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À propos de la Gauche communiste italienne, Bordiga et le bordiguisme

Anonyme, Lunes, Noviembre 1, 2004 - 19:45

Steve Tremblay

À mesure que la présence du BIPR s’étend en Amérique du Nord, certains camarades, par accommodement sectaire ou par manque d’information, choisissent de nous qualifier de bordiguistes.

À propos de la Gauche communiste italienne, Bordiga et le bordiguisme

À mesure que la présence du BIPR s’étend en Amérique du Nord, certains camarades, par accommodement sectaire ou par manque d’information, choisissent de nous qualifier de bordiguistes. Nous publions la lettre qui suit, adressée au Discussion Bulletin (1) par un de nos camarades, dans le but de mettre les choses au clair.

Certains points soulevés par Macintosh dans son article Bordiga, bordiguisme et la Gauche communiste bénéficieraient d’un supplément d’information à l’attention des camarades qui ne connaissent pas la Gauche communiste italienne (GCI). Une bonne partie des sources de l’histoire et de l’expérience de la GCI est évidemment écrite en italien et n’est pas aisément accessible pour ceux et celles qui abordent le sujet de l’extérieur des tendances politiques qui proviennent de cette expérience ou qui n’ont pas la capacité de lire cette langue. Cette petite lettre se veut un résumé des facteurs clés qui peuvent mettre en lumière certains aspects peu connus ou confus du développement de cette tendance.
L’expérience du fascisme dispersa la GCI en exil à l’étranger, en prison, en exil intérieur sur des îles ou dans la clandestinité. Les membres de la GCI firent paraître Prometeo jusqu’à 1938. Après sa première arrestation en 1922, Bordiga fut de plus en plus mis à l’écart alors que le centre de Gramsci et Togliatti, guidé par le Komintern, manœuvra pour prendre le contrôle complet du parti. Il se trouva de plus en plus isolé à la fois dans l’Internationale qu’à l’intérieur de son propre parti. Il était contraint d’appliquer les tactiques opportunistes constamment changeantes dictées par le centre à Moscou.

Le Parti communiste d’Italie fut fondé tardivement. Ce n’est qu’après une lutte amère et prolongée entre la Gauche et les sociaux-démocrates qu’on prit les premiers pas pour fonder le PC d’I. Donc en 1921, lorsque le Parti fut finalement crée, la vague révolutionnaire s’était résorbée. Le nom du nouveau parti, le Partito comunista d’Italia, se voulait un indicateur que le parti italien n’était qu’une constituante d’un parti révolutionnaire international unifié. Il découlait des origines et de la lutte qui donnèrent naissance au parti italien qui se forma autour de la question centrale de l’adhésion à l’Internationale communiste. Ce n’est que suite à la prise de contrôle totale par les contre-révolutionnaires, accomplie largement dans le cadre de la « bolchévisation », qu’on changea le nom à Parti communiste italien. Ce n’était pas qu’une question de sémantique mais plutôt la perspective bourgeoise et nationaliste des contre-révolutionnaires qui prirent le pouvoir du parti italien et de l’ensemble du Komintern.

Dès 1926, Bordiga s’était presque entièrement retiré de la vie politique active. Même s’il signa la Plate-forme du Comité d’Intesa en 1925, la GCI ne bénéficiait plus de sa participation. Cette plate-forme de 1925 confirmait la séparation de la GCI du Parti communiste italien et le début de la GCI en tant qu’entité autonome. Prometeo était la publication de la Gauche. Après une cessation de publication de cinq années, il reparut clandestinement en 1943. Bordiga ne redevint actif que vers la fin des années 40, plusieurs années après que la GCI eut fondé le Parti communiste internationaliste (Partito Comunista Internazionalista, plus généralement identifié à son journal Battaglia Comunista). Durant cet intervalle, les groupes autour de Prometeo (et les autres publications de la GCI en exil) enrichirent leur théorie sans aucune nouvelle contribution de Bordiga. Donc, pour une grande partie de la période clé de leur développement théorique, Bordiga n’était ni actif, ni présent. Leur théorie se développa collectivement et ne fut pas le produit d’une seule personne et ce, malgré l’importance de Bordiga comme dirigeant et la force de ses écrits.

Bordiga décida de ne pas participer à la formation du PCInt. même si ses camarades l’avaient invité et avaient organisé son transport pour participer à la fondation officielle du nouveau parti à sa première conférence nationale à Turin de décembre 1945 à janvier 1946. Bordiga n’a jamais officiellement adhéré au PCInt. Dès le début de son retour à l’activité politique en 1949, il y eut des démarcations claires entre ses conceptions et celles de ses «héritiers» théoriques qu’ils considéraient s’être éloignés à tort des positions de la Gauche des années 20. Lorsque la scission entre les bordiguistes et le reste de la GCI s’effectua en 1952, elle fut marquée par un sentiment de trahison de la part de ceux et celles qui avaient lutté contre le fascisme, le stalinisme et la guerre impérialiste pour en arriver à constituer le parti. Cette scission n’était pas que le fait de deux individus, Onorato Damen et Amadeo Bordiga. Elle se fondait sur des divergences théoriques et tactiques en ce qui a trait au parlement, aux syndicats, aux luttes de libération nationale, au rôle du parti et son rapport à la classe ainsi qu’à des questions relatives à l’organisation du parti. Alors que Bordiga et son entourage militaient pour un retour aux positions de la Gauche du début des années 20, le groupe qui continua le PCInt. refusa d’abandonner les gains théoriques acquis de sa propre expérience politique. Lorsque les communistes de gauche parlent des «bordiguistes», ils entendent généralement ceux et celles qui quittèrent avec Bordiga en 1952 pour fonder le Parti communiste international. Ceux et celles qui restèrent se considèrent ni bordiguistes, ni ses «disciples». Les successeurs et les scissions du parti que Bordiga forma en 1952 sont ceux et celles généralement qualifiés de «bordiguistes». L’expérience de la GCI ne peut se résumer à une simple subordination à Bordiga ou à tout autre théoricien ou leader et c’est précisément ce qui la rend un peu plus difficile à caser que quelques autres tendances politiques. Des étiquettes telles «bordiguistes», «néo-bordiguistes» ou «ultra-léninistes» ne décrivent pas la nature de la tendance mais plutôt l’obscurcissent par l’absence d’analyse.

