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La révolution sera communiste ou ne sera pascalvaire01, Martes, Marzo 29, 2005 - 02:08
Révolution internationale
La version que nous donnons ici de ce texte est bourrée de fautes et coquilles. Une version plus propre existe dans le recueil "Rupture dans la théorie de la révolution, textes 1965-75", publié par les éditions Senonevero. Août 1974 Une tendance communiste "Notre terrain, ce n’est pas le terrain juridique, c’est le terrain révolutionnaire"(Nouvelle gazette rhénane, 9/12/1848). Formés en "tendance" il y a quelques mois, nous prenons aujourd’hui la capacité de nous exprimer de manière autonome au sein de Révolution Internationale et du courant international, en continuité avec la plate-forme de l972 dont nous affirmons en même temps la nécessite de la dépasser. Le cours actuel de la lutte de classe d’une part, l’orientation prise par le groupe international d’autre part, ont montre en effet son insuffisance : la cohérence révolutionnaire dont elle a été un moment est en passe de se retourner contre les groupes dont elle est le corps d’orientation et, en fin de compte, contre le prolétariat et la révolution communiste. Nous récusons par avance toute discussion sur le statut juridique ou le caractère organisationnel de notre groupe. Ainsi, toute comparaison qui nous serait adresse quant à l’impossibilité" de constituer une "fraction" dans une "fraction" si l’on se reporte aux conditions historiques dans lesquelles surgirent les fractions communistes s’effondreraient d’elle-même : elle se situeraient sur le faux terrain de l’académisme ou de l’historiographie. Un seul débat nous intéresse, un seul débat est fondamental : quelles critiques formulons-nous contre le courant international ? Quel bilan portons-nous de son évolution, quel diagnostic de son avenir ? et quelles positions défendons-nous ? Prendre la capacité politique et matérielle ce s’exprimer en groupe "autonome" au sein du courant international n’est pas une mince affaire : nous aurons donc également nous expliquer de cela ; l’approfondissement sans cesse plus prononce de nos divergences, la nécessite ou nous sommes de les porter des maintenant dans leur intégralité à la connaissance du mouvement dans son ensemble, voilà qui concerne immédiatement la révolution communiste. De ces divergences, les publications et interventions extérieures de R. I. n’ont donne qu’une image fort réduite : sur le saut qui mène des luttes revendicatives aux luttes révolutionnaires , sur la question de l’état et de 1a "période transitoire", sur le sens des interventions actuelles des révolutionnaires dans les mobilisations de la classe ouvrière. Prendre sur nous de sortir des canaux "organisationnels" pour défendre nos positions n’a qu’une raison : l’incapacité de la "majorité" de RI à reconnaître l’importance du débat et, sous des prétextes divers, sa constance à le différer ou l’éviter. des lors que les besoins d’une organisation justifient un tel comportement, c’est qu’elle a commence à ne plus répondre aux besoins réels qu’elle exprimait, ceux du mouvement ouvrier. et seul cela prime pour nous : prendre acte de cet événement, historique à cette échelle, en tirer toutes les conséquences révolutionnaires, demander une fois pour toutes au Courant international quelle voie il entend choisir : celle qui va le mener dans les basses fosses d’un gauchisme radical, ou celle de la révolution communiste. LA REVOLUTION SERA COMMUNISTE OU NE SERA PAS. PREMIERE PARTIE : QUELQUES PRECISIONS SUR NOS CONCEPTIONS DEUXIEME PARTIE : LES CONTRADICTIONS DE LA MAJORITE DE R. I. Le destin tragique de la nature révolutionnaire selon Victor la révolution est-elle une question de formes ? Le mouvement révolutionnaire est-il des le. départ un mouvement de dissolution du salariat ? Y a-t-il des le départ un processus d’auto-dissolution du prolétariat et d’intégration des sans-réserves aux rapports communistes ? La dictature du prolétariat coexiste-t-elle avec l’échange et l’exploitation ? FRACTIONS ET PARTI NOTES SUR GDANSK REPONSE AUX TEXTES DE LA MAJORITE LA REVOLUTION SERA COMMUNISTE OU NE SERA PAS Août 1974 Ce texte s’inscrit dans le travail de la tendance "minoritaire" de "Révolution internationale" et a pour fonction à la fois de préciser nos positions, de montrer, à partir d’une critique du texte de Victor : "comment le prolétariat est la classe révolutionnaire" (R. I. , n° 9), les racines des erreurs de la "majorité" et de mettre en évidence ce à quoi conduisent les divergences entre les deux tendances. INTRODUCTION comme tous ceux qui ont lu nos textes attentivement le savent déjà, nous, philosophes de la négation, affichons un "dédain transcendantal" à l’égard de la lutte de classe ; nous concevons la classe ouvrière pour-le-capital et la classe révolutionnaire comme deux entités complètement séparées sans aucune continuité, et la rupture entre les deux comme une pure négation abstraite, que rien dans la pratique de la première ne prépare ; d’ailleurs, nous disons que le prolétariat n’est pas le sujet de l’histoire et qu’il doit se débrouiller pour se "nier" avant même d’avoir commence à lutter ; en outre, nous affirmons que ce ne sont pas les besoins sociaux et matériels qui poussent les ouvriers à lutter, mais le "désir conscient" d’abolir le salariat. enfin, bien confortablement installés dans le ’"monde simpliste des abstractions", nous disons aux travailleurs : "Abandonnez vos luttes, car elles ne servent à rien. " Que le camarade Victor (dans son article précité) en arrive à présenter ainsi les positions de la tendance, alors qu’il suffit de lire en diagonale nos textes pour savoir que ce n’est pas ça - voilà qui manifeste le désarroi complet de la "majorité". Pourquoi Victor veut-il à tout prix projeter une image caricaturale de nous ? pourquoi a-t-il choisi délibérément d’oublier" tout ce que nous avions dit et écrit, en particulier le texte "Luttes revendicatives et surgissements de la classe-pour-soi" (R. I. n° 9), dont il avait depuis longtemps connaissance ? Pourquoi s’est-il acharne avec complaisance sur trois pages relativement abstraites, écrites avant la polémique actuelle, en ignorant totalement tous les articles précédents de Hembe, ainsi que les huit pages d’analyse de la lutte de classe en Grande-Bretagne qui les précédaient (R. I n° 8), sur lesquels la majorité n’a rien trouve à redire ? Pourquoi isole-t-il en les déformant quelques formulations floues au lieu de répondre au problème réel que nous posons ? Le sectarisme que manifeste cette façon de discuter est une réaction de peur et de conservatisme face à une vision que la majorité ne comprend pas, mais dont elle pressent qu’elle remet en cause la direction dans laquelle elle- Face au dépassement que nous, tendance, voulons effectuer, la majorité de R. I- ne peut pas faire une vraie critique, parce que pour cela, il faudrait d’abord qu’elle comprenne ce que nous racontons. et elle ne peut comprendre parce qu’elle est en train de se couper du mouvement réel de la lutte de classe en ignorant royalement le processus actuel, les questions auxquelles il faut répondre, la définition du mouvement social de notre époque. Quand on cesse d’exprimer le mouvement réel (ce que R. I- avait contribue à faire au début), on fige la conscience révolutionnaire en une idéologie, une somme de positions statiques, et on transforme la pratique en la répétition de ce qui distingue 1’"organisation". Comme l’organisation n’a plus réellement une fonction dans un processus vivant, elle acquiert une dynamique propre : défendre "son" idéologie , pour "se" développer. Bientôt l’organisation devient un écran, et la "plate-forme" une assurance-vie contre les nouveaux problèmes que fait apparaître le mouvement, c’est là l’histoire de la dégénérescence de tous les courants communistes qui ont à un moment apporte quelque chose (gauches allemande, italienne, etc. ), et c’est ce qui est en train d’arriver à RI. Le tract sur le Portugal et le dernier numéro de la revue (n° 10) en sont des manifestations concertes. Le drame des camarades de la majorité, c’est que le processus de la lutte de classe et le communisme comme mouvement les intéressent moins que la répétition des "acquis", qui de moments de la pense tendent à devenir de véritables abcès de fixation de la pense. C’est pourquoi, complètement enfermés dans ce qu’ils ont "toujours dit", ils s’imaginent sans arrêt que nous sommes en train de sortir les bêtises qu’ils ont "toujours entendue" [S ou B, Proudhon, etc. ). Ainsi, ils croient que nous disons 1e contraire de la sacro-sainte "plate-forme", sans voir que nous la dépassons en prenant appui sur elle. Un exemple : Victor est habitue à réfuter l’humanisme et ceux qui, "niant" les classes dans le capitalisme, voient la révolution comme la lutte de l’humanité abstraite contre le "capital" abstrait (Invariance " dernière manière). Mais il a une vision finalement aussi idéaliste, puisqu’il ne parvient pas à rompre avec l’idée que la dissolution de la classe serait un "but", un "résultat", une "mission", un "aboutissement", un "résultat final". Cette négation que les humanistes considèrent comme un préalable à la révolution, Victor n’arrive pas à se débarrasser de l’idée qu’elle est un ’"objectif" que le prolétariat atteint comme quelque chose qui lui serait extérieur. Il ne parvient pas à comprendre le communisme comme mouvement de communisation, la négation du prolétariat comme mouvement d’auto négation