Multimedia
Audio
Video
Photo

''La révolution sera communiste ou ne sera pas'' ( trente ans après )

calvaire01, Sábado, Febrero 5, 2005 - 17:44

R. S.

Le cycle de luttes actuel contraint de rompre avec l’idée que l’abolition de toutes les classes serait un « but », un « résultat », une « mission », un « aboutissement », un « résultat final ». La révolution communiste est, dès le départ, mouvement de communisation, abolition des rapports capitalistes et négation du prolétariat. Nous sortons de l’alternative : ou bien le travail est dissous tout de suite et c’est l’ « humanité » qui fait la révolution, ou bien le prolétariat fait la révolution comme quelque chose d’extérieur à son propre processus de négation et se dissout « après ». Le prolétariat abolit les rapports capitalistes, c’est-à-dire commence à détruire l’échange mondial, la valeur et le salariat en menant une guerre civile dont le contenu social est sa disparition.

« La révolution sera communiste ou ne sera pas » ( trente ans après )

Le texte qui suit est simultanément un plagiat et une réécriture souvent critique (et même contraire) du texte de la Tendance de RI, publié en 1974 : La révolution sera communiste ou ne sera pas. Les chartistes trouveront le texte original intégral dans Rupture dans la théorie de la révolution - textes 1965-1975, Ed. Senonevero.