La GCI a dû faire face à la trahison de la classe ouvrière par un parti qu’elle avait crée à peine 5 ans auparavant. Pendant la période de 1921 à 1926, elle avait été isolée dans le parti et essentiellement réduite au silence ou à la démission. Son activité réelle à l’intérieur du parti et de l’Internationale n’a donc duré que CINQ ans. Ce n’est pas une longue période lorsqu’on considère que la lutte de la Gauche à l’intérieur de la Social-Démocratie, contre le courant réformiste de Turati dura considérablement plus longtemps. Cette lutte dura, de ses débuts avec la création de la modeste publication marxiste La Soffitta (littéralement Le Grenier – en défi aux réformistes qui considéraient que le marxisme était digne d’être relégué au grenier) en 1912, jusqu’à la formation du parti en 1921. C’est cette lutte à l’intérieur de la Social-Démocratie italienne qui fut à la base de son expérience et qui détermina son approche face aux développements subséquents. Ainsi, plutôt que de considérer l’Internationale comme une collection de partis nationaux indépendants comme les sociaux-démocrates, elle conçoit l’Internationale comme un parti révolutionnaire mondial. Rejoindre l’Internationale, ça voulait dire se débarrasser de l’opportunisme et du réformisme de la Deuxième Internationale, ce qui était un enjeu clé de la lutte contre Turati et les sociaux-démocrates.

Certaines précisions sont nécessaires pour comprendre la position de la GCI en rapport à la démocratie, les conseils ouvriers et l’organisation révolutionnaire. La démocratie fut la forme historique par laquelle la bourgeoisie permit au fascisme de prendre le pouvoir et écraser la classe ouvrière. La démocratie des conseils ouvriers, du prolétariat en lutte, n’a jamais été méprisée par la GCI. Pour celle-ci, les conseils ouvriers sont des organisations qui ne peuvent croître que dans le cours de la lutte des classes et la révolution. Les conseils ouvriers étaient et sont vus comme la forme de domination exercée par et pour le prolétariat dont la tâche est d’établir un ordre qui prive de pouvoir et qui détruit les capitalistes en tant que classe. Les conseils fonctionnent tout comme le parti doit fonctionner – sur la base prolétarienne de délégués élus et révocables (les organes larges élisant les organes plus restreints, centralisme démocratique). En tant qu’institutions permanentes sous le capitalisme, ils ne pourraient que se transformer en syndicats. Les conseils étaient perçus comme étalons de la combativité et la conscience de la classe. On considérait l’effondrement des conseils comme un indice supplémentaire de la fin de la vague révolutionnaire. La GCI n’a jamais idéalisé les conseils. Elle les percevait plutôt dans leur contexte et avec leur pertinence à l’intérieur de la lutte révolutionnaire. À l’extérieur d’un contexte d’agitation révolutionnaire, les conseils ouvriers ne peuvent qu’être absorbés ou écrasés par la bourgeoisie. Les groupes issus de la GCI tendent généralement à considérer qu’un parti révolutionnaire de prolétaires, organisé à l’échelle internationale et au premier rang des luttes du prolétariat révolutionnaire est indispensable pour renverser le capitalisme. Cependant, la conception du rôle du parti et de son organisation diffère entre les éléments «bordiguistes» et les éléments non-bordiguistes de la GCI. Battaglia Comunista et les groupes qui l’ont rejoint dans le BIPR, n’ont jamais considéré que le rôle du parti était de prendre le pouvoir au nom du prolétariat.

La puissance de la perspective théorique de la GCI se fonde sur son analyse matérialiste des évènements en mouvement conformément à son expérience de lutte dans des circonstances extrêmement difficiles. Cette analyse n’est pas demeurée stationnaire dans le sens de tenter de maintenir une analyse invariante des évènements dans le cadre de la guerre impérialiste et la contre-révolution. Que le développement de la Gauche communiste italienne ait eu lieu dans le contexte de la montée du fascisme, suivie de la Seconde Guerre mondiale et à travers la période la plus sombre de la contre-révolution, fait que son expérience est particulièrement instructive pour ceux et celles qui cherchent à comprendre le développement du capitalisme aujourd’hui.

 

ASm

Ceux et celles qui désirent en savoir plus sur les origines de la GCI peuvent se procurer la brochure The Platform of the Committee of Intesa 1925, auprès de nos camarades de la Communist Workers’ Organisation au coût de deux pounds ($4.00 US, incluant la poste) à :

CWO Publications- P.O. Box 338  - Sheffield S3 9YX  -  UK       c...@ibrp.org

(1) Le Discussion Bulletin était un journal indépendant de discussion politique de tendance De Léoniste. Le bulletin a maintenant cessé sa publication après 20 années de parutions régulières.

Email: can...@ibpr.org
Groupe Internationaliste Ouvrier/Notes Internationalistes

 

 

 

Site internet du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire
www.ibrp.org.


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