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Brésil : bilan des deux années de LulaAnonyme, Lunes, Marzo 14, 2005 - 21:01 (Analyses | Agriculture | Elections & partis | Forum/Foro social | Globalisation | Politiques & classes sociales)
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A mi-mandat, Luiz Inacio Lula da Silva ne peut plus maintenant compter avec le soutien inconditionnel des mouvements sociaux. Quelques uns d'entre eux, les plus radicaux, s'opposent ouvertement à son gouvernement. D'autres, comme le Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST), adoptent une position critique, mais de dialogue, suivant les termes employés par le dirigeant le plus connu du MST, Joao Pedro Stedile. D'autres encore, comme la Centrale Unique des Travailleurs (CUT), récusent la politique économique du gouvernement tout en soutenant Lula, bien que chaque fois plus timidement. A mi-mandat, Luiz Inacio Lula da Silva ne peut plus maintenant compter avec le soutien inconditionnel des mouvements sociaux. Quelques uns d'entre eux, les plus radicaux, s'opposent ouvertement à son gouvernement. D'autres, comme le Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST), adoptent une position critique, mais de dialogue, suivant les termes employés par le dirigeant le plus connu du MST, Joao Pedro Stedile. D'autres encore, comme la Centrale Unique des Travailleurs (CUT), récusent la politique économique du gouvernement tout en soutenant Lula, bien que chaque fois plus timidement. Cependant, les mesures adoptées montrent qu'aucune des propositions du Forum Social Mondial (FSM) -qualifié par Lula, le 24 janvier 2002, face à ses enthousiastes participants, comme "la plus extraordinaire réalisation de la société civile mondiale" et "le plus grand évènement politique de toute l'histoire de l'humanité"- a été prise en compte par son gouvernement : ni la réglementation du capital financier ni la suspension du paiement de la dette ni la protection de l'environnement ni la lutte contre contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) ni aucune autre proposition surgie de Porto Alegre. Quand les organismes multilatéraux -du Fonds Monétaire International à la Banque Mondiale- ont loué la politique économique du gouvernement, il a été évident que les décisions de Lula étaient plus proches de la station de ski suisse que de la capitale "gaúcha" (Porto Alegre). De toutes manières, le divorce entre le gouvernement surgit du Parti des Travailleurs (PT) et les mouvements sociaux est le résultat d'un procesus et non d'un brusque changement d'orientations, bien que l'arivée au pouvoir a accéléré les tendances qui se perfilaient ces dernières années. L'élection présidentielle de 1994 a marqué un pas décisif quand le grand favori Lula a été vaincu par Fernando Henrique Cardoso et son plan de stabilisation monétaire. Depuis ce moment, le PT a modifié ses positions à la recherche de moyens d'accéder au pouvoir. Le thème de la dette externe a rendu évident cette transformation : tandis que le parti revendiquait la suspension de son paiement comme préliminaire à sa renégociation, finalement il a affirmé, dans la campagne électorale de 2002, qu'il respecterait les engagements assumés (et effectivement il paie jusqu'au dernier real depuis le début de son mandat). L'élément qui a marqué le plus nettement le changement a été la proposition de réforme des retraites. selon un modèle correspondant perfectement à la deuxième génération de réformes préconisées par la Banque Mondiale, les retraités ont de nouveau dû payer des impôts ; la proposition a également limitée les niveaux des retraites des travailleurs du secteur public et a ouvert une importante place pour le dévelloppement des systèmes de fonds de pension, plat de réjouissance du système financier. En opposition à ce projet, les syndicats de travailleurs du secteur public ont organisé, avec le soutien du MST, de la CUT, de parlementaires du PT e d'autres partis de gauche, les plus grandes manifestations depuis le début du gouvernement de Lula. La dichotomie, et y compris l'affrontement entre le Ministère du Dévelloppement Agraire et celui de l'Agriculture, a dévoilé les contradictions du gouvernement. Le ministre de l'Agriculture, aligné avec la multinationale Monsanto, a préconisé ouvertement l'adoption de cultures transgéniques, surtout dans les plantations de soja du sud du pays, tandis que le MST lutte avec ferveur contre eux, fidèle aux thèses du mouvement agraire Via Campesina et des forums sociaux mondiaux. De la même manière, le ministre de l'Industrie -grand exportateur de poulets- représente le modèle de l'agrobusiness destiné au marché extérieur tandis que le MST lutte pour un axe de dévelloppement agraire porté par des petites et moyennes propriétés qui produisent pour le marché interne. Dans ce contexte, les élections municipales d'octobre-novembre 2004 ont constitué le premier recul électoral du parti depuis sa participation dans la vie démocratique. Bien que le nombre de votes aient augmenté dans le pays, le PT a vu sa présence se déplacer géographiquement des centres politiques fondamentaux -comme Sao Paulo et Porto Alegre, ville-symbole où il avait gouverné durant 16 ans- vers des régions de l'intérieur du pays, de moindre poids politique et de niveau de politisation moins élevé, comme la région centrale du Brésil. Après ces mauvais résultats électoraux, le gouvernement de Lula a cherché à recomposer sa base d'alliances politiques avec les partis du centre, le Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB), de droite, le Parti Populaire (PP), avec en vue l'élection présidentielle de 2006. Cette fois, les mouvements sociaux ont recommencé les mobilisations en confirmant leur prise de distance : occupations par des travailleurs sans terres qui avaient accordé une trève durant la campagne électorale ; opposition des étudiants et des professeurs à la réforme universitaire considérée comme "privatisante" ; refus de la réforme du droit du travail qui annonce l'affaiblissement des syndicats et une avancée de la précarisation du travail. L'expérience de gouvernement du PT et de Lula, qui semblait se diriger vers une confluence entre gouvernement populaire, partis de gauche et mouvements sociaux, débouche, au bout de deux ans, en un rendez-vous manqué. Emir Sader (sociologue brésilien)
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