Le cycle de luttes actuel contraint de rompre avec l’idée que l’abolition de toutes les classes serait un « but », un « résultat », une « mission », un « aboutissement », un « résultat final ». La révolution communiste est, dès le départ, mouvement de communisation, abolition des rapports capitalistes et négation du prolétariat. Nous sortons de l’alternative : ou bien le travail est dissous tout de suite et c’est l’ « humanité » qui fait la révolution, ou bien le prolétariat fait la révolution comme quelque chose d’extérieur à son propre processus de négation et se dissout « après ». Le prolétariat abolit les rapports capitalistes, c’est-à-dire commence à détruire l’échange mondial, la valeur et le salariat en menant une guerre civile dont le contenu social est sa disparition.
Le Mouvement Communiste, Echanges, les textes de Raoul dans le Cercle de discussions de Paris, L’oiseau Tempête, Aufheben, ou même Trop Loin, en bref tous les tenants actuels de l’Autonomie juxtaposent une vision qui reste celle de l’ancien mouvement ouvrier du XIXe siècle et de la majeure partie du XXe et des positions qui la remettent explicitement en cause. Ils demeurent dans une problématique caduque : la classe doit exister pour elle-même, s’unifier pour faire la révolution. Or toute l’expérience des luttes quotidiennes tend à démontrer que les « conditions » mêmes qui définissent ces luttes comme revendicatives (le salariat) déterminent l’impossibilité de s’unifier. Le prolétariat ne s’unifie que de façon révolutionnaire, en abolissant ses conditions d’existence. Les ouvriers ne peuvent plus s’unifier qu’en détruisant ce qui les divise, le salariat. S’ils ne peuvent plus utiliser la démocratie, la politique, le frontisme, les alliances et compromis interclassistes, reprendre la proclamation de Gorter « le prolétariat est seul » ne sort pas des fausses questions du programmatisme. Le prolétariat n’est qu’une minorité de la population mondiale et en période de crise sa partie échangeant sa force de travail pour sa valeur d’usage de travail productif de plus-value risque, avec le chômage, d’en représenter encore moins, en outre le salariat lui-même fragmente la classe et permet d’en opposer toutes les fractions (nationales, statutaires, ethniques ...). Face à plus de deux milliards de sans-réserves non salariables (chômeurs, lumpens, petits producteurs ruinés, salariés improductifs, scolaires sans débouchés, etc. ), la réponse frontiste de Lenine (négociation- compromis - alliance), mène à la contre-révolution capitaliste, la réponse impuissante de Gorter (« on est tous seuls ») mène au massacre. A partir du mouvement social en Argentine, on peut dire que prendre la posture radicale pour condamner l’interclassisme en prônant l’action du prolétariat tout seul ne revient qu’à choisir entre deux types de défaites et de contre-révolution. Ce mouvement a posé concrètement le problème : le prolétariat ne peut intégrer les « exclus » et les couches petites-bourgeoises qu’en communisant la société. Il n’y aura pas de « période de transition » où, maîtres de la société, les ouvriers régleront les rapports entre les classes.
Le propre du cycle de luttes actuel, c’est le déchirement du prolétariat qui voit dans chacune de ses luttes son existence comme classe s’objectiver dans la reproduction du capital comme quelque chose qui lui est étranger. Cette perte d’identité, il la vit jusque dans les faits les plus simples de sa vie quotidienne, de sa propre reconnaissance immédiate. C’est bien pourquoi il peut s’attaquer à la subordination des individus, comme individus moyens, sous leur appartenance de classe. La production par le prolétariat de son existence comme classe, comme une contrainte extérieure objectivée dans le capital est la nature même de l’activité révolutionnaire. C’est le dépassement du cours quotidien des luttes revendicatives produit à partir de ces luttes elles-mêmes et en leur sein. C’est la perspective offerte par ce cycle de luttes, non comme une transcroissance mais comme un dépassement produit. Pour comprendre la production du communisme, c’est au contenu de cette remise en cause par le prolétariat de sa propre existence comme classe qu’il faut s’intéresser. La classe trouve alors, dans ce qu’elle est contre le capital, la capacité de communiser la société, au moment où simultanément, elle traite sa propre nature de classe comme extériorisée dans le capital. La contradiction entre les classes est devenue la « condition » de sa propre résolution comme immédiateté sociale de l’individu.
Le prolétariat, défini dans l’exploitation est la dissolution des conditions existantes en ce qu’il est non-capital, il trouve là le contenu de son action révolutionnaire comme mesures communistes : abolition de la propriété, de la division du travail, de l’échange, de la valeur.
C’est parce que le prolétariat dans son rapport contradictoire au capital est la dissolution des conditions existantes que la contradiction qu’est l’exploitation peut, à un moment de sa propre histoire, prendre cette forme de l’appartenance de classe comme contrainte extérieure dans le capital. Cette structure de la contradiction entre le prolétariat et le capital n’est que ce contenu de la contradiction (le prolétariat comme dissolution des conditions existantes sur la base des conditions existantes) en mouvement, ce contenu comme forme. Cette structuration de la contradiction n’est pas le cadre dans lequel se manifesterait un contenu immuable, une nature révolutionnaire de la classe, une définition préexistante. C’est de par ce qui est au coeur de cette situation de dissolution des conditions existantes dans le rapport contradictoire au capital, c’est-à-dire de par la non-confirmation du prolétariat dans la contradiction, de par le fait qu’aucun des éléments de sa définition ne soit quelque chose qui le confirme dans ce rapport, que la contradiction entre prolétariat et capital, qu’est l’exploitation, peut se structurer comme extranéisation de l’appartenance de classe. Cette structure de la lutte de classe est alors en elle-même un contenu, c’est à dire une pratique. Etre la dissolution des conditions existantes comme classe s’impose dans l’extranéisation de l’appartenance de classe comme quelque chose à dépasser, en même temps qu’elle s’impose comme le présupposé de ce dépassement, qu’elle fournit les axes de celui-ci comme pratique, comme mesures communistes dans la révolution.