des le départ du processus, etc. Comme il a cesse d’exprimer le mouvement réel, il pose tous problèmes en termes statiques. C’est Pourquoi, avec toute la bonne volonté du monde, il pense que si nous parlons de négation, c’est que, comme les humanistes, nous "nions" la classe avant la "révolution". en bon Aristote du matérialisme mécaniste, il nous explique qu’il y a 1) la classe, 2) la révolution, 3) plus de classe. et comme il pense que nous faisons de la dissolution du prolétariat le point de départ de la lutte, il répond à cette absurdité (qu’il nous prête) une absurdité de son propre cru : Victor fait tellement du surplace dans la logique formelle que notre tentative de cerner le mouvement contradictoire d’affirmation simultanée de la classe communiste et de négation du travail salarie lui apparaît du charabia. C’est pourquoi il est même incapable de recopier nos textes et nous fait dire que "le prolétariat doit commencer PAR se poser comme négation de son rapport avec le capital" (p. 39), alors que nous avons écrit "commencer A" (n° 8, p, 7). Les positions que nous développons répondent à un besoin d’apporter une réponse aux problèmes du mouvement actuel. C’est parce que la majorité ne ressent pas ce besoin qu’elle ne voit dans les problèmes que nous soulevons que bavardage, philosophie et déviations "proudhonienne" : Il s’agit pour nous de comprendre le lien entre l’analyse du développement de la crise historique du capitalisme, les points de rupture avec l’ancien mouvement ouvrier dégages par un demi-siècle de contre-révolution (syndicats, parlementarisme, etc.) ET LES TENDANCES CONCRETES MANIFESTDES PAR LA LUTTE DE CLASSES (2) et tout révolutionnaire qui se gausserait d’une telle "prétention", qui ne comprendrait pas que sa tâche est de tenter de dégager les voies positives que le mouvement prendra, et non plus seulement de garder les impasses contre-révolutionnaires, ne ferait que camoufler, sous son ricanement embarrasse, son incapacité à comprendre, donc à jouer, son rôle d’avant-garde, et se condamnerait d’avance à rester, dans le meilleur des cas, dans une position de flanc-garde spectateur. Ce qui distingue fondamentalement la vision de la majorité de la nôtre, c’est que, pour nous, le contenu social de la révolution est le point dont découle "ce que le prolétariat sera contraint de faire" et donc les moments contradictoires du mouvement (périodes de maturation, cycles de luttes revendicatives, expériences négatives, phases d’atomisation, brusques surgissements, unification sur le terrain social général, impossibilité d’organisations permanentes, etc. ) - alors que, pour la majorité, il s’agit là d’un point, qu’elle peut, à la rigueur, "ajouter" aux autres positions de la plate-forme sans que, cela change fondamentalement le processus et les tâches du prolétariat par rapport au XIXe siècle, époque à laquelle le communisme n’était pas à l’ordre du jour comme perspective immédiate. Cette contradiction entre une vision social-démocrate du mouvement et une somme de positions communistes partielles (la plate-forme) est de plus en plus insoutenable. La majorité devra la dépasser, ou régresser et remettre en cause dans les faits ses propres positions, faute d’avoir compris à quoi elles menaient. C’est pour que cette divergence apparaisse clairement que nous avons décide de diviser le texte qui suit en trois parties : la première partie développe nos positions, déjà formules dans le texte :"Luttes revendicatives et surgissements de la classe-pour-soi" (R.I. n° 9) ; la seconde répond au texte de Victor : "comment le prolétariat est la classe révolutionnaire" (R. I. n° 9) PREMIERE PARTIE : QUELQUES PRECISIONS SUR NOS CONVICTIONS OU EST LA FORCE DU PROLETARIAT ? La force du prolétariat n’est pas dans sa qualité de travail salarié. Les ouvriers n’ont plus aucune marge pour développer leur puissance comme somme de vendeurs d’une force de travail ; sur ce terrain, ils se retrouvent impotents. Parce qu’ils ne sont ni révolutionnaires, ni matérialistes, ni dialecticiens, Marcuse et Chaulieu théorisent un moment d’une contradiction en l’isolant, mais, eux, au moins, ont mis le doigt sur quelque chose de partiel. Que dire cependant des gauchistes qui s’obstinent à faire comme si le prolétariat était uni pour lui-même en tant que classe révolutionnaire par le salariat, tout en acceptant sa position marchande, alors que tout prouve le contraire ? (5) Il est vrai que le capital rassemble les ouvriers, les associe, Mais cette "unité" de la. pointeuse, de la chaîne, du métro est le contraire d’une véritable communauté, puisqu’elle reste déterminée par l’échange, c’est-à-dire l’isolement des individus. Pour s’unir, les ouvriers doivent briser le rapport par lequel le capital les "rassemble". Si le prolétariat est révolutionnaire, c’est parce qu’il ne peut devenir fort qu’en détruisant le rapport salarial (s’il pouvait devenir fort sans le détruire, pourquoi le ferait-il ? Par idéal ?). La force du prolétariat réside uniquement dans une potentialité que lui seul peut mettre en œuvre comme sujet créateur, comme ensemble d’hommes contraints de bouleverser leur position, leurs rapports, leur être. Cette potentialité trouve sa base matérielle dans deux qualités indissolubles : 1)SA QUALITE DE TRAVAIL TROP ASSOCIE POUR LE SALARIAT ET POTENTIELLMENT FORCE DE TRAVAIL COLLECTIVE MONDIALE. 