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65e anniversaire de la mort de Norman BethuneEric Smith, Jueves, Noviembre 11, 2004 - 23:08
Arsenal-express
Le 12 novembre 2004 marque le 65e anniversaire de la mort de Norman Bethune, le médecin communiste canadien qui a donné sa vie à la résistance antifasciste et à la révolution chinoise. Au moment où la CBC s'apprête à couronner le redneck Don Cherry au titre de "plus grand Canadien de tous les temps", l'exemple de Bethune nous rappelle qu'il en est d'autres de qui le peuple canadien peut être fier... Le 12 novembre 1939, il y a aujourd'hui 65 ans, le camarade Norman Bethune, médecin communiste né à Gravenhurst, en Ontario, mourait sur le champ de bataille en Chine, où il était allé aider le peuple chinois dans la Guerre de résistance contre le Japon. Le "médecin du peuple", comme on le surnommait, avait passé les dernières années de sa vie sur le front, d'abord en Espagne, puis en Chine, à soigner les civilEs et les combattantes et combattants révolutionnaires et antifascistes. Cet homme engagé et courageux est devenu un modèle, non seulement par son dévouement à la cause des plus démuniEs, mais également par son engagement militant envers la cause du communisme. En ces heures où l'armée impérialiste yankee bombarde des civilEs innocentEs à Fallouja et où le gouvernement canadien s'apprête à recevoir le terroriste numéro un de la planète (George W. Bush) avec tous les égards, il est bon de rappeler la vie de résistant du camarade Bethune -- une vie dédiée à combattre le fascisme et l'impérialisme. Né en 1890, Norman Bethune est reçu chirurgien en 1923. Dès ses premières années de pratique, Bethune constate le fossé énorme qui existe entre les services de santé disponibles pour les riches et ceux des pauvres. Le reste de sa vie indique bien qu'il ne l'oubliera jamais. Très vite cependant, il connaîtra sa première lutte, contre la tuberculose, une maladie grave et alors mortelle, dans bien des cas. Contre l'avis de ses propres médecins, il exige de recevoir un traitement relativement nouveau à l'époque, le pneumothorax. Cette opération le sauvera et modifiera sa perception des choses et du monde. "Quand je regarde en arrière, je vois comment mes craintes et mon attitude désespérée face au futur étaient erronées. La peur est le plus grand destructeur du bonheur et la plupart des craintes sont injustifiables. On peut dire que l'homme vit seulement d'espoir." Cette réflexion en apparence innocente, il la traduira dans son engagement politique. Mais avant d'en arriver là, il sera un chirurgien audacieux, à l'origine de plusieurs innovations médicales. En 1933, il se retrouve à l'hôpital Sacré-Cœur, de Cartierville. En peu de temps, il doublera le nombre de cas traités et pratiquera 300 opérations sur des malades atteints de tuberculose. À l'époque, la médecine est totalement privée. Au retour d'une conférence tenue en Union soviétique en 1935, Bethune entreprend une véritable croisade pour socialiser les services de santé et met sur pied le Groupe montréalais pour la sécurité populaire. C'est là qu'il côtoie, dans les manifestations de la gauche de l'époque et dans le mouvement de défense des chômeurs qui prend de l'ampleur après la crise des années trente, quelques membres du Parti communiste. Il en deviendra membre en décembre 1935. Dès son engagement aux côtés des communistes, Bethune adhère à la nécessité de la violence révolutionnaire pour mettre fin au capitalisme. "La création n'est pas et n'a jamais été un geste de bon ton. Elle est rude, violente et révolutionnaire." Comparant la révolution à une naissance, il ajoute: "Que penserait quelqu'un en voyant pour la première fois une femme en couches [...]? Ne serait-il pas stupéfait devant le sang, la douleur, la cruauté apparente du personnel, devant toute la technique révoltante de l'accouchement? Dites-lui que ce qu'il voyait là c'était un nouvel être qui venait au monde, que le mal passerait, que la douleur et la laideur étaient nécessaires et seraient toujours nécessaires à toute naissance..." Rapidement, il s'éloigne des intellectuels de gauche de la CCF (l'ancêtre du NPD), qui prétendent que les réformes à l'intérieur du système suffisent. Au contraire, il réitère que "...la force et la force seulement est le véritable moyen de persuasion. Les nantis n'abandonnent jamais ni l'argent ni le pouvoir à moins d'être subjugués par des forces physiques plus fortes que les leurs..." Après avoir révolutionné le traitement de la tuberculose et s'être imposé comme médecin du peuple, Bethune continuera son œuvre cette fois au front, parmi les 1200 Canadiens qui iront en Espagne combattre le fascisme avec les Brigades internationales. Dès son arrivée en 1936, il met sur pied une unité mobile qui assure des transfusions sanguines sur le champ de bataille. Après avoir mis en place l'unité mobile, il revient au Canada