Le prolétariat est la dissolution de la propriété sur la base de la propriété. Comme propriété, c’est son activité elle-même qui se dresse face à lui. Sur la base de la propriété, il est la dissolution de la forme autonome de la richesse. En tant que négation de la propriété comme rapport interne à la propriété, le prolétariat est la présupposition nécessaire du dépassement de l’appropriation sur le mode de l’avoir, dissolution de l’objectivité face à l’activité comme subjectivité, dépassement de la détermination contradictoire de la richesse comme objectivité et subjectivité.
Le prolétariat est la dissolution de la division du travail sur la base de la division du travail. L’aliénation que représente la division du travail n’est pas en soi dans le fait de fixer chaque individu dans un développement unilatéral, mais dans le fait que cette fixation n’existe qu’en corrélation avec l’accession à l’indépendance du caractère social de l’activité humaine. Dans le mode de production capitaliste la division du travail parvient à un stade où une classe peut être sa dissolution interne, et comme activité révolutionnaire, la présupposition de son dépassement.
En tant que travail vivant le prolétariat fait face à l’enchaînement du travail social objectivé dans le capital social. Producteur de plus-value, le prolétariat se rapporte à chaque capital en tant que partie aliquote du capital total. La capacité du prolétariat à traiter cet enchaînement comme totalité ne résulte pas seulement de ce que producteur de valeur, son travail n’est par là même attaché à aucune production particulière, mais encore être producteur de valeur cela implique le total développement de la division manufacturière. L’extrême division manufacturière du travail se rapporte au travail concret, mais elle n’existe que parce que ce travail concret doit se prouver comme travail abstrait, que par le double caractère du travail. Ainsi pour le prolétariat, être la dissolution de la division du travail sur la base de la division du travail, parce qu’il est travail vivant producteur de valeur et de plus-value, le fonde à produire le communisme parce qu’il est à même de traiter l’activité humaine comme totalité. En outre la relation, dans le prolétariat, entre la division sociale et la division manufacturière du travail, le fonde à traiter l’activité humaine comme totalité à partir de chaque activité particulière qui inclut cette totalité. Il ne s’agit plus alors de concevoir l’activité humaine en tant qu’elle est traitée comme totalité, au travers d’une réorganisation de la production, d’une globalisation, d’une planification, qui à nouveau ne ferait que définir les parties comme des accidents de la totalité (cf. la division du travail dans le mode de production asiatique ou la communauté traditionnelle). C’est là que gît, dans ce double aspect du travail qui est divisé (double aspect qui se détermine l’un l’autre dans la production capitaliste de la valeur), la capacité à produire cette immédiateté de l’enchaînement général du travail social dans chaque activité concrète, et non comme une globalisation, ou une résultante de ces activités. En fait cela signifie que l’activité humaine n’a alors d’autre but qu’elle même et son objet, sur lequel elle s’applique, et non plus une finalité externe (capital, valeur, reproduction de l’unité supérieure etc...).
Le prolétariat est la dissolution de l’échange et de la valeur sur la base de l’échange et de la valeur. Dans le système de la valeur, la négation d’elle-même passe nécessairement par sa forme en mouvement : l’échange.
Le premier aspect par lequel le prolétariat est négation de l’échange sur la base de l’échange repose sur l’échange du travail vivant contre du travail objectivé, échange dans lequel en définitive le capitaliste ne fait que remettre à l’ouvrier une partie de son travail précédemment objectivé. De là, contre le capital, le prolétariat trouve, dans ce qu’il est, la capacité, abolissant le capital, de produire et traiter l’activité humaine comme son propre processus de renouvellement en dehors de toute autre présupposition.
Le second aspect par lequel le prolétariat est la négation de l’échange sur la base de l’échange repose sur le fait que le capital est une contradiction en procès, en ce que pour se valoriser, il met en oeuvre du travail promu au rang de travail social mais qui n’est tel qu’ayant son caractère social objectivé en face de lui, ce n’est que dans ce rapport qu’on peut le qualifier de travail directement social. Les caractéristiques de l’accumulation du capital, l’universalisation et la socialisation du travail comme antagonisme au travail lui-même, fondent pour le prolétariat la capacité, abolissant le capital, de produire la situation dans laquelle toute activité trouve sa fin en elle-même, en ce qu’elle est présupposée par l’ensemble des activités singulières et les concentre.
Le prolétariat est donc la négation de l’échange sur la base de l’échange, en ce que l’échange est l’affirmation du caractère social de toute activité dans l’aliénation, comme extérieure à elle-même. Le processus de production et d’exploitation capitaliste ne peut mettre en oeuvre qu’un travail socialisé en vue de la création de valeur, c’est là une contradiction en procès qui dans le mode de production capitaliste, prend l’existence bien réelle de l’incapacité pour le travail vivant à valoriser la masse croissante du capital fixe où s’objective, séparé de lui, son caractère social.