2) SES BESOINS COLLECTIFS MATERIELS EN VALEUR D’USAGE (besoins universels, parce que suscités par le développement et la crise d’une industrie et d’un marché mondiaux ; besoins sociaux car ne pouvant être satisfait que socialement ; besoins concrets parce que ne pouvant plus s’accommoder de la forme valeur des produits) C’est en affirmant ces propriétés que le prolétariat devient fort. L’arme du capital, c’est la force des rapports marchands, c’est la perpétuation dans la pratique et dans la tête des prolétaires de leur dynamique, qui tend constamment à associer les hommes de plus en plus, mais à les associer de telle façon qu’ils sont étrangers les uns aux autres. L’arme du prolétariat, c’est qu’il a la possibilité de se constituer, en se servant de l’interdépendance matérielle actuelle comme d’un tremplin, en classe, communauté, contre les rapports marchands. L’arme du capital, c’est sa capacité de fixer les besoins collectifs du prolétariat sur des « revendications » posées en termes marchands, et donc à tarir la source de l’énergie révolutionnaire de la classe : ses besoins matériels qui font éclater la forme marchande. L’arme du prolétariat c’est sa capacité d’affirmer et d’imposer la dictature de ses besoins. L’arme du capital c’est l’écœurante apologie ouvriériste de la classe telle qu’elle est. L’arme du prolétariat, c’est son besoin de ne plus être prolétariat. L’arme du capital, c’est l’usinisme ; l’arme du prolétariat, c’est qu’il constitue une force de travail collective qui tend à faire éclater les murailles de ce château fort féodal qu’est devenue l’usine. L’arme du capital, c’est de « définir » le prolétariat comme une « catégorie économique », et au même moment, de le diluer dans la « somme des salariés » (6) Victor : "Or qu’est-ce que la classe ouvrière sinon une somme de travailleurs salariés ? (p 39)... la "Classe-pour-soi" ne correspond en rien à une "négation" de la "classe-en-soi", de la classe en tant que "catégorie économique", de la "classe-vis-à-vis du capital" (P40) ; On va encore faire hurler la majorité, mais tant pis : l’arme du capital, c’est cette fameuse « autonomie » du prolétariat en tant que « catégorie économique » dont on nous rebat les oreilles ; l’arme du prolétariat, c’est de refuser cette « autonomie » juridique de sa position marchande et, en détruisant l’échange, d’amorcer un processus d’abolition de toute sphère autonome, y compris l’économie. L’arme du capital, c’est l’acceptation des hommes prolétarisés de rester prolétaires, de réprimer leur « revendication » collective du communisme, de nier leur nature de plus grandes forces productive qui soit, leur besoin matériel de nouveau rapports sociaux ; l’arme du prolétariat réside dans cette « revendication », cette nature, et ce besoin qui n’est autre que celui de la communauté humaine. LA MATURATION A TRAVERS L’ECHEC DES LUTTES REVENDICATIVES Au siècle dernier, la lutte de classe autour de la défense du salaire produisait des organisations ouvrières dans lesquelles les communistes ont pu mener une activité jour développer la conscience révolutionnaire et combattre les tendances réformistes. Aujourd’hui, même les luttes en apparence victorieuses ne produisent plus la tendance à l’association des travailleurs, on a une situation déconcertante : en apparence, il n’y a plus de mouvement ouvrier. Si l’on avait demande à un communiste du XIX° siècle : ’Qu’est-ce que le mouvement ouvrier ?", il aurait montré les grèves, les syndicats, les coalitions, l’internationale, l’influence des communistes. