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Haïti n'est pas à vendre

simms, Martes, Diciembre 14, 2004 - 14:52

yves engler

 
« Haïti n'est pas à vendre », « Libérez les prisonniers politiques en Haïti » et « Latortue assassin -- Paul Martin complice » ; voici quelques-uns des slogans scandés cette fin de semaine à Montréal. Vendredi et samedi passé, le gouvernement canadien tenait une conférence avec une poignée de l'élite de la diaspora haïtienne de deux millions, pour discuter de l'avenir du pays.

Les fonctionnaires canadiens voulant légitimer le renversement du président élu d'Haïti, Jean-Bertrand Aristide, le 29 février dernier, et intéressés par l'amélioration des gains court-terme pour les compagnies occidentales dans ce pays des Caraïbes, ont pris soin de choisir des participants correspondant à ces buts. La Haitian Lawyers Leadership Network [un réseau d'avocats d'origine haïtienne aux É-U], qualifia cette rencontre de rassemblement des « Chalabis d'Haïti ».

http://auto_sol.tao.ca/node/view/1043

Quelque 400 membres de l'élite de la diaspora haïtienne du Canada, des É-U et de la France acceptèrent des invitations pour se frotter les coudes avec le premier ministre marionnette d'Haïti, Gérard Latortue, le nouveau conseiller spécial pour Haïti, Denis Coderre, ainsi que le premier ministre canadien, Paul Martin.

 
Conférence sur Haïti

« Haïti n'est pas à vendre », « Libérez les prisonniers politiques en Haïti » et « Latortue assassin -- Paul Martin complice » ; voici quelques-uns des slogans scandés cette fin de semaine à Montréal. Vendredi et samedi passé, le gouvernement canadien tenait une conférence avec une poignée de l'élite de la diaspora haïtienne de deux millions, pour discuter de l'avenir du pays.

Les fonctionnaires canadiens voulant légitimer le renversement du président élu d'Haïti, Jean-Bertrand Aristide, le 29 février dernier, et intéressés par l'amélioration des gains court-terme pour les compagnies occidentales dans ce pays des Caraïbes, ont pris soin de choisir des participants correspondant à ces buts. La Haitian Lawyers Leadership Network [un réseau d'avocats d'origine haïtienne aux É-U], qualifia cette rencontre de rassemblement des « Chalabis d'Haïti ».

http://auto_sol.tao.ca/node/view/1043

Quelque 400 membres de l'élite de la diaspora haïtienne du Canada, des É-U et de la France acceptèrent des invitations pour se frotter les coudes avec le premier ministre marionnette d'Haïti, Gérard Latortue, le nouveau conseiller spécial pour Haïti, Denis Coderre, ainsi que le premier ministre canadien, Paul Martin.

De l'autre part, les 75 manifestants, samedi, et les 125 qui se sont pointés dimanche malgré la neige et les températures sous-zéro, n'étaient pas intéressés par les efforts du gouvernement canadien visant à bâtir un support pour le régime illégal en Haïti. Les conférenciers furent dénoncés en tant que collaborateurs d'une occupation et d'un coup d'état. Des manifestants enragés distribuèrent des pamphlets faisant état de 7 000 morts parmi les partisans appauvris d'Aristide, au cours des neuf derniers mois.

Ce chiffre, bien qu'impossible à confirmer, n'est probablement pas loin de la vérité. Les mentions de cadavres dans les rues sont très fréquentes, et les fonctionnaires mortuaires rapportent un important accroissement du nombre de morts. Le tout se passe sans attention particulière des médias canadiens, même lorsque les services de presse font part de ces rapports.

http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?SectionID=40&ItemID=6578

Le 9 décembre, par exemple, Reuters rapportait que jusqu'à 60 personnes furent tuées par la police dans le pénitencier d'état. Ce « massacre » eut lieu dans une prison où sont détenues des centaines de prisonniers politiques, mais peu de médias canadiens et internationaux ont daigné répéter cette nouvelle.

http://www.alertnet.org/thenews/newsdesk/N09250377.htm

Heureusement, les manifestations en fin de semaine ont pu déclencher un peu de bonne couverture médiatique dans les grands journaux français et anglais de Montréal, et des rapports télévisés à travers le pays ont au moins fait mention de la controverse autour du rôle du Canada en Haïti.

