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Cuba le retour à la révolution ?

Anonyme, Viernes, Julio 15, 2005 - 00:07

Danielle Bleitrach

Le Monde perd les pédales....

Dès qu'il s'agit de Cuba, mais aussi désormais du Venezuela et de tous les
mouvements qui aujourd'hui en Amérique latine cherchent une issue qui ne
soit pas un simple retour sur la case départ de la misère, de la soumission
aux États-Unis, le Monde se déchaîne. L'article de Jean Michel Caroit "Cuba
et le retour à la Révolution" est un chef d'oeuvre dans le genre.

Cuba le retour à la révolution ?

Le Monde perd les pédales....

Dès qu'il s'agit de Cuba, mais aussi désormais du Venezuela et de tous les
mouvements qui aujourd'hui en Amérique latine cherchent une issue qui ne
soit pas un simple retour sur la case départ de la misère, de la soumission
aux États-Unis, le Monde se déchaîne. L'article de Jean Michel Caroit "Cuba
et le retour à la Révolution" est un chef d'oeuvre dans le genre.

Premier principe décontextualisons : présentons les intiatiaves de Cuba,
comme les rêves d'un dictateur sénile... Qui s'obstine à faire le malheur
de son peuple et à le réprimer. Donc analysons comment procède le Monde
pour nous mentir sur Cuba mais aussi sur le reste de la planète.

1- Quand le Monde parle de Cuba, il efface l'agression des USA.

Pour une analyse plus complète et argumentée des faits nous vous renvoyons
à notre livre DE MAL EMPIRE(1). Notons tout de suite que dans l'article du
Monde, l'analyse de la dé-dollarisation de Cuba est vue par le prisme d'un
chauffeur de taxi qui a trafiqué et qui se retrouve avec une dévaluation de
son pécule.L'article ne dit pas que cette dé-dollarisation comme nous le
montrons dans notre livre a été prévue dès "la dollarisation", avec le
souci dés le début d'une maîtrise par la banque centrale de Cuba d'un jeu
entre trois monnaies : le dollar mais aussi le peso monnaie nationale dont
le taux est resté maîtrisé et qui a permis d'accorder un pouvoir d'achat
aux Cubains sans commune mesure avec le salaire officiel (par exemple 20
dollars, mais qui en monnaie nationale et pouvoir d'achat réel revient à
peu près à 800 euros). Ensuite l'existence d'un peso convertible (au taux
du dollar) qui est désormais devenu la monaie d'échange internationale et
celle entre entreprises recevant des monnaies étrangères. Nous analysons
trés précisement les conditions réelles de cette dé-dollarisation, ses
atouts, ses problèmes et les mesures d'augmentation des salaires et
pensions qui l'ont accompagnée.

Le seul prisme par lequel nous sommes censés observer cette opération de
dé-dollarisation est donc un chauffeur de taxi trafiquant qui a vu son
pécule fondre ou encore un jeune jinetero (gigolo) qui vend sur les plages
des objets et séduit les touristes tchèques. Ou encore des "dissidents"
apointés par les USA, dont même le jeune gigolo se méfie et qui
effectivement si on lit bien l'article reconnaissent amérement qu'ils n'ont
aucun impact sur la société cubaine et qu'ils attendent simplement leur
billet pour Miami. Ils disent que malgré la terrible sécheresse qui a
frappé l'île, la population ne se révoltera pas et terminent sur une
citation de Marti, pour affirmer que les Cubains ont ce qu'ils méritent.
Même constat de carence pour RSF et Robert Ménard: certes ils ont tout fait
pour empêcher les touristes français de venir, mais le véritable problème
est Air France qui préfère vendre des billets à d'autres que les Français.
Et le tourisme cubain ne connait pas de baisse de fréquentation. C'est là
le fond de la démonstration, mais l'écriture est si venimeuse qu'il faut
relire l'article pour rétablir une ombre de réalité.

