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L’Écho du silence par Eduardo de Arriluzea, prisonnier basque.Roberto, Domingo, Marzo 13, 2005 - 12:48
Eduardo de Arriluzea
La torture, ce grand thème tabou, est l'un des problèmes majeurs de la société. La torture est un phénomène complexe qui nous affecte tous. Le pire dans la torture n'est pas qui la subie, mais bien qui l'accepte. C'est la partie insidieuse et invisible. On essaie de détruire les... texte de Eduardo de Arriluzea, prisonnier politique basque actuellement en prison à Rivière-des-prairies. A la prison de Rivière-des-Prairies COMMUNIQUE #2. L’Écho du silence "La torture, ce grand thème tabou, est l'un des problèmes majeurs de la société. La torture est un phénomène complexe qui nous affecte tous. Le pire dans la torture n'est pas qui la subie, mais bien qui l'accepte. C'est la partie insidieuse et invisible. On essaie de détruire les mécanismes directs des premiers et l'on contrôle, petit a petit, les sentiments, la sensibilité et la pensée des seconds, jusqu'à les transformer en dociles robots, en personnes anesthésiées, sans capacité critique ni possibilité de rébellion. C'est ainsi que se dévoilent les sociétés endormies et soumises qui se croient libres et démocratiques, qui acceptent le rêve trompeur d'une paix merveilleuse qui rappelle celle des chimères. " Èva Forest. Torture en Pays Basque, Rapport 2002. Lors de sa visite à Ottawa en avril 2001, Jean Chrétien accordait toute sa crédibilité à son homologue espagnol Aznar, jongleur du mensonge à la moustache hitlérienne, pendant que moi et Gorka Perea Salazar, nous étions deux jeunes basques qui demandaient l'asile politique, persona non grata… Depuis, quoique nous ayons toujours suivi à la lettre les exigences des autorités canadiennes, notre crédibilité est sans cesse mise en doute, même si jusqu'à présent personne ne nous a donné la chance d'exprimer nos craintes. Le fait que nos allégations de torture aient été bien documentées, et notamment corroborées par des instances internationales (1), ne semble pas avoir ébranlé le Canada. Loin de là, nous sommes d'avis que seulement une raison d'État peut expliquer tant de complaisance envers un pays qui fait toujours usage de la torture à l'encontre des basques, malgré les recommandations précises et répétées de nombreux organismes internationaux, dont le Comité européen pour la prévention de la torture. (2) José Bono, ministre de la défense du nouveau cabinet du président Zapatero (PSOE) au pouvoir à Madrid, a déclaré récemment que la torture lui donne "envie de vomir." Il se référait évidement à la torture employée par les États-Unis en Irak et à Guantanamo. Aurait-t-il par hasard lu le rapport d'Amnistie Internationale sur l'Espagne ? (4) Même si le nouveau gouvernement fait usage des mots "respect des droits humains" comme s’il s’agissait d'un moulin à prières, il continue à appliquer la loi antiterroriste. Actuellement, les forces de la police opèrent au Pays basque et emploient des procédés qui relèvent de la barbarie nazie, avec de véritables laboratoires de torture munis de baignoires spéciales et de tout ce qu'ils ont besoin pour se départir de leur sale besogne. Parmi les 55 détenus basques ayant porté plainte pour tortures en 2004 il y en a plusieurs qui garderont longtemps les traces physiques et psychologiques des sévisses qu'ils ont subi : certains ont des plaies sur le dos provoquées par des brûlures causées par des chocs électriques, d'autres ont le visage enflé suite aux coups reçus de la part des bourreaux. Les témoignages publiés sont tellement précis qu'ils ne peuvent pas laisser de doutes sur la dure réalité de la torture. Leur impact réside dans l'extrême violence qu'ils décrivent avec précision. On y trouve un effroyable témoignage qui décrit une brutalité extrême et qui a bouleversé la société civile basque ces derniers temps. C'est le cas