Le prolétariat est en tant que classe, la dissolution des classes. Etre la dissolution des classes n’est pas être autre chose que la dissolution des conditions existantes, mais il ne s’agit pas du même niveau, être la dissolution des classes c’est être la dissolution des conditions existantes comme pratique, comme lutte de classe, c’est la dissolution des conditions existantes en ce que comme classe particulière cette dissolution est un sujet, une pratique révolutionnaire. Le prolétariat n’est jamais confirmé dans sa situation de classe par la reproduction du rapport social dont il est un des pôles. Il ne peut donc triompher en devenant le pôle absolu de la société.
Contre le capital, dans l’aspect le plus immédiat de sa pratique, de ce qu’il fait, le prolétariat ne veut pas rester ce qu’il est ; il ne s’agit pas là d’une contradiction interne. Il agit bien en tant que classe : se changer soi même et changer ces conditions coïncident. On a, à ce niveau, la dissolution des conditions existantes comme action d’un sujet, comme pratique résumant la dissolution des conditions existantes dans une classe, qui est la dissolution des classes simplement parce qu’elle lutte en tant que telle. C’est dans sa contradiction avec le capital que le prolétariat est une classe qui ne se détermine jamais positivement en elle-même, ce n’est donc que contre le capital et non en lui-même qu’il est la dissolution des classes.
L’appartenance de classe n’est pas en soi une aliénation par rapport à un individu isolé, une personne, qui devrait se définir, ou non, comme socialement membre d’une classe. L’appartenance de classe, être un individu particulier, est une aliénation dans la mesure où c’est nécessairement poser la classe antagonique, la séparation d’avec la communauté, comme sa propre définition d’être de la communauté.
Analyser le prolétariat comme dissolution des classes en tant que classe particulière n’aboutit qu’à comprendre comment abolissant le capital, le prolétariat trouve dans ce qu’il est, dans cette contradiction, la capacité à produire le communisme comme développement de l’humanité ne considérant rien de ce qui a été produit comme limite : auto-production de l’humanité ne posant aucun rapport social comme présupposition à reproduire, auto-production comme manque, passion, destruction et création constante, posant sans cesse le devenir comme prémisse. De la même façon que, dans le prolétariat comme classe particulière qui est la dissolution des classes, on avait la synthèse de toutes les autres dissolutions qu’est le prolétariat (propriété, échange, valeur, division du travail), dans son abolition comme classe, qui est produite dans la révolution, on retrouve le contenu positif du dépassement de toutes les aliénations, qui dans leurs diversités constituent le contenu des mesures communistes prises par le prolétariat au cours de la révolution..
L’immédiateté sociale de l’individu, cela signifie fondamentalement l’abolition de la division de la société en classes, scission par laquelle la communauté est étrangère à l’individu. On peut alors approcher positivement ce que sont les individus immédiatement sociaux, ou plutôt ce que sont les rapports d’individus immédiatement sociaux dans leur singularité (à ce point des choses le terme lui-même de « social » est ambigu, il n’est peut-être plus nécessaire). Leur auto-production dans leurs rapports réciproques n’implique jamais une reproduction dans un état qui serait une particularisation de la communauté, ce qui est impliqué par la division du travail, la propriété, et les classes. Les individus immédiatement sociaux traitent consciemment tout objet comme activité humaine et dissolvent l’objectivité en un flux d’activités (dépassement du prolétariat comme dissolution de la propriété sur la base de la propriété) ; ils traitent leur propre activité comme particularisation concrète de l’activité humaine (d° pour la division du travail) ; ils considèrent pratiquement leur production et leur produit, dans leur coïncidence, comme étant leur propre fin en soi et incluant leurs déterminations, leurs possibilités d’effectuation et leurs finalités (d° pour l’échange et la valeur) ; et finalement ils posent la société comme étant à produire constamment dans le rapport entre individus, et chaque relation comme prémisse de sa transformation (d° pour les classes).
Le dépassement des conditions existantes, c’est le dépassement de l’objectivation de la production. En cela le communisme est le dépassement de toute l’histoire passée, il n’est pas un nouveau mode de production et ne peut se poser la question de la gestion de celle-ci. C’est une rupture totale avec les notions d’économie, de forces productives, de mesure objectivée de la production. L’homme est un être objectif (qui se complète avec des objets extérieurs qu’il fait devenir pour lui) ; tout au long de son histoire, la non-coïncidence entre l’activité individuelle et l’activité sociale qui est le fait même de son histoire et qui n’a ni à être prouvée, ni produite abstraitement, prenait la forme chez cet être objectif de la séparation ( de l’objectivation) de l’acte productif et de la production d’avec lui-même, devenant le caractère social de son activité individuelle. Séparation, aliénation, objectivation, au cours de l’histoire de la séparation de l’activité d’avec ses conditions, constituèrent celles-ci en économie, en rapport de production, en mode de production.. Dissolution des conditions existantes du mode de production capitaliste, comme classe, le prolétariat, sans se figurer que toute l’histoire passée n’avait comme but que de parvenir à cette situation est la présupposition, dans sa contradiction avec le capital, du dépassement de toute cette histoire.

