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Les mines de Imini-Ouarzazate, Maroc

Anonyme, Miércoles, Marzo 30, 2005 - 18:45

Maité JEAN

 
- Criminalisation de l’action syndicale ;
- condamnation et incarcération injustes des syndicalistes ;
- Mohamed Khouya en grand danger ;

 
ARTICLE TIRE DU JOURNAL ''ALTERNATIVE LIBERTAIRE''
Maité JEAN

LES MINES DE IMINI-OUARZAZATE, MAROC

- Criminalisation de l’action syndicale,
- condamnation et incarcération injustes des syndicalistes,
- Mohamed Khouya en grand danger,

UNE SALE AFFAIRE DANS LAQUELLE UN PATRON TOUT PUISSANT, AVEC LA COMPLICITÉ DE SYNDCALISTES CORROMPUS UMT ET DES AUTORITÉS JUDICIAIRES A USÉ DES PIRES MOYENS POUR BRISER LE MOUVEMENT SYNDICAL.

Les mines de Imini-Ouarzazate relèvent de la SACEM (Société Anonyme Chérifienne des Etudes Minières), dans laquelle l’État détient 43 % des actions. Dans des conditions de travail lamentables pour leur santé et leur sécurité, les ouvriers y produisent du bioxyde de manganèse. Précarité, cadences inhumaines, salaires de misère, climat antisyndical y vont de pair avec l’intimidation constante des ouvriers et de leur famille dans le but de prévenir toute contestation : coupures punitives d’électricité et sabotage des installations électriques du village minier de Batazoulte, obligation sous menace de licenciement de quitter Batazoulte et se déménager à Timkit dans des baraques vétustes situées dans une zone fortement polluée...

Le 28 octobre 2002 est institué le travail à temps partiel avec réduction de 50 % des salaires. La direction prétend ainsi « réduire les charges sociales de la mine ». Mais la décision est unilatérale : la consultation préalable des représentants du personnel n’a pas eu lieu.

Face à cet acte complètement illégal qui bafoue les conventions de l’OIT et toute réglementation relative à l’organisation du travail, ainsi que la Déclaration des Droits de l’Homme, 148 salariés, ouvriers et cadres décident d’observer régulièrement un sit-in à partir du 3 décembre 2002 devant le siège local de la direction à Ougoug. Ils revendiquent le respect de leurs contrats de tyravail : CDI, temps complet, maintien du salaire. Ils exigent le paiement des sommes qu’on leur a enlevées depuis le mois d’octobre 2002.

Plusieurs mois de sit-in, plusieurs séances de négociations sabordées par la direction de mines... les travailleurs de Imini décident de soumettre l’affaire à l’arbitrage du Comité provincial de règlement de conflit ; instance composée des différents intervenants dans l’organisation du travail. Des réunions se tiennent à Casablanca afin que chaque partie désigne son arbitre et définisse les conditions de l’arbitrage.

La négociation est donc sur le point d’aboutir à une solution du conflit. Mais la direction ne l’entend pas de cette oreille ! Elle va s’engager dans la voie d’exactions odieuses et difficiles à imaginer, aidée dans son action par le Secrétaire général du syndicat UMT régionale, Hamden Ahmed, qui fait ainsi la preuve de son inféodation au patronat :

Le 1er avril 2004 ; Mohamed Khouya, dirigeant syndical, conseiller municipal et militant bien connu des Droits de l’Homme, personnalité très appréciée des travailleurs, est limogé de ses fonctions au bureau régional de l’UMT : il était coordinateur de l’action syndicale dans le secteur de la province et avait été mandaté par les ouvriers pour négocier les mesures d’accompagnement social du plan de continuation de la mine de Imini.

La majorité des ouvriers et cadres, soit 148 personnes, quittent alors l’UMT pour rejoindre les rangs de la CDT affiliée à la CMT (Confédération Mondiale du Travail).

C’est alors que l’impensable et l’horreur vont se produire :

Le 15 avril 2004, la direction locale des mines et le secrétaire général de l'UMT régionale vont ensemble organiser la répression. La préparation de leur action odieuse est connu et couverte par les autorités de Amerzgane, ville dont dépendent les villages dans lesquels résident les mineurs : Batazoulte, Ougoug et Timkit.

Une milice de 120 personnes étrangères à la mine est recrutée parmi des chômeurs, des marginaux, des délinquants. Le but de leur véritable mission leur sera cachée jusqu'au dernier moment. On leur fait croire qu’ils vont participer au tournage d’un film aux alentours de mines de Imini, et qu’ils seront rémunérés entre 100 et 500 dinars selon le rôle qui leur sera attribué ! On pourrait presque croire que c’est moi, en écrivant ces lignes, qui monte un scénario ! Et pourtant, non, cette histoire invraisemblable est la stricte vérité : on a instrumentalisé la misère sociale et morale d’une frange de la population pour mater la lutte contre la misère d’une autre partie de la population ! Quel cynisme !

Ce même jour, la direction des mines terrorise les habitants des villages miniers en coupant l’électricité, ce qui ne manque pas de leur paraître suspect et annonciateur de répression. Une délégation CDT se rend à Amerzgane pour faire rétablir le courant et avertir le Caîd des menaces imminentes d’agression dont ils ont eu vent : l’électricité restera coupée, et le Caïd ne fera rien pour prévenir l’agression. Il niera même l’éventualité d’un risque.

