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Que cache la démission surprise du chef du SPVM ?Anonyme, Lunes, Diciembre 13, 2004 - 21:14 (Analyses | Repression)
COBP
Que se passe-t-il au Service de police de la Ville de Montréal ? En l’espace d’une semaine, les affaires louches se succèdent à un rythme affolant : un ex-commandant sous enquête pour détournement de fond, un autre commandant retrouvé sans vie à son lieu de travail, et, pour couronner le tout, le no.1 du SPVM qui annonce sa démission surprise. MONTRÉAL, le 13 décembre 2004. Que se passe-t-il au Service de police de la Ville de Montréal ? En l’espace d’une semaine, les affaires louches se succèdent à un rythme affolant : un ex-commandant sous enquête pour détournement de fond, un autre commandant retrouvé sans vie à son lieu de travail, et, pour couronner le tout, le no.1 du SPVM qui annonce sa démission surprise. Y a-t-il un lien entre ces trois nouvelles ou est-ce que le timing relève de la plus pure coïncidence ? Comme le veut le bon vieux dicton : Y a pas de fumée sans feu ! Commençons par le commencement. Le 7 décembre 2004, Radio-Canada nous apprenait que le directeur de la police régionale de Deux-Montagnes, Normand Mastromatteo, faisait l’objet d’une enquête pour un détournement de fonds concernant des sommes d’argent soutirées dans la caisse de la police régionale. Le ministère de la Sécurité publique au Québec a confirmé qu’il avait été décidé que les allégations étaient suffisamment sérieuses pour justifier l’enquête, qui est menée par des policiers de Laval et à laquelle participent également des enquêteurs du Service d’inspection des corps policiers du ministère. Notons que Normand Mastromatteo était officier-enquêteur à l’escouade antigang du SPVM avant d’être nommé directeur de police à Deux-Montagnes. Peu après son arrivé en poste, Mastromatteo avait suscité la controverse en déclenchant une opération policière d’envergure contre un réseau de trafic de drogue actif à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Le ministre de la sécurité publique de l’époque, Serge Ménard, n’aurait pas du tout apprécié la façon dont l’opération avait été menée et l’avait fait savoir à Mastromatteo, selon un article paru dans La Presse du 18 janvier 2002 (« Une enquête bâclée », par Jean-Pierre Charbonneau, E1-E2). Dans son article, le journaliste Charbonneau rapportait que « …La Presse a discuté avec plusieurs avocats de la défense et des procureurs de la Couronne d’expérience ainsi qu’avec des policiers chevronnés dans la lutte contre le crime organisé et tous sont d’opinion que cette opération a été très mal exécutée. » L’article cite aussi un avocat criminaliste, qui déclarait alors : « Ça fait plus de 20 ans que je pratique et que je représente des trafiquants de drogue et d’autres criminels et je n’ai jamais vu une enquête faite de la sorte. » « Jusqu’à maintenant tout ce qu’ils ont arrêté ce sont des arroseurs de plants de pots. Les seuls qui peuvent être satisfaits de cette opération, ce sont les caméraman de la télévision qui ont pu filmer à leur guise et les têtes dirigeantes du réseau qui sont toujours inconnues », ont mentionné des avocats et des policiers également cités par le journaliste. Départ surprise de Sarrazin La nouvelle de l’enquête sur Mastromatteo a été suivie quelques jours plus tard par la démission inattendue de Michel Sarrazin, directeur du SPVM depuis septembre 1998. Pourtant, en juin 2003, la ville de Montréal avait rallongé le mandat de Sarrazin pour trois années supplémentaires, ce qui lui aurait permis d’inscrire un record de longévité en tant que directeur du SPVM. Toutefois, Sarrazin avait manifestement d’autres préoccupations à l’esprit puisqu’on apprenait, le 10 décembre 2004, qu’il aurait décidé de laisser sa place. Selon une dépêche de l’agence Presse Canadienne, « l’annonce du départ de Michel Sarrazin a créé la surprise au SPVM. Selon un porte-parole de l’organisation, personne ne s’attendait à ce qu’il parte avant la fin de son deuxième mandat, prévue pour septembre 2006. » (PC, 12 décembre 2004) Il n’existe pour l’instant aucun candidat officiel à la succession de Sarrazin. Ce qui est un signe de plus laissant croire que l’annonce de la retraite anticipée de Sarrazin s’est effectué dans un climat