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Negroponte, tsar du renseignement impérial

Anonyme, Jueves, Febrero 24, 2005 - 22:29

Jean Guy Allard

• Un ex-ambassadeur des États-Unis à Tegucigalpa a raconté comment 32 Salvadoriennes ont été lancées depuis un hélicoptère en plein vol, à la connaissance de l'actuel tsar du renseignement impérial

Granma International Édition en français
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La Havane, Cuba, 17 Février 2005

Negroponte, tsar du renseignement impérial
• Un ex-ambassadeur des États-Unis à Tegucigalpa a raconté comment 32 Salvadoriennes ont été lancées depuis un hélicoptère en plein vol, à la connaissance de l'actuel tsar du renseignement impérial

PAR JEAN-GUY ALLARD, spécialement pour Granma international

DANS une entrevue avec deux reporters du quotidien Baltimore Sun, Gary Cohn et Ginger Thompson, un ex-ambassadeur nord-américain au Honduras, Jack Binns, racontait en 1996 comment 32 Salvadoriennes, plusieurs d'entre elles avec leurs enfants, avaient été lancées d'un appareil en vol, en avril 1981.

Pour Binns, il était évidemment impossible que le massacre, réalisé par un bataillon supervisé par la CIA, ait eu lieu hors de la connaissance de son successeur à ce même poste diplomatique. Celui-ci s'appellait John Negroponte, ce même individu choisi par George W. Bush comme premier tsar du renseignement du pays militairement le plus puissant du monde.

Il y a quelques semaines, le président nord-américain désignait comme nouveau chef de la CIA, le congressiste Porter Goss, un ex-agent de l'Agence qui a confessé au Washington Post avoir participé activement dans les années 60 aux actions terroristes menées contre Cuba depuis sa station JM/WAVE de Miami. Maintenant, comme Numéro Un du renseignement impérial chargé de l'informer quotidiennement de ce qui se passe dans le monde en cette matière, Bush a choisi un autre représentant de la terreur impériale.

Au Honduras, John Dimitri Negroponte a laissé le souvenir d'avoir été le parrain de la plus sanguinaire campagne de répression à avoir été déclenchée dans ce pays.

Arrêtées par la police secrète hondurienne le 22 avril 1981 à Tegucigalpa, la capitale, les femmes et leurs enfants avaient fui leur pays, après l'assassinat de l'archevêque Oscar Arnulfo Romero, dont l'une d'elles avait été secrétaire.

Après avoir été sauvagement torturées, elles ont été placées à bord d'un hélicoptère de l'armée salvadorienne. Quelques minutes après le décollage de l'aéroport de Tegucigalpa, elles ont toutes été lancées hors des appareils. Les enfants ont été confiés à des militaires salvadoriens et on n'a plus jamais rien su à leur sujet.

Avec la présence de Negroponte, puis d'un nouveau chef de station de la CIA, Donald Winters, la terreur a connu un spectaculaire essor dans la répression tout autant des insurgés que des adversaires politiques de l'extrême-droite du pays.

Des victimes des organes de répression ont raconté, des années plus tard, comment leurs bourreaux les étouffaient avec un masque de caoutchouc, fait d'un morceau de peu d'automobile et surnommé «le capuchon» qui empêchait de respirer à la fois par la bouche et le nez. Ils utilisaient aussi des cordes pour surprendre les prisonniers au plafond et les torturer. Les femmes étaient systématiquement violées. Des survivants ont raconté comment ont utilisait le courant électrique pour ces séances de torture durant lesquelles ont leur infligeait des chocs aux parties génitales.

LE «MISTER VIETNAM» DU CONSEIL DE SECURITE DES ETATS-UNIS

Fils d'un multimillionnaire grec, né en Grande-Bretagne et éduqué en Suisse, Negroponte a été élève de l'université élitiste de Yale (celle des Bush) et a commencé à 25 ans une carrière diplomatique au cours de laquelle il s'est distingué par sa disposition à exécuter toutes les tâches sales.

Homme de confiance des cercles d'extrême-droite, lié à la mafia anti-cubaine, Negroponte a été durant 37 ans le plus vif mercenaire diplomatique des administrations républicaines.

Son travail durant les quatre ans qu'il a passés comme conseiller politique de l'ambassade nord-américaine à Saigon, en pleine guerre du Vietnam, a été apparemment si efficace qu'il s'est converti en « Mister Vietnam » du Conseil de sécurité national qui s'occupait des relations extérieures à l'époque de l'extrémiste de droite Henry Kissinger.

Il a ensuite participé à la négociation des accords de paix de Paris où il a réussi à se brouiller avec Kissinger... en l'accusant de faiblesse face aux Vietnamiens.

Au Honduras, envoyé par Ronald Reagan pour relever l'ambassadeur "libéral" Jack Binns, Negroponte s'est chargé de donner une pleine impulsion à toutes les opérations répressives tant au Nicaragua qu'au Salvador.

Il a transformé le Honduras au point où on a surnommé ce pays «USS Honduras», dans la presse nord-américaine, comme s'il s'agissait d'un porte-avion de plus du Pentagone.

UNE RELIGIEUSE EN ENFER

Laetitia Bordes, une religieuse qui a travaillé au Salvador durant près de 20 ans, a publié en 2001, dans une lettre ouverte, le récit de sa rencontre avec John D. Negroponte, à Tegucigalpa, en mai 1982, quand elle a été faire enquête sur la disparition des 32 Salvadoriennes.

«John Negroponte nous a écouté tandis que nous exposions les faits, a raconté la religieuse. Il y avait des témoins visuels de la capture et nous avions lu toute la documentation que d'autres avaient réunies. Negroponte a nié catégoriquement toute connaissance du sort de ces femmes. Il a insisté pour dire que les États-Unis n'intervenaient pas dans les affaires du gouvernement du Honduras et que nous aurions intérêt à converser du sujet avec ces derniers».

De façon évidente, Negroponte mentait totalement.

En 1994, la Commission des Droits de l'Homme du Honduras a publié un rapport sur tout l'épisode des activités de terrorisme militaire et a accusé directement John Negroponte d'innombrables violations des Droits humains.

Ce ne fut qu'en 1995, finalement, avec la publication des articles du Baltimore Sun, que Laetitia Bordes a appris le sort des Salvadoriennes.

John Negroponte est l'un des dinosaures de l'ère Reagan que George W. Bush a réuni pour conformer son administration, tels que les Otto Reich, Elliot Abrams, Roger Noriega et les autres.

Cet anti-communiste obsessif, lié à la Miami terroriste, aura maintenant la tâche de coordonner le travail des quinze agences d'information et d'espionnage du pays.

Il reste maintenant à Negroponte à passer l'examen du Congrès. Ce qu'il fera aisément. Ses crimes du Honduras ont déjà été placés dans les archives en 2001 lorsqu'on l'a nommé ambassadeur à l'ONU, porté par le grand vent de folie de droite qu'a fait souffler le 11 septembre.

George W. Bush peut dormir tranquille.

Dans quelques jours, l'individu qui a falsifié délibérément ses rapports sur les droits de l'homme pour le Département d'État durant tout son séjour au Honduras, lui remettra personnellement tous les matins, à 7 heures, le bulltein de "renseignement" avec lequel il déjeune.

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site de l'édition digital de l'hebdomadaire cubain
www.granma.cu


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