Le prolétariat est la dissolution des conditions existantes, mais il l’est sur la base de ces conditions, comme mouvement interne de celles-ci. C’est le mouvement du capital comme contradiction en procès qui est devenu dans le capital restructuré actuel et dans le cycle de luttes présent une contradiction entre les classes au niveau de leur reproduction respective.
Pour être une classe révolutionnaire, le prolétariat doit s’unir, mais il ne peut maintenant s’unir qu’en détruisant les conditions de sa propre existence comme classe. L’union n’est pas un moyen rendant la lutte revendicative plus efficace comme le voudrait Raoul, Echanges, l’Oiseau Tempête ou le Mouvement Communiste, elle ne peut exister qu’en dépassant la lutte revendicative, l’union a pour contenu que les prolétaires s’emploient à ne plus l’être, c’est la remise en cause par le prolétariat de sa propre existence comme classe : la communisation des rapports entre les individus. En tant que prolétaires, ils ne trouvent dans le capital, c’est-à-dire en eux-mêmes, que toutes les divisions du salariat et de l’échange et aucune forme organisationnelle ou politique ne peut surmonter cette division.
Marx, Engels et les meilleurs théoriciens (surtout anarchistes) de la révolution ouvrière programmatique voyaient parfaitement le saut, la discontinuité, entre les luttes pour le salaire et les luttes pour « l’abolition du salaire », mais ils percevaient la préparation et la maturation vers ce bond dans l’organisation au sein de la société capitaliste, sauf certains anarchistes individualistes au tournant du siècle précédent (cf. Jean-Yves Bériou, Théorie révolutionnaire et cycles historiques, in Rupture dans la théorie de la révolution - textes 1965-1975, Ed. Senonevero). Le pari des communistes était que, lorsqu’éclaterait la crise révolutionnaire, la classe serait armée organisationnellement et du point de vue de sa conscience. Il y a un saut, mais ce dernier est préparé par l’unification au sein de la société. Le tout est de savoir si le développement de la conscience et des fractions communistes sera suffisant pour que l’association devienne un parti de classe. « Si l’on compte comme parti ouvrier les chambres syndicales et les associations de grève qui luttent exclusivement, comme les syndicats anglais, pour un haut salaire et une réduction du temps de travail, mais par ailleurs, se moquent du mouvement, on forme en réalité un parti pour la conservation du salaire et non pour son abolition. » « (...) on ne peut parler ici de véritable mouvement ouvrier, puisque les grèves qui se déroulent ici, qu’elles soient victorieuses ou non, ne font pas avancer le mouvement d’un seul pas. A mon avis, elles ne peuvent être que nuisibles, les grèves... qui ne font pas avancer d’un pouce en direction des luttes ayant une portée universelle et historique, bref des grèves qui se font dans la ‘liberté’ telle qu’elle existe ici. » (Engels). Il y a dans ces quelques lignes et leur formidable exaspération l’intuition de la tendance à la transformation irréversible des organes pour la défense du salaire en organes de défense du salariat. Avec la fin de la révolution programmatique, l’association ne se fera plus que dans la destruction directe du rapport salarial, sinon, il n’y a pas d’association.
Alors que Marx pouvait constater que les ouvriers s’associaient et tendaient donc à devenir une classe-pour-soi autour de la lutte pour le maintien du salaire, aujourd’hui les ouvriers ne peuvent plus s’associer qu’en remettant en cause le rapport salarial et toutes les conditions existantes dans lesquelles ils sont inclus. Auparavant, le prolétariat était la dissolution des conditions existantes comme une négativité qu’il opposait aux conditions existantes, ne parvenant par là qu’à travailler à leur généralisation. Le dépassement de la division du travail était une juxtaposition d’activités, celui de la propriété une appropriation universelle, celui de la valeur et de l’échange une planification, et celui des classes une affirmation du prolétariat.
Le capital n’unifie plus le prolétariat pour lui-même, au contraire, il l’atomise, le rapport salarié n’est plus le terrain d’un début de processus d’unification du prolétariat, il est le marécage ou viennent s’embourber les moindres tentatives des ouvriers de s’unir sous quelque forme que ce soit (autonome ou politique), le terrain qu’il est contraint de dépasser pour affronter le capital et satisfaire ses besoins dont le premier, qui résume tous les autres, est sa propre disparition.
L’atelier, l’usine ou la nation, comme entités isolées, enserrées dans le réseau de l’échange, ne sont plus le cadre d’une possible organisation révolutionnaire des ouvriers, ils sont le lieu où s’effectue la dictature du capital. Le mouvement révolutionnaire partira de ces endroits, qui sont les centres de l’exploitation du travail, c’est évident, mais il ne sera communiste qu’en les faisant éclater. La nécessité actuelle de dépasser leur situation, les travailleurs salariés la retrouvent en leur sein, dans leur être, dans leur incapacité à s’associer sans remettre en cause le rapport qui les lie pour le capital et les divise pour eux-mêmes.
Le capital ne crée l’unité du prolétariat que contre lui-même, comme valeur se valorisant, le capital est l’unité du travail social sur la base de son morcellement dans l’échange, comme coopération le travailleur social est une fonction du capital face au travailleur isolé, comme division du travail son unité en dehors de lui. Il n’y a aucune force de travail potentiellement communautaire pas plus que de forces productives potentiellement unifiées en contradiction avec la perpétuation du travail salarié et de l’échange car elles ne sont, l’une et les autres, communautaires ou sociales que comme capital.
