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Lettre ouverte au Directeur du Monde Diplomatique,Anonyme, Jueves, Junio 30, 2005 - 13:44 (Analyses) Lettre ouverte au Directeur du Monde Diplomatique, au rédacteur en chef et à son adjoint. Exclu. Vous m’avez exclu pour avoir émis des idées sur le conflit Israélo-palestinien éloignées de la ligne de certains responsables de la rédaction du Monde Diplomatique. Interdit. Vous m’avez interdit de débats parce qu’il ne peut y avoir, dans votre conception, de débats sans consensus absolu avec vous. Dans le plus pur style démocratique, les « autorités » supérieures du Monde Diplomatique ont imposé à M. Didier Gondret, correspondant des « Amis du Monde Diplomatique » à Rennes et à M. Moulay Hamid, responsable de l’Association France-Palestine Solidarité dans la même ville, de m’interdire de participer à la conférence-débat du 29 juin à laquelle ils m’avaient pourtant invité, il y a deux mois. Pourquoi ? Simplement parce qu’un périodique s’affichant comme « le mensuel du judaïsme français » (qui compte entre autres signatures Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Pierre-André Taguieff, Jacques Tarnero, Gilles-William Goldnadel) avait dénoncé cette invitation adressée, selon eux, à un « auteur antisémite ». Le grand mot. Tous ceux qui dénoncent les agissements d’Israël, et notamment ceux qui ont les références et la notoriété pour le faire pertinemment ( ), subissent les foudres de ces grenadiers voltigeurs de l’extrême droite israélienne brandissant l’arme de l’antisémitisme ( ) pour tenter de redresser l’image des gouvernements de Tel-Aviv tombant totalement en décrépitude depuis les massacres de Sabra et Chatilla en 1982. L’essentiel des foudres et des attaques de ces militants d’extrême droite pro israélien est constituée par la seule contestation. Le harcèlement sur les mots. L’exégèses hallucinées et le discours d’imprécation. Cette politique organisée, menée avec pugnacité et sans relâche, vise moins à acquérir une quelconque crédibilité qu’à salir et exercer sur le journaliste une pression de tous les instants, à le placer en perpétuelle position d'accusé devant se justifier, à le déstabiliser en insinuant qu’il est partisan voire malhonnête. Peu importe que l’accusation soit absurde et journalistiquement antiprofessionnelle, elle fait son œuvre. Dans le sillage de cette désinformation, les rédactions reçoivent en cascade des « témoignages » de lecteurs qui ont « ont honte pour la France » . ( ) Faut-il préciser que ni moi, ni mon livre n’avons été poursuivis en justice, (voir texte l’affaire Ménargues. Bilger) ni donc condamnés pour cette ignominie et, ce, malgré des recherches approfondies et vaines d’éléments probants effectuées par deux cabinets d’avocats parisiens à la demande d’organisations de défenses d’Israël qui n’hésitent pourtant pas à ester en justice – voir affaire Morin, Sami Naïr et Danièle Sallenave – Les « autorités supérieures » de la rédaction du Monde diplomatique – qui ont déjà subit des pressions de ce « mensuel du judaïsme français »– ont cédé cette fois-ci. L’oukase est tombé : Ménargues interdit de conférence. Le mensuel en question s’en félicite d’ailleurs sur son site internet « Il semble que la réunion publique avec Alain Ménargues, programmée pour le 29 juin, ait été annulée. Nous ne pouvons que nous réjouir d’une prise de conscience dans laquelle nous croyons savoir que nos articles ont joué un certain rôle. » Il y a d’ailleurs fort à parier que « les autorités » du Monde Diplomatique vont s’empresser de publier dans les colonnes de leur prochaine livraison un article pour se justifier. Et du même coup d’ailleurs, pourquoi pas, retirer d’autorité « Le mur de Sharon » de la sélection 2005 pour le prix des Amis du Monde diplomatique. Après avoir interdit aux Amis certains conférenciers non politiquement corrects, il est logique de leur interdire des livres qui ne sont pas « dans la ligne ». Me voici donc, avec mon livre-grand reportage « Le mur de Sharon », condamné à l’autodafé en Place de Grève par de Grands Inquisiteurs. Mon crime d’hérésie ? Mon fait de sorcellerie ? Pour les conter, les Grands Inquisiteurs du Monde Diplomatique ont repris, quasiment mot pour mot, mes « fantasmes » tels que décris par le « mensuel du Judaïsme français » : Je suis condamné pour avoir tenté d’expliquer les multiples motifs de la construction d’un mur dit de sécurité qui balafre une terre trois fois saintes, en évoquant l’environnement culturel de ces motifs. Et ô déraison, j’ai porté, un instant, attention au rôle et à l’importance de la religion juive dans les décisions de Tel-Aviv. Le ciel m’est tombé aussitôt sur la tête. 10 pages de constatations sur 295, dix pages de trop, ou, plus exactement, deux paragraphes prétextes dans ces dix pages, qui, selon la bonne vieille méthode de la désinformation, ont été sortis de leur contexte pour occulter tout le reste (voir dans les dossiers attachés « extraits du mur de Sharon ») Pour les Grands Inquisiteurs, peu importe si, aujourd’hui encore, ce rôle et cette importance sont évoqués dans tous les journaux français ( ), étrangers et israéliens ( ). Tous racontent le poids politique des mouvements et des partis religieux ultra orthodoxes dans les choix et les décisions politiques du gouvernement ainsi que dans l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Peu importe si, après l’horrible et inqualifiable attentat dans une discothèque de Tel-Aviv, le premier ministre Ariel Sharon envoie ses bombardiers tirer à la roquettes sur Gaza « pour