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Les "élections" en Irak ont donné ce qu'elles devaient donner

antistal, Miércoles, Junio 22, 2005 - 21:12

Texte fort intéressant sur les élections irakiennes bidon de janvier dernier. Il date un peu mais garde toute sa pertinence.

Les « élections » en Irak on donné ce qu’elles devaient donner
Comme l’ont reconnu les occupants eux-mêmes, l’important dans ces élections n’étaient pas les résultats, mais la participation. Comme aucun observateur irakien ou étranger impartial n’était présent ne serait-ce que dans les principaux quartiers de la capitale, ces élections sont nulles et non avenues, ce que d’ailleurs la loi internationale concernant les territoires occupés confirme.

2 février 2005

Mais derrière ces élections, nous avons aussi pu observer le pouvoir de nuisance dont bénéficient en France les agents d’influence représentant des intérêts étrangers. Rares en effet furent les médias qui, à cette occasion comme lors de tant d’autres, nous ont fourni ne serait-ce que des éléments d’informations équilibrés, critiques et faisant preuve d’un minimum de déontologie. Le courage de ces rares journalistes qui ont recherché l’information de façon pluraliste n’en est que plus remarquable. Les moyens ne manquaient pourtant pas à leurs « confrères » plus alignés d’avoir accès à une information pluraliste.

En Irak, les USA ont décidé qu’il n’y aurait pas de « révolution », orange, rose, bleue, blanche ou même noire, peu importe. Aucune couleur n’est autorisée dans ce pays. Il n’y en a donc pas eu. Circulez, il n’y a rien à voir, il n’y a qu’à rapporter les communiqués officiels ! Il n’y a pas eu d’observateurs internationaux, pas de journalistes indépendants, pas d’indignation de la part des grandes puissances étatiques non plus. Il n’y a même pas eu de commission électorale pluraliste.

Les journalistes étrangers ont eu accès à …cinq bureaux de vote et le commission électorale créée par les occupants s’est intitulée « indépendante », et le tour était joué. Pas de représentants de la « société civile » ayant accès aux bureaux de vote ...et peu de citoyens dans la plupart des bureaux de vote. En Irak, comme dans le Sud-vietnami des années 1960, il y a eu des pantins qui ont fait des joutes électorales devant les caméras des journalistes étrangers. Mais Bagdad anno domini 2005 n’est même plus la Saïgon des années 1960. La comédie est jouée sans public. Les candidats font campagne devant quelques journalistes étrangers triés sur le volet et barricadés dans les hôtels, mais les Irakiens n’ont rien su de ce que ces « candidats » ont dit.

Les Irakiens ont, à Bagdad, une heure de courant électrique par jour ! Et d’autres choses à faire pendant ce temps que de regarder une télévision aux ordres. Les pays est en ruine. Après la première guerre du Golfe, l’eau, l’électricité, le gaz, la distribution d’essence, etc. avaient été rétablies, grâce à la mobilisation de toute la société, en deux semaines. Cette fois-ci, deux ans n’ont pas suffi pour faire de même. Pourquoi la société ne s’est pas mobilisée dans la « reconstruction », une fois la « libération » annoncée ? Parce que les Irakiens ont refusé de faire acte d’allégeance. Car, après avoir détruit l’administration, brûlé les archives, pillé les entreprises, exporté les machines des usines, détruit les musées, les bibliothèques et les sites archéologiques, il a fallu, pour être embauché à n’importe quel poste, montrer les cartes de membres des partis créés par l’occupant. Et en plus, signer une déclaration reconnaissant aux occupants le rôle de libérateur du pays. Un pays de 4.000 ans devait s’agenouiller devant une armée de cow-boys sortis du bush ! Et, comme devant Alexandre le Grand ou devant l’empereur perse, devant les Romains ou devant les hordes mongoles puis devant les Britanniques en 1920, les Irakiens, dans leur masse, ont dès lors, refusé de s’incliner devant les nouveaux occupant-pilleurs. Il fallait donc les punir et les occuper à des harassantes taches quotidiennes de survie pour qu’ils n’alimentent pas de leur colère la résistance. …Et le pouvoir a dit que pour pourvoir s’alimenter, il fallait avoir des cartes de rationnement qui cesseraient d’être valides au cas où son porteur n’allait pas voter.

Donc, en Irak, les occupants n’ont pas imaginé de « révolution colorée »,

mais il y a pourtant là-bas une révolution. Une révolution rouge, rouge du sang des torturés des centaines de prisons et camps, officiels et privés, répandus dans le pays, rouge du sang des martyrs qui donnent leur vie pour lutter pour un pays enfin libre, rouge du sang des victimes des attentats commis par des armées privées, des milices, des bandes qui, sous des sigles indéchiffrables, tuent ceux que les occupants n’ont pas pu arrêter ou tuer. Voilà le fond de la situation « électorale ». Pétain, Quisling and co. organise des « élections » à Bagdad !

