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Construisons le Front rouge des jeunes!

Eric Smith, Domingo, Marzo 6, 2005 - 15:55

Arsenal-express

Depuis quelques mois déjà, des militantes et militants maoïstes travaillent à mettre sur pied une nouvelle organisation de lutte de la jeunesse révolutionnaire -- le Front rouge des jeunes. Son objectif est de rassembler tous ceux et celles qui veulent se battre contre le capitalisme et contre toute forme d'exploitation et d'oppression, en faveur du socialisme et de la révolution.

Depuis quelques mois déjà, des militantes et militants maoïstes travaillent à mettre sur pied une nouvelle organisation de lutte de la jeunesse révolutionnaire -- le FRONT ROUGE DES JEUNES. L'objectif du Front est de rassembler tous ceux et celles qui veulent se battre contre le capitalisme et contre toute forme d'exploitation et d'oppression, en faveur du socialisme et de la révolution. Un comité préparatoire -- le Comité pour un Front rouge des jeunes (mailto:cfrj_cyrf@yahoo.ca) -- se consacre actuellement à regrouper les militantes et militants intéresséEs dans différentes villes au Québec et prépare le lancement de la nouvelle organisation. Le texte qui suit, qui fut d'abord publié il y a un certain temps par le journal Le Drapeau Rouge, explique pourquoi nous soutenons la mise sur pied d'un Front rouge des jeunes:

Nous avons un défi de taille à relever: celui de relancer l'action révolutionnaire du prolétariat, et de diriger cette action contre le système capitaliste et son quartier général, l'État bourgeois. Pour ce faire, il faut dégager de l'opprobre petit-bourgeois réformiste qui la recouvre, la tâche essentielle de construire un parti communiste authentiquement révolutionnaire. Cet opprobre, déjà ancien mais toujours à la mode, n'est en fait que du snobisme anti-parti de la part de la petite-bourgeoisie individualiste qui refuse et nie les potentialités de l'action collective de classe du prolétariat.

En réalité -- et chacunE le sait bien -- l'action révolutionnaire, le prolétariat conçu comme un "collectif politique" et non pas seulement comme une masse numérique d'individus, le parti révolutionnaire et la lutte armée sont ce que redoute le plus la classe des capitalistes. D'où l'intérêt que peuvent représenter pour la classe dominante, dans le domaine idéologique et politique, tous les modèles individualistes de contestation, toutes les stratégies qui s'arrêtent aux luttes partielles, ainsi que tous les programmes et tous les partis qui s'intègrent à l'État par le biais du réformisme. Ces formes de contestation, pour dérangeantes qu'elles peuvent être quelquefois, sont aussi de solides remparts contre l'action révolutionnaire. Si bien que la bourgeoisie n'est jamais totalement fermée, par principe, à l'idée de les intégrer, de les assimiler, de les greffer à son système démocratique. Il en va tout autrement de l'action révolutionnaire (organisations prolétariennes autonomes, éducation communiste, parti révolutionnaire, lutte armée), qui est par définition non-assimilable à la démocratie bourgeoise.

IL FAUT LIBÉRER L'ACTION RÉVOLUTIONNAIRE! La contestation individuelle, le réformisme intégré à l'État, la gauche électoraliste, etc., ont tous une aire de liberté relativement établie. Ceux et celles qui s'y meuvent et qui y prennent racine ont très profondément intégré dans leur pratique l'idée suivante: cette aire de liberté qui leur est accordée, l'est principalement pour faire barrage contre l'action révolutionnaire. C'est une liberté octroyée pour en étouffer une autre. Donc, balisons l'espace, disent-ils: surtout pas de parti révolutionnaire; surtout pas d'éducation communiste; surtout pas d'organisations de classe 100% autonomes; surtout pas de luttes violentes ni de lutte armée.

Or, la seule manière par laquelle nous puissions libérer l'action révolutionnaire (permettre son expression et sa réalisation), c'est en luttant pour un parti communiste qui serait authentiquement révolutionnaire.