venger le sang juif » alors que dans le même temps, des rabbins interdisent l’inhumation de certaines victimes au motif que « russes, il n’(était) pas sûr qu’elles soient juives» (Ha’aretz et voir liste des attentats anti-israéliens en fin du livre « le Mur de Sharon ») Peu importe si le rabbin Meir Kahana fondateur du mouvement ultra orthodoxe Kach, se soit écrié, lorsque celui-ci fut interdit, « les impurs ont disqualifié les purs» avant de relancer son mouvement sous une autre appellation. Et si le même Meir Kahana, élu député à la Knesset, déposa des projets de lois visant à chasser les non-juifs de Jérusalem et à emprisonner ceux qui avaient des relations sexuelles « interethniques ». Peu importe les milliers d’éléments de ce genre, à commencer par ceux détaillés par Israël Shahak, professeur de droit à l’université Hébraïque de Jérusalem et Président de la Ligue des droits de l’Homme, dans son livre « Le racisme de l’Etat d’Israël » (voir extraits Shahak et liaisons dangereuses joints) Peu importe s’il est historiquement vrai que les juifs chassés d’Espagne puis du Portugal, entre les années 1492 et 1496 se sont réfugiés à Venise et se sont installés dans le seul endroit disponible (ce que l’on appellerait aujourd’hui la zone industrielle) où se trouvaient des fonderies, « ghetto » en vénitien. C’était 550 ans avant que le drame de Varsovie ne charge émotionnellement le mot de «ghetto». Contester que les juifs se sont regroupés là comme ils l’ont fait, ailleurs, dans des schtettls, des mellahs ou des judérias est un non sens. Les quartiers juifs, comme les quartiers maltais, chrétiens, orthodoxes, arméniens existaient - et existent toujours – dans bon nombre de cas, dans presque toutes les villes du pourtour de la Méditerranée. « En introduisant dans votre livre l’idée que la construction du mur aurait des origines et un fondement ethnico-religieux, vous franchissez une frontière que nous nous refusons fermement pour notre part à traverser » m’écrit le secrétaire général des Amis du Monde diplomatique pour « motiver » l’annulation de la conférence à Rennes du 29 juin ». Mais nulle part, il est dit dans mon ouvrage que ce mur a des origines et des « fondements ethnico-religieux ». Ce n’est ni dans le texte, ni dans l’esprit. (voir les 11 éléments d’analyses cités dans la table des matières du livre à la fin de l’extrait joint en pièce attachée). Il s’agit là, à mes yeux, d’une de ces présentations fallacieuses et tendancieuses des plus discutables qui encore une fois est totalement comparable aux méthodes utilisées notamment pour le procès d’intention fait à Edgar Morin. Suis-je à ce point contagieux sur ce sujet pour m’interdire tout contact avec les Amis du Monde Diplomatique et les adhérents de France Palestine Solidarité ? Alors que, notons-le au passage avec un sourire moqueur, Alain Gresh, le rédacteur en chef du Monde Diplomatique, cite, dans la livraison de juin, un de mes livres en référence dans son article sur le Liban (par ailleurs contenant de nombreuses erreurs.) Je pense, messieurs les Grand Inquisiteurs que vous méritez tout simplement un second carton rouge pour censure militante cette fois-ci ! L’attitude des « hautes autorités du Monde diplomatique est indigne des Amis de ce journal. L’association des Amis du Monde diplomatique se veut être un lieu de débat d’idées, figure essentielle de la démocratie et du rejet de l’intolérance intellectuelle. Pour se forger une opinion éclairée ne faut-il pas pouvoir choisir en toute connaissance des termes du débat, et donc écouter les positions divergentes. Tel n’est donc pas l’avis des chefs de la rédaction du Monde diplomatique ! Je conçois, parfaitement, que vous ne soyez pas de mon avis, de celui d’Israël Shamir ou d’autres. Vous ne partagez pas nos analyses de la situation, soit. Mais pourquoi les dénigrer ? Pourquoi salir les personnes et non pas argumenter contre leurs idées ? Au nom de quelle légitimité, de quelle autorité pouvez-vous juger et exclure ? Vous vous appropriez l’exclusivité d’un combat qui est loin de n’être que le vôtre et vous rejetez ceux qui le mènent différemment. Prenez garde que votre intolérance intellectuelle ne se transforme en terrorisme intellectuel. Je considère que vous en êtes à la limite. Pour ma part, très voltairien, je me battrais pour que vous puissiez exposer votre opinion, à mes yeux aussi importante que la mienne. Paraphrasant Michel Habib-Deloncle, j’ajouterais que la liberté de penser et d'exprimer sa pensée, dans le respect de la Loi, est la conquête majeure de la démocratie. Ce sont les tribunaux qui en sont les gardiens, non « le mensuel du judaïsme français ou, n’en déplaise, les dirigeants du « Monde diplomatique ». Je vous reconnais volontiers le droit de défendre des politiques que je n’approuve pas et je revendique la réciprocité. Je ne juge pas les hommes ou les Etats pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'ils font. Débattons-en au lieu d’exclure. Pourquoi ne pas défendre votre point de vue lors d’une conférence-débat comme celle qui était prévue à Rennes le 29 juin ? Qui relève la proposition ? Alain Gresh ? Dominique Vidal ? Ignacio Ramonet ? Les trois ? En ce qui me concerne, j’enverrai sans hésiter Le mur de Sharon à tout correspondant des « Amis du Monde Diplomatique » ou de l’ « Association France Palestine Solidarité » qui souhaiterait prendre connaissance par lui-même des analyses développées dans mon livre et je répondrai favorablement à toute demande de débat. Alain Ménargues
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