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus montrer un mouvement ouvrier organise, explicite, visible et continu. Il est facile de se moquer des sociologues cardanistes qui ont décrété la disparition du mouvement prolétarien, il est plus difficile de leur répondre. Une chose est certaine : si le mouvement ouvrier ne se présente plus sous la même forme qu’au XIXe siècle (partis permanents, syndicats, etc. ), c’est parce que les conditions de son action sont différentes. Ce qui nous fait dire que le mouvement prolétarien non seulement existe mais que, de plus, il est en train de forger les conditions d’une pratique directement communiste qui lui était interdite au XIX°, c’est à la fois l’accentuation des contradictions qui poussant la classe vers une pratique révolutionnaire, son refus négatif mais grandissant de marcher dans les mêmes conneries que dans les années 1920 et 1930, et sa capacité à surgir, démontrée plusieurs reprises. Nous appelons ce processus d’un mot qui demande encore à être précisé : mouvement de maturation (essentiellement silencieuse et non organisée). Il va de soi- que si nous considérons le prolétariat comme produisant sa propre conscience et comme sujet de sa pratique (sujet encore fragmente, en formation), _ nous-estimons que cette expérience est indispensable. Mais il faut répéter avec force que c’est un faux problème que de se demander s’il faut "préconiser" ou "condamner’ les luttes revendicatives, car çà ne change rien. ELLES ONT LIEU, UN POINT C’EST TOUT. La seule chose qui compte, c’est si oui ou non à travers les cycles de luttes, qui comprennent aussi les moments d’apathie apparente, de silence, de non-lutte, de refus de lutter comme des parties intégrantes, les prolétaires produisent leur propre capacité de dépasser la lutte revendicative dans une lutte supérieure. A travers ces tentatives défaites d’aménager leurs conditions salariales, les ouvriers, avec l’intensification de la crise, se trouvent acculés à un mur : plier l’échine où se battre différemment, reconstituer sur d’autres bases leur unité, affirmer leurs véritables besoins collectifs etc. Peut importe ici l’événement qui joue le rôle de catalyseur de ce saut. Même lorsqu’il s’agit d’un point précis (hausse des prix, répression, accident du travail etc..), la révolte qui surgit utilise cet événement partiel qui concentre en lui tous ceux dont on a souffert auparavant. Si on est matérialiste et qu’on comprend la vie sociale comme un tout, ont saisi sans peine que le mouvement déborde de très loin le fait précis qui l’a provoqué et qu’il est un surgissement contre toute la dégradation de la vie des ouvriers. Parce qu’il est révolutionnaire et vise, sans le savoir explicitement, les rapports sociaux dans leur ensemble, le mouvement prolétarien, soit ne formule pas de revendications, soit utilise les revendications dont tout le monde sait qu’elles sont un prétexte, dans la mesure où elles ne représentent qu’une infime partie des causes profondes de la lutte, pour aller au-delà. Les ouvriers, en luttant, contraignent à le capital à les diviser encore plus, à les défaire, poussant ainsi à l’extrême l’insupportable écartèlement entre leurs besoins et leurs divisions marchande. Les ouvriers ne sortent pas unifiés des luttes, sinon ils tendraient à maintenir au-delà de la lutte l’association. Par contre, ce qui s’est infiltré lentement dans la conscience (et dans la notre bien plus vite !), ces que les rares instant ou ils ont pu sentir leurs forces, c’est au cours des surgissements unificateurs qui dépassait la revendication. Par contre, les moment où le marchandage et la négociation reviennent au premier plan laisse à un souvenir pénible de division et d’émiettement. Le contraste entre leurs fragmentations insurmontables comme "somme de travailleurs salariés" et leur unité comme association au-delà de et donc contre le salariat, voilà ce que, à travers les cycles de lutte, les processus silencieux et moléculaire, les défaites, les surgissements étouffés par des revendications, mis en relief la leçon de choses de notre époque. Nous répétons : il n’y a pas de "dynamiques objectives des luttes " (10) c’est avec ce type d’arguments que certains camarades justifiaient l’absence de toute critique de la lutte de classe au Portugal dans le tract : "au Portugal, le capital affronte le prolétariat mondial " (voire R.I.. N° 10).. Il y a des prolétaires qui, en luttant de façon revendicative, se contraignent, par l’effet de ces luttes sur le capital et sur eux-mêmes, à lutter différemment. Ce qui est objectif, c’est la contradiction entre le salariat et les forces productives. Mais si on transforme la lutte de classe en un processus ayant une dynamique "objective" et le prolétariat en un acteur pris dans cette dynamique comme une courroie de transmission de cette "dynamique", on nie la nécessité pour le prolétariat d’engager un processus de rupture, de négation, des critiques, de dépassement de son ancien être et de son ancienne façon de lutter ; on nie le saut qualitatif que prépare toute évolution’ ; on nie ce qu’il y a de potentiellement révolutionnaire dans la contradiction qui le travaille et dans la conscience (d’abord négative) qui est en gestation à travers les échecs. ON NIE LE SUJET CREATEUR au nom d’une vision objectiviste et réifiée. Et on