d’improvisation qui ne ressemble guère à l’importance qu’attache habituellement le SPVM aux stratégies de relations-publiques. D’ailleurs, après avoir vérifié sur le site web du SPVM, on constate que le départ de Sarrazin n’a fait l’objet d’aucun communiqué officiel. En fait, le seul communiqué relié à la démission de Sarrazin, c’est celui de la Banque Nationale dans lequel celle-ci annonce la nomination du no.1 du SPVM à titre de directeur principal de la sécurité corporative. Bref, Sarrazin aurait voulut partir sur la pointe des pieds en faisant le moins de bruit qu’il ne s’y serait pas prit autrement ! Toutes ces circonstances nous amènent donc à nous interroger sur ce que cache le départ surprise de Sarrazin. Le « suicide » du commandant Paré Comme le dit le bon vieux dicton : jamais deux sans trois. Deux jours plus tard après l’annonce de la démission de Sarrazin, le commandant Pierre Paré est trouvé mort, apparemment suicidé, dans son bureau situé au 6ième étage de la Place Versailles, dans l’est de Montréal. Le Cmdt Paré comptait alors 28 années de service au SPVM. Au moment de son décès, le Cmdt Paré travaillait au Service des enquêtes spéciales et du soutien opérationnel (SESSO), qui est « responsable des enquêtes criminelles qui visent un policier du SPVM ou de tout autre corps policier » (SPVM, Bilan annuel 2003, page 25). Notons que c’est la deuxième fois en l’espace de six mois qu’une personne trouve dans la mort dans les locaux du SPVM à la Place Versailles. En effet, en mai dernier, le célèbre comédien Serge Turgeon avait péri suite à un malaise cardiaque survenu lors de sa convocation par des enquêteurs de la division des… homicides ! Notons aussi surtout que l’ex-commandant du SPVM, Normand Mastromatteo, avait lui-même travaillé à la même Place Versailles dans l’escouade antigang avant d’aller semer la controverse à la police régionale de Deux-Montagnes. Dites donc, vous ne trouvez pas que ça commence à sentir drôle toutes ces affaires bizarres qui éclatent à quelques jours d’intervalles ? Chose certaine, l’histoire nous a prouvé à maintes reprises que les apparences sont souvent trompeuses. Prenez par exemple cet étrange « suicide » du Cmdt Paré. On ne peut exclure du revers de la main que cette mort cache peut-être quelque chose de potentiellement plus sinistre encore. Il serait ici approprié de rappeler les commentaires tenus par l’ancien enquêteur de la GRC, Paul Sauvé, en réaction au « suicide » de l’ex-responsable de l’escouade des stups de la GRC, Claude Savoie, en décembre 1992. Sauvé avait été arrêté en 1980 et condamné à une lourde peine d’emprisonnement pour son rôle dans l’importation de 400 kilos de haschisch. En apprenant la mort de l’inspecteur Savoie, Sauvé s’était souvenu qu’un haut gradé de la GRC l’avait invité à s’enlever la vie suite à son arrestation : « Tu sais, tu as mis la ‘force’, la GRC, vingt ans en arrière avec ton trafic. Tu serais aussi bien d’en finir et de te suicider. Cela nous débarrasserait nous autres. On pourrait en finir avec ça, cette affaire-là. De toute façon, si tu le fais pas, B… et H…t’attendent là-bas. Je suis certain qu’ils vont bien prendre soin de toi là-bas ». (Journal de Montréal, 4 avril 1993). Bien entendu, quand le mystérieux officier de la GRC se réfère de « là-bas », il faut comprendre qu’il s’agissait du pénitencier où Sauvé devait aller purger sa peine. Ainsi, la balle dans la tête demeure encore le procédé le plus économique pour enfouir à tout jamais des petits secrets compromettants. En conclusion, il est sûr et certain que le COBP ne regrettera pas le départ de Sarrazin, qui aurait d’ailleurs dû démissionner depuis longtemps, ne serait-ce que pour son aveuglement volontaire dont il avait fait preuve dans le cadre du cover-up de l’affaire Lizotte, en 1999. Toutefois, dans l’esprit de ne pas laisser trop de questions sans réponses trop longtemps, le COBP aimerait inviter tout membre du SPVM à communiquer toutes informations pertinentes relativement aux affaires ci-haut mentionnées. Tous renseignement fourni au COBP sera traité avec la plus grande confidentialité. Il n’en tient qu’à ceux et celles qui savent l’heure juste de faire éclater la vérité ! Boite vocale : (514) 859-9065 |
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