Libérer l'action révolutionnaire! Nous ne parlons pas, on le comprendra, d'une liberté purement formelle consentie par l'État: un petit coin dans la cour d'école pour les enfants turbulents. Non. Nous parlons de libérer pleinement l'action collective du prolétariat, de briser les cadres actuels, de lutter pour le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et la transformation progressive de la société en une société communiste.

Mais pour que soit possible cette vraie liberté là, liberté d'agir et de penser, il faut absolument s'organiser au sein d'un parti révolutionnaire. Car c'est l'existence même d'un parti révolutionnaire qui rend possible notre liberté politique comme prolétaires. Autrement, nous sommes voués à une non-existence politique qui peut durer fort longtemps.

Pour certains, qui cultivent les faux-fuyants, il existe un tel nombre de difficultés et de problèmes à résoudre en priorité que ce n'est même pas la peine de songer à l'action politique révolutionnaire. Pendant des années -- et encore maintenant -- on nous disait qu'il fallait d'abord régler la question du Québec (i.e. faire l'indépendance). Évidemment, étant donné la nature même du nationalisme au Québec et au Canada, c'était une façon de prendre parti contre la révolution socialiste.

Ces dernières années, certains ont aussi prétendu qu'il fallait se concentrer sur les problèmes immédiats de la population, lutter contre l'insécurité, le chômage, la pauvreté, la misère des jeunes, etc. et ainsi donner un souffle d'espoir aux plus pauvres. Cette manière de voir, très répandue dans les milieux réformistes populaires et syndicaux, se refuse à concevoir le socialisme comme une lutte dure, opiniâtre, imprévisible, faite d'avancées et de reculs; une lutte qui a besoin d'organisations de combat, et au premier chef d'un parti révolutionnaire. Le socialisme est plutôt vu comme une lente montée, une progression en degrés, voire même un couronnement. C'est une manière de dire: réglons les problèmes du capitalisme et de la société bourgeoise sous le capitalisme et dans la société bourgeoise, et après, quand tous les problèmes auront été aplanis, on pourra poser la question du socialisme. Évidemment, on l'aura compris, cette conception est une roue sans fin qui sert d'abord à alimenter la pratique réformiste de ces milieux.

Mao Zedong avait plutôt coutume de dire: "Un bon camarade est celui qui tient d'autant plus à aller dans un endroit que les difficultés y sont plus grandes." Cela tombe sous le sens. Plus les problèmes de la société bourgeoise s'additionnent, plus la crise gagne de nouvelle sphères -- la production, le commerce, la politique, la culture, la vie privée, l'éducation, la morale, etc. -- plus les révolutionnaires doivent se saisir de ces difficultés pour construire leur parti et avancer une solution générale et définitive. Ce n'est pas qu'il n'y a pas de difficultés; au contraire les difficultés sont énormes. Mais c'est parce qu'elles le sont que nous y plongeons avec la certitude de ne pas nous y perdre.

Dans le passé et dans presque tous les pays, à l'intérieur du mouvement ouvrier et révolutionnaire, les jeunes en particulier se sont toujours portés aux avant-postes, là où les difficultés étaient les plus grandes, aurait dit Mao. Les jeunes ont souvent été sur les premières lignes pour lutter contre la tyrannie, contre le fascisme, pour défaire la répression policière et armée, pour défendre les armes à la main le pouvoir prolétarien. Aux avant-postes aussi pour balayer les trahisons réformistes et révisionnistes comme lors de la Révolution culturelle en Chine ou en mai 1968 en France. Pendant des années, partout dans le monde, alors que sévissait l'ignoble guerre des États-Unis contre le peuple vietnamien, les jeunes ont forcé un retour à une condamnation radicale de l'impérialisme et de la société bourgeoise pourrissante.