finit par se retrouver, à coté de tous les gauchistes, à ne pas accomplir la critique nécessaire, qu’accomplit chaque jour dans la pratique la lutte de classe, des luttes revendicatives, et à nous répondre : "Mais elles ont une dynamique objective. . . " Cet oubli du sujet mène droit au programme de transition ("les revendications mènent objectivement à la révolution"), à l’apologie du prolétariat-travail salarié, au trade-unionisme et au gradualisme. Quant à la. "dynamique objective" d’une lutte de classe revendicative poussée jusqu’au bout sans que les prolétaires soient capables de la dépasser et de se nier, nous la connaissons bien. La voici : luttes revendicatives, luttes revendicatives, luttes revendicatives...émiettement, division, embrigadement et écrasement. SIGNES PRECURSEURS. . . . Une fois qu’on s’est mis d’accord sur cela, la discussion est ouverte sur la question des signes concrets de la maturation et ses moments. Nous reconnaissons volontiers que nous avions insuffisamment développé ce point. Aussi voulons-nous apporter quelques indications sur les signes précurseurs de la rupture révolutionnaire qui apparaissent au sein même des luttes actuelles. Il y a, même dans certaines luttes très limitées, des pratiques qui traduisent une poussée vers l’action révolutionnaire, une tendance permanente vers le surgissement de la classe communiste. Mais, contrairement à ce que pensent beaucoup de conseillistes, il ne s’agit pas avant tout de ’nouvelles formes’ d’organisation et autres tartes à la mode ; ce sont : le déclenchement à partir d’une minorité qui exprime et cristallise ce que ressentent collectivement les travailleurs, leur tendance à se constituer en communauté d’action pratique (occuper,. envahir les bureaux, manifester, étendre la lutte par tous les moyens, etc.) l’absence de revendications ou leur mise au second plan ou l’adoption de mots d’ordre intentionnellement vagues pour ne pas geler le mouvement ("du pain", à Gdansk, "tous en grève pour que ça change"’, en 68, "solidarité ouvrière", à Barcelone ; souvent, même dans de petites grèves, le seul mot d’ordre, c’est "tous en grève"), le refus de la "démocratie" des votes bidons, la défiance à l’égard des syndicats ou l’affrontement avec eux, etc. il faut savoir déceler ce qu’il y a de formidable dans le fait qu’aucune de ces manifestations ne formule de programme "positif", de proposition d’aménagement. C’est que le prolétariat ne peut proposer de positif que le communisme. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est de comprendre que si ces tendances à la constitution de la classe-pour-soi, ces poussées restent étouffées et cèdent très rapidement la place à la division salariale c’est d’abord parce qu’elles ne parviennent. pas à trouver leur. véritable piste de développement : ce qu’ "Internationalisme" appelait le "terrain social général". Le plus souvent, c’est leur isolement, leur incapacité de détruire les barrières de l’entreprise qui expliquent leur avortement. Ce localisme plonge ses racines dans le faible niveau de maturation de la crise, de la conscience, etc. Cependant, les moments d’unification, aussi brefs et partiels qu’ils soient, laissent un souvenir de communauté, d’unanimité, de force qui contraste violemment avec la fin en eau-de-boudin des grèves "revendicatives", avec leur atmosphère bien connue d’éparpillement, d’impuissance, d’amertume, de discussions interminables, de reproches, de cartes déchirées. . . C’est le une image vivante, une situation que n’importe quel ouvrier a déjà vécue, du décalage entre la force du prolétariat lorsqu’il "oublie" les déterminations du salariat et amorce un mouvement d’association sur d’autres bases - et sa faiblesse lorsqu’il s’empêtre à nouveau dans les mailles des rapports marchands. Ceux qui ne voient que les "revendications" passent à coté de ce qu’il y a d’important dans ces moments, brefs mais non rares, et. ils se contentent de faire l’apologie de telle ou telle forme dure (séquestration, comité de grève, violence, etc. ),contribuant ainsi à fixer le mouvement sur des aspects partiels pour en masquer l’essence. Pour eux, toute lutte est revendicative, et son degré de "radicalisé" se mesure aux formes utilisées pour aménager les. conditions d’exploitation. Mais lorsque les travailleurs entrent brusquement ; sans revendication, dans un irrésistible mouvement qui balaie toutes les frontières marchandes, brûlant d"un apparent irréalisme, manifestant une apparente "folie" et dépensant une énergie sans commune mesure avec les raisons apparentes, partielles et immédiates du combat, 1es idéalistes s’imaginent qu’ils se battent pour "autre chose que des besoins matériels". Pour eux, les besoins ne peuvent s’exprimer que dans le