Si la force du prolétariat est dans sa situation de travail salarié, c’est que le caractère social de la production ne réside pas dans des conditions objectives étouffant dans les rapports de l’échange et du salariat, mais dans l’universalité aliénée des rapports sociaux dans le mode de production capitaliste. Cette universalité des rapports capitalistes ne peut être abolie qu’en l’affrontant dans son autonomisation, c’est-à-dire comme capital. Cela implique que seule la classe qui vit cette universalité des rapports comme autonomisation et objectivation, parce qu’elle est la classe du travail salarié est en contradiction avec elle et peut l’abolir parce que, dans sa contradiction, elle la reconnaît comme telle. C’est alors sa propre misère qu’elle abolit. Seule l’activité d’une classe, le prolétariat, peut connaître et abolir l’universalité des rapports capitalistes au niveau même de leur universalité, c’est-à-dire comme forme autonomisée des rapports que les individus entretiennent entre eux, et peut par conséquent les abolir comme tels tout en conservant toute la richesse du développement antérieur qu’ils présupposent. Ce n’est qu’ainsi, au cours de la lutte d’une classe contre le capital, qu’est produit l’individu immédiatement social. Il est produit par le prolétariat dans l’abolition du capital (ultime rapport entre le capital et le prolétariat) parce que la contradiction qui l’oppose à lui est l’exploitation, parce qu’il est travail salarié.
Mais, tant que leurs luttes demeurent dans le cadre du salariat, le rapport actuel des prolétaires aux moyens de production et à eux-mêmes les atomise, sapant toute tentative d’unification. Ils sont obligés, tant qu’ils ne s’attaquent pas aux rapports marchands en s’emparant collectivement de tous les biens en détruisant leur distinction de biens de consommation ou de production, de satisfaire leurs besoins matériels tels qu’ils sont divisés, déterminés, modelés par le capital (l’un a des traites, l’autre des enfants, celui-ci une position « privilégiée », celui-ci appartient au secteur public, celui-là au secteur privé, celui-là a une carte de séjour qui expire, etc. ).
Il faut le dire carrément : l’ « unité des travailleurs salariés », c’est au mieux un vœu pieux et au pire une utopie capitaliste. La « solidarité » des avec et sans-emploi, c’est un programme réactionnaire d’institutionnalisation de la division entre le bagne salarié et l’enfer du chômage, avec partage de la misère, alors que la seule perspective, c’est détruire le salariat, intégrer à la production communautaire ceux que le salariat ne peut absorber. Une théorie et une pratique qui préconisent, 1’ « unité des salariés » ou la « solidarité » avec les chômeurs, au lieu de comprendre que seul l’assaut des prolétaires contre l’échange est le moyen d’intégrer les chômeurs dans d’autres rapports, figent chaque ouvrier, corporation, usine, employé, chômeur dans « sa » situation particulière et dans une vision parcellaire de sa classe et du monde. Dans cette vision, l’ « unité » de la classe est envisagée comme quelque chose sans contenu, une forme extérieure : parti, Etat, loi, vraie démocratie, principe moral, autonomie et auto-organisation, etc.
Ceux qui voient que la révolution ne peut être que communisation (abolition de toutes les classes), parce qu’ils se contentent de théoriser dès à présent l’atomisation du prolétariat et/ou l’inessentialisation du travail comme une tendance accomplie, concluent que le prolétariat soit n’existe plus comme classe, soit qu’il ne peut plus être révolutionnaire. Ils n’ont pas vu que cette atomisation et cette inessentialisation ne sont qu’une face de la contradiction qu’est l’exploitation, ils n’ont vu dans le capital restructuré que la disparition de l’identité ouvrière confirmée dans la reproduction du capital, mais ils n’ont pas vu le mouvement d’ensemble qui produit le moment isolé qu’ils aperçoivent. Ils ont saisi quelque chose que les idéologues de l’unité auto-organisée du prolétariat nient, mais ils n’ont pas compris la raison d’être de ce qu’ils voient. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus montrer un mouvement ouvrier organisé, explicite, visible et continu, c’est pourquoi s’il est facile de se moquer de ceux qui ont décrété la disparition du mouvement prolétarien, il est plus difficile de leur répondre.
Leur répondre en prenant aux sérieux leurs objections, c’est revenir sur les trois moments de l’exploitation. Dans le premier moment (l’achat-vente de la force de travail), le travail productif fait face au capital comme travail du travailleur individuel isolé. Dans le deuxième moment, le capital est le procès de consommation de la valeur d’usage de la force de travail : le travail vivant. Cette valeur d’usage appartient au capital et développe ses forces sociales comme forces sociales du capital, sa socialisation n’est pas celle du travailleur mais propriété du capital, qui ne paie pas cette force de travail sociale, cela est inhérent au salaire. Le travail individuel exprimé en général, le rapport même de la valeur, est devenu rapport entre des classes. Le troisième moment est celui de la transformation de la plus-value en capital additionnel. Ce moment est celui où l’augmentation de la composition organique du capital transforme une partie de la classe ouvrière en surnuméraire, où du travail nécessaire est libéré et transformé en surtravail. C’est le moment où l’objectivation toujours croissante des forces sociales du travail dans le capital contredit le travail immédiat comme mesure de la valeur et le vol du temps de travail comme celle de la valorisation, mais il ne faut pas oublier la connexion interne des deux premiers moments.
Dans le cycle de luttes actuel, la contradiction entre les classes se situe au niveau de leur reproduction. Ce niveau est un développement nécessaire du capital, ce fut même la façon dont le capital, contre le cycle de luttes précédent, dépassa les limites de la valorisation dans la première phase de la subsomption réelle en s’appropriant de façon adéquate cette force de travail sociale qu’il avait lui-même créée. Aucun des trois moments ne peut alors être séparé et fournir la substance de la lutte du prolétariat contre le capital. Ni le premier moment sous la forme du pauvre et du dépossédé, ni le second sous la forme de l’ouvrier collectif revendiquant la gestion du capital et l’appropriation de sa socialité objectivée face à lui dans le capital, ni bien sûr le troisième moment en tant que transformation du prolétariat en classe universelle, ce qui serait une sorte d’immédiatisme du communisme dans ce cycle de luttes.
