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Politique étrangère américaine: Le nationalisme radical à la Maison BlancheSylvie_de_ZOMBIE, Martes, Noviembre 2, 2004 - 17:43
David Côté
Introduction L'idéal d'une société juste Dans toute société, il paraît normal que chacun cherche à protéger ses propres intérêts. Dans une société juste, toutefois, les intérêts de chacun ont une importance égale et l'on cherchera à satisfaire ceux du plus grand nombre. Puisque les intérêts des uns et des autres peuvent parfois être en opposition, une société juste possèdera aussi des lois qui seront appliquées de la même façon pour tout le monde. Depuis longtemps, tel est l'idéal que vise un grand nombre de progressistes et d'humanistes au sein des différentes sociétés de la Terre. Le principe de justice au sein de la société planétaire Au niveau du principe, les objectifs de la satisfaction des intérêts du plus grand nombre et de l'égalité de chacun face à la loi se sont implantés au sein de plusieurs pays, s'étendant d'abord à tous les hommes, puis à toutes les femmes. En pratique, l'implantation de systèmes relativement démocratiques dans plusieurs de ces pays (dont les États-Unis) a constitué un progrès notable, quoique toujours incomplet, vers l'idéal d'une société juste. Au sein de l'humanité entière, par contre, le principe même de chercher à satisfaire les intérêts du plus grand nombre n'est pas encore universellement reconnu. Il en était ainsi du temps où la France coloniale acceptait le principe de société juste au sein de la société mère, mais pas au sein de ses colonies. Aujourd'hui, les idées nationalistes radicales américaines rejettent le principe même d'une justice planétaire en stipulant que les intérêts (des) américains prévalent sur ceux de tous les autres. Elles affirment du même coup que les Américains ne sont pas tenus de respecter les lois internationales. Ces idées sont particulièrement néfastes en raison de l'influence dominante qu'elles ont sur l'administration américaine actuelle et des moyens immenses que possèdent les membres de ce gouvernement pour les mettre en application. Influence des nationalistes radicaux aux États-Unis Bien sûr, il existe aux États-Unis certains individus qu'on pourrait qualifier de nationalistes radicaux. Il existe des illuminés de la même espèce dans tous les pays du monde, cela n'est pas extraordinaire en soi. Ce qui est plus important, en revanche, c'est l'influence de ces gens. Dans le cas des États-Unis, il est inquiétant de constater que l'influence des nationalistes radicaux semble immense... Comment tirer une telle conclusion ? Tristement, cela saute presque aux yeux à la lecture de certains textes officiels qu'on retrouve bien en vue sur le site web de la Maison Blanche [3] ! Nous allons bientôt analyser les textes en question, mais avant, faisons une petite parenthèse pour discuter brièvement de l'influence de deux organisations nationalistes radicales au sein de l'actuel gouvernement américain. Project for the New American Century Fondé au printemps 1997, le Project for the New American Century se décrit lui-même comme une « organisation éducative à but non lucratif ayant pour but de promouvoir le leadership global américain » [4]. La déclaration de principes [5] du « projet pour le nouveau siècle américain » ressemble à ceci : « Nous tentons de convaincre et de rallier à la cause du leadership global américain. [...] Ayant mené à la victoire de l'ouest dans la guerre froide, les États-Unis doivent avoir la détermination pour façonner un nouveau siècle favorable aux principes et aux intérêts américains. [...] Nous semblons avoir oublié les éléments essentiels des succès de l'administration Reagan : une armée forte et prête à relever les défis présents et futurs, une politique étrangère qui fait volontairement et sans crainte la promotion des principes américains à l'étranger, et un gouvernement qui accepte les responsabilités mondiales des États-Unis. [...] L'histoire du 20ème siècle aurait dû nous apprendre qu'il est important [...] de faire face aux menaces avant qu'ells ne deviennent des horreurs. L'histoire de ce siècle aurait dû nous apprendre d'embracer la cause du leadership américain. Nous voulons rappeler ces leçons aux Américains. [...] Une telle politique Reaganesque de force militaire et de clarté morale pourrait peut ne pas être très populaire aujourd'hui. Mais c'est nécessaire si les États-Unis décident de bâtir sur les succès de ce siècle passé et d'assurer leur sécurité et leur grandeur dans le prochain. » Pour le néophyte en matière de nationalisme radical américain, ce projet « d'assurer la grandeur de l'Amérique par la force militaire et la clarté morale dans le nouveau siècle américain » peut sembler n'être que le rêve mégalomane et absurde d'un petit groupe d'extrémistes illuminés. Peut-être, mais il faut lire les noms des 24 signataires du texte et membres fondateurs du projet [6] : Elliott Abrams [7], Gary Bauer [8], William J. Bennett [9], Jeb Bush [10], Dick Cheney [11], Eliot A. Cohen, Midge Decter [12], Paula Dobriansky [13], Steve Forbes, Aaron Friedberg, Francis Fukuyama, Frank Gaffney, Fred C. Ikle, Donald Kagan, Zalmay Khalilzad [14], I. Lewis Libby [15], Norman Podhoretz, Dan Quayle (vice president of the United States sous George H. W. Bush), Peter W. Rodman [16], Stephen P. Rosen, Henry S. Rowen, Donald Rumsfeld [17], Vin Weber, George Weigel, Paul Wolfowitz [18]. Avec une telle brochette de signataires, l'influence majeure du groupe d'illuminés à la Maison Blanche ne fait plus aucun doute, une perspective qui n'est guère rassurante... Heritage Foundation Le journal La Presse présentait la Heritage Foundation