langage étroit de la "réalité" existante : revendiquer, vendre, acheter, négocier, faire pression, calculer ses "intérêts" tels qu’ils se présentent dans cette société marchande, sous une forme particularisée, individuelle, corporative, divisée et soumise à la dictature de l’échange. Par contre, ils pensent que toute lutte qui ne se plie pas à cette logique ne peut être que la manifestation d’une aspiration idéelle. Comme si le besoin de communauté entre des morceaux d’humanité pulvérisés par 1’ "unité" de la chaîne de montage n’était pas aussi matériel que quelques francs de plus avec lesquels on ne peut plus s’acheter que de la camelote ou des spectacles-illusions de rapports sociaux. Une des plus grandes ruses de l’idéologie bourgeoise, c’est de poser toutes les questions en ses termes et de supposer comme évident que : besoins = revendication et que : lutte sans revendication = lutte purement "politique", pour un idéal, etc. Ce qui est effarant, c’est de voir un révolutionnaire comme Victor reprendre sans sourciller l’identification : "matériel" = "économique" = revendication. Il contribue ainsi à emprisonner les ouvriers dans l’idée que ce qu’ils font de plus profond serait fou, utopique, sans rapport avec leurs besoins, ou, au mieux, la manifestation d’une "idée", et que, par contre, les revendications soi-disant précises, concrètes, ça c’est du solide, du vrai. Face à ce réalisme rabougri, nous n’hésitons pas à affirmer, avec la certitude joyeuse de faire pousser des cris d’écorchés à tous les matérialistes vulgaires qui encombrent les rayons des librairies, que, loin d’exprimer les besoins de la classe ouvrière, les revendications, si elles ne sont pas immédiatement dépassées ou reléguées au second rang, les masquent. Et nous trouvons une confirmation du matérialisme vrai, c’est-à-dire dialectique et subversif, dans le fait que les fractions les plus avancées dans les luttes sont celles qui ressentent tellement de besoins matériels et sociaux frustrés, si collectifs, si concrets, si universels qu’elles ne peuvent les faire entrer dans aucune revendication précise. Il faut être resté, en mai 1968, à l’université ou dans un local syndical pour ignorer que les plus radicalisés, ceux qui ont déclenché les grèves, affronté les syndicats étaient ceux qui sont partis sans revendications, qui n’ont jamais calculé ce qu’ils en retireraient individuellement. Et une fois qu’on sait cela, il faut avoir les oreilles bouchées par les boules de cire de l’ouvriérisme pour ne pas comprendre que, lorsque les prolétaires disaient : "On ne s’est pas battu pour quelques francs de plus mais pour que ça change, pour la dignité, etc. ", ce n’est pas parce qu’ils étaient de chouettes gars bien idéalistes, au-dessus des contingences et moins exigeants matériellement que les autres. C’est, au contraire, parce qu’ils ont une tolérance moindre aux privations qu’ils ont exprimé, ne fût-ce qu’un instant, des besoins de rapports sociaux, de valeurs d’usage (Il) c’est la même chose pour les révolutionnaires. On n’est pas communiste parce qu’on a une idéologie, mais parce qu’on a des besoins (conscients ou non) communistes tout à fait matériels et sociaux qui nous poussent à exprimer le mouvement qui satisfera ces besoins, afin de l’accélérer. Il est tout à fait normal qu’on retrouve le même processus chez les révolutionnaires actifs en permanence et dans les fractions qui surgissent temporairement au cours des luttes. C’est le contraire qui serait inquiétant, puisqu’il s’agit des fractions d’un même mouvement, qui sont mille fois plus matériels que les illusions de survie que représentent les revendications, qu’on n’obtient d’ailleurs presque jamais. Par contre, ceux qui calculent encore les conséquences pour leur situation marchande particulière expriment moins de besoins, puisqu’ils se satisfont d’aménagements illusoires à la dégradation continue et effroyable de leur vie. Peu importe ici que, devant l’absence de conditions pour aller plus loin, tous finissent par se replier sur des revendications "réalistes" et se défendent comme ils peuvent, c’est-à-dire mal. Ce qui nous intéresse c’est de déceler comment, de façon confuse, non explicite, à peine conscience, les prolétaires commencent à exprimer pratiquement l’histoire de notre époque : les besoins matériels entrant en conflit avec le rapport salarial. Ce qui nous intéresse, c’est comment les prolétaires commencent à saisir ce qui, pour la majorité, reste un mystère "philosophique" très compliqué : que la classe n’est pas une somme de travailleurs salariés. Mais on ne peut déceler ces signes encore imprécis et partiels de la formation de la classe-pour-soi à travers les luttes quotidiennes que si on comprend qu’elles ne font que préfigurer