël, ndt], où ils souffrent toujours de discrimination, de négligence et de sous-emploi. Pourtant, savoir cela n’a suffit pour que le discours médiatique ou l’action gouvernementale traitent de la question explosive : pourquoi les colons ont plus de droits -pas seulement que les Palestiniens - mais que leurs semblables juifs restés à l’intérieur de la ligne verte. La question a été vidée de son contenu explosif parce que l’entreprise de colonisation de la Cisjordanie est devenue un moyen d’avancement socioéconomique pour de nombreux Israéliens. Quelque 400.000 Israéliens vivent dans les colonies de Cisjordanie. Ils ont des centaines de milliers de parents et d’amis qui leur rendent visite régulièrement, et pour qui les colonies sont une réalité naturelle et formatrice. Ils savent qu’eux aussi peuvent obtenir des maisons à Gilo, Ma’aleh Adumim ou Alon Shvut, dont ils ne pourraient pas avoir de semblables en Israël. Pour eux, c’est un moyen de s’arranger avec la destruction graduelle de l’Etat providence. Même ceux qui n’ont pas l’intention de déménager pour les colonies bénéficient de leur existence. Les colonies assurent le contrôle continu d’Israël sur la Cisjordanie et ses ressources en eau, assurant ainsi la distribution de l’eau dans un rapport de 7 pour 1, au détriment des Palestiniens. Par conséquent nous, les Juifs, pouvons gaspiller, comme si nous vivions sur un pays bien arrosé. Des grandes routes sont aussi construites sur des terres volées aux Palestiniens - comme la circulaire de Jérusalem, la route 443, qui donne une entrée nouvelle à Jérusalem, seulement pour les Juifs. Ces routes ne servent pas qu’aux colons, mais aussi à bien d’autres, dont la conscience de classe moyenne en croissance exige facilité, efficacité et gain de temps. Les promoteurs, entrepreneurs, les employés de l’Israël Electric Corporation, le Département des Travaux Publics et le ministère de l’Education, les propriétaires de journaux, qui publient d’énormes pubs sur les nouveaux quartiers à cinq minutes de Jérusalem, tous bénéficient du boom de la construction. Et ceci sans même parler du fait que les colonies garantissent une menace sécuritaire permanente sur leurs habitants et constructeurs, et exige par conséquent le développement de l’industrie sécuritaire. Au coeur de chaque Israélien vit un petit colon. Par conséquent, la critique étroite d’aujourd’hui passe à côté de la question réelle, qui est la politique illégale et immorale de colonisation. Cette politique bénéficie finalement à une part sans cesse croissante de la population israélienne, qui n’est donc pas troublée par la question de savoir ce que ça produit pour le futur de la région. Amira Hass Ha’aretz, 6 juillet 2005 http://www.haaretz.com /hasen/spages/596329.html traduction : JP Bouché, Afps |
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