Bien que cette manifestation est un début, la quantité minime d'attention portée à la situation d'Haïti n'est qu'une goutte dans le sceau, si on songe à ce qu'il faudra pour mettre fin à la répression et restaurer l'ordre constitutionnel. La plupart de ceux d'entre nous dans les rues étaient membres de la diaspora haïtienne. Haïti semble être un sujet qui demeure au-delà des horizons de la gauche canadienne.

Des foules massives de Canadiens sont en mesure de marcher dans les rues pour critiquer les États-Unis sur l'Irak, mais semblent réticentes lorsqu'il s'agit de dénoncer le rôle substantiel de leur propre gouvernement dans le renversement du président élu dans le pays le plus pauvre de toute l'hémisphère.

Le dédain des médias dominants pour Haïti en est peut-être responsable. La confusion au sujet des politiques internes d'Haïti en est une autre explication. Les manifestants scandaient « qui est notre président ? Aristide ! » et supportent définitivement son retour au pouvoir. Des groupes de gauche, comme Batay Ouvrière, critiquaient le règne d'Aristide. Mais tout cela ne peut changer le fait qu'il a été élu, et qu'il est toujours populaire (même en janvier 2004, des fonctionnaires canadiens affirmaient qu'Aristide gagnerait une élection présidentielle).

Cela ne peut affecter notre devoir en tant que Canadiens à responsabiliser le gouvernement par rapport à ce qu'il fait, en notre nom.

Haïti est un pays hanté par une longue histoire d'intervention externe, et dernièrement le Canada semble être de la part. En mars 2003, le Canada organisa « l'initiative Ottawa sur Haïti » (Ottawa Initiative on Haïti), qui rassembla des fonctionnaires américains, français et canadiens pour discuter du renversement du président élu et de l'établissement d'un protectorat.

http://www.haiti-progres.com/2003/sm030305/eng03-05.html

Durant la « rébellion » en février (menée par des brutes de l'armée déchue et des narcotrafficants condamnés), notre gouvernement libéral refusa une demande de protection militaire de l'autorité constitutionnelle (et populaire) du gouvernement d'Haïti. Peu après, le Canada envoyait des troupes pour renverser Aristide et occuper le pays.

Aujourd'hui, nous supportons activement -- par le biais de nos conférences et de nos officiers militaires en charge de tous les aspects logistiques de la force multinationale de l'ONU -- le régime « intérimaire » anticonstitutionnel et meurtrier, depuis neuf mois.

Est-il vraiment surprenant que blackcommentator.com traite le Canada de « Great White North » (le grand nord blanc) -- autant raciste qu'enneigé -- ou que le Jamaica Observer fait référence au « nouveau Canada » à cause de ses politiques colonialistes (dont la « nouveauté » est ouverte au questionnement..) ?

Il n'y a plus de doute que le Canada s'est aligné avec les maîtres coloniaux traditionnels d'Haïti, les États-Unis et la France. Il y a une semaine, le commandant brésilien de la mission de l'ONU, le général Augusto Heleno Ribeiro, rapportait à une commission congressionnelle au Brésil que « nous sommes sous pression énorme de la part de communauté internationale pour utiliser la violence, en Haïti ». Il cita la France, les É-U et le Canada derrière ces pressions pour des mésures fortes contre les « gangs » (http://www.reuters.com/..), un mot qui fait référence aux supporters d'Aristide qui habitent les bidonvilles de Port-au-Prince, et non aux brutes paramilitaires armés qui renversèrent le gouvernement élu et contrôlent toujours une grande part du pays.

Assez. Le gouvernement canadien doit supporter la démocratie en Haïti. La première étape est de ne plus masquer la répression terrible qui s'y passe présentement.

Le Canada doit se distancer de toutes les discussions visant à retenir la souveraineté d'Haïti ou à faire d'Haïti un protectorat de l'ONU. Le Canada doit réclamer le retour du président élu, Jean-Bertrand Aristide, et commencer à payer des réparations à toutes les victimes des neuf derniers mois. Ensuite, nous devrions fournir un niveau suffisant d'aide internationale pour bâtir l'infrastructure physique et humaine du pays.

Le Canada le fera-t-il ? Seulement si nous bâtissons un mouvement de solidarité avec Haïti.

(traduction libre par simms)

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