d'Amaia Urizar, jeune fille arrêtée le 29 octobre dernier par la Guardia civil (Garde civile de l'armée espagnole). Sur dix pages, Amaia relate courageusement le viol dont elle a été victime aux mains de ses tortionnaires qui ont fait usage d'un pistolet ainsi que du supplice de la baignoire. De fait, les membres du gouvernement, les juges et les médecins légistes espagnols connaissent l'existence de ces atrocités, parfois dans tous leurs détails. Ils refusent cependant d’en divulguer l'ampleur ou de la faire connaître. Ces méthodes sont tolérées, voir encouragées, au nom de l'efficacité, et ses responsables vivent à l’ombre de ceux qui défendent les institutions de la torture. Force est de constater que la plupart des plaintes son archivées par les autorités judiciaires argumentant un manque de preuves objectives. Il n'est donc pas faux de parler de "répression aveugle". Le chiffre de plus de 5000 victimes depuis le commencement de la "transition démocratique" en 1977 n'est pas infirmé. Ainsi, la torture, qui s’ajoute aux arrestations arbitraires et aux interdictions de partis et d'organisations politiques, en plus des exécutions extrajudiciaires (Kalparsoro, Geresta) (5), est la pièce centrale de ce dispositif répressif validé par le pouvoir politique. La mémoire historique nous permet de rappeler que ceux qui gouvernent aujourd'hui (parti socialiste) sont les mêmes qui ont mis sur pied les escadrons de la mort (GAL) durant les années 80. Ne mâchons pas les mots : il règne an pays basque un état de siège hypocrite où les prérogatives de la "justice a l'espagnole" sont réaffirmées avec la mise en place de lois de plus en plus exceptionnelles comme celle qui prévoit l'allongement de 5 à 10 jours la période de détention au secret. Au Pays basque, tout arbitraire dans les arrestations, toute brutalité dans les perquisitions, tous ces actes affichant le mépris de la vie humaine, toute discrimination dans les contrôles auront certainement leurs répercussions. Je n'ai pas à savoir si l'état d'exception hypocrite gangrène une solution démocratique au conflit politique qu’affronte le Pays basque face aux États espagnol et français. Et il faut dénoncer aussi leurs complices et leurs collaborateurs comme le Canada qui, par son silence assourdissant, a permit et permet encore et toujours à ce fléau mondial nommé torture de s'étendre. Le dernier jugement rendu par la Cour d'appel du Québec, qui nous renvoi en prison, nous amène à constater avec effroi que le Canada semble vouloir imposer la déraison pour ne pas déranger son partenariat commercial avec l’Espagne. C'est pourquoi nous devons persévérer dans la dignité et la valeur de la personne humaine au dessus de toute marchandise. L’Espagne torture, le Canada complice! Liberté pour le Pays basque! Références et sources documentaires. 1. Comité des Nations Unies contre la torture : Examen des rapports périodiques présentés par l'Espagne en 1993, 1997, 2001 et 2002: constatations et recommandations. Comité européen pour la prévention de la torture: rapports des visites réalisées par le Comité dans les commissariats, casernes et prisons espagnoles en avril 1991, avril 1994, juin 1994, janvier 1997, novembre et décembre 1998, juillet 2001. Amnistie International : rapports annuels 1996, 1999, 2000, 2001, 2002. 2. Le rapporteur spécial des Nations Unies contre la torture, Theo van Boven à considéré dans un rapport présenté le 10 mars 2004 que les personnes détenues en Espagne sous la loi antiterroriste sont souvent l'objet d'actes de tortures. 3. Rapports périodiques rédigés par le (TAT) groupe basque contre la torture. 4. Amnistie International: rapport annuel 2004. 5. Militants basques trouvés morts après avoir été arrêtés par les forces de sécurité de l'État. Geresta avait une balle logée dans sa tête ainsi que des dents arrachées par la torture. |
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