ce qui apparaît clairement au grand jour lors du saut qualitatif que représentent les surgissements généraux de la classe. Là, il ne s’agit plus de signes d’une maturation et de l’exacerbation des contradictions qui approfondissent cette maturation : il s’agit de 1’apparition d’un mouvement révolutionnaire. Dans un quartier, dans une ville, une ’région, un pays, etc. , les cadres de l’usine et de la corporation sont brisés, ce qui conduit directement à un début d’affirmation communiste. Donc, quelle que soit l’importance des symptômes partiels que nous venons d’évoquer, il faut bien se représenter que le surgissement révolutionnaire est, pour l’essentiel, une négation de ce que la classe faisait auparavant, d’une nouvelle qualité, d’une rupture. c’est cela que nous allons développer à présent LE MOUVEMENT COMMUNISTE - TACHES SOCIALES ET MILITAIRES Nous avons vu que, au fur et à mesure que se déploie la crise, les ouvriers sont confrontés à l’impossibilité de satisfaire leurs besoins matériels ) collectifs en valeurs ’ n continuant à se battre comme porteurs d’une force de travail-marchandise. c’est pourquoi ils sont poussés à utiliser la seule arme qui leur reste : leur nature de force de travail associée, potentiellement universelle SANS TENIR COMPTE DE LEUR QUALITE DE SALARIES.. Ce moment - le surgissement de la classe-pour-soi - est véritablement effrayant quand on se représente la nouvelle contradiction dans laquelle se situent d’emblée les prolétaires. Ils prennent des mesures qui sont le début de l’instauration d’une communauté universelle sans échange, alors que toute la vie sociale, la division du travail, l’organisation du travail, la nature même des valeurs d’usage, la situation particulière et partielle dont ils se dégagent, sont entièrement modelés par les lois de l’échange. De plus, ils ont évidemment face à eux toute la contre-révolution armée jusqu’aux dents, des centaines de millions de semi-prolétaires qu’il faut intégrer si on ne veut pas qu’ils forment les corps francs de la bourgeoisie. Pourtant, aussi partiel, minuscule, embryonnaire soit-il, ce mouvement est déjà mondial et communiste. Le communisme n’est pas un simple "but" idéal pour "le jour ou" tout sera résolu, ou "adviendra" [comme dit Victor page 46) l’Abolition, avec un grand A, de l’exploitation, mais un mouvement social. Jusqu’à nouvel ordre, tout mouvement réel commence en un ou des endroits précis, limités et se heurte à des contradictions qui le poussent de l’avant. c’est parce que les premières mesures du prolétariat sont anti-échangistes, c’est-à-dire Communistes, qu’il entre dans un antagonisme avec l’ensemble des rapports mondiaux et se trouve forcé d’en prendre d’autres, plus vastes, plus étendues. L’universel, le mondial sont le processus d’universalisation, de socialisation de l’humanité, c’est-à-dire une histoire bien concrète qui commence par de pauvres petites mesures de destruction de l’échange et de communisation de la pauvreté dont nous héritons et se poursuit avec la transformation des forces productives elles-mêmes, c’est-à-dire du rapport de l’homme à la nature. Marx avait raison de parler du communisme inférieur pour caractériser "le communisme tel qu’il sort de la société capitaliste". Seul le communisme peut détruire l’échange (car il n’y a pas de no man’s land, toute destruction d’un rapport social est l’instauration d’un autre rapport social, et seuls les trotskistes ou S ou B peuvent s’imaginer qu’il y a d’autres rapports sociaux que capitalistes ou communistes). Et la destruction de l’échange, ce n’est pas un décret du soviet suprême "après qu’on aura réussi la révolution mondiale" ; ce sont des ouvriers attaquant les banques ou se trouvent leurs comptes et ceux , des autres ouvriers, s’obligeant ainsi à se débrouiller sans, ce sont les travailleurs se communiquant et communiquant à la communauté leurs produits directement et sans marché, ce sont les sans-logis occupant les logements, "obligeant" ainsi les ouvriers du bâtiment à produire gratuitement, les ouvriers du bâtiment puisant dans les magasins librement, obligeant toute la classe à s’organiser pour aller chercher la nourriture dans les secteurs à collectiviser, etc. Qu’on s’entende bien. Il n’y a aucune mesure qui, en elle-même, prise isolément, soit le "communisme". Distribuer des valeurs d’usage, faire circuler directement moyens de production et matières premières, utiliser la violence contre l’Etat en place, des fractions du capital peuvent accomplir une partie de ces choses dans certaines circonstances. Ce qui est communiste, ce n’est pas la "violence" en soi, ni la "distribution" de la merde que nous lègue la société de classes, ni la "c
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