Dans la mesure donc où les trois moments apparaissent comme indissociables, comme le procès unique de la définition de la contradiction entre le prolétariat et le capital, dans la mesure même où la contradiction acquiert comme contenu l’unité de ses trois moments, pour le prolétariat, le capital est devenu réellement ses propres forces sociales objectivées, sa propre existence sociale en dehors de lui-même et elles n’existent qu’en tant que telle. Son existence propre, immédiate, pour lui-même, s’exprime comme collection de vendeurs individuels de force de travail. Si nous en restions là, nous n’aurions obtenu qu’une contradiction interne au prolétariat ou au travail salarié. Valeur d’échange individuelle de la force de travail comme salaire, et valeur d’usage de la force de travail comme force de travail sociale objectivée dans le capital, si elles constituent bien un antagonisme dans la reproduction du capital ne forment pas pour autant une contradiction. Leur antagonisme demeure une bataille sur le partage de la valeur produite et ne porte son dépassement que comme réappropriation des moyens de production, comme salariat généralisé et collectif. Nous n’avons là que les deux aspects corollaires de la force de travail face au capital comme valeur d’échange et comme valeur d’usage.
Mais il y a le troisième moment qui fait et boucle l’unité de la contradiction : la propre existence sociale du prolétariat objectivée dans le capital, face et contradictoirement à lui (c’est-à-dire une contradiction de classes) rend caduque son existence immédiate pour lui-même au travers des lois-mêmes de l’accumulation qui font du capital une contradiction en procès (se fondant sur le travail / supprimant le travail). Lorsque le prolétariat, produisant tout ce qu’il est comme force sociale dans le capital, affronte celle-ci comme force du capital (et qu’il se situe dans sa lutte à ce niveau, comme ce fut le cas dans la lutte de chômeurs et précaires de l’hiver 97 / 98), il ne développe pas une contradiction interne avec son existence immédiate de travailleurs individuels, car cette force sociale est bien celle du capital face à lui, mais il développe une contradiction avec le capital, où les deux aspects corollaires de la force de travail intègre le troisième terme. Sa lutte fait sien le troisième terme comme inessentialisation de son existence immédiate de travailleur productif individuel, c’est la capacité de la lutte de classe à s’élever au niveau de la revendication, contre le capital, de cette inessentialisation qui fait que le prolétariat se remet alors en cause tant comme travailleur productif individuel que comme force sociale objectivée dans le capital.
Le travail socialisé ne l’est que sur une base contradictoire. Tout d’abord, il s’oppose au travail immédiat productif de plus-value qui est toujours, parce que travail productif de valeur, travail de l’individu isolé devenant activité du capital. Ensuite, il est socialisé, non en lui-même comme travail, ou comme relation avec un autre travail, mais comme élément constitutif du capital, en tant que force sociale du travail objectivée et en tant que coexistence des travaux dans le capital circulant. Il devient travail social en opposition au travail immédiat, mais dans un rapport dont la valeur assure la connexion interne. Enfin, la transformation de la plus-value en capital additionnel, au travers de la baisse tendancielle du taux de profit, oppose à nouveau le travail immédiat à l’accumulation de la valeur, c’est l’inessentialisation du travail immédiat comme procès.
On construit ainsi la contradiction entre le prolétariat et le capital, dans les trois moments du cours de l’exploitation. Lorsque la contradiction se situe au niveau de la reproduction, dans cette unité des trois moments, la lutte du prolétariat, comme force de travail productive immédiate exploitée comme force sociale, est la remise en cause par elle-même de la classe dans sa lutte contre le capital. Le rapport du travail social au travail productif de valeur et de plus-value est devenu lutte de classes en intégrant la remise en cause du travail productif par le travail social lui-même. Dans ses propres forces sociales objectivées dans le capital, c’est sa propre existence de travail productif que le prolétariat reconnaît (la valeur constituant la connexion interne des éléments), dans la mesure même où elles sont activité du capital et non lui-même à l’extérieur de lui-même, et par là, du fait de cette médiation, c’est cette existence même, c’est-à-dire sa propre définition qui se dresse face à lui, qui est devenu, dans la lutte, une détermination à abattre. Le capital est, de façon contradictoire au prolétariat, objectivation nécessaire des forces sociales du travail, parce que le travail productif est travail individuel (c’est le rapport de la valeur), et la négation du travail productif immédiat individuel, parce que celui-ci n’est efficient qu’objectivé comme travail social. Pour le prolétariat, sa propre existence sociale objectivée dans le capital face à lui et contradictoirement à lui dans sa reproduction, rend caduque son existence immédiate pour lui-même.
Le prolétariat ne peut et ne veut rester ce qu’il est. Il faut le cycle de luttes actuel pour que le fait que le prolétariat ne se trouve jamais confirmé dans sa contradiction avec le capital, devienne quelque chose non pas que la classe combatte, mais la propre manifestation d’elle-même contre le capital. Le prolétariat prend lui-même en charge, à ce moment là, le mouvement qui est celui de sa propre caducité. Le prolétariat ne peut se rapporter au capital que comme à ses propres forces sociales objectivées, que comme à sa propre existence sociale à l’extérieur de lui-même et à son existence propre immédiate pour lui-même, que comme collection de vendeurs individuels de force de travail. Dans le troisième moment de l’exploitation qui boucle la reproduction du rapport entre les classes dans la baisse du taux de profit, la contradiction entre le prolétariat et l’existence de ses forces sociales comme capital ne s’achève qu’en incluant la caducité de son existence immédiate pour lui-même. Le prolétariat développe une contradiction avec le capital où les deux aspects corollaires du travail, d’être face au capital et d’être détermination du capital (individuel, forces sociales objectivées), intègre le troisième moment et par là sa remise en cause dans sa contradiction avec le capital. Quand le prolétariat entre en contradiction avec le caractère social de son activité objectivée face à lui, c’est de sa propre activité vivante de valorisation du capital dont il s’agit dans cette force sociale objectivée face à lui. Cela, dans le cycle actuel, ne peut prendre la forme d’une réappropriation car la contradiction n’est telle (contradiction), qu’en intégrant le moment de l’accumulation, de la reproduction du rapport comme caducité du rapport d’exploitation entre travail vivant et travail mort. C’est l’inessentialisation du travail qui devient l’activité même, la « revendication » du prolétariat.