comme « l'un des centres de recherche conservateurs les plus influents à Washington » dans son intéressant article sur le sondage mondial [19] à propos de la guerre en Irak et des américains en général qu'ils ont réalisé en collaboration avec des journaux de neuf régions du monde (excluant les États-Unis). Commentant les résultats du sondage (qui montraient clairement qu'une vaste majorité de non-américains s'opposaient à la guerre et avait une opinion plus défavorable des Américains qu'auparavant), Nile Gardiner, spécialiste des relations entre les États-Unis et l'Europe pour Heritage, affirmait : « J'estime que l'opinion publique à l'étranger ne devrait avoir aucun impact sur le processus décisionnel à Washington » et « Le premier facteur devant dicter la politique étrangère américaine est l'intérêt national stratégique des États-Unis. » [20] En regardant un peu le site web de la Heritage Foundation [21], j'ai vu que le grand thème de leur recherche sur les organisations internationales est le suivant : « Une trop grande dépendance envers les organisations internationales crée généralement plus de problèmes qu'elle n'en solutionne. Les États-Unis doivent être conscient de cela, au risque de perdre leur souveraineté au profit d'autres organisations dont les intérêts sont incompatibles avec les nôtres. » [22] On retrouve donc dans le discours de la Heritage Foundation les éléments clés du nationalisme radical américain, à savoir : le droit, voire la nécessité, pour les États-Unis d'agir selon leur seule et unique volonté sur le plan international. En cherchant à confirmer l'affirmation faites par La Presse que la Heritage Foundation était bien une organisation influente à la Maison Blanche, je me suis arrêté, convaincu, après moins de 5 minutes de recherche. Un premier petit article [23] rapportait la remise d'un prix à Margaret Thatcher par Dick Cheney lors du President's Club event tenu au Ronald Reagan International Trade Center le 10 décembre 2002, et Mme Thatcher d'affirmer : « C'est merveilleux, comme toujours à Heritage, d'être parmis de vrais amis. » [24] Un autre rapportait qu'en mai 2004, c'était au tour du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld de s'addresser aux membres de Heritage lors d'au autre President's Club event [25]. Lire la suite sur ZOMBIE: -------- [1] source : http://www.ined.fr/population-en-chiffres/monde/ [2] source : http://www.ined.fr/population-en-chiffres/monde/ [3] En particulier : The National Security Strategy of the United States of America : http://www.whitehouse.gov/nsc/nss.html [4] "Established in the spring of 1997, the Project for the New American Century is a non-profit, educational organization whose goal is to promote American global leadership" [5] http://www.newamericancentury.org/statementofprinciples.htm [6] Voir : http://www.disinfopedia.org/wiki.phtml ?title=Disinfopedia pour avoir des informations sur tous les signataires de la déclaration de principe du Project for the New American Century. J'ai mis des liens direct seulement pour les signataires qui sont ou ont été de hauts fonctionnaires de l'administration américaine. La plupart des autres sont professeurs dans de grandes universités américaines. [7] Special Assistant to the President and Senior Director for Democracy, Human Rights, and International Operations at the National Security Council, effective June 25, 2001. He served as Assistant Secretary of State under Ronald Reagan. [8] Bauer served in President Ronald Reagan's Administration for eight years, during the last two years as President Reagan's Chief Domestic Policy Advisor. [9] Director of National Drug Control Policy under George W. Bush. He was formerly Secretary of Education under Ronald Reagan. [10] frère de George W. Bush et gouverneur de la Floride [11] vice-président des É.-U. Previously he served as Secretary of Defense with the George H.W. Bush administration, and as White House Chief of Staff under Gerald R. Ford. [12] Midge Decter is the author of the soon-to-be-published book "Rumsfeld : A Personal Portrait." The "Rumsfeld" of the title is Department of Defense Secretary Donald Rumsfeld. [13] She was appointed as Under Secretary, Global Affairs on May 1, 2001, by President George Walker Bush. [14] He became the U.S. Ambassador to Afghanistan in November 2003. He headed the Bush-Cheney transition team for the Defense Department in 2000 and has been a Counselor to Secretary of Defense Rumsfeld. [15] Assistant to the President and Chief of Staff to Vice President Dick Cheney. [16] Rodman currently serves as Assistant Secretary for International Security Affairs in the Department of Defense. [17] secrétaire de la défense des É.-U. [18] Deputy Secretary of Defense and assistant to Dick Cheney [19] http://www.cyberpresse.ca/sondage_mondial_usa/article/1,9407,0,102004,81.... Voir aussi http://www.cyberpresse.ca/sondage_mondial_usa/resultats.php et http://www.cyberpresse.ca/sondage_mondial_usa/tableaucanada.php. [20] http://www.cyberpresse.ca/monde/article/1,151,1066,102004,817043.shtml [22] "The tendency of many to rely too heavily on international organizations often creates more problems than it solves. The United States must be aware of this, or risk losing sovereignty to organizations whose interests are not in line with our own". http://www.heritage.org/Research/InternationalOrganizations/issues2004.c... [23] http://www.heritage.org/Research/PoliticalPhilosophy/wm177.cfm [24] "It is inspiring to be in such company - and wonderful, as always at Heritage, to be among true friends." [25]http://www.heritage.org/support/presidentsclub_51704.cfm
ZOMBIE
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