A 15 heures, la milice « cinématographique » arrive en camion près des mines. Elle est accompagnée de 10 ouvriers UMT et de leur secrétaire régional, ainsi que du directeur local de la mine. Armés de bâtons, de barres de fer et de couteaux, les 120 miliciens s’entendent enfin expliquer la véritable raison de leur voyage : attaquer les travailleurs en sit-in et faire l’assaut de la mine... en commençant à jeter des pierres sur les femmes et les enfants pour exciter les ouvriers !

Mohamed Khouya, qui n’était pourtant pas sur les lieux au moment des évènements a été arrêté, ainsi que 14 ouvriers, et mis en examen.

Le verdict du tribunal fut une désespérante surprise : malgré les nombreux témoignages en faveur des ouvriers, les preuves de l’agression subie par les travailleurs et leurs familles, la plainte portée par 23 des agresseurs pour escroquerie et abus de confiance contre ceux qui les avaient « embauchés », un verdict inique est tombé : Mohamed Khouya et 4 mineurs ont été condamnés à 10 ans de prison ferme, un autre travailleur à 2 mois avec sursis et une amende de 1000 dinars, les autres ont été acquittés.

La justice s’est retournée contre les agressés : ses chefs d’accusation sont le vol, l’utilisation d’armes blanches, l’entrave à la liberté du travail... et des coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Car la mort d’un membre de la milice, Ahmed Berkoni, est bien un point pas si obscur que ça que la justice a omis d’éclaircir, ce qui a permis les condamnations des syndicalistes, alors qu’il est certain et qu’il pouvait en être fait rapidement la preuve, que Ahmed Berkoni a été embauché par le directeur local de la mine pour être un martyr potentiel, et que sa mort était sinon programmée, du moins espérée :

Lors de l’action milicienne, A. Berkoni a été blessé à la main. Sa plainte à la police ne mentionne rien d’autre que cette blessure sans réelle gravité. Pourtant, le soir même, il était hospitalisé, subissait une opération mystérieuse et inexplicable par la nature de sa blessure, et décédait. Sa mort est injustement imputée aux travailleurs de la mine, alors que que le certificat de décès mentionne que Ahmed Berkoni est mort suite à une anoxie cérébrale et à un arrêt cardiaque sur terrain diabétique. Le rapport d’autopsie montre que son décès est également dû à une infection broncho-pulmonaire abcédée. Ahmed Berkoni était sujet à des comas récurrents suite à un diabète chronique. Quelques jours avant son « enrôlement », il était en réanimation à l’hôpital provincial. Que faisait donc ce grand malade à Imini ?

On sait de source sûre qu’à l’insu de sa famille, le 14 avril, le directeur local des mines de Imini l’a fait sortir de l’hôpital pour l’embarquer dans « l’aventure cinématographique ».

Pourquoi le tribunal n’a-t-il pas pris en compte ces faits prouvant l’innocence des accusés ? Pour protéger le directeur local qui a instrumentalisé l’état de santé critique de A.  Berkoni et dans sa perversité en a fait une victime potentielle ? Ou plutôt pour pouvoir avoir une raison « valable » de prononcer une lourde peine contre les travailleurs en lutte ? C’est abject ! Le directeur local des mines a sans doute prémédité, même s’il l’a simplement appelé de ses voeux le décès d’un grand malade incapable, dans son état, de comprendre quel enjeu il représentait dans la lutte antisyndicale. Il n’en a pas été puni.

La justice s’est dans cette affaire, clairement positionnée aux côtés du patronat et des autorités pour criminaliser le mouvement des mineurs, et à travers lui, tout le mouvement syndical. C’est un avertissement limpide lancé au mouvement social : si vous vous avisez de contester vos conditions de vie et de travail, vos protestations seront dévoyées par n’importe quel moyen, même parfaitement illégal, et vous serez sévèrement réprimés.

A ce jour, l’activité a repris dans les mines de Imini-Ouarzazate, toujours dans les pires conditions. Mais pour nous, solidaires des travailleurs du Maroc, l’affaire n’est pas classée. Il est urgent d’affirmer internationalement notre soutien aux mineurs de Imini. Ne laissons pas le capitalisme le plus brutal et les institutions à sa botte être vainqueurs !

Nous devons exiger :

- la libération immédiate de Mohamed Khoury et de ses camarades, ainsi que l’annulation de toutes les poursuites contre les travailleurs de Imini,

- une enquête sérieuse sur les causes de la mort de A. Berkoni, et que toute la lumière soit faite sur les conditions dans lesquelles a été mené le procès des syndicalistes (la justice a failli à sa mission en ne recueillant pas tous les témoignages en faveur des agressés et en tenant compte de témoignages abracadabrants de la part des agresseurs),

- le respect du droit à l’action syndicale et l’application du droit du travail.

Un comité de soutien a été constitué à l’initiative de M. Mhamed Khoury, frère de Mohamed, et une pétition de solidarité a été lancée.

Alternative Libertaire tient à affirmer sa solidarité aux travailleurs des mines de Imini, et soutiendra toute initiative visant à la libération de ceux d’entre eux qui ont été incarcérés.

Adhérer au collectif de soutien : http://www.yabiladi.com/article-societe-303.html

Lire le communiqué de la grève de la faim : http://www.rezgar.com/debat/show.art.asp?aid=29093

Signer la pétition : http://arabconference.org/petitions/petitions.php?id=46

Contacter M. Mhmed Khouya : khou...@yahoo.fr

Contacts : ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France), 10 rue Affre, 75018, Paris
nati...@atmf.org

Associaton de solidarité : soli...@yahoo.fr

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