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Petit résumé de la "démocratisation "de l'Irak...pythagore, Viernes, Febrero 11, 2005 - 08:54 (Analyses | Imperialism) Comme ça, l'élection irakienne serait un "triomphe de la démocratie" et légitimerait après-coup l'invasion de ce pays par les États-Unis et leurs satellites. Une petite mise en contexte s'impose ici... Quelle « démocratisation » pour l’Irak ? « Victoire de la démocratie », « Jour historique en Irak », les grands titres se sont succédés au cours des dernières semaines. Aucune phrase n’était trop fleurie pour emboîter le pas à Georges W. Bush qui pavoisait dans son discours sur l’état de l’Union. On nous a dit que les Irakiens étaient sortis en grand nombre(taux de participation de 72 %) « malgré les attentats », lesquels avaient d’ailleurs « diminué » pour aller voter, « au risque de leur vie », validant par là, il fallait le comprendre, la guerre entreprise par les Etats-Unis il y a près de deux ans. Quant à la diminution des attentats, signalons que cette journée électorale a quand même vu 50 morts. Il est vrai qu’un seul était un soldat américain et que les autorités d’occupation tiennent tellement aux droits des Irakiens qu’elle ne comptent pas les morts irakiens, qu’ils soient combattants ou non-combattants… Personne ne semble non plus avoir remarqué que cette élection s’est déroulée pratiquement sans campagne électorale, étant donné qu’une telle campagne aurait mis en danger la vie des candidats. Le résultant obligatoire est que les Irakiens ont largement voté pour des candidats dont ils ignoraient l’identité ! Pour leur part, des représentants des minorités chrétiennes, yézidis et turkmènes protestent déjà contre le fait que les bureaux de votes n’ont jamais ouvert dans leurs circonsriptions.3 Gageons qu’ils auront quand même des « représentants ». Un peu comme en Ohio en novembre 2004… Évidemment, que des élections puissent se tenir en Irak est en soi un fait positif en autant qu’elles soient minimalement honnêtes ce qu’il est trop tôt pour affirmer et le passé de l’équipe républicaine dans son propre pays ne permet pas de lui donner le bénéfice du doute sans preuve. Pour l’instant, on ne peut que le souhaiter. Mais les élections ne sont qu’un aspect de la reconstruction de l’Irak. La principale puissance occupante, les USA, a déjà entrepris plusieurs projets qui permettent, mis ensemble, de se faire une idée du genre de destin politique qui attend ce pays. Tout d’abord, il existe 4 bases militaires américaines permanentes en Irak et d’autres sont en construction, ce qui n’indique pas une volonté d’évacuer ce pays de sitôt, de la part de l’administration républicaine, qui refuse d’ailleurs toujours d’examiner un éventuel calendrier pour le départ de 100 000 soldats de la force d’occupation. 4 Ajoutons qu’à l’époque, malgré l’aide massive des Etats-Unis à l’armée salvadorienne et l’effondrement de l’URSS, principal soutien de la guerilla, celle-ci ne fut pas écrasée. On ne put obtenir mieux qu’une solution négociée ! Le prix pour en arriver là : 75 000 morts dans un pays minuscule. Donc, à côté des « élections », les « escadrons de la mort » et les bases militaires sont deux volets du futur régime politique de l’Irak. Il y en a d’autres. L’inconnue entourant les morts irakiens n’est pas sans rappeler la chape de silence qui pesait sur les pays sud-américains à l’époque des dictatures de droite des années 70. D’un côté, une revue scientifique, de « Lancet » qui, par une étude démographique arrive à la conclusion qu’au moins 100 000 irakiens ont péri dans l’année qui a suivi l’invasion de leur pays par la coalition, des suites de la guerre. Ce chiffre n’est pas démenti par les organismes tels que Human Right Watch qui additionnent les cadavres identifiés et arrivent à des totaux variant de 10 000 à 37 000. 8 Ceux-ci admettent qu’ils sous-estiment le total des décès et c’est compréhensible. Les autorités d’occupation seraient les mieux placées pour faire un tel dénombrement mais refusent de le faire. 9 Ce silence fait suite, rappelons-le, à une série de mensonges. L’administration Bush, depuis le 11 septembre 2001, n’a cessé d’aligner une campagne de désinformation après l’autre : les Talibans possédaient des armes biologique, Ben Laden était caché dans une immense forteresse souterraine capable d’abriter des tanks et des avions, l’Irak avait acheté de l’uranium enrichi au Nigeria, un « Axe du Mal » existait entre l’Irak, l’Iran et la Corée du Sud, l’Irak était complice des attentats du 11 septembre, des liens existaient entre Al-Qaeda et Saddam Hussein, l’Irak possédait un immense arsenal d’armes de destruction massive. Pour n’en citer que quelques-unes, toutes fidèlement relayées par la machine de propagande conservatrice que sont devenus les médias américains et une bonne partie de ceux du reste de l’Occident. Certains, après tout cela, prennent au sérieux la dernière trouvaille de ce dispositif de désinformation : il s’agit cette fois, d’apporter la « démocratie » en Irak et la « liberté » aux Irakiens. Un individu avec une pareille feuille de route en matière de vérité serait considéré comme un menteur pathologique. Mais il faudrait donner le « bénéfice du doute » aux autorités américaines et à leurs auxiliaires… Il est plus probable que les vrais objectifs américains sont ceux exprimés par Dick Cheney dans un rapport sur la politique de défense en 1992 : « Notre principal objectif est de demeurer la puissance dominante dans la région et de préserver l’approvisionnement américain et occidental en pétrole. » 10 "United States officials were surprised and heartened today at the size of turnout in South Vietnam's presidential election despite a Vietcong terrorist campaign to disrupt the voting. According to reports from Saigon, 83 percent of the 5.85 million registered voters cast their ballots yesterday. Many of them risked reprisals threatened by the Vietcong. A successful election has long been seen as the keystone in President Johnson's policy of encouraging the growth of constitutional processes in South Vietnam." – "U.S. Encouraged by Vietnam Vote," The New York Times, Sept. 4, 1967 Huit ans et des millions de morts plus tard, alors que les forces américaines évacuaient piteusement le Sud-Vietnam, ce pays qui n’existe plus, le « triomphe » annoncé alors prenait une couleur différente. Les Américains ont pleuré sur leur sort pendant une décennie alors que les Vietnamiens n’ont pas fini de subir les conséquences d’un conflit interminable. Encore aujourd’hui, les effets des défoliants employés à l’époque affectent la santé des bébés vietnamiens et des paysans sont encore victime des mines antipersonnel laissées par les Américains. Qui ont toujours refusé d’aider au déminage. Et la démocratie n’existe pas pour autant dans un des derniers pays communistes de la planète. André Pelchat, L’Avenir , Québec (1) Dahr Jamail What they’re not telling you about the « Election ». Iraq Dispatches February 01, 2005, |
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