Aujourd'hui, de plats réformistes voudraient que les jeunes s'agenouillent devant les problèmes de la société bourgeoise et ne développent surtout pas une nouvelle pratique révolutionnaire qui est, chose sûre, crainte comme la peste dans tous les milieux capitalistes. À commencer par la bureaucratie dans l'État et ses appareils, qui veut étouffer tout sens critique chez les jeunes en les éduquant à l'omnipotence des règles du capitalisme: le marché, la concurrence, la productivité, l'égoïsme, le "me, myself and I".

Et tout près de ces bureaucrates se tiennent aussi de futés électoralistes qui savent au fond d'eux-mêmes que le sens critique ne disparaîtra jamais totalement. Alors ils imaginent de nouvelles coalitions électorales, ils proposent de longues batailles pour obtenir la représentation proportionnelle, tout ça pour se faire une petite niche au parlement et, qui sait peut-être un jour, pouvoir déléguer un pion dans un futur gouvernement du "centre pluriel". Et quand ça se corse vraiment, quand la colère des jeunes est sur le point d'atteindre la rue, alors il y a ces autres éteignoirs, les professionnels de la non-violence qui veulent aussi faire leur éducation: couchez-vous par terre, ne frappez jamais un policier dans l'exercice de ses fonctions, nettoyez vos graffitis, souhaitez être emprisonné car vous attirerez la pitié et les grands médias parleront de vous.

Il ne s'agit pas de nier que ces différentes réponses partielles aux problèmes du capitalisme réussissent selon les circonstances à pénétrer plus ou moins efficacement les organisations et les luttes des jeunes. Mais jamais par contre ne vont-elles générer une pratique révolutionnaire, ni dans la jeunesse, ni au sein du prolétariat en général.

Notre conception est la suivante: le prolétariat n'a de liberté politique, donc n'est le sujet de sa propre histoire (plutôt que l'éternel objet de la politique des autres) que par l'action révolutionnaire et qu'au moyen du parti révolutionnaire. Quand nous disons: VIVE LE FRONT ROUGE DES JEUNES!, nous affirmons que l'action révolutionnaire des jeunes ne doit pas être brimée, circonscrite, contenue, rapetissée par le réformisme le plus plat, mais qu'elle doit au sens propre du terme être puissamment libérée par un mouvement audacieux, un mouvement communiste prolétarien. Les jeunes dans les écoles, dans la rue, les jeunes dans les usines et les entreprises vont demeurer d'éternels esclaves, des numéros, des non-êtres politiques tant et aussi longtemps qu'ils et elles ne porteront pas la confrontation au cœur de la société bourgeoise.

Regardons l'anecdote suivante. Au début des années 1930 en Allemagne se tient à Berlin une assemblée dans une vaste salle remplie de chômeurs. Au programme, une conférencière communiste venue d'URSS, Asja Lacis. À un moment donné de l'assemblée un groupe de nazis, organisés dans les SA de l'époque, jettent le brouhaha dans la salle et s'en prennent à la conférencière. "Dehors l'agitatrice rouge de Moscou!", crient-ils. La bagarre éclate avec les chômeurs. Asja Lacis se rappela longtemps ce qu'elle vit alors: "Comme surgis du sol, les jeunes du Front rouge accoururent vers moi. Ils me crièrent: Camarades, n'aie pas peur!"

En l'espèce, ce n'était qu'un petit événement comme l'histoire en a connu des milliers d'autres. En réalité par contre, c'est aussi une leçon éclatante de ce que le contenu de la révolution (d'aucuns diront "le projet") est protégé, existe, respire, reste vivant et progresse par l'organisation, par le collectif politique, par la solidarité et l'unité dans l'action, par le parti.

Si nous voulons faire avancer des idées capables de bouleverser la bigoterie, la mesquinerie et l'étroitesse de la société bourgeoise, il nous faut une organisation communiste prolétarienne. Le Front rouge des jeunes, c'est justement cela: l'unité d'action des jeunes dans les écoles, dans la rue et dans les usines, derrière la bannière de la révolution communiste!

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Article paru dans Arsenal-express, nº 40, le 6 mars 2005.

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