Une farce électorale mal organisée
Dans ce contexte, comment s’étonner que la majorité des partis irakiens réellement implantés dans le pays aient refusé de cautionner cette farce électorale, appelant à son boycott ? Quoi de plus étonnant que de constater la convergence en faveur du boycott entre le Comité des Ulémas sunnites, les ayatollah chiites Al Sadr, Al Khallsi et les dignitaires de plusieurs Eglises chrétiennes ? Tous, des communistes patriotes aux salafistes en passant par les baathistes, les nassériens et les islamistes démocrates, boycottent les élections.

Quoi de plus étonnant que de constater que les Irakiens, dans le soi-disant « triangle sunnite » bien sûr, ne se sont pas précipités dans les bureaux de vote ? Quoi de plus étonnant que le grand quartier chiite de Bagdad se soit mobilisé ...pour empêcher les soldats US d’y pénétrer ? Il n’y aura donc pas de « commissions électorale » à Sadr « city », la métropole « chiite » ? Et comment s’étonner que les Irakiens de l’étranger, pour la plupart des réfugiés politiques en principe favorables à la libération de leur pays de la dictature, se soient encore moins mobilisés pour aller voter que leur compatriotes aux pays ? Mais dans ce cas, on n’a pas pu faire pression en agitant l’argument que ne pas voter rendrait leurs cartes de rationnement invalides et que l’ayatollah Sistani, ce qu’il a démenti, avait déclaré que ceux qui ne voteraient pas seraient condamnés à l’enfer.

Le président « officiel » du pays avait lui-même reconnu avant même la tenue qu’elles allaient être boycottées. Mais les faiseurs de statistiques aux ordres directs de l’occupant, sont allés le contredire avant même la clôture des bureaux de vote, mais comment les croire puisque personne d’indépendantn’a eu le droit d’accéder au territoire ? Les Irakiens boycottent depuis deux ans l’occupant et toutes les institutions « nationales » et « communautaires » qu’il veut créer. Voilà pourquoi l’Irak est puni. Voilà pourquoi il est devenu comme l’Amérique centrale de l’époque des escadrons de la mort de Negroponte, une vaste zone de non-droit ouverte aux armées »privées ».

L’Irak est puni par le pillage de ses richesses, puni par la destruction de ses biens culturels, puni par le démontage de la plupart de ses usines, puni par les raids nocturnes des occupants dans les demeures des Irakiens et puni par les vagues d’arrestations et de disparus ; il est puni par la multiplication de groupes armés secrets qui, sous les noms les plus divers, sèment la terreur dans le pays et cherchent à entacher l’honneur de ses vrais résistants, et de toutes les tendances politiques véritablement enracinées dans la société. Et il est finalement puni par des pseudo-élections qui imposeront au pays un gouvernement chargé de poursuivre le pillage. On pouvait s’attendre à tout cela.

Une blessure mondialisée
Mais, ce qui fait encore plus mal, c’est qu’une blessure supplémentaire est infligée au peuple irakien, celle commise par la plupart des « grands » médias « libres ». Ces médias mentent et salissent, au mépris de ce qu’ils appellent ad nauseam, à longueur de colonnes, leur « déontologie ». Des journalistes irakiens, tel Jabar El Kubaysi, sont arrêtés et mis au secret, sans qu’aucun de leur « confrère » « sans frontières » de l’Occident décrété « libre » ne lève le plus petit doigt.

Des journaux et des stations de TV, irakiennes ou étrangères sont interdites d’accès au territoire, et on ne les entend pas lancer ces campagnes que l’on a connu en d’autres temps sur la liberté d’information, sur le pluralisme, sur la libre circulation des hommes et des idées. Rien ! Le silence ! L’Omerta des mafieux.

Alors comment s’étonner des mensonges qui se sont déversés à l’occasion des « élections » ? Le mensonge n’étonne pas vraiment dans des pays engagés dans l’occupation de l’Irak, et on a en mémoire les mesures prises par Anthony Blair contre la BBC ou du « Patriot act » bushien. Mais on aurait pu s’attendre à mieux dans des pays où les pouvoirs d’Etat n’ont pas souscrit à l’alliance « atlantique », comme la France.

Et pourtant, tels des agents d’influence étrangers, on constate que les « grandes rédactions » nous ont servi en France à l’occasion de ces « élections », encore une fois, la même bouillie médiatique préconcassée que dans que dans les pays de ladite « civilisation euro-atlantique ».

A l’occasion des « élections » donc, nous n’avons pas eu droit aux commentaires en série d’indignation uniformisée que l’on a pu, par exemple observer lors des récentes élections ukrainiennes. Les plus gênés des rédacteurs nous assurent que cela serait dû aux risques qu’auraient nos journalistes d’aller en Irak et de quitter les lieux « protégés » ...par les occupants.

On avait pourtant le souvenir de correspondants de guerre qui allaient en d’autres temps au risque de leur vie dans les zones de guerre. Imagine-t-on un pompier qui refuserait d’aller au feu parce que c’est dangereux ? Le journalisme est une mission, pas un long fleuve tranquille ! C’est un choix volontaire, risqué.