La où la malveillance stupide atteint un sommet, c'est quand dans le même
article il est indiqué que les Cubains ont envoyé 20.000 médecins au
Venezuela et que les Cubains protestent parce que ceux-ci commencent à
manquer dans leurs propres cliniques. Soyons clairs, il est probable
qu'effectivement les Cubains protestent. Qui connaît ce peuple sait à quel
point, loin de se taire il ne cesse de râler et ils ont de quoi... Combien
de fois ai-je entendu des amis, pourtant "castristes", vitupérer contre "ce
pays de merde où les touristes ont plus de droit que les Cubains". Et
connaissant les relations à la fois fraternelles, familiales mais aussi
antagonistes entre latinos, il est vraisemblable que les Cubains se
plaignent que les Vénézuéliens aient plus de droits qu'eux en matière de
santé. Ceci n'est en rien contradictoire avec la politisation du peuple
cubain et leur conscience de l'apport du Venezuela, leur inquiétude pour
Chavez. Mais même en ne tenant pas compte de ces traits "psychologiques" et
culturels, l'article est stupide dans sa démonstration: l'envoi de 20.000
médecins prouve que cette petite île sous développée, soumise à un terrible
blocus a été capable de former ce nombre de médecins, sans parler de tous
ceux qui sont envoyés à Haïti, en Amérique latine, en Afrique pour aider
les pauvres sans contrepartie pétrolière. Il y a 11 millions de Cubains.
Cela ferait donc comme si les Français envoyaient plus de 100.000 médecins
ailleurs, au lieu de faire venir ceux formés à grande peine dans des pays
du tiers monde pour suppléer à ses carences. Si la France envoyait 100.000
médecins dans les pays du Tiers-Monde, les Français se retrouveraient dans
une situation qui provoquerait quelques remous en particulier aux
urgences... Et il faudrait ajouter que les Cubains envoient également des
enseignants et d'autres spécialistes. Mais peut-être au lieu de ricaner
faudrait-il réflechir à notre propre modèle qui consiste à tenter de
repousser ceux que chasse la misère, en imaginant une immigration qui
continuerait à recruter seulement des gens hautement qualifiés du
Tiers-Monde, ce qui accroit le sous-développement et donc provoque une
immigration des pauvres. Si les Français faisaient comme les Cubains et
envoyaient massivement une aide qualifiée, s'ils accueillaient comme eux
pour les former des populations, peut-être qu'il y aurait là une autre
voie...

Mais la plus forte "décontextualisation" réside dans la manière dont le
Monde nous cache les faits. Dans ce genre d'article, nous ignorerons
toujours que c'est à la suite de nouvelles mesures d'étranglement prises
par Bush en juin 2004, que les Cubains ont pris ces dispositions de
dé-dollarisation. La suppression de la majeure partie de l'aide aux
familles restées dans l'île par les immigrés, la limitation presque
l'interdiction du droit de voir leurs familles cubaines pour ces derniers.
Enfin la saisie des dollars Cubains dans les Banques étrangères qui les
acceptaient.

2- Tout ce qui peut nous présenter la réalité des USA est également gommé:

Le Monde , bien sûr gomme cette agression états-unienne, comme il le fait
sur toute la planète. Comme il gomme la manière exemplaire dont non
seulement cette opération a été maîtrisée par la Banque centrale cubaine et
ce qui est encore plus intéressant l'accueil favorable que cette manoeuvre
a reçu sur les marchés financiers. Il gomme un contexte international
entièrement nouveau que nous rétablissons dans notre livre: les difficultés
économiques, financières et militaires auxquelles sont confrontées les
États-Unis et la montée en puissance des résistances du sud. En Amérique
latine, mais pas seulement. Nous analysons en particulier dans notre livre,
le contexte global de la montée des Résistances en Amérique latine et le
rôle joué par l'irruption de la Chine.

Par rapport à tous ces événéments, le Monde poursuit son travail de
désinformation:

Quelques événéments sont récemment intervenus dont la signature de L'ALBA
entre Cuba et le Venezuela, cette union qui s'oppose à la volonté des
États-Unis de mettre en place l'ALCA (en français la ZLEA, zone de libre
échange des Amérique).Comme nous le faisons dans notre livre, il faut
mesurer comment le continent tout entier s'est opposé à la mise en place de
cet ALCA, comment cela s'est traduit par des changements de gouvernement et
des mouvements comme en Bolivie qui renversent les gouvernements qui
bradent les richesses nationales aux multinationales. Comment cette
opposition à l'ALCA a regroupé non seulement les forces révolutionnaires,
les pays ayant choisi cette voie (Cuba. Le Venezuela et les petites îles de
la CaraÎbes regroupées), mais aussi le Brésil, l'Argentine, puis l'Uruguay.
Car autre fait que nous ignorerons toujours à la lecture du Monde, les
résistances s'unissent dans leur diversité. Sans l'opposition du
gigantesque Brésil à l'ALCA, si le Venezuela n'avait pas à son flanc sud le
Brésil de Lula mais un régime comparable à celui de la Colombie, le
Venezuela serait beaucoup plus en danger, même si par ailleurs Lula a
choisi "une voie réformiste". En fait une voie qui suit les directives du
FMI, table en premier sur les exportations, ce qui l'oblige à ne pas
pouvoir répondre par exemple aux Sans-terre, puisqu'il faut s'appuyer sur
l'agriculture extensive des grands propriétaires et donc différer la
réforme agraire. Mais comme nous l'analysons, cette stratégie de Lula, ses
limites n'empêchent pas que ce dernier joue un rôle essentiel dans la
résistance du sous continent.