pour organiser le soutien international et parcourt le pays en stigmatisant l'inertie, voire la complicité des États impérialistes -- dont le Canada -- devant la montée du fascisme: "Les guerres d'agression, les guerres coloniales, ne seraient-elles donc qu'un grand commerce? Cela semble évident. Ils font la guerre pour conquérir des marchés; ils assassinent pour s'assurer des matières premières. Ils trouvent le vol plus lucratif que le commerce, la boucherie plus simple que le troc. Sur tout cela trône implacablement l'immonde dieu des affaires et du sang qui s'appelle le Profit. L'argent. L'armée masque les militaristes, et les militaristes le capital et les capitalistes. Ils sont tous frères dans le sang, compagnons dans le crime. Les blessures, ce sont ces gens-là qui les font." Alors que Bethune termine sa tournée de conférences, les journaux annoncent de nouvelles agressions fascistes en Chine, où des centaines de milliers de soldats japonais sont débarqués. Bethune part pour cette nouvelle zone de combat. Début 38, il rencontre Mao. Celui-ci accueille avec enthousiasme le projet de Bethune d'organiser des unités médicales dans les zones de guérilla. Nommé conseiller médical du district militaire du Chansi, il mobilise en moins de cinq semaines la population locale et le corps médical, afin d'établir un hôpital modèle pour la région. Sa réputation se propage rapidement parmi les soldats rouges et les masses paysannes, car Bethune se déplace sans cesse afin de suivre les troupes au cœur du combat. Pendant plusieurs mois il opère à l'extérieur des lignes chinoises de défense avec les unités de guérilla. Parfois, ils doit opérer pendant 18, 24, 36 heures de suite sans se reposer. Malgré la fatigue et les difficultés, l'esprit des troupes de combat s'enhardit quand ils savent qu'il sera là, au front, pour veiller sur eux: "Pai Chu En [NDLR -- c'est son nom chinois] est avec nous!" En juillet 1939, Bethune songe à retourner quelques mois au Canada et aux États-Unis pour recueillir des fonds et faire parvenir du matériel médical qui fait cruellement défaut en raison du blocus japonais. Mais il retarde sans cesse son départ et en octobre, une nouvelle offensive japonaise le retient une nouvelle fois dans la région pour prendre soin des blessés. C'est là qu'au cours d'une opération il infectera une coupure au doigt infligée quelques jours plus tôt. Faute de médicaments pour soigner l'infection, l'empoisonnement se répand dans son sang et il mourra le 12 novembre. Quelques jours plus tôt, il écrivait sa dernière lettre au général Nieh, commandant des forces révolutionnaires de la région: "Les deux dernières années ont été les plus riches, les plus pleines de ma vie. Je me suis quelques fois senti seul, mais c'est ici, parmi mes camarades bien-aimés, que je me suis trouvé le plus profondément utile." Dans sa volonté de pénétrer l'immense marché chinois désormais ouvert aux grandes puissances impérialistes, la bourgeoisie canadienne a réhabilité le nom de Bethune, après l'avoir gardé dans l'oubli durant plusieurs années, lui érigeant même quelque statue. C'est qu'en Chine, Bethune demeure un véritable héros -- pas moins de sept universités portent d'ailleurs son nom; alors les capitalistes canadiens souhaitent profiter de son prestige et de son immense réputation... Sauf que la bourgeoisie se garde bien de nous dire qui il fut réellement et ce qui motiva son engagement et son martyre. Dans le concours ridicule que la CBC vient de mener afin de choisir qui fut le "plus grand Canadien de toute l'histoire", le nom de Bethune apparaît au... 26e rang, i.e. après ceux de la chanteuse country Shania Twain (18e) et du commentateur sportif redneck par excellence, Don Cherry (actuellement au 3e rang...). Cela en dit long, tellement long, sur les valeurs qui prédominent dans cette société dirigée par un petit groupe d'égoïstes et de profiteurs. Mais pour nous prolétaires, Norman Bethune demeure le plus grand héros à avoir émergé de notre histoire et de toutes les luttes que nous avons menées. Bethune est le fruit des luttes des peuples, non seulement de ceux d'Espagne et de Chine, mais aussi une synthèse vivante et un modèle de ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous. En son temps, Bethune a combattu la maladie, la pauvreté, la guerre et le fascisme. Il a inspiré des milliers, voire des millions de personnes à suivre ses traces. Pour nous aujourd'hui, la vie de Bethune n'est pas une simple référence historique. Son engagement dans la lutte révolutionnaire, son amour pour le peuple, sa volonté de combattre jusqu'à la fin, sont des exemples pour tous ceux et celles qui luttent contre l'oppression et l'exploitation, où qu'elles se produisent. * * * Article paru dans Arsenal-express, nº 26, le 12 novembre 2004. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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