Et d’ailleurs par contraste, d’un autre côté, Il y a aussi plusieurs milliers de déserteurs des armées de la « coalition », et force est de constater que nous n’avons pas eu beaucoup de reportages sur eux, au Canada, en Irak, aux USA, en Angleterre, etc. Pourtant, ils ont refusé d’aller au feu non pas par peur, mais par courage dans leur cas. Mais là aussi, c’est le silence sur eux. On a aussi en Irak des organisations de la résistance (de la vraie ! Pas de la pseudo-résistance dite « islamisto-sadamo-zarkaouiste » médiatisée) qui sont prêts à accueillir, et à protéger, des journalistes étrangers.

On se souvient qu’au plus fort de l’insurrection des villes chiites de l’été dernier, il y a eu un journaliste français courageux qui a vécu le siège du mausolée de Nadjaf. Pourquoi cela ne s’est pas répété. Pourquoi, si jamais « nos » correspondants vont en Irak, se cantonnent-ils dans les hôtels « protégés », « embeded » dans les tanks et les hôtels des occupants et pourquoi ne se réfugient-ils pas dans les mosquées ou églises irakiennes qui sont prêtes à les accueillir, à les protéger et à leur permettre de rencontrer des Irakiens en chair et en os ? Et pourquoi refuser de consulter les informations paraissant dans les sites de la résistance irakienne en se contentant uniquement des communiqués publiés par les occupants.

Et comment expliquer l’omerta même quand on apporte en plein Paris « sur un plateau d’argent » des témoins irakiens ? Pourquoi ici les journalistes des « grands médias » ne se déplacent-ils pas en masse ? Depuis deux ans, diverses organisations de solidarité avec le peuple irakien ont organisé de multiples rencontres avec des témoins des événements en Irak, mais la plupart du temps, les « grands » médias étaient absents. Vendredi dernier, le 28 janvier, plusieurs organisations de solidarité avec l’Irak et associations d’Irakiens avaient organisé une rencontre pour les journalistes au Club de la presse étrangère suivie d’une réunion publique. Étaient présents des Irakiennes et des Irakiens de l’étranger en contact direct et permanent avec leurs familles, leurs camarades, leurs amis. Certains d’entre eux revenaient d’Irak. Assistait même à cette réunion le journaliste d’un quotidien irakien arrivé 24 heures auparavant de Bagdad.

Des chercheurs, des écrivains, des exilés et militants politiques. Une concentration de compétences, d’analyses, d’informations fournies sur un plateau d’argent à des journalistes soi-disant avides de savoir et de comprendre. Certes, une cinquantaine de journalistes étaient présents. Mais, la plupart étaient des correspondants étrangers à Paris. Hormis FR3, Radio classique, Le Parisien, il n’y avait, parmi les Français, que ce que les « grands » journalistes appellent avec mépris « la presse militante ». Et pourtant, plus de 2.000 journalistes et rédactions avaient reçu l’invitation. Mais cela n’a semblé intéresser ni Le Monde, ni Le Figaro, ni Libération, ni l’Humanité, ni TF1, Antenne 2 ou Arte ni tous les grands hebdos qui nous content leurs mythes sur l’Irak. Immonde, figé, hiberné, déshumanisé, satellisé, voilà l’image réelle du « grand » journalisme français début de siècle ! La peur d’informer, la peur de savoir et la honte de ne pas le dire.

Comment s’étonner dès lors que sur FR3, le lendemain, nous avons eu affaire à une analyse équilibrée des informations irakiennes, un reportage reprenant ce que nous considérons comme les poncifs des occupants, mais aussi les opinions d’Irakiens que nous avions pu présenter lors de nos deux conférences ? Comment s’étonner de ce déluge de bonne conscience dans les « grands médias occidentaux et des dictatures arabes ? Pourquoi, c’est dans chez des journalistes russes, chinois ou cubains qu’on retrouve la marque de la déontologie qui nous amène à trouver des informations contradictoires ? Pourquoi cette partialité ? Dans l’intérêt de qui ? Qui est à la source de cette manipulation ? Pourquoi tant de journalistes confondent leur mission au service de la population avec un rôle d’agent d’influence au service de ceux qui, pour le moment, leur semblent plus puissants ? Mais les Irakiens nous démontrent quotidiennement que, derrière le verni de L’hyper-puissance, il n’y a que ruines, désolation, incompétence, arrogance, insécurité et sauve qui peut. Si plus d’une trentaine de villes irakiennes échappe déjà au contrôle des occupants, nous pouvons créer ici aussi des enclaves d’information libre et pluraliste. Et c’est pourquoi, nous continuerons d’aller à contre-courant, sachant que nous avons raison avant d’autres et sachant que c’est aujourd’hui que l’on peut constater qui est un journaliste et qui est un agent d’influence. Et, pour l’avenir, nous accompagnerons le peuple irakien dans sa diversité et dans sa lutte pluraliste et nous garderons notre devoir de mémoire dans nos têtes et dans nos coeurs.

Bruno Drweski, membre comité iraq resistance
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