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Pérou: Le procès d'Abimael Guzman est encore reporté

Eric Smith, Domingo, Abril 10, 2005 - 23:34

Arsenal-express

D'abord prévu en février puis reporté en avril, le procès du président Gonzalo du Parti communiste du Pérou (PCP) sera vraisemblablement reporté de nouveau. En s'acharnant à poursuivre le processus judiciaire contre les dirigeantEs de la guérilla maoïste, le régime ne fait qu'afficher une attitude revencharde.

(Le 4 avril 2005. A World to Win News Service.) D'abord prévu en février puis reporté en avril, le procès du président Gonzalo (Abimael Guzmán) du Parti communiste du Pérou (PCP) sera vraisemblablement reporté de nouveau, selon l'édition du 28 mars du quotidien Peru21 de Lima, qui cite des sources judiciaires.

On se rappellera que le dernier procès qui mettait en accusation le président Gonzalo et d'autres dirigeants et membres présumés du PCP, amorcé en novembre, avait été interrompu après que la plupart des accusés eurent lancé des slogans de défi devant le tribunal; par la suite, le procès avait avorté après que deux des trois juges eurent démissionné. Les prévenuEs faisaient alors face à des accusations relativement secondaires, plus précisément d'avoir utilisé une école privée de Lima pour financer des "activités terroristes". Suite à cet imbroglio, le juge en chef du Tribunal anti-terroriste du Pérou avait annoncé que plutôt que de reprendre le procès avorté, le président Gonzalo et les autres prévenuEs allaient plutôt être soumis à un "méga-procès" regroupant l'ensemble des accusations portées contre eux et elles pour avoir assumé la direction du Parti pendant la période de la guerre populaire qui a débuté en 1980. Toujours selon le quotidien Peru21, il semble toutefois que les autorités ont encore changé leur fusil d'épaule: le nouveau procès portera en effet sur des accusations plus limitées contre le président Gonzalo et une partie seulement des accuséEs du procès de novembre. À noter que les actes d'accusation font encore référence aux "activités terroristes" présumées des accuséEs, cela en dépit du fait que la guerre révolutionnaire avait incontestablement gagné l'appui de millions de personnes au Pérou, en particulier dans les campagnes où de vastes secteurs de la paysannerie avaient commencé à exercer le pouvoir sous la direction du Parti. Le véritable motif politique qui sous-tend la persécution continuelle de ces prisonnières et prisonniers, c'est la volonté de revanche qui anime le régime contre la guerre populaire -- indépendamment des positions que défendent maintenant ceux et celles qui ont pu y participer.

Entre-temps, les tribunaux péruviens ont rejeté la requête en habeas corpus présentée par Manuel Fajardo, l'avocat du président Gonzalo et d'autres accuséEs. (Cette procédure vise à vérifier la légalité de l'emprisonnement d'un prévenu; ainsi, celui-ci devrait pouvoir être libéré si les procédures judiciaires et le procès ne se déroulent pas dans un délai raisonnable.) L'avocat plaidait que leur incarcération est illégale parce que cela fait plus de trois ans que la Cour constitutionnelle a renversé leurs condamnations antérieures; depuis lors, les accuséEs ont été maintenuEs en prison. Me Fajardo a en outre précisé qu'il comptait ramener leur cas de nouveau devant la Cour constitutionnelle. Il a avoué n'avoir "aucun espoir" d'une décision favorable de quelque tribunal péruvien que ce soit, mais que ces étapes s'avèrent nécessaires afin de pouvoir éventuellement porter l'affaire devant la justice internationale.

Ce sont les pressions du Tribunal interaméricain sur les droits de la personne qui ont mené au renversement de leurs condamnations. Celles-ci étaient intervenues devant des tribunaux militaires présidés par des officiers anonymes et masqués, sous de vagues accusations de "terrorisme" et de "trahison de la patrie". Plutôt que de libérer ces prisonnières et prisonniers qui ont été détenuEs pendant plus de 13 ans déjà -- voire même un peu plus dans certains cas, le gouvernement a choisi de les garder en prison sans aucune justification légale, en attendant que de nouvelles accusations soient portées contre elles et eux. Il y a lieu de penser que les autorités actuelles craignent que peu importe la procédure qu'elles engageront, il y a peu de chances qu'elles réussissent à obtenir de nouvelles condamnations ou des peines de prison plus longues que celles qui ont déjà été purgées. De fait, les autorités admettent ouvertement que le véritable objectif des procédures judiciaires actuelles n'est pas tellement de déterminer la culpabilité ou l'innocence des accuséEs mais de s'assurer qu'ils et elles ne soient remisES en liberté. Les retards continuels et les nombreux changements aux plans qui ont été annoncés sont vraisemblablement liés aux conflits intenses qui traversent actuellement la classe politique péruvienne. Le juge en chef du Tribunal anti-terroriste a annoncé que le tout dernier plan vise à imposer des peines exemplaires "aussi rapidement que possible".

Le 1er avril, les quotidiens El Comercio et Peru21 ont également annoncé qu'Oscar Ramirez, qu'on connaît mieux sous le pseudonyme "camarade Feliciano", de même que sept autres prévenus seront amenés devant le tribunal le 18 avril prochain pour répondre à des accusations d'avoir mené des "attaques subversives" qui auraient été commises après l'arrestation du président Gonzalo en 1992. Oscar Ramirez avait alors assumé la direction du Parti, en remplacement de Guzman. Comme celui de ce dernier, le procès d'Oscar Ramirez aura lieu dans la prison militaire d'El Callao où les deux hommes sont actuellement détenus, malgré le fait que l'administration de la justice au Pérou soit censément revenue aux mains de civils.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 45, le 10 avril 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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