Interdite par le régime, une manifestation organisée pour célébrer la Journée internationale des femmes à Istanbul a été brutalement attaquée par la police, quand des hordes de flics se sont littéralement rués comme des bêtes sur les manifestantes et manifestants. Bilan: des dizaines de blesséEs, et pas moins de 63 arrestations.

Ceux et celles qui syntonisent la chaîne RDI à la télé auront peut-être vu, dimanche dernier, les images hautement révoltantes de la répression exercée par la police turque contre une manifestation organisée à Istanbul pour célébrer la Journée internationale des femmes.

Le rassemblement auquel participaient environ 400 personnes, dont plusieurs brandissant des drapeaux rouges, avait été interdit par le régime. Des hordes de flics anti-émeute en tenue de combat et armés de matraques se sont littéralement rués comme des bêtes déchaînées sur les manifestantes et manifestants, dont le rassemblement était on ne peut plus pacifique, allant jusqu'à les pourchasser à travers les étals d'un marché public.

Selon un compte-rendu qui nous a été envoyé depuis Istanbul, "la police a attaqué le rassemblement au parc Sarachande, sans aucun avertissement; de nombreuses personnes, incluant des camarades de l'organisation 'Jeunes pour la démocratie nouvelle' et du journal Partisan ont été arrêtées, tandis que plusieurs autres ont été blessées" (le journal Partisan est publié par le Parti communiste de Turquie/marxiste-léniniste -- le TKP/ML).

"Peu après, vers midi, les organisations démocratiques et révolutionnaires se sont rassemblées de nouveau, cette fois-ci devant l'Université d'Istanbul. Au bout d'une heure environ, au moment où les gens commençaient à se disperser, la police a attaqué de nouveau, faisant une fois de plus de nombreuxSES blesséEs. Les flics ont notamment utilisé les gaz lacrymogènes contre les participantes et participants."

Selon les médias turcs, au moins 63 manifestantEs ont été arrêtéEs. Le lendemain, face aux critiques des représentants de l'Union européenne en visite à Ankara afin de discuter des modalités d'adhésion de la Turquie, le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul a exprimé sa "tristesse" (sic) et annoncé qu'une enquête allait être menée sur la répression de cette manifestation qu'il a néanmoins qualifiée "d'illégale".

Celle-ci a eu un énorme écho à travers toute l'Europe. L'actrice française Emmanuelle Béart, pour une, a annoncé qu'elle allait boycotter le prochain festival du film d'Istanbul, prévu en avril, dont elle était invitée d'honneur. Mme Béart a fait savoir qu'elle ne voulait pas se rendre "dans un pays où les femmes sont soumises à des violences et où on assiste à des brutalités policières comme celles qui ont marqué la manifestation du 6 mars".

L'État turc est notoirement connu pour son caractère profondément réactionnaire et impitoyablement répressif. Aucune dissidence politique n'y est tolérée: les militantes et militants révolutionnaires y sont régulièrement victimes de tortures, d'enlèvements et de disparitions. Tout comme les droits nationaux de la minorité kurde, les droits du peuple, incluant ceux des femmes, y sont carrément bafoués.

Il faut dénoncer l'hypocrisie du régime turc soutenu par l'impérialisme, et appuyer les luttes menées par ceux et celles qui osent lui résister.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 41, le 13 mars 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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