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Une page d'histoire à célébrerEric Smith, Domingo, Febrero 20, 2005 - 22:38
Arsenal-express
Il y a cinq ans, le 22 février 2000, une manifestation historique avait lieu à Québec à l'occasion de la soirée d'ouverture d'une de ces grandes messes que le gouvernement péquiste de l'époque avait l'habitude de célébrer: en l'occurrence, il s'agissait du "Sommet du Québec et de la jeunesse", organisé sous le patronage direct du Premier ministre Lucien Bouchard. Le 22 février 2000, il y a cinq ans, une manifestation historique avait lieu à Québec à l'occasion de la soirée d'ouverture d'une de ces grandes messes que le gouvernement péquiste de l'époque avait l'habitude de célébrer: en l'occurrence, il s'agissait du "Sommet du Québec et de la jeunesse", organisé sous le patronage direct du Premier ministre Lucien Bouchard. Fidèle à son projet corporatiste visant à encourager et à institutionnaliser la collaboration de classes, le PQ avait convoqué tous les "acteurs sociaux" (syndicats, organisations patronales, groupes de jeunes, organisations communautaires, associations étudiantes...) à un grand forum de deux jours, pour discuter des problèmes des jeunes et laisser croire qu'il allait s'en occuper (le but était en fait d'étouffer leur colère et d'en conscrire un certain nombre aux fins d'appuyer son sacré projet "d'union nationale"). Quelques semaines avant la tenue de l'événement, des militantes et militants, notamment du défunt groupe Action socialiste (qui a donné naissance au PCR-co en novembre 2000), du Mouvement pour le droit à l'éducation (le MDE) et de l'Association de défense des droits sociaux du Montréal-métropolitain (l'ADDS), ont lancé un appel à manifester à l'ouverture de ce forum, prévue pour le 22 février au Grand théâtre de Québec. Le journal Le Drapeau rouge avait en outre publié un numéro spécial qui fut diffusé à plusieurs milliers d'exemplaires dans plusieurs villes du Québec, appelant à "attaquer le sommet!" et à faire en sorte qu'il n'ait tout simplement pas lieu. Pour le petit noyau de maoïstes qui tentaient alors de renouveler l'action politique révolutionnaire au Québec, cette campagne constitua une extraordinaire occasion d'en promouvoir la nécessité et d'en montrer la possibilité. Jusque là, une manifestation, plus souvent qu'autrement, c'était essentiellement un spectacle destiné aux médias où on allait s'asseoir par terre en attendant que Philippe Duhamel nous ordonne de se laisser mettre en état d'arrestation. (Pour les plus jeunes parmi nos lectrices et lecteurs, précisons que le dénommé Duhamel était un apôtre de la "désobéissance civile non-violente" qui sévissait dans plusieurs mouvements sociaux; cet individu est aujourd'hui tombé dans l'oubli, fort heureusement.) Dans une certaine mesure, on peut affirmer que la mobilisation populaire du 22 février 2000 a rendu possible l'attaque historique qui a eu lieu un an plus tard, toujours à Québec, à l'occasion de la tenue du Sommet des Amériques. Ainsi donc, le soir du 22 février 2000, des centaines de manifestantes et manifestants (jusqu'à 2 000 personnes, une fois que tous les autocars ont fini par arriver...) ont pris d'assaut le Grand théâtre, où elles et ils ont été accueilliEs par des flics littéralement paniqués et inaptes à défendre la forteresse péquiste, où se massait tout le gratin de la bourgeoisie (y compris même la représentante du consulat états-unien). Les flics ont exceptionnellement utilisé les gaz lacrymogènes (cela n'était pas encore devenu une pratique systématique comme c'est désormais le cas aujourd'hui...), dans l'espoir de repousser les manifestantEs. Mais les vitres du Grand théâtre ayant volé en éclats, l'effet des gaz s'est fait sentir jusqu'à l'intérieur, au point où Lulu 1er fut contraint d'annuler l'événement et de s'enfuir par la voie des airs. Afin de commémorer cette page d'histoire, nous reprenons ici quelques extraits du compte-rendu que Le Drapeau rouge en avait fait: "Contrairement aux manifestations habituelles qui ont l'air de grandes parades bien tranquilles, il n'y avait là ni service d'ordre pour contrôler les manifestantes et les manifestants et les empêcher de s'exprimer, ni discours lénifiant pour les endormir, ni système de son tonitruant pour enterrer leurs cris: il y avait seulement des manifestantes et des manifestants, jeunes et moins jeunes, motivéEs et enthousiastes, déterminéEs à exprimer clairement leur volonté d'attaquer le Sommet! -- ce rendez-vous de la haute gomme de la société québécoise qui croyait pouvoir encore comploter en paix sur le dos des plus pauvres. [...]" "Au fur et à mesure qu'on approchait de la tenue du Sommet, il est apparu de plus en plus clairement que tout cet exercice n'était que de la frime. Même les quelques groupes de jeunes contrôlés par le PQ et soigneusement choisis par lui pour y participer ont commencé à émettre des critiques quant à l'organisation de l'événement, notamment quant au fait que les conclusions semblaient tracées d'avance et que les jeunes y seraient en minorité." "De fait, la veille de l'ouverture du Sommet, le scandale éclatait alors que le quotidien La Presse annonçait qu'une brochette d'une trentaine des plus gros big shots québécois (les Péladeau, Bérard, Sirois, etc.) avait soupé avec Lucien Bouchard et le ministre de l'Éducation François Legault pour décider à l'avance des résultats du Sommet! C'était donc ça, la 'grande consultation' organisée par le PQ... Il n'en fallait pas plus pour convaincre les opposants et opposantes au Sommet de redoubler d'ardeur et de saboter cette mascarade." "Le 22 février au soir, les centaines de manifestantes et de manifestants venuEs perturber le spectacle où Bouchard devait prononcer son discours d'ouverture se sont donc approchéEs des portes du Grand théâtre, tentant d'annuler purement et simplement l'événement. Rapidement, les flics de la police municipale de Québec se sont interposés et ont utilisé les gaz lacrymogènes pour repousser la foule en colère. Pendant près de deux heures, les manifestantes et les manifestants ont combattu les assauts de la police avec les moyens du bord (essentiellement des balles de neige, mais aussi quelques cocktails molotov qui ont pris la flicaille par surprise), forçant finalement le PQ à annuler l'événement. [...]" "En attaquant le Sommet du Québec et de la jeunesse, c'est non seulement le Sommet comme institution politique que nous avons dénoncé, mais c'est aussi, voire surtout, le sommet de la société -- cette minorité de bourgeois qui trônent dans les hautes sphères et dont la richesse et l'opulence proviennent directement du labeur de la base, i.e. du prolétariat exploité." Le 22 février 2000: une date et un événement à se remémorer, à chaque fois qu'on se prépare à une manifestation... ----- Article paru dans Arsenal-express, nº 38, le 20 février 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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