En résumé, tant que l’on a une contradiction entre le prolétariat et le capital qui se limite aux deux premiers moments de l’exploitation, elle se résout comme programme de réappropriation par le prolétariat de ses forces sociales extranéisées. Le fait que ces forces sociales impliquent sans cesse sa propre inessentialisation en tant que travail productif était pour le prolétariat un phénomène extérieur à lui, une conséquence, non inclus dans sa propre définition ; il s’agissait de réguler à son profit. Quand la contradiction se situe au niveau de la reproduction, c’est-à-dire au niveau des trois moments de l’exploitation pris de façon synthétique, la contradiction entre les deux premiers moments devient une connexion, parce que le troisième moment, celui du retour du travail social contre le travailleur productif en tant que travailleur individuel, devient un moment de la contradiction en ce qu’il apparaît comme nécessaire à la reproduction de ce travailleur productif dans le moment même où il l’inessentialise (et ne le rend nécessaire qu’ainsi). L’unité des trois moments fait que les deux premiers apparaissent dans leur unité et que le troisième est inclus par là dans leur contradiction. Le travail productif dans sa contradiction avec l’objectivation des forces sociales du travail non seulement se voit en elles, mais encore les considère réellement comme capital, c’est-à-dire se voit en elles en ce qu’elles sont sa propre négation et se considère comme corollaire de ce qui le nie, considère ce qui le nie comme sa propre raison d’être à lui. L’activité du prolétariat est retour sur lui-même parce qu’elle est réflexion sur autre chose, apparaît alors que le prolétariat a son être en une autre chose. Celui-ci n’est pas une réflexion sur soi mais sur autre chose et sa propre raison d’être n’est telle que parce qu’elle est raison d’être d’autre chose. Le capital comme contradiction en procès devient luttes des classes au moment où le prolétariat contre le capital se remet lui-même en cause.
Tout cela peut bien sûr n’être vu que de façon négative, comme segmentation infinie et même atomisation du prolétariat, mais alors, en creux, cette vision négative ne peut s’empêcher de définir tout ce qui fait la radicalité de la lutte de classe actuelle. Dans Les métamorphoses de la question sociale, Robert Castel soumet la réussite, pour la classe capitaliste, de la restructuration du marché du travail, à la condition que les « victimes » continuent à se résigner à subir la situation qui leur est faite. « L’histoire du mouvement ouvrier permet de comprendre a contrario ce qui peut étonner dans l’actuelle acceptation le plus souvent passive d’une condition salariale de plus en plus dégradée. La constitution d’un force de contestation et de transformation sociale suppose que soit réunies au moins trois conditions : une organisation structurée autour d’une condition commune, la disposition d’un projet alternatif de société, et le sentiment d’être indispensable au fonctionnement de la machine sociale. Si l’histoire sociale a gravité pendant plus d’un siècle autour de la question ouvrière, c’est que le mouvement ouvrier réalisait la synthèse de ces trois conditions : il avait ses militants et ses appareils, il portait un projet d’avenir, et il était le principal producteur de la richesse sociale dans la société industrielle. Les surnuméraires d’aujourd’hui n’en présentent aucune. Ils sont atomisés, ne peuvent entretenir d’autre espérance que d’être un peu moins mal placés dans la société actuelle, et ils sont socialement inutiles. Il est dès lors improbable, en dépit des efforts de groupes militants minoritaires comme le Syndicat des chômeurs, que cet ensemble hétérogène de situations sérialisées puisse donner naissance à un mouvement social autonome. » (op cit., p. 441). En fait, l’analyse de Robert Castel est à la fois très pénétrante et totalement myope. Très pénétrante pour ce que furent les caractéristiques et la force du mouvement ouvrier ; totalement myope en ce qui concerne la situation actuelle. R. Castel passe à côté du fait que les chômeurs et les précaires sont loin d’être inutiles dans l’organisation actuelle de l’exploitation, ensuite il considère leur situation comme totalement étrangère à celle de l’ouvrier en activité, enfin et c’est l’essentiel, il ne conçoit la lutte du prolétariat que comme développement et affirmation du « mouvement ouvrier ». La classe ouvrière produit toute son existence sociale dans le capital ; elle pose dans cette recomposition l’abolition de la société capitaliste non comme la montée en puissance de sa situation actuelle et l’affirmation d’un projet de société à partir de cette situation qui est la sienne au sein de l’ancienne, mais parce que dans la lutte contre elle c’est sa propre situation qu’elle remet en cause et dont elle pose l’abolition. On passe totalement à côté du rapport contradictoire entre les classes maintenant, si on pense que « les inutiles au monde ont le choix entre la résignation et la violence sporadique, la “rage

Site de la revue Meeting, revue internationale pour la communisation
meeting.senonevero.net


CMAQ: Vie associative


Collectif à Québec: n'existe plus.

Impliquez-vous !

 

Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une Politique éditoriale , qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.

This is an alternative media using open publishing. The CMAQ collective, who validates the posts submitted on the Indymedia-Quebec, does not endorse in any way the opinions and statements and does not judge if the information is correct or true. The quality of the information is evaluated by the comments from Internet surfers, like yourself. We nonetheless have an Editorial Policy , which essentially requires that posts be related to questions of emancipation and does not come from a commercial media.