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Une semaine honteuse pour le CanadaEric Smith, Domingo, Junio 5, 2005 - 20:05
Arsenal-express
Plusieurs événements qui se sont produits au cours des derniers jours sont venus mettre en lumière, une fois de plus, le durcissement impitoyable des politiques de l'État canadien en matière d'immigration. L'État canadien cherche à montrer qu'il peut être aussi "efficace", voire encore plus, que son voisin états-unien, dans la lutte pour assurer la "sécurité" du système de domination impérialiste. Plusieurs événements qui se sont produits au cours des derniers jours sont venus mettre en lumière, une fois de plus, le durcissement impitoyable des politiques de l'État canadien en matière d'immigration, tant en ce qui concerne la situation des revendicateurs du statut de réfugié que celle des citoyens et citoyennes canadienNEs d'origine étrangère, qui font face au harcèlement et à la persécution. Jeudi le 2 juin, on apprenait en effet que Mohamed Cherfi, que le Canada avait expulsé après que la police l'eût littéralement kidnappé alors qu'il avait reçu l'asile à l'Église unie St-Pierre de Québec, a vu son statut de réfugié politique enfin reconnu par le Board of Immigration Appeal des États-Unis. Selon un communiqué publié par ses supporters, le tribunal d'appel états-unien a reconnu les graves risques qu'il encourrait s'il était déporté vers l'Algérie, notamment du fait qu'il a critiqué les violations des droits de la personne perpétrées dans ce pays alors qu'il vivait au Canada, et en raison de son implication passée comme porte-parole du Comité d'action des sans-statut algériens. Cherfi est un militant exemplaire qui s'est battu avec courage et détermination pour défendre les droits des revendicateurs du statut de réfugié en provenance d'Algérie, après que le Canada eût décidé de lever le moratoire sur les déportations vers ce pays désormais considéré comme n'étant "plus à risque" (!). Dès le départ, il était apparu évident que la décision des autorités canadiennes était directement liée à l'implication sociale et politique de Cherfi; Immigration Canada y avait même vu une "preuve" qu'il ne voulait pas "s'intégrer à la société canadienne", parce qu'il avait passé trop de temps à œuvrer au sein du Comité d'action des sans-statut, plutôt que de "travailler". Le fait que les États-Unis, où traditionnellement le droit d'asile fut toujours plus difficile à obtenir qu'au Canada, lui aient reconnu le statut de réfugié politique en dit long sur la "qualité" des agissements des autorités canadiennes (et québécoises) dans ce dossier. Le Comité de solidarité avec Mohamed Cherfi et les groupes qui le soutiennent exigent maintenant que les ministres québécois et canadien de l'Immigration prennent des mesures urgentes afin qu'il puisse rentrer au Canada dans les plus brefs délais: le ministère québécois de l'Immigration et des Communautés culturelles doit lui accorder sans plus tarder son certificat de sélection. Quant à lui, le ministre fédéral de l'Immigration Joe Volpe doit lui émettre tout de suite un permis de séjour temporaire afin qu'il puisse revenir au Canada immédiatement, en attente d'une décision finale. Par ailleurs, le jour même où on apprenait la nouvelle de cette importante victoire remportée par Mohamed Cherfi aux États-Unis, le Comité de soutien aux deux prisonniers politiques basques actuellement détenus à Montréal, Gorka et Eduardo, annonçait que leur extradition en Espagne n'était plus qu'une question d'heures, leurs recours légaux étant désormais épuisés. Après plus de sept ans d'indécision, de prison, de mauvais traitements, de jugements et de protestations, Gorka et Eduardo seront donc retournés aux mains des mêmes geôliers qui les ont torturés avant leur arrivée au Canada, pour leur extorquer à l'époque des "aveux" bidons quant à leur implication alléguée au sein de l'organisation indépendantiste basque ETA. En dépit du fait que la pratique de la torture par les forces de sécurité espagnoles est reconnue et documentée par tous les organismes internationaux qui s'occupent sérieusement des questions des droits de la personne, le Canada a persisté jusqu'au dernier moment à leur nier le droit au refuge. L'État canadien cherche en effet à montrer qu'il peut être aussi "efficace", voire encore plus, que son voisin états-unien, dans la lutte pour assurer la "sécurité" du système de domination impérialiste dont il fait partie. Enfin, l'enquête publique qui se déroule actuellement à Ottawa sur le comportement des autorités canadiennes dans l'affaire Maher Arar nous a permis de voir, vendredi dernier, à quel point celles-ci se moquent des droits de la personne. Maher Arar est ce citoyen canadien d'origine syrienne que les États-Unis avaient déporté en Syrie, après qu'il eût été allégué qu'il entretenait des liens avec l'organisation al-Qaida (ces allégations se sont plus tard avérées totalement non fondées). Arar a été détenu pendant d'interminables mois en Syrie, où il s'avère qu'il fut soumis aux pires sévices et à la torture. Le gouvernement canadien s'était toujours défendu en disant que la décision de le déporter en Syrie avait été prise uniquement par les autorités états-uniennes, quasiment à l'insu du Canada. Mais divers responsables syriens et états-uniens, dont l'ancien secrétaire d'État Colin Powell, ont affirmé que le Service canadien du renseignement de sécurité (le SCRS) ne voulait tout simplement pas voir Maher Arar revenir au Canada. Cette version des événements est désormais confirmée par une note de service provenant du ministère canadien des Affaires étrangères, qui a été déposée vendredi dernier devant la commission d'enquête. Cette note, qui fut écrite neuf mois après l'expulsion de M. Arar vers la Syrie, reconnaît d'une part qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour l'accuser de quoi que ce soit au Canada; et d'autre part que dans ces circonstances, le SCRS "préférait qu'il reste en Syrie, plutôt qu'il revienne au Canada". On sait déjà que les autorités canadiennes ne sont pas intervenues avec promptitude -- c'est le moins qu'on puisse dire! -- pour rapatrier ce citoyen canadien au pays, alors pourtant que tout laissait croire qu'il était soumis à la torture et aux pires conditions. Il semble donc que dans cette affaire aussi, comme dans le cas de Cherfi, le gouvernement canadien aura réussi à agir de manière encore plus éhontée que l'administration Bush en matière de droits de la personne. Des organisations qui luttent pour les droits des réfugiéEs et des immigrantEs, regroupées au sein de la coalition "Solidarité sans frontières", s'apprêtent d'ici quelques jours à entreprendre une "longue marche" vers Ottawa, pour exiger la régularisation des tousTES les sans-statut, la fin des déportations, la fin de la détention des immigrantEs et réfugiéEs, et l'abolition des infâmes "certificats de sécurité". Cette marche débutera à Montréal, samedi le 18 juin prochain à compter de midi au Square Cabot, situé près du métro Atwater. Les marcheurs et marcheuses prévoient arriver à Ottawa une semaine plus tard, le 25 juin. Les événements qui viennent de se produire cette semaine et que nous venons de relater, rendent encore plus pertinente cette initiative, qui mérite le soutien du plus grand nombre. Pour plus d'information sur la marche: 514 859-9023, mailto:sansfrontieres@resist.ca, http://www.solidaritesansfrontieres.org. ----- Article paru dans Arsenal-express, nº 52, le 5 juin 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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