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Repsol en Bolivie : le nouveau Cerro Rico (1)

Anonyme, Martes, Junio 28, 2005 - 15:38

fab

La mémoire collective bolivienne ne se trompe pas en stigmatisant les espagnols comme étant ceux qui leur ont volé toutes les richesses du pays.

C’est la raison pour laquelle, quand un citoyen espagnol voyageant dans le pays parvient à comprendre la signification de guanuchun gringu (du quechua : que meurent les gringos), avec lequel il est reçu à plusieurs occasions en entrant dans un village ou une communauté, il s’excuse rapidement. « Je ne suis pas gringo companeros, je suis espagnol », auquel il lui est rapidement répondu « Ah, espagnol ! Rend-nous l’argent ! ».
Dans le Cerro Rico de Potosi, plus de cinq millions de paysans boliviens travaillaient la semaine entière sans sortir à la lumière du jour, aidés par les effets narcotiques de la coca qui était administrée par les propres espagnols. Ce fut un véritable holocauste, jamais reconnu par les espagnols dont le roi, en 2000, s’est promené dans la ville de Potosi en reconnaissant l’erreur de ses ancêtres mais sans les en rendre responsables.

Repsol est entré en Bolivie en 1995, par l’intermédiaire d’un contrat de risque partagé avec YPFB (2). Elle s’est adjugée le Bloc Secure, d’une extension initiale de 1.300.000 hectares.
En 1998, elle a obtenu de nouveaux contrats associée avec Perez Companc (Argentine) dans une aire amazonique qui comprend les Blocs Tuichi et Rurrenabaque. Elle s’est aussi adjugée dans le sud de la Bolivie le Bloc Pilcomayo et le petit Bloc Inao (seulement 40.000 hectares), associée avec la brésilienne Petrobras
De plus, elle est présente dans l’exploitation de dix autres blocs au moyen de ses filiales, Pluspetrol et Maxus, cette dernière absorbée par YPF quelques années avant que Repsol ne se l’approprie
Cependant, l’offensive la plus astucieuse a été la prise de contrôle total de Andina S.A. Cette entreprise a été créée avec la capitalisation d’une des deux unités de Production de YPFB. Andina S.A. s’est retrouvé à cette occasion entre les mains de trois entreprises argentines, en peu d’années, Repsol a pris le contrôle de 66 % de Pluspetrol et a acheté la totalité de YPF. Elle a du attendre février 2001 pour sortir ses associés du terrain. 390 millions de dollars sur la table ont servi à acquérir 9 % des actions que possédait Pluspetrol et 20,5 % de Perez Companc. Avec cette dernière, elle a concrétisé un échange d’actifs pour une valeur de 434,5 millions de dollars avec PeCom Energia, qui consista à lui échanger deux aires pétrolières situées au sud de l’Argentine pour les actions de Andina et de plusieurs gisements dans le golf San Jorge d’Argentine.
C’est que se retrouver avec Andina est une affaire sûre. Avec ses 19 champs de pétrole et de gaz en production et sept blocs en exploration, Andina détient 50 % de participation dans les champs gazifières les plus grands de Bolivie, San Alberto et San Antonio, qui sont opérés par la brésilienne Petrobras. De ces deux champs, qui ont plus de dix trillions de m3 de gaz, sortiront 70 % du gaz naturel engagé sur le marché brésilien, grâce à la préférence que possède Petrobras pour vendre son gaz. La Bolivie et le Brésil ont souscrit un contrat d’achat-vente de 30 millions de m3 par jour de gaz naturel, pour un délai de 20 ans qui sera exporté par le colossal gazoduc Bolivie-Brésil.
Un autre bloc qui a triomphé est celui de Caipipendi. Il est situé sur des territoires guaranis (indigènes) reconnus comme terre communautaire d’origine Kaaguasu, Kaami et Karandaite. L’entreprise a ouvert trois puits appelés Margarita. Dans le troisième, elle a touché le jackpot, avec plus de 67 millions de m3 de gaz naturel, plaçant la compagnie pétrolière hispano-argentine Repsol YPF « comme le groupe avec le plus fort potentiel effectif pour extraire et exporter du gaz naturel de Bolivie ». Où ira le gaz ? Une grande partie au Brésil mais Repsol YPF pense déjà à d’autres marchés, et un d’entres eux, très appétissant est le marché électrique californien, où elle prétend construire plusieurs centrales thermo-électriques qui seront alimentées par du gaz liquide bolivien.
Mais, en plus, avec la transaction, les cations de Andina ont été revalorisées à 787,3 millions de dollars. Et avec cela on découvre un autre piège de la capitalisation, parce que si bien les boliviens sont associés de Andina au travers des Administrations des Fonds de Pensions qui détiennent 50 % des actions, celles-ci n’ont pas été revalorisées. Ainsi, selon la Super intendance de Pensions, Valeurs et Assurances, les actions des boliviens dans Andina S.A., le 30 novembre 2000, valaient seulement 17,52 % des 264,7 millions de dollars qu’elles représentaient avant, soit 46,8 millions de dollars. Incroyable paradoxe de la « capitalisation » : quand la transaction se fait entre transnationales, la valeur des actions augmentent, quand il s’agit des actions des boliviens, elles diminuent catastrophiquement.

1- Le Cerro Rico (montagne riche) était l’emplacement des mines d’argent de Potosi exploitées et pillées par les conquistadores espagnols au XVI siècle avec les indigènes en esclavage. (N.d.T.).
2- YPFB : Gisements pétroliers Fiscaux de Bolivie, ex-entreprise nationale des hydrocarbures (N.d.T.).

Extrait du livre « LA RECOLONISATION, Repsol en Amérique Latine : invasion et résistances » de Marc Gavalda (Editions Icaria, Barcelone, 2003).
Traduction : Fab (sant...@no-log.org)



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