Grâce au Monde et à l'ensemble de la presse française, nous ignorons tout
de ces stratégies diverses mais imbriquées qui ont fini par mettre en
minorité les États-Unis au sein jusque de l'OEA (l'institution la plus
contrôlée par les USA). Nous ne comprendrons rien à l'intelligence
stratégique tout azimuth de Chavez qui avec Cuba met à la fois en place un
front de résistance le plus large et à travers l'ALBA propose de nouvelles
orientations au profit des peuples des ressources naturelles d'un
continent. Par rapport à Lula, mais sans antagonisme avec lui, l'ALBA table
sur un développement endogène où tout ne serait pas tourné vers
l'exportation, mais vers la satisfaction des besoins des peuples. Ce sont
des choix fondamentaux qui méritent d'être observés de près. Mais le Monde
avec sa médiocrité habituelle nous cache ce choix alternatif, à quelles
conditions politiques, il peut être mis en oeuvre.

Nous ne saurons rien de l'accord qui vient d'être signé pour que les États
de la Caraïbes bénéficient d'un facteur énérgétique de développement basé
sur la solidarité et l'échange et non la compétition et à terme la guerre,
la violence, le massacre. Ce fait essentiel est aussi déformé dans
l'article. Est-ce un hasard ? Alors même qu'en Europe de gigantesques
concerts réclament la lutte contre la pauvreté, alors même que les pays
riches feignent une pseudo-remise de la dette qui de fait se traduira par
encore plus d'exploitation. Pourquoi ne pas voir à quel point des peuples
du sud tentent de coordonner ressources, savoir-faire, capitaux pour aller
vers un autre type de développement ? Pourquoi nous cacher cela dans de
médiocres articles qui déforment, ridiculisent ce qu'ils ont de plus en
plus de mal à cacher...

Pourquoi nous cacher l'état réel de la planète ? Tandis que le Monde nous
parle avec complaisance de la petite délinquance à Cuba, du risque que le
touriste peut y avoir de se faire piquer son sac, comme à paris, ou à
Marseille, il ne dit rien sur la violence de la misère qui se déchaîne
partout. Des "détritus" sociaux, enfants des rues, clochards, voire
homosexuels que les escadrons de la mort appartenant à une police
d'estrême-droite, tuent chaque nuit au Mexique... Et dans tant de pays
d'Amérique latine, y compris au Brésil et même au Venezuela où une partie
de la police et de l'administration est aux mains des l'extrême-droite,
liée à la CIA. Nous ignorons le véritable esclavage dans lequel on prétend
maintenir par le meurtre, le viol et l'assassinat de syndicalistes les
pauvres à leur place. Nous ne saurons pas grand chose sur la manière dont
Fox, l'actuel président du Mexique, l'homme lige des USA a réduit à la plus
extrême-misère son peuple et en particulier les Indiens, les révoltes qui
montent de toute part, le fait que lors du prochain vote le Mexique risque
lui aussi de passer à gauche. Nous ne vous disons pas que la Résistance
cubaine est une voie royale semée de lys et de roses, oui ce peuple
souffre, oui certains n'en peuvent plus de faire face depuis tant d'années
à l'ennemi le plus impitoyable qui soit. Mais si les USA ne savaient pas à
quel point ce peuple est capable de résister, il y a bien longtemps qu'il
l'aurait envahi. Et la grande nouveauté est que désormais Cuba n'est plus
seul...

On en finirait pas d'énumérer les mensonges, l'occultation des faits
qu'opère le Monde et derrière lui la quasi-totalité de la presse française.
Ce qu'on nous cache c'est la montée des résistances dans un contexte certes
difficile, celui du sous-développement, celui de l'agression permanente que
les États-Unis entretiennent partout et pas seulement en Irak. Ce qu'ils
osent accomplir dans le monde est atroce, inhumain... Pourquoi nous cacher
la manière dont partout des peuples luttent, cherchent des solutions pour
maîtriser leurs ressources ? Parce que le jour où nous découvrirons cela,
nos propres luttes à nous Français, nous peuples occidentaux, y compris
celui des États-Unis en seront transformées, aidées.

Danielle Bleitrach

(1) Dani Bleitrach. Viktor Dedaj, Maxime Vivas: DE MAL EMPIRE. Aden
editions. août 2005.

